..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 1 janvier 2023

Voeux

 


Comme le veut la tradition, je présente à tous mes lecteurs mes meilleurs. Une chose me paraît sinon assurée du moins probable : au train où vont les choses, 2023 sera meilleure que 2024. A moins, bien entendu, qu’un conflit nucléaire vienne empêcher toute comparaison.

Cela dit, j’ai vaguement entendu les vœux que nous à adressés notre bien aimé président. Nous prenions l’apéro du soir (espoir). Mon oreille fut pour le moins distraite. Cela me rappela les temps déjà anciens où je travaillais comme prof de français dans une célèbre œuvre secourant les enfants en grande difficulté et plus précisément certain banquet de Noël qui regroupait le personnel. J’étais assis près d’une collègue et de son mari. Nous étions plus d’une centaine attablés sous la verrière de la grande cour vitrée du château. Le vacarme des conversations et des bruits de couverts était plus ou moins dominé par les propos de l’animateur que relayaient une puissante sonorisation. Un petit problème cependant : l’enthousiasme et la bonne volonté du brave homme qui s’époumonait au micro ne parvenait pas à contrebalancer le fait qu’atteint d’une malformation du palais, ses paroles étaient totalement incompréhensibles. Se penchant vers sa femme, le mari de ma collègue lui demanda : « Qu’es-ce qu’il raconte ? » à quoi elle répondit : « Les mêmes conneries que l’année dernière ». Ces propos peu charitables reflètent ce que je ressens lorsqu’il m’arrive d’entendre une des multiples interventions de notre vénéré président.

Dieu qu’il est chiant ! Comme le brave animateur que j’évoquais, comment ne se rend-il pas compte qu’il est à un orateur ce qu’est le climat normand à celui d’une île paradisiaque ? Qu’à part provoquer la somnolence de son auditoire ses propos sans intérêt n’ont aucun effet ? Il nous parle du redressement de la France, des bienfaits incommensurables de l’Union Européenne, des efforts à fournir et des sacrifices à consentir, de la nécessaire union à maintenir au sein d’un peuple dont il ne semble pas remarquer la profonde archipellisation, des problèmes qu’entraîne le contexte international que nous ne manquerons pas de résoudre en se ralliant à son panache plus ou moins blanc, du contrôle des frontière qu’il assurera un jour... Et il n’en finit pas, il se répète, son trop long discours se fait interminable. On espère que chaque phrase sera la dernière mais c’est comme les cheveux d’Éléonore : quand y’en a plus, y’en a encore ! On a envie de lui dire, comme à un enfant attardé qui, à vingt-cinq ans passés placerait ses espoirs dans Papa Noël, que l’Europe, ou plutôt L’UE, n’est pas la solution à tout, que 27 glandeurs maladroits abattent moins d’ouvrage qu’un seul habile bosseur. Et puis on se retient par crainte qu’il n’écoute pas ou par cette pitié qui nous fait répugner à briser un rêve de gosse si chimérique soit-il. Ne voit-il pas qu’il n’a été par deux fois élu que par défaut ? Qu’il n’est que le triste produit d’un pays peuplé de vieillards frileux ?

Finalement il s’arrête. On en est soulagé. C’est rassurant, ça rend optimiste : les pires choses ont donc une fin ! Hélas, thuriféraires et ergoteurs stipendiés prennent le relais pour louer son génie ou blâmer le vertigineux abîme de son absence de vision. Heureusement, un autre événement dérisoire viendra sous peu renvoyer ce dernier pet dans la toundra au néant qu’il n’eût jamais dû quitter...

jeudi 29 décembre 2022

Faut-il pleurer, faut-il en rire ?

 


Le hasard a fait que, lundi dernier, j’ai allumé par mégarde la radio de ma voiture et qu’un sort malin a voulu que la station fût France Inter. Il était un peu plus de 14 heures et l’émission « La Terre au carré » commençait.

Toujours soucieuse de donner la parole à ceux qui pensent (et parlent) correctement, l’émission débuta par des messages d’auditeurs. Je me suis immédiatement senti dans un autre monde. La première intervenante, une jeune femme à sa voix, était en total désarroi : elle demandait conseil sur la manière de parler à son entourage afin qu’il partage ses lubies idéaux. Elle tentait de prêcher par l’exemple : entre autres actions d’éclat au service de la planète, elle avait réduit (ou supprimé) sa consommation de viande, changé de banque (?!), et ne prenait plus l’avion ! Malgré cela, il semblait que ses proches n’eussent rien à cirer de ses exhortations. Ainsi, un copain devait venir lui rendre visite en prenant l’avion ! Que fallait-il qu’elle fît, seule contre tous ? Que leur dire ? Comment leur faire comprendre ?

Une autre intervenant en avait contre les rallyes automobiles ( Paris-Dakar, 24 heurs du Mains (!!!), etc.) qui gaspillaient quantité de carburants fossiles sans le moindre remord de leurs incommensurables crimes.

Ensuite, un « spécialiste du nazisme » se lança dans un parallèle entre l’idéologie hitlérienne et certains aspects de la société consumériste : par exemple les deux étaient partisans d’une exploitation éhontée des ressources minières de la planète et en faveur d’une croissance économique sans limite.

J’ai éteint.

J’avoue que ces « sauveurs de la planète » me laissent pantois. Leurs « actions » leurs indignations, leurs rapprochements audacieux entre des choses qui n’ont rien à voir entre elles me paraissent dérisoires, pitoyables ou risibles. Qu’importe si la jeune femme ne parvient pas à convaincre ses amis ? Quelle part de la consommation mondiale de carburants fossiles représentent les courses automobiles ? Le Parti Communiste Chinois, dirigeant un pays productiviste et grand utilisateur de ressources minières est-il un proche parent du nazisme ?

Il me semble que ceux qui croient en une imminente destruction de la planète (ou plus exactement de la vie sur celle-ci) devraient s’y résigner car la totale transformation des modes de production et de consommation que la réalisation de leurs rêves impliquerait ne saurait se faire du jour au lendemain. Comme un Titanic que son erre entraîne irrémédiablement vers l’iceberg, la catastrophe qu’ils envisagent apparaît inéluctable. Leurs efforts individuels, les multiples interdictions qu’ils préconisent ne changeront rien. Des colibris qui font leur possible pour lutter contre le feu qui ravage la forêt, des fourmis qui pissent dessus pour arrêter l’incendie, voilà à quoi me font penser leurs « actions ». Si la maison brûle vraiment, c’est à sa reconstruction qu’il faudra penser sa destruction terminée. Le reste est bavardage de mouches du coche.

lundi 26 décembre 2022

2000

 


Eh oui, aujourd’hui je publie le deux millième article de ce blog. Le 11 septembre 2011, paraissait le premier. Une lectrice me fit alors remarquer que ce dixième anniversaire des attentats du World Trade Center était une date de lancement un peu bizarre. J’avoue à ma courte honte que cette coïncidence m’avait totalement échappé. Onze ans et trois mois se sont depuis écoulés mais il est toujours là. Bien des choses ont changé depuis, j’y reviendrai.

Vu que mes articles occupent généralement l’espace d’un feuillet Word, réunis en un (ou deux) tomes, ils s’approcheraient par le nombre de pages de Guerre et Paix ou de la Recherche du temps perdu. Cependant, l’apparente similitude s’arrête au volume : le nombre de princes et de comtes qu’on y croise y serait nettement inférieur à celui que compte l’œuvre de Tolstoi, quant aux subtiles analyses sur les personnages et la vie mondaine de Marcel Proust, en rechercher ici la moindre trace mènerait à l’échec. Et d’ailleurs qui songerait à publier pareil ouvrage ?

Sur ces deux mille articles, plus de la moitié sont parus entre 2011 et 2014. Depuis, le rythme a beaucoup baissé. Comme la fréquentation. C’est la destinée de la plupart des blogs. Sur les vingt et quelques que compte ma blogroll, la plupart ont trépassé. Faute d’inspiration ? Faute de lecteurs ? Faute à la lassitude ? Faute à une prise de conscience de la vanité de l’exercice ? Faute à la conjonction de tout cela ? Va savoir…

La baisse de mes publications s’explique facilement : bien que je garde peu de souvenirs de mes écrits comme de mes lectures, j’évite autant que faire se peut de trop radoter. Une fois que l’on a dit ce qu’on pensait de telle ou telle question sociale ou de tel personnage à quoi bon y revenir ? L’actualité ne consistant généralement qu’en de nouvelles confirmations de la folie ambiante, comment s’y appesantir ? Les sujets se raréfient, c’est inéluctable.

Quant à la fréquentation, sa baisse s’explique par une possible lassitude des lecteurs. Les blogs sont un peu (euphémisme) passés de mode. La récente (trois mois déjà) fermeture des commentaires n’a pas arrangé les choses on ne revient plus voir si quiconque a réagi à ce qu’on a écrit. Je ne regrette nullement ce changement tant était intense le désagrément que provoquait en moi les importuns. Avec le temps, je ne supporte plus qu’on m’emmerde. Par ailleurs, le bond que provoque dans les statistiques chaque nouvel article me prouve que, si tant est que je prêche, je ne le fais pas dans un total désert. Combien êtes vous à me lire plus ou moins régulièrement ? Difficile à déterminer ! Quelques dizaines ? Une centaine ? Plus ? Moins ? Mes compteurs divergent tant qu’il serait hasardeux de se fier à eux. Qu’importe au fond ?

Je crois que tant que me viendront des idées, pas nécessairement originales ni d’un grand intérêt, je prendrai plaisir à les exprimer. Pour paraphraser Aragon, j’écris pour passer le temps, petit qu’il me reste de vivre...


vendredi 23 décembre 2022

Noël

 

Je ne suis pas un fanatique de Noël (euphémisme). Je ne vous conterai pas pourquoi je me suis progressivement détaché de cette fête dont la seule magie, à mes yeux, est de pousser une multitude de gens à acheter une multitude d’objets et force bouffe. C’est l’occasion d’échanger des cadeaux. Dans le meilleur des cas, les braves gens se creusent la tête pour trouver des présents qui plaisent vraiment à leurs destinataires. Pas facile car en nos temps de surabondance, ils ont déjà « tout ». Dans le pire, on trouve toujours une babiole à Emmaüs ou chez Gifi qui évitera d'arriver les mains vides. Les récipiendaires s’extasient hypocritement sur la magnificence des cadeaux reçus. Dès le lendemain, il arrive de plus en plus qu’ils les mettent en vente sur Le bon coin, ce qui prouve l’exquise délicatesse des mœurs contemporaines.

Ce Noël 2022 sera le cinquième d’affilée que je passerai seul. Inutile d’alerter les Petits frères des pauvres ni les Petites sœurs des riches dont je n'ai plus guerre d'usage sur ma détresse. J’en suis parfaitement content. Pour moi, ce jour est un jour quasi-ordinaire parmi les 365 autres que compte une année non-bissextile. Comme demeurent en moi quelques réminiscences de soirs du 24 décembre festifs, je marquerai légèrement le coup d’un dîner quelque peu amélioré (foie gras, saumon fumé, pavé de biche sauce grand veneur) mais rien de plus. Pas de sapin, de crèche ni de guirlandes électriques ou pas.

L’atmosphère de joie obligatoire (ou de misère profonde pour les isolés) qu’est supposée provoquer cette fête que la déchristianisation a privée de son origine religieuse m’agace. Les grandes bouffes qui remplacent les messes de minuit commémoratives de jadis m’irritent également surtout que j’ai de plus en plus de mal à les digérer.

Que l’on respecte, comme je le disais dans mon précédent article, les traditions de notre pays me paraît essentiel. Que l’on ait ou non la foi, nous sommes , encore pour un temps, un pays majoritairement de culture catholique. Accepter que le mercantilisme éradique nos racines paraît à mes yeux de non-croyant inacceptable.

Bien sur, je vois tout cela de mon balcon d’individualiste, peu enclin à partager toute liesse populaire, qu’elle soit religieuse, politique, footballistique ou autre. Je souhaite néanmoins à ceux qui le fêtent un sincère


N.B. : Dans ma recherche d’image, c’est en vain que j’ai attendu de voir apparaître, en googlant « Joyeux Noël » des images associant Nativité et Noël : des sapins, des Pères Noël, des « Joyeuses fêtes » mais aucune crèche ! Voilà où nous en sommes.

mardi 20 décembre 2022

Le scandale des crèches

 

Scène insupportable ! 

La ligue des Droits de l’Homme mène ces derniers temps un combat sans merci contre l’installation de crèches de Noël dans certaines mairies. On ne peut que comprendre, apprécier et soutenir ses glorieuses attaques contre cette atteinte inadmissible aux valeurs de la république. Imagine-t-on les dommages psychologiques irréparables que la présence de ce symbole obscurantiste d’une violence inouïe peut infliger au républicain sincère qu’une démarche quelconque contraint à se rendre durant la période des fêtes de fin d’année dans la maison commune ?

En fait, je trouve ces héros de la laïcité un peu timides. Ce n’est pas seulement contre les crèches que devraient porter leurs héroïques combats mais contre la fête de Noël elle-même. Si certains vont jusqu’à contester l’étymologie couramment reconnue de « natalis (dies) » (voir à ce sujet l’intéressante étude de phonétique historique qu’en donne Wikipedia) pour lui opposer une étymologie gauloise (noio (nouveau) hel (soleil) qui rapprocherait la fête de la nativité de la célébration païenne du solstice d’hiver qui tombe environ à la même date. Cela est bel et bon mais outre que, dans ce cas, deux mille ans d’évolution phonétique des langues n’auraient quasiment pas affecté ces deux mots, il n’empêche que les Italiens fêtent « Natale » et les Portugais « Natal » le même jour et que pour ces deux cas l’étymon latin « natalis » est difficilement contestable. Quoi qu’il en soit et syncrétisme ou pas une tradition plus que millénaire fait que le 25 décembre les catholiques et les autres chrétien (en dehors des orthodoxes) fêtent la naissance du Christ. Comment un esprit véritablement laïque pourrait-il accepter qu’une telle tradition perdure à notre époque ?

La seule solution serait de supprimer purement et simplement cette fête comme le fit le calendrier révolutionnaire où le 5 nivôse (25 décembre) était devenu le « jour du chien ». Faudrait-il, dans un élan de républicanisme sincère, rétablir ce calendrier hélas disparu le 11 nivôse de l’an XIV (1er janvier 1806)  ? Tout esprit sainement construit comme celui de nos droit-de-l’hommistes de choc ne pourrait qu’approuver une telle réforme.

Seulement, quelques dangereux réactionnaires voudraient, en dépit de toute logique républicaine, maintenir le lien entre Noël et la nativité du Christ. A leurs yeux (faut-il qu’une coupable folie les aveugle!), un Noël sans crèche serait comme un match de football sans ballon, un repas sans fromage, une belle à qui il manquerait un œil ou un M’Bapé sans Macron. Révolution merci, il existe encore dans notre cher pays des êtres de progrès désireux de piétiner toute tradition visant à maintenir l’obscurantisme.