Pour en finir avec le débat qui occupe les français (et ceux qui, sans être français, n'en sont pas moins le sel de notre terre) je vous apporte LA solution. Le processus serait d'ailleurs en marche en Angleterre. Les plus observateurs d'entre vous me reprocheront d'utiliser la même illustration que pour un billet précédent. Que voulez-vous, je ne me lasse pas des bonnes choses...
Si l’évaluation des professeurs ne peut être opérée par leurs chefs comme c’est le cas pour les autres fonctionnaires et que l’on supprime l’inspection, qui sera à même de les noter ?
La réponse est simple : les élèves . Ils sont en position de noter les failles d’un enseignant comme ses points forts. A part que ça peut poser des problèmes, par exemple au niveau de la petite section de maternelle. Des enfants de deux à trois ans ont-ils la maturité nécessaire pour juger de la valeur pédagogique de leurs enseignants ? Il est de notoriété publique que les jeunes de maintenant sont beaucoup plus mûrs que nous ne l’étions à leur âge, mais quand même… A partir de quel niveau devrait-on commencer ? Collège ? Lycée ? La préadolescence et l’adolescence sont des âges émotionnellement fragiles. Ne risqueraient-ils pas de mélanger l’affectif et l’objectif ?
Non mais, c’est pas fini ces pinaillages ? Le progrès ne s’embarrasse pas de détails. Ceux qui critiqueraient la notation par l’élève sont, comme moi, des rétrogrades.
Je m’explique : au temps lointain de ma jeunesse, les institeurs et les professeurs n’étaient pas spécialement sympathiques ou attentifs à nos états d’âmes. Je les soupçonnerais même d’avoir souvent considéré les ouailles qu’on leur confiait comme une bande de petits sauvages dont il fallait tâcher d’endiguer les débordements et auxquels ils se devaient d’inculquer un minimum de savoir, de méthode et de discipline. Je ne me souviens pas de beaucoup de mes enseignants. A part une qui a assombri deux années de mon enfance et un autre qui m’a donné le goût des lettres, je serais bien en peine de trouver parmi eux des gens qui m’aient marqué autrement qu’en m’enseignant une syntaxe et une orthographe passables sans oublier de m’apprendre à compter et accessoirement à aborder tout problème avec un minimum de logique. Bref, les bases qui permettent d'aller plus loin si on le souhaite. Ce qui n’est déjà pas si mal. Il semblerait même que ces objectifs un peu basiques soient de plus en plus difficiles à atteindre malgré des effectifs plus réduits, des moyens nettement plus conséquents et un niveau de recrutement souvent supérieur. Vous me direz, c’est l’évolution de la société, les jeunes ne sont plus les mêmes ; la crise, le réchauffement global, la piéride du chou et tout ça font que. Et vous aurez raison.
Un bon prof, de nos jours, donne de bonnes notes à tout le monde, il est sympathique, gentil, attentif. Il sait amuser les jeunes et leur organise des activités aussi agréables qu’inutiles au progrès de leurs savoirs. Il les aide à s’épanouir et à se sentir bien à l’école même s’il ne leur enseigne rien ou pas grand-chose. Ça suffira toujours pour rentrer à Sciences-Po Paris. Il y a certes encore quelques mauvaises têtes, des récalcitrants, des qui continuent contre toute raison à vouloir inculquer des connaissances et établir une hiérarchie entre les cancres et les bons éléments. Eh bien justement : une notation par les élèves les ramènerait vite à plus de discernement.
Certains avanceront qu’on pourrait peut-être aussi demander leur avis aux parents. Ils plaisantent ! Dans une société moderne, les parents font ce que leurs enfants leur disent.