Depuis quelque temps, on constate
autant en Russie que dans certains pays de l'ex- bloc de l'Est de
très mauvaises attitudes. N'entend-on pas l'infâme Poutine défendre
les racines culturelles de son pays, ne voit-on pas le répugnant
Orban empiler des réformes inadmissibles à coups de révisions
constitutionnelles et renforcer indûment la protection des
frontières de son pays avec la complicité de ses voisins polonais,
slovaques et tchèques, ne voit-on pas des Allemands de l'Est se
mobiliser par dizaines de milliers pour protester contre l'arrivée
d'un petit million de migrants dans leur patrie réunifiée, un
ministre polonais n'ose-t-il pas déclarer (horresco referens !) son
scepticisme par rapport à certaines évolutions pourtant évidentes
« Comme si le monde ne devait automatiquement aller que dans
un seul sens, selon un modèle marxiste – un nouveau mélange de
cultures et de races, un monde de cyclistes et de végétariens, qui
ne mise que sur les énergies renouvelables et combat toute forme de
religion. Tout cela n’a rien à voir avec les racines polonaises
traditionnelles » ?
Comme vous et tous les vrais démocrates
progressistes, de tels constats ont, dans un premier temps provoqué
mon indignation comme ils ont provoqué les foudres de Bruxelles. Le
plus inexplicable est que ces gouvernants semblent bénéficier d'un
soutien populaire largement supérieur à celui que recueille, par
exemple, un homme d'exception comme le président Hollande ! Ma
colère se mue alors en stupéfaction ! Comment expliquer que
des êtres que l'on peut supposer humains osent apporter le moindre
soutien à de si nauséabonds régimes ?
Seulement, passées les premières
réactions effarées, vient le temps de la réflexion. Il doit bien
exister une explication rationnelle à ces phénomènes apparemment
incompréhensibles ! Qu'ont en commun,ces brebis égarées ?
Curieusement, ces Allemands, Polonais, Russes, Hongrois, Tchèques et
Slovaques ont vécu des décennies durant sous la bienveillante
férule du communisme dur. Peut-être en ont-ils conçu une certaine
méfiance vis-à-vis de la variante rampante de cette merveilleuse
idéologie qui s'est progressivement installée ces dernières
décennies en Occident ?
Il ne faudrait pas oublier que le
merveilleux système idéologique qui nous gouverne est le fruit d'un
long travail. Ce n'est pas du jour au lendemain que l'on prend
conscience que le loup est l'ami de l'agneau ou que le roi n'est pas
nu, comme le croit cet imbécile d'enfant du conte, mais qu'il porte
un magnifique habit de douche dont on ne peut qu'admirer la
magnificence du papayou. L'esprit frustre se tient à de trompeuses
apparences, confond invasion et enrichissement, prend des progrès
incontestables pour des signes de déliquescence. Il faut l'éduquer
ou plutôt le rééduquer.
Accepter l'adhésion à l'UE de
certains pays sans qu'ait été préalablement observée une longue
période de rectification des esprits fut probablement une erreur.
Est-il encore temps d'y remédier ? On peut se le demander tant
on peut constater, jusqu'au sein des plus avancées des nations
occidentales, d'inquiétantes désaffections vis-à-vis de la bonne
parole. Gardons cependant espoir : si nul n'est prophète en son
pays, peut-être qu'en envoyant nos chantres du bien-penser dans les
Pays de l'Est ils y remporteront l'adhésion des foules et sauront
remettre ces âmes errantes sur le droit chemin...
La situation est grave mais pas
désespérée.