A ceux qui ne connaîtraient pas cette fascinante jeune femme
née en 1981 à Monastir (Tunisie), je rappellerai qu’elle fut à l’origine de
dénonciations de faits de discrimination et de racisme alors qu’elle
travaillait en tant qu’adjointe de sécurité à la police des frontières, qu’elle
publia ensuite un livre sur le sujet intitulé Omerta dans la police et obtint ainsi une fugace heure de gloire.
Elle connut à ces occasions de menus problèmes avec sa hiérarchie et fut même
condamnée pour diffamation envers un de ses collègues de travail. Membre du
parti socialiste, responsable communication au sein du mouvement « La
Gauche forte », elle participa à la campagne des primaires de M.
Montebourg, le célèbre ministre. En mai
2013, elle fut recrutée par Mme Taubira en tant que chargée de mission
au service de l'accès au droit et de l'aide aux victimes. Cela doit lui laisser
quelque loisir vu que parallèlement elle tient une chronique à l’hebdomadaire Le Point. Dans un de ces articles il lui
arriva, alors que M. Valls prétendait s’entendre comme honnêtes gens au moulin*
avec la garde des sceaux, d’attaquer le ministre de l’intérieur. Curieusement,
la chronique disparut bien vite comme le narre un article du Monde.
J’aurai, comme la plupart d’entre vous je suppose, passé le
reste de ma vie sans soupçonner jusqu’à l’existence de cette charmante personne
si un ami Facebook n’avait attiré mon attention sur sa défense de M. Aquilino
Morelle lors de l’ « affaire des pompes élyséennes » dans
l’hebdomadaire susmentionné. Alors
que tout le monde portait de sévères jugements sur les goûts dispendieux du
conseiller en matière de chaussures et d’entretien d’icelles, la jeune Sihem ne
joignit pas sa voix au concert des critiques. Ayant travaillé auprès de M.
Morelle, elle avait pu apprécier ses qualités humaines. D’autre part, ce fils de
pauvres émigrés espagnols élevé à Belleville devait tout à son mérite : il
n’était pas « né avec une cuillère
en argent dans la bouche » pour reprendre ses termes. Un peu plus loin, elle ajoute : « Aquilino Morelle n'a jamais nié ses
goûts de luxe, mais ses goûts personnels ne relèvent-ils pas de la sphère
privée ? » C’est vrai, ça ! C’est même tellement vrai qu’on ne
voit pas dans quels esprits malades a pu naître l’idée absurde de critiquer le
côté « bling-bling » de certains.
Sauf que son protégé est censé émaner de l’aile gauche d’un
parti qui prône l’égalité et appelle au sacrifice des millions de gens pour qui,
même s’il les attire, le luxe n’en demeure pas moins un domaine inconnu. De là à ce qu’au-delà d’une fantaisie privée
ceux dont il est supposé défendre les intérêts y voient un foutage de gueule,
le pas peut être prestement franchi. Ce détail semble échapper à la camarade
Souid.
Un autre récent opus de la même dame retint par son titre mon attention : Primes gouvernementales : scandale ou simple mesure de justice sociale ? Elle y défendait bec et ongles les pauvres conseillers de ministres auxquels avaient été attribués quelques millions d’Euros de primes. Il faut bien comprendre que ces gens sont des sortes de serfs modernes, en pire : taillables et corvéables à merci, ils ne sont pas attachés à la glèbe comme leurs heureux devanciers car le sol peut se dérober sous eux pour un oui ou pour un non. Ne vous vient-il pas des larmes aux yeux en lisant ces lignes : « ils sont comme lui des centaines. Des personnes qui ont mis temporairement leur vie privée de côté, des personnes qui ont vu leur couple détruit faute de présence, qui n'ont pas vu grandir leurs enfants** des personnes qui portent elles aussi le fardeau de la crise : combien parmi eux font des burn-out à la suite de la pression du travail au quotidien ? On ne les compte plus. Et ils n'ont surtout pas le droit de se plaindre... » ? Ces épaves en haillons qui vivent à la rue et noient leur désespoir à coup de gros rouge, ne cherchez pas d’où ils viennent : ces accidentés de la vie sont généralement d’ex-conseillers ministériels…
Qu’il faille bien rémunérer le personnel de l’État est une chose. Qu’une socialiste située à la gauche de son parti parle de justice sociale au sujet de gens qui se voient attribué de pareilles sommes en est une autre. Comment prétendre défendre les humbles et tirer à boulets rouges sur les nantis tout en adoptant pareille position ?
Mme Souid est assurément une bonne copine. Malheureusement, je crains qu’au niveau politique elle soit un tout petit peu maladroite.
*larrons en foire serait insultant
**Saluons au passage la rapidité de croissance de l’enfant
de conseiller vu que celui-ci n’exerce ses fonctions que peu de temps, vu que «Le
stress lié à une disponibilité de tous les instants laisse généralement les
conseillers essorés au bout d’à peine deux ans. » comme l’écrit un rédacteur
d’Atlantico.