Le pilote suicidaire de Germanwings ne montrait pas de signes
évidents permettant de deviner ses sombres desseins. Du coup, tous ses plus ou
moins proches sont étonnés comme un Français le serait si un gouvernement
socialiste prenait une mesure sinon utile du moins pas trop nocive.
Et c‘est à chaque fois la même chose : le violeur de
nains de jardins n’avait pas la tête à ça. Qui aurait pu soupçonner que le
dépeceur de grands-mères était ce paisible PDG du CAC 40 ? Comment un bon
gauchiste aurait-il pu déceler parmi les usagers de son autobus un électeurs du
FN (et en conséquence le massacrer démocratiquement à grands coups de talon
dans la face si celui-ci est malingre et
isolé) ? Pourquoi ne voit-on pas à l’avance que ce sympathique voisin ne
vous rendra jamais les outils qu’il vous emprunte*, etc. ?
Tout ça est fort angoissant : nous sommes entourés de
gens apparemment braves. Il semblerait même que plus les gens s’apprêtent à
commettre d’impardonnables méfaits plus ils semblent sympathiques, sains et
équilibrés. On se demande même pourquoi on ne dénonce pas à la police ceux de
ses proches ou connaissances dont on trouve le comportement exemplaire. Juste
au cas où…
Il m’arrive assez fréquemment de critiquer les réalisations
du créateur en matière d’animaux mais jusqu’ici je n’avais rien trouvé à redire
au sujet de l’homme. Il faut dire que, l’ayant fait à son image, il ne pouvait qu’approcher
la perfection. Les quelques dizaines de siècles d’histoire que nous connaissons
l’ont clairement démontré. Cependant, à l’occasion d’une prochaine création, s’Il
me lit, j’aurais l’outrecuidance de Lui suggérer une modification : afin d’éviter
surprises et déboires, il serait utile que d’une manière ou d’une autre il soit
possible à chacun de déterminer au premier coup d’œil la véritable nature des
personnes rencontrées. Ainsi, l’escroc cesserait d’inspirer confiance (ce qui
le pousserait à se lancer dans un autre domaine d’activité), on saurait dès l’abord
que le paisible retraité d’à côté est un potentiel tueur en série, que le
prince charmant est en réalité un tyran domestique particulièrement violent,
que la si caressante et douce demoiselle n’en veut qu’à votre argent, etc.
La vie en serait simplifiée et on cesserait d’entendre ou de
voir dans les media les sempiternels témoignages de voisins selon lesquels les
plus odieux criminels n’avaient vraiment pas l’air capables de leurs insignes
méfaits.
*Je parle là d'expérience !