J'avoue que jusqu'ici j'étais
un rien sceptique. Tenant à ma peau dans ce pays de grande liberté, je
n'allais pas jusqu'à l'être climato- mais j'avoue que je me posais
des questions : serait-il vraiment indispensable que je commande
bermudas et T-shirts pour cet hiver ? Faudrait-il que, pour fuir
la chaleur torride du bocage, je loue un appartement sur la côte
belge ou bien passer février en Islande serait-il plus prudent ?
Et puis il y a eu ce week-end et mes
yeux se sont dessillés : réchauffement il y a et pas qu'un
peu. Et ce n'est probablement qu'un début. Ce temps de Toussaint,
curieusement, m'a fait penser à la réintroduction du loup qui m'est
apparue comme une fausse bonne idée. Le loup, malgré les calomnies
de Perrault ou de La Fontaine, est, on le sait maintenant, une brave
bête qui ne pense qu'à faire le bien autour d'elle. Toutes les
brebis vous le diront (si vous parlez Ovin, bien entendu). Seulement,
l'animal semble aimer la fraîcheur. Ne parlait-on pas d'un « froid
de loup » quand le mercure descendait plus que de raison ?
Vu le changement climatique, ne serait-il pas criminel d'exposer ces
pauvres bêtes aux températures tropicales qui nous pendent au nez ?
Il souffrirait de chaleur aux pôles mais chez nous, il rôtirait !
Seulement, toute personne raisonnable
vous le dira, l'équilibre de l'écosystème requiert que soit tenu
le rôle que ce canidé commençait à peine de tenir à nouveau. Si,
par humanité, on envoie le loup vers des cieux adaptés, qui le
remplacera ? Qui gambadera gaiement avec les brebis leur
procurant l'occasion d'un sain exercice ? La réponse me paraît
évidente : le lion.
Cet animal, tout aussi injustement
accusé d'être carnivore voire nuisible, est, de par son origine
africaine, adapté à notre nouveau climat. Je suggérerais que les
premiers lâchers aient lieu à Paris, capitale mondiale de
l'écologie.On pourrait, dans les parcs et jardins, introduire bovins
et ovins afin que les félins y trouvent des camarades de jeux.
J'imagine déjà la joie des enfants à les voir s'ébattre
innocemment dans le Parc Monceau ! Les chères têtes blondes
pourraient offrir les jattes de lait et les assiettées de patates
dont ces gros chats sont si friands !
Mais je bavarde, je bavarde et le
travail n'avance pas : si je veux manger des bananes et des
dattes du jardin cet hiver, il serait urgent que j'en lance la
culture. A bientôt les amis !