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vendredi 12 février 2021

Des "Anti-boomers"


Il existe tout un tas de plus ou moins jeunes qui vouent aux « Boomers » une haine farouche. Pour eux, ceux qui sont nés entre 1945 et 1955 (quoique tout le monde ne s’accorde pas sur les dates exactes du phénomène) sont responsables de tous les malheurs de la France et par conséquent de la Terre, de sa banlieue et plus généralement de l’Univers. Ils auraient, sciemment, détruit tout ce que le monde d’avant, si harmonieux, portait en lui de noblesse, de beauté, d’excellence, d’harmonie, de paix, de prospérité, d’élégance, j’en passe et d’encore meilleures.



Il se trouve que, suite à une logique implacable, mes parents étant nés dans les années vingt du siècle dernier, je me trouve faire partie de la génération par eux maudite. Je n’y peux rien, c’est comme ça.



Qu’une génération s’en prenne à celle qui l’a précédé n’a rien de très original. Après tout, il faut bien trouver un objet à ses haines, faute de quoi elles tourneraient à vide. Une haine sans objet, c’est comme un policier sans topinambours ou une belle à qui il manque un rhododendron  : ça finit par ronger l’âme de celui qu’elle hante.



Or donc, les anti-boomers reprochent à leurs aînés d’avoir mené une vie confortable, sans soucis, de s’en être fourré plein les poches et de les avoir laissés démunis dans une société sans merci. Ce qui, avouons-le ne serait pas très fair-play de leur part.



Seulement, il y a un hic dans leurs récriminations : les « boomers » ne constituent aucunement un ensemble homogène. Parmi eux, combien ont eu à abandonner leur exploitation agricole devenue trop exiguë pour être rentable ? Combien, dans la métallurgie ou le textile, ont vu leur usine fermer, les laissant sans ressources ni ressort pour simplement survivre ? Combien de petits boutiquiers ont du fermer boutique ?



Nos jeunes amis auraient-ils oublié qu’en 1973 a commencé ce qu’on a appelé une « crise » mais qui n’était que le début d’un long processus de déchéance de l’Europe qui se poursuit 57ans plus tard ?



Ils en veulent également à leurs aînés pour leurs dérives idéologiques. A croire, qu’unanimes, lesdits « boomers » ne rêvaient que de mettre le monde cul par dessus tête !



En fait, les anti-boomers, confondent une génération et son « élite ». Ils ne sont eux-mêmes qu’une « élite » aspirant à remplacer la précédente.



Pour calmer leur impatience, je leur dirai qu’ils finiront bien, si Dieu leur prête vie, par recueillir leur héritage (s’il y en a un), et qu’ils deviendront, à leur tour, des objets de haine. Comme disait Brel (qui en était un beau spécimen) « Les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient bête ». Il en est même qui vieillissent prématurément.

mardi 9 février 2021

Niveau de vie,classe moyenne et autres foutaises

 

Ce matin j’ai lu un article de Capital intitulé « Classe moyenne » à quel niveau de revenus correspond-elle vraiment ? » . Le journaliste arrivait à la conclusion que ce revenu tournait autour des 2000 euros nets par mois. Pour y parvenir, il utilisait les statistiques de L’INSEE de 2018, selon lesquelles le revenu net médian des salariés du secteur privé se situait à 22490 € par an, soit la somme faramineuse de 1874 € nets mensuels, niveau au dessus duquel on pouvait se considérer comme jouissant d’une relative aisance et appartenant à la « classe moyenne ». De là à vivre dans le luxe, il y a une très grosse marge !


Les revenus de votre serviteur ne lui permettent pas (de peu, il est vrai), d’appartenir à cette classe de privilégiés mais cependant ils lui permettent de vivre assez confortablement. Et cela pour tout un tas de raisons. Classer les gens en fonction de leur revenu reflète une certaine réalité mais est insuffisant pour définir leur niveau de vie car cela ne tient aucun compte de leurs charges. Si, comme moi, vous êtes propriétaire de votre logement, n’avez aucun crédit à payer et aucune personne à charge, vous disposez d’un revenu disponible bien plus conséquent que d’autres qui, avec des revenus bien supérieurs seraient locataires et paieraient des crédits.


D’autres critères entrent en ligne de compte dans le niveau de vie comme le type d’habitat dont on bénéficie et le lieu où il se situe. Ainsi, je dispose d’une maison de 6 pièces avec une centaine de mètres carrés habitables et d’un jardin. Si mes goûts m’avaient poussé à acquérir un logement équivalent dans une banlieue de Paris, comme par exemple Aubervilliers (qui n’est pas des plus cossues), il m’eût fallu débourser une somme plus de cinq fois supérieure dont, malheureusement, je ne disposais pas. J’aurais donc été réduit à rester locataire d’un petit logement et à amputer mon revenu disponible de son loyer.


Si l’on néglige de prendre en considération le lieu où l’on réside, déterminer le niveau de vie sur la base des revenus n’est pas pertinent.


Un autre donnée est l’argent dont on dispose. Avoir de l’argent devant soi, que ce soit suite à une bonne gestion de ses finances, un héritage ou un gain au loto, même si à l’heure actuelle, hors placements risqués, ça ne rapporte rien permet tout de même de profiter de promotions et de bonnes occasions quand elles se présentent. Au contraire, comme le disait si bien ma défunte mère qui passa sa vie à éviter d’être démunie, « ça coûte cher d’être pauvre ! » vu qu’on paie tout plein pot.


En résumé, baser la « prospérité » sur les rentrées en négligeant les sorties, est illusoire. Tous les conseillers en placements vous le confirmeront : certains, que leurs revenus classent parmi les pauvres, disposent de capitaux parfois considérables.


samedi 6 février 2021

Fantaisies anti-racistes

 La première fois que j’entendis l’expression Afro-Américains (en fait Afro-Americans, puisque nous devisions en anglais), C’était en 1990. Il sortait de la bouche d’une jeune collègue de l’école londonienne où, sans grand succès, j’étais employé pour tenter de faire acquérir des rudiments de français à un public aussi avide de culture qu’une grenouille peut l’être de bains de soleil. Elle me parlait de « Littérature Afro-Américaine » et à ma courte honte, je dus lui avouer ma totale ignorance de ces écrivains que je pensais être de braves Africains pratiquant leur écriture aux USA.


Ne reculant devant aucun sacrifice pour pallier cette grave lacune, elle me promit de m’en fournir une liste d’ouvrages. Le lendemain même, en jeune personne de parole, elle m’apporta un papier sur lequel étaient inscrits des titres que j’avais pour la plupart déjà lus. Je réalisai alors que ces auteurs, j’avais coutume de les appeler « Noirs Américains ». Je ne lui fis pas l’affront de contester le syntagme nominal par elle employé car vu l’intérêt que semblait me porter la jeune personne et l’attirance qu’elle m’inspirait (nous devions par la suite, trois ans durant, partager une liaison puis un concubinage parfois houleux), le temps n’était pas aux chicaneries lexicales.


Il n’empêche que le terme devenu courant aujourd’hui me parut étrange. La grande majorité de la population étasunienne étant originaire d’autres continents, je ne voyais pas pourquoi une de ses composantes serait distinguée des autres par l’adjonction de son continent d’origine à celui de sa nationalité.


La logique de cette appellation eût voulut que l’on fît de même pour les Américains d’origine différente, les Blancs devenant des Euro-Américains, le terme d’Asio-Américain désignant toute personne venue d’Asie qu’elle soit mineure, centrale ou du sud-est, tandis que les Océano-Américains regrouperaient des peuples aussi divers que les originaires des marquises, d’Indonésie ainsi que les Euro-Australiens et autres Euro-Néo-Zélandais quant à celui d'Américo-Américains il regrouperait les amérindiens de nationalité Étasunienne.


Inutile de signaler l’absurdité de tels vocables. Il est clair que le terme Afro-Américain est un euphémisme destiné à éradiquer le mot « Noir » (ou plutôt « Black ») tout en ne désignant qu’une partie des gens originaires d’Afrique, vu qu’il ne saurait s’appliquer aux Égyptiens non-Nubiens ou aux maghrébins. Les soi-disant anti-racistes ne font donc que continuer d’établir une forme de discrimination entre une catégorie d’Américains qui ne le seraient que partiellement et les autres. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il n’y a là rien d’étonnant.


Quittons les USA, pour notre beau pays. Le terme « Noir » pour désigner les mélanodermes, est parfois ressenti comme raciste par certains, faute de forger un Afro-Français ou un Afro-Européen il est devenu plus acceptable d’employer le mot « Black » malgré la mauvaise réputation qu’il s’est acquis aux USA. D’un autre côté, tant qu’à emprunter un terme étranger, l’anglais posait moins de problème que l’espagnol* !


Je finirai par une anecdote à mon sens typique de l’absurdité antiraciste. La jeune personne ci-dessus évoquée et devenue ma compagne m’annonça un jour qu’un collègue lui faisait la cour inondant son casier de courriers enflammés. La curiosité me fit m’enquérir de qui il se pouvait agir. Elle me donna un prénom qui ne me dit rien. Je lui demandai de me le décrire. Sa description ne m’éclaira pas plus. Un jour, elle me le désigna discrètement. J’en fus sidéré : par crainte de stigmatiser, elle avait négligé de me signaler que son fougueux soupirant étant le seul professeur noir de l’école !


* Ne souhaitant pas finir mes jours dans un cul de basse-fosse, je prie les non-hispanisants de m’excuser de ne pas écrire le terme en question.

mercredi 3 février 2021

Énigme résolue.

 

Le sénateur Jules Labiche, millionnaire, républicain de gauche et grand bouffeur de curés

Une chose m’a toujours intriguée : quand on se promène dans les rues du moindre bourg de quelque importance, où que ce soit en France, on est frappé d’y voir un nombre parfois conséquent d’imposantes demeures bourgeoises datant généralement du XIXe siècle. A leur vue, je ne peux m’empêcher de me demander quelle pouvait être l’origine de la fortune qui avait permis à leurs bâtisseurs d’afficher ostensiblement leur richesse.


Sourdeval, où je réside, ne fait pas exception à cette règle. D’une importance variable, on en compte plusieurs. Toutefois, quand on emprunte la route qui mène à Vire, juste à la sortie du bourg, à flanc de colline, s’en dresse une qui, par son volume, sa massive élégance néo-classique, le parc qu’elle domine, ne saurait que mériter l’appellation de château. On peut imaginer que négociants ou petits industriels enrichis aient, sous le second empire, été à l’origine des autres grandes demeures. Mais celle-là, franchement, les surclasse tant que l’on voit mal comment une réussite locale aurait pu être à son origine.


Il se trouva que, regardant les annonces immobilières dur ma commune, histoire d’en voir l’évolution, je m’aperçus qu’une d’entre-elles concernait ledit château. Pour la modique somme de 1 260 000 € (peut-être moins en barguignant un peu) vous pouvez devenir l’heureux propriétaire de ce petit bijou d’environ 750 mètres carrés habitables, dans un parc arboré de 1,6 ha . Les photos de l’annonce (cliquez, ça ne coûte rien), vous rassureront : pas ou peu de frais à envisager  car là tout n’est qu’espace, calme, luxe et volupté. À 1680 € du m², vous aurez du mal à trouver mieux à Paris voire même à Saint-Ouen.


Restait à savoir qui se trouvait à son origine. Quelques recherches me permirent de l’apprendre. En 1860, un certain Jules Labiche le fit construire. Né à Sourdeval en 1826, après des études au petit séminaire de Mortain, ce jeune homme entreprenant partit tenter sa chance dans le Nouveau-Monde. Il faut croire que la tentative fut fructueuse, car à 34 ans, après avoir fait fortune dans le négoce du coton au Mexique et aux États-Unis, il revint vivre parmi les siens le reste de son âge. D’abord élu conseiller, il devint maire puis, après deux candidatures malheureuses à l’assemblée fut élu sénateur en 1879, mandat qu’il gardera jusqu’à sa mort en 1905 le cumulant avec celui de maire et de conseiller général. Le président du Sénat, ex-premier ministre et futur président de la république, Armand Fallières, viendra prononcer une allocution lors de son enterrement. Il faut croire que le séminaire de Mortain avait réchauffé un serpent dans son sein , vu que le brave Jules en plus d’être un ardent républicain s’avéra un virulent anticlérical ! Une vie somme toute bien remplie, qui valut à celui qui se battit pour que sa ville fût desservie par le chemin de fer que la rue menant à son château porte aujourd’hui encore son nom.


Faute d’héritier direct, le château passa à son neveu puis abrita une colonie de vacances avant de devenir la propriété du bureau de bienfaisance de la commune et finalement la propriété privée de diverses familles qui, vu son état actuel ne devaient pas être privées de tout.


samedi 30 janvier 2021

Surreprésentation ou représentation impossible ?

 

Depuis quelque temps, je note qu’il devient rare de voir une publicité télévisuelle où n’apparaissent pas des non-blancs. Les couples sont de plus en plus formés d’hommes et de femmes d’origine raciales (si tant est que l’on puisse encore utiliser cet adjectif) différentes avec des enfants métis. Plus récemment, des représentants de l’immigration asiatique et maghrébine sont venus s’y ajouter. Ainsi, une pub pour je ne sais quoi montrait un groupe de copines composé de deux leucodermes, deux métis mélanodermes et une asiatique du Sud-Est, les blancs n’y apparaissant donc qu’une minorité parmi d’autres.


L’idée est, je suppose, de donner une meilleure représentation de la population française d’aujourd’hui. Je comprends les motivations commerciales qui président à cette évolution : donner à des minorités l’impression qu’on les prend en compte les aide peut-être à dépenser leur argent chez ceux qui le font. De plus, ça confère à ces derniers le prestige qu’entraîne l’ouverture à la diversité, attitude dont nos bobos des métropoles raffolent.


Seulement, on peut se demander si cette tendance ne risque pas de se montrer à double tranchant, voire contre-productive. En effet, si elle permet à certains de mieux se reconnaître, que ce soit au niveau de leur inclusion dans la société française ou à celui de leurs convictions idéologiques on est en droit de se demander si d’autres ne finiront pas par se demander si ces castings qui semblent effectués par Renaud Camus ne reflètent pas la la réalité de sa théorie contestée du « grand remplacement ».


Représenter de manière satisfaisante les diverses composantes de la population française est basé sur l’idée que leur répartition est homogène. Or, il n’en est rien. Dans la petite ville (3000 habitants) ou j’habite il n’y a pratiquement pas de gens d’origine extra-métropolitaine. Pour qu’une pub représente sa réalité, il faudrait y multiplier les petits vieux à casquette. Représenter la population de certains secteurs de la Seine-Saint-Denis, rendrait impossible à la France « profonde » de s’y reconnaître.


On peut donc se demander si ces tentatives de « meilleure » représentation ne sont pas vouées à l’échec. N’importe comment, si je me sens mieux représenté par Christine Kelly que par Laurent Joffrin, ce n’est aucunement pour des raisons raciales ni sexuelles et encore moins d’âge.