Une prof s'immole par le feu dans la cour de son lycée, en pleine récréation. Le lendemain, un autre zigouille au sabre japonais une femme policier à la préfecture de Bourges. Il ne peut, évidemment, s'agir que de pures coïncidences. On imagine mal une coordination :
- Qu'est-ce que tu fais, toi demain ?
- Je m’immolerais bien par le feu, histoire de manifester le malaise de la profession, et toi ?
- Moi, après-demain, je vais chercher un permis de port d'armes à la préfecture. S'il me le refusent, je compte bien en saucissonner quelques uns à coup de sabre, histoire de montrer que nos métiers sont mal rémunérés.
Impossible de tirer des conclusions générales pertinentes de faits isolés, découlant de problèmes personnels.
L'an dernier, il y aurait eu
deux fois moins de candidats aux concours de professeurs. C'est conjoncturel, vous dit-on. Et les salaires, parlons-en des salaires. Et les réductions de postes, ça joue. Et les changements au niveau de la formation, vous en faites quoi ? On pourrait rétorquer à tout ça que la conjoncture, pas très favorable à l'emploi des jeunes, devrait au contraire les pousser vers un emploi stable. Que si les salaires ne sont pas terribles, ça ne date pas d'hier et que dans les autres secteurs d'activité les rémunérations ne s'envolent pas. Quant à la formation, ceux qui en ont fait l'expérience dans le passé ne peuvent que souhaiter que les pompiers soient mieux préparés à combattre l'incendie qu'ils ne l'étaient à enseigner...
A France Télécom, quand on se suicide, c'est à cause de la direction. A l’Éducation Nationale, c'est parce qu'on est fragile. La solution : cessons de recruter des gens vulnérables et on finira par y
mettre moins volontiers fin à ses jours.
A part ça, pas trop de problèmes : la preuve, les enseignants n'ont pas de médecine du travail. Si ce n'est pas un signe de bonne santé, ça ! Bon, certains se montrent critiques, écrivent des
livres sans queue ni tête sur je-ne-sais-quel malaise... Il y a des brebis galeuses partout.
On vous le dit, on vous le répète : le système d'éducation français est parmi les meilleurs du monde. Pas par ses résultats, certes, mais
par nature. C'est indiscutable.
Tout ce qu'il lui faut, c'est une augmentation des salaires et des postes.
Ceux qui affirmeraient que l’Éducation Nationale est une pétaudière où les syndicats se refusent à identifier les problèmes réels, dont les parents attendent ce qu'elle ne peut donner (comme par exemple transformer leur petit chéri au QI d'huitre et à l'attention flottante en génie) et dont les usagers ambitionnent souvent de réussir sans apprendre, sont des esprits chagrins.
En fait, tout va très bien Madame la marquise !