L'autre jour, allez savoir pourquoi,
j'ouvris un spam, chose que je ne fais qu'extrêmement rarement avant
de les détruire. Dans un anglais approximatif, un brave garçon (ou
une brave fille) m'informait que son boulot de hacker l'avait conduit
à s'approprier mon mots de passe, à installer un bidule
d'espionnage sur mon ordi et ma caméra et qu'ainsi il avait des
vidéos de moi me masturbant en regardant un site porno. Jusque là,
bien qu'infondé, ce mailn'avait rien de bien inquiétant. Après tout, si ces soi-disant
enregistrements pouvaient apporter quelques moments de bonheur à
leur auteur, quel mal y aurait-il eu à cela ? Seulement, tel
n'était pas le but de mon correspondant. Ensuite il me demandait,
sous peine de divulguer ces images à mes contacts et à ma famille
(il s'en était également procuré, grâce à son logiciel espion,
la liste) si je ne lui envoyais pas une somme dont je ne me souviens
plus le montant en Bitcoins. J'avais 48 h pour m'exécuter sinon
honte et mépris s’abattraient sur moi comme vérole sur
bas-clergé.
Cette arnaque est très répandue. Elle
tend même à remplacer celle du fameux héritage africain qui nous
fit tant rire. M. Le Parisien, à qui rien n'échappe, lui a consacré
un de ses savoureux articles. Il est probable que des gens s'y
laissent prendre. Seulement, elle a ses limites. D'abord, la plupart
des gens ne lisent pas les spams, ne serait-ce que parce qu'ils sont
souvent en langue anglaise et qu'ils ne la comprennent pas. D'autre
part les lire ne signifie pas que l'on prenne la menace au sérieux.
. Le logiciel étant installé sur un site porno, ceux qui ne s'y
rendent jamais parce que c'est en regardant la météo de Louis Bodin
ou des documentaires animaliers sur la 5 qu'ils se masturbent, ne se
sentent pas concernés. Parmi ceux qui y croient, certains se sont
tellement endettés afin de recevoir leur héritage africain qu'il ne
leur reste plus un rond et que personne ne veut plus leur en prêter.
Et puis il y a ceux qui se foutent comme de l'an quarante que l'on
apprenne leurs innocentes marottes. Ne restent donc plus comme proies
potentielles que des paranoïaques naïfs et parmi ces derniers des
gens qui n'auraient pas compris qu'en payant, au cas où la menace
serait réelle, ils entreraient dans une spirale infernale. En fin de
compte, relativement peu de monde.
Et les malheureux qui on cédé à cet
odieux chantage, leur sort vous laisse-t-il de marbre, homme sans
cœur ? Disons que je me console de mon manque d'empathie en me
disant que ce sont des victimes-nées et que d'une manière ou d'une
autre ils se font toujours arnaquer...