Je commencerai par demander aux plus sensibles de mes lecteurs d'excuser la violence du titre de ce billet. Qu'ils n'y voient que la juste indignation du jardinier blessé. Les termes sont forts, certes. Il n'en demeure pas moins qu'au-delà du simple mouvement d'humeur il exprime une froide détermination : celle d'exterminer ces rongeurs.
Les âmes tendres comprendront avec peine qu'on puisse concevoir une telle haine vis-à-vis de cet "innocent" rongeur, de ce "gentil" mammifère qui depuis des temps immémoriaux accompagne l'homme. N'est-il pas couvert de poils comme tata Ginette ? N'arbore-t-il pas de belles moustaches comme le cousin Robert ? Ne qualifie-t-on pas de "vieux rat" tonton Marcel ? Parasite, dites-vous ? Et mon beau-frère, c'est pas un parasite, peut-être ? Souhaite-t-on leur mort pour autant ?
Je comprends ceux qui voient dans le rat une sorte de parent. C'est tentant. Il manque à ces braves gens une expérience. Celle que je viens de faire.
Hier, suite à l'achat du magnifique canapé Chesterfield qui fait mon bonheur et ma fierté, j'ai entrepris de ranger dans la grange mes vieux fauteuils. Il m'a fallu faire un peu de place et cela a entraîné de terribles découvertes : déplaçant un rouleau de laine de verre, je m'aperçus que non seulement il était squatté mais que ses locataires faisaient montre d'un sens de l'hygiène discutable : leurs déjections jonchaient l'endroit. Et s'il n'y avait eu que ça ! Je m'aperçus ensuite qu'un des sacs où je conserve ma récolte de pommes de terre laissait échapper des tubercules rongés par le trou qu'y avaient pratiqué les muridés. J'ouvris ledit sac et contemplai, effaré, ce qu'il restait de ma récolte de rattes (oui, de rattes ! Lacan en ferait ses choux gras !). Celles de mes pommes de terre qui n'avaient pas été dévorées se trouvaient souillées par les restes du festin. Car le rat mange salement. Comme tonton Léon, oui, je sais.
La mort dans l'âme je me résignai à jeter l'ensemble, trognons et patates rescapées, à la poubelle, n'en gardant que quelques petites pour assurer la semence des récoltes futures.
Voilà. Vous savez tout. Si le vent qui souffle en tempête veut bien se calmer et rendre l'escapade possible je me rendrai ce matin même au bourg voisin y faire l'emplette de pièges à rats afin de liquider ces rongeurs. J'ai ma conscience pour moi. C'est eux qui ont commencé.
P. S. : A ceux qui voudraient voir je-ne-sais-quelle métaphore dans ce texte, je ne dirai qu'une chose : ils se trompent.