..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 10 novembre 2011

C'est la crise !



J'entendais, hier, à la télé un journaliste déclarer sans rire que, crise oblige, les français regardaient à la dépense et étaient contraints de faire des choix. Ce qui voudrait dire qu'en période de non-crise, ils ne seraient pas contraints à ces mesquines prudences. 

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi ça a toujours dû être la crise. Quel qu'ait été mon niveau de ressources, et il a amplement varié le bougre, il m'a toujours fallu regarder à la dépense et faire des choix. J'aurais bien aimé connaître ces périodes bénies ou l'on dépense sans compter et où l'on s'offre toutes ses fantaisies. 

Seulement, ça n'a jamais dû exister nulle part à aucune époque. Même les plus riches sont contraints de rester dans les limites de leur fortune. Je ne dis pas que Bill Gates soit contraint de choisir entre se payer un Big Mac et aller au cinéma. Il peut s'offrir les deux. Il est également en mesure de s'acheter la salle de cinéma et le restaurant Mc Do afin d'y être plus tranquille. Mais ça s'arrête vite... Vu qu'il est philanthrope comme un malade, s'il voulait effacer toute la misère du monde ce ne sont pas ses quelques malheureuses dizaines de milliards de dollars qui le lui permettraient... Même pas foutu de racheter la dette grecque, qu'il serait, c'est dire !

Pour être plus exact, le journaliste devrait dire que, vu la crise, les gens ont tendance a y regarder un peu plus que si nous jouissions d'une croissance forte. Dire que la crise n'est pas responsable de tout, qu'elle n'affecte, au moins pour le moment, en France,  que marginalement la plupart des gens, ce serait désespérant. En effet, reconnaître cela voudrait dire que la sortie de crise tant attendue ne changerait rien de fondamental. Les politiciens ne pourraient pas nous promettre un changement radical. Les indignés passeraient pour des cons. On aurait même du mal à regretter le bon temps d'avant, quand, soi-disant,  on vivait au pays de cocagne.

Dieu merci, du plus loin que je me souvienne, et ça commence à faire un bout de temps, je n'ai jamais connu d'époque où nous n'étions pas en crise. Du moins selon certains...




mercredi 9 novembre 2011

Pour un droit à la casquette (plate).



Quand j'étais jeune, il y a très longtemps, les vieux portaient des casquettes et les jeunes allaient tête nue. Entendons-nous bien : quand je parle de casquette, je ne parle pas de celle qu'arborent les djeuns d'aujourd'hui, ce produit d'importation qui met une touche finale à la toilette de l'ado, mais de la vraie, la plate.

Vu leur grand âge, je me disais alors qu'un temps viendrait où les vieux à casquettes s'éteindraient d'eux-mêmes comme de vulgaires dodos. Eh bien, il n'en est rien. Me voici entré dans le troisième âge et le vieillard casquetté est toujours là, pas plus fringuant que jadis, mais solide au poste. Et pourtant ça ne peut pas être les mêmes. Le vieux à casquette avait, en mon jeune âge, au moins soixante-soixante-dix ans. Ce qui l'amènerait maintenant à dépasser allègrement la centaine. Je sais, la vie s'allonge mais à ce point...

Donc, d'une manière ou d'une autre le vieux à casquette se perpétue. Pourtant il ne se reproduit pas. La fable selon laquelle dans certaines maternités spéciales naîtraient des vieillards tout encasquettés ne tient pas. 

Reste à savoir si, avec le temps, la casquette vient à l'homme ou si c'est l'homme qui vient à la casquette. C'est bien entendu la deuxième option qui s'impose. Son port fait suite à un achat ou à un vol. Plus généralement à un achat, vu que l'arthrose du casquettophile le dissuade généralement de pratiquer le vol à la tire. Trop risqué. 

Jasper Carrot, comique britannique, disait que l'âge mûr commençait quand, en passant devant un magasin  spécialisé dans le vêtement classique, on se disait : "Pas mal ce cardigan!" Il faut croire que la vieillesse débute quand on ressent l'impérieux besoin de s'acheter une casquette. La calvitie joue probablement un rôle dans cette addiction mais ne nous y trompons pas : certains chevelus la partagent.


L'autre jour, au marché, devant le nombre de vieux encasquettés j'en suis venu à me demander si la casquette ne serait pas, en fait, obligatoire. Du coup, je me suis senti mal à l'aise, comme pas en règle.C'est ainsi que m'est venue l'idée du droit à la casquette : à un âge déterminé par la loi, tout français l'obtiendrait. Moyennant une infime cotisation, il acquerrait,sa vie active durant, des points, qui, l'âge venu et en fonction de la hauteur de ses contributions, lui donnerait droit à une casquette plate plus ou moins luxueuse et renouvelable annuellement. Il n'y aurait pas d'âge limite. On pourrait même renoncer, par coquetterie à cet acquis social. De même, les plus fortunés pourraient anticiper, à leurs frais, l'âge de leur casquette.

A l'heure ou le débat électoral s'enlise, il me semble que les candidats à la magistrature suprême feraient bien de reprendre l'idée.

mardi 8 novembre 2011

De Spinoza à la mouche du coche.



« On reproche souvent à Spinoza de nous avoir privés de la liberté, nous imposant la nécessité des choses.»

J’ai copié/collé cette phrase  chez un « ami » Facebook. Parce que je la trouve du plus haut comique.  

C’est vrai, quand même, ce Spinoza nous fait chier ! Non seulement il nous impose la nécessité des choses mais, non content de cela, il nous prive de la liberté ! Faut quand même pas déconner ! Y’a des limites à l’abus, ou y’en a pas ?  

Personnellement, vu ses crimes, je serais plutôt partisan qu’on le zigouille, et vite fait, ce salopard de Spinoza qui fait rien qu’à nous priver de cette liberté qui, comme nous le savons tous, est notre bien le plus cher.

Bon, je me calme.  

Observons les choses ave un flegme d’immigré. Du genre de celui dont je parlais pas plus tard qu’hier. Qui est ce « nous » ? L’ensemble de l’ « humanité »?  Les êtres humains d’Occident ?  Les lecteurs de Spinoza ? Ou bien simplement  ceux des  potes du philosophe qui écrit ces lignes qui accordent quelque crédit à ses dires ? 

Vous me direz : ce n’est que de la rhétorique. Vous aurez raison. Ce « nous » ne désigne que les lecteurs de Spinoza qui partageraient les vues de son critique tout en prétendant l’étendre à l’humanité toute entière.  En fait, les philosophes n’influencent, au mieux, que ceux qui les lisent, c'est-à-dire bien peu de gens.   

Mais, bougre d’âne,  me rétorquerez-vous, en influençant les élites ils changent par leur truchement la façon de penser des masses que celles-ci mènent vers la lumière (ou les ténèbres, parfois). D’abord, si vous pouviez retrancher le « bougre d’âne » de votre objection, j’en serais ravi. Ensuite, j’exprimerai quelques doutes sur le reste de vos propos.  

Il est de bon ton de penser que ce sont les philosophes des lumières qui ont préparé la révolution de 1789. Il est certain que leurs écrits ont influencé les élites mais une série de récoltes catastrophiques, réduisant bien des familles à la mendicité, dans les années 1780 et la terrible disette suivant le très rigoureux hiver de 1788-1789 ont certainement  eu  plus d’influence sur le déclenchement du processus révolutionnaire. 

De même, la « levée en masse » de 1793 fit peut-être plus pour le développement de la chouannerie que les convictions monarchistes de ses participants. 

Je crains que les penseurs ne fassent qu’ « habiller » idéologiquement  les mouvements qu’ils sont censés avoir initié ou même simplement accompagné. C’est ce que je disais déjà dans un commentaire sur l’excellent blog Ostracisme. 

L’objection d’Aristide comme quoi cette position « historiciste » devrait logiquement mener au silence ne me paraît pas totalement fondée. Celui qui exprime ses idées, tout « mouche du coche » qu’il puisse sembler, joue un rôle. 

Contrairement à ce qu’écrivait La Fontaine l’insecte a son utilité : piquant l’un, piquant l’autre, l’agaçant par son bourdonnement, il ajoute à l’effort des chevaux un rien de rage qui  peut se montrer décisif…

lundi 7 novembre 2011

Conversation avec un immigré




L’autre jour  j’ai contacté un immigré qui a monté une entreprise de rénovation de bâtiment afin qu’il m’établisse un devis pour l’isolation et la réorganisation de l’étage de ma maison.  

 A l’heure dite, il arriva au volant de son fourgon. Il fut étonné que je le salue dans sa langue alors qu’il s’attendait plutôt à un simple « Bonjour ».  Je lui expliquai mes désirs, nous affinâmes les solutions tout en parlant de tout et de rien. 

Je lui demandai depuis combien de temps il vivait en France.  Cela faisait dix ans. Mais ses parents étaient arrivés bien avant, dans un village tout près d’ici… Un immigré de la seconde génération, en quelque sorte. Il avait d’abord travaillé aux Etats-Unis, puis était rentré  au pays. Il travaillait alors soit en France, soit dans sa mère patrie avant de se décider à s’installer chez nous pour de bon. 

Je lui demandai pourquoi il avait pris une telle décision.  Il s’expliqua : ce qui importait pour lui, dans la vie, c’était son foyer, ses enfants. Dans son pays, les écoles ne valaient rien,  c’était un bazar sans nom, tandis qu’ici régnait la discipline, l’ordre, l’efficacité. Ses enfants allaient à l’école, y apprenaient à lire et à écrire en français, ça marchait bien. Et leur mère, ancienne institutrice au pays, se chargeait de leur apprendre la forme écrite de leur langue maternelle. Je m’enquis de savoir si ces enfants étaient dans le privé ou le public. « Dans le public », me répondit-il « à X… ». Je m’en étonnai  car le village de X n’était pas le plus proche de chez lui. Il m’expliqua qu’il ne souhaitait pas qu’ils aillent à l’école de Y pour cette raison qu’il y avait trop d’enfants originaires de son pays, qu’ils  avaient tendance à rester entre eux, à parler leur langue et que cela nuisait à leurs progrès scolaires.

Cette conversation se tint dans la langue de l’immigré que les hasards de la vie m’ont amené à parler couramment. Cette volonté d’intégration, cette préférence affichée pour un pays dont il ne parlait que moyennement l’idiome, ce désir de fuir un pays qu’il juge miné par des politiques irresponsables que nous évoquâmes me touchèrent autant qu’elles m’intriguèrent : ils sont quand même un peu originaux, ces anglais !

dimanche 6 novembre 2011

J’étais un sosie, mais de qui ?




Pas de Mimi Mathy, rassurez- vous Didier.

Quand j’étais plus jeune, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être pris pour un autre.  Y compris par des gens que je connaissais vaguement.

Ainsi, un jour où je m’apprêtais à quitter ma place de parking  dans un  village où j’avais pendant mes vacances été facteur, un petit vieux courut  vers moi pour me demander un autographe. C’était d’autant plus curieux que je le connaissais pour lui avoir payé des mandats. Je refusai poliment mais le brave type insista, m’accusant de refuser d’admettre que j’étais celui qu’il pensait  et me réclamant avec véhémence de lui signer le bout de papier qu’il me tendait. Je continuai de refuser lui disant qu’il se trompait et, comme il n’en démordait pas, je démarrai et partis, suivi du vieux qui courait derrière ma voiture.  Je n’ai jamais su  pour qui il m’avait pris…

A peu près à la même époque, alors que je descendais l’escalier menant au sous-sol d’une librairie, à Tours, un employé, occupé à ranger des livres, leva les yeux vers moi  et sembla soudain frappé de stupéfaction. Le genre d’expression que je suppose qu’aurait  un croyant qui, ouvrant la porte de sa cabane à outil,  y découvrirait la Sainte Trinité au complet, nimbée de lumière.  J’étais seul dans l’escalier, j’étais vêtu correctement, rien en moi qui eût justifié telle réaction. Le peu de temps que je passai  dans le sous-sol, il continua de me fixer avec la même expression ahurie.  C’était d’autant plus curieux que j’étais un client régulier de cette boutique et que  j’avais déjà parlé plusieurs fois avec cet employé.

Quelques années plus tard, alors que j’étais dans le commerce, j’entrai  dans le bureau d’un de mes fournisseurs.  En compagnie du patron s’y trouvaient deux gendarmes. L’un d’eux se mit à me dévisager et au bout d’un moment me demanda, l’air à moitié aimable, si je venais d’Orléans. J’ai vécu dans bien des endroits, mais pas à Orléans. Je lui répondis donc que non. L’air renfrogné  se teinta de suspicion genre « Mon p’tit père, si tu crois que je ne t’ai pas reconnu, tu te goures. Viens pas faire tes conneries dans le coin, on t’a à l’œil… ». Je me demande ce qu’avait bien pu faire mon sosie dans la ville de la Pucelle, mais apparemment  rien de bien.

Je me demande si ce genre d’expérience arrive à tout le monde, si j’avais un physique tellement banal qu’on pouvait me prendre pour n’importe qui ou si j’avais le don de provoquer la confusion dans certains esprits.

Quoi qu’il en soit, il y a belle lurette que ça ne m’est plus arrivé. Il est vrai qu’avec le temps on finit par ne plus ressembler à grand-chose…