Généralement, j’écris pour mon plaisir (et éventuellement
pour distraire ceux qui me font l’amitié d’une indulgente lecture). Une toute autre motivation m’anime aujourd’hui :
c’est pour répondre à un devoir moral que je me retrouve face au clavier. En
effet, voici quatre jours déjà, un
blogueur d’exception (le fait qu’il soit de gouvernement ne fait que souligner ce
qu’il a d’exceptionnel) écrivit que je parlais de lui dans la moitié de mes
billets. Or, quatre jours pleins ont passé sans que je lui consacre la moindre
ligne. Si une telle situation perdurait, cela aurait pour inévitable conséquence
de lui donner tort. Je ne saurais lui infliger une telle peine. Car même s’il
menace les valeurs de la République et refuse
le Progrès Socialiste, dans la poitrine du réac bat un cœur.
Il était d’autant plus urgent de pallier cette négligence que j’apprends qu’au prix d’efforts surhumains
mon héros a participé à l’élaboration d’un site nommé« Stop bashing ! » (en bon français : « Arrêtez
la raclée ! »), qui se propose, en réaction (il n’y a, hélas, pas d’autres
mot) aux attaques constantes auxquelles le bon président Hollande et son équipe
de choc sont en butte, de rétablir la vérité. « Nous pensons qu’une telle campagne médiatique désinforme les
citoyens et bafoue leur droit à une information objective qui leur permette de
se forger librement une opinion. »
Voilà ce que proclame la profession de foi du site. En résumé : Les média
déforment, Stop bashing ! informe. En toute objectivité, bien entendu.
Je trouve ça noble et même louable. En fait, si M. Hollande et son gouvernement souffrent d’une popularité
médiocre (quand je vous dis que j’ai du cœur !), c’est à cause des vilains
media qui influencent des masses malléables. Il suffit donc que quelques citoyens courageux
exposent, en toute honnêteté, les multiples raisons que les Français ont de se
réjouir de sa merveilleuse administration pour qu’à un climat artificiel de
défiance succède une inébranlable adhésion. Comme toutes les grandes idées,
celle-ci est simple.
Ainsi verra-t-on, entre autres, les opposants au « mariage
pour tous » s’enthousiasmer pour cette sage réforme, les collectivistes
rabiques adhérer à la « social-démocratie, les rétrogrades pour qui l’école
à pour but d’instruire saluer la
prépondérance des « études du genre », les contribuables exsangues
réaliser qu’on ne paye jamais assez d’impôts, M. Mélenchon confesser ses
errances et Mme Le Pen adhérer au PS.
Certains esprits chagrins (il en existe, hélas !) verront là, plutôt qu’un effort
citoyen de dissipation des malentendus, une sorte de fan club où la méthode
Coué s’allie judicieusement à l’idolâtrie. Ne les écoutons pas mais gageons qu’un immense
succès ne tardera pas à venir couronner les efforts des courageux contributeurs
car si tel n’était pas le cas, si cette entreprise de salubrité ne parvenait qu’à toucher des convertis, il n’aurait
pas plus d’importance ni de conséquences que le proverbial pet dans la Toundra.