..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 27 mars 2015

La tête de l’emploi



Le pilote suicidaire de Germanwings ne montrait pas de signes évidents permettant de deviner ses sombres desseins. Du coup, tous ses plus ou moins proches sont étonnés comme un Français le serait si un gouvernement socialiste prenait une mesure sinon utile du moins pas trop nocive.

Et c‘est à chaque fois la même chose : le violeur de nains de jardins n’avait pas la tête à ça. Qui aurait pu soupçonner que le dépeceur de grands-mères était ce paisible PDG du CAC 40 ? Comment un bon gauchiste aurait-il pu déceler parmi les usagers de son autobus un électeurs du FN (et en conséquence le massacrer démocratiquement à grands coups de talon dans la face  si celui-ci est malingre et isolé) ? Pourquoi ne voit-on pas à l’avance que ce sympathique voisin ne vous rendra jamais les outils qu’il vous emprunte*, etc. ?

Tout ça est fort angoissant : nous sommes entourés de gens apparemment braves. Il semblerait même que plus les gens s’apprêtent à commettre d’impardonnables méfaits plus ils semblent sympathiques, sains et équilibrés. On se demande même pourquoi on ne dénonce pas à la police ceux de ses proches ou connaissances dont on trouve le comportement exemplaire. Juste au cas où…

Il m’arrive assez fréquemment de critiquer les réalisations du créateur en matière d’animaux mais jusqu’ici je n’avais rien trouvé à redire au sujet de l’homme. Il faut dire que, l’ayant fait à son image, il ne pouvait qu’approcher la perfection. Les quelques dizaines de siècles d’histoire que nous connaissons l’ont clairement démontré. Cependant, à l’occasion d’une prochaine création, s’Il me lit, j’aurais l’outrecuidance de Lui suggérer une modification : afin d’éviter surprises et déboires, il serait utile que d’une manière ou d’une autre il soit possible à chacun de déterminer au premier coup d’œil la véritable nature des personnes rencontrées. Ainsi, l’escroc cesserait d’inspirer confiance (ce qui le pousserait à se lancer dans un autre domaine d’activité), on saurait dès l’abord que le paisible retraité d’à côté est un potentiel tueur en série, que le prince charmant est en réalité un tyran domestique particulièrement violent, que la si caressante et douce demoiselle n’en veut qu’à votre argent, etc.

La vie en serait simplifiée et on cesserait d’entendre ou de voir dans les media les sempiternels témoignages de voisins selon lesquels les plus odieux criminels n’avaient vraiment pas l’air capables de leurs insignes méfaits. 

*Je parle là d'expérience !

jeudi 26 mars 2015

Expliquer, comprendre, excuser…



Tout s’explique. La compréhension peut suivre l’explication. Ce qui n’implique aucunement l’excuse, le pardon ou le soutien.

Hier, deux commentateurs ont exprimé ici leur incapacité à comprendre que des policiers puissent se montrer malhonnêtes. Il est pourtant simple d’expliquer d’une manière ou d’une autre les raisons de leurs errances : appât du gain, faiblesse déontologique, démoralisation, sentiment d’impunité, etc. On peut ou non accepter telle ou telle explication de leur comportement. Si on l’accepte, on comprend la logique de leur motivation ce qui ne veut pas dire qu’on  l’approuve et qu’on se refuse à la condamner. C’est par un abus de sens que comprendre est pour certains devenu synonyme de partager, d’excuser voire de soutenir.

Ainsi lorsque le bon Charles De Gaulle, du haut du balcon du Gouvernement Général, lança le 4 juin 1958 son célèbre « Je vous ai compris ! » à une foule algéroise en liesse, cette déclaration, prise pour un soutien franc et massif, ne faisait-elle peut-être qu’exprimer que le Général avait bien saisi les aspirations de son public sans pour autant les partager comme ses actions ultérieures l’allaient montrer… De même votre banquier peut très bien comprendre à quel point le prêt de 50 000 € que vous lui demandez faciliterait votre projet de vous acheter une nouvelle voiture, d’aller faire la bringue avec des putes sur la côte et de vous refaire la cerise au casino. Seulement le fait que vous soyez chômeur en fin de droit peut l’inciter à ne pas vraiment soutenir votre dossier… On peut encore comprendre que ses pulsions violentes incontrôlables, sa situation matérielle précaire, son absence de bases morales solides et une sexualité  perverse aient pu pousser Mimile à violer, torturer et s’emparer des économies d’une pauvre vieille avant de la dépecer. De là à l’absoudre…

C’est pourquoi comprendre et excuser devraient être clairement distingués. Pour certains de nos amis de gauche l’explication suffit à l’excuse : ainsi la précarité justifie-t-elle et absout-elle à leur yeux la délinquance qui est ipso-facto présentée comme une solution aux problèmes économiques. Qu’une situation matérielle difficile puisse favoriser certains écarts est évident mais ne saurait constituer plus qu’une circonstance atténuante dont il ne faudrait pas abuser. La justice a pour objet d’assurer la paix civile et non de se substituer à un Dieu de clémence.  La police a pour mission de maintenir l’ordre. Un policier corrompu nuit gravement à ce dernier. C’est pourquoi il doit, comme le délinquant, encourir toute la sévérité de la loi. Seulement, une société qui a perdu le nord, tend à saisir les écarts de certains pour minimiser, voire justifier, les errances d’autres. Une telle confusion risque de mener à l’anarchie et la barbarie.

J’espère avoir été compris, sinon approuvé.

mercredi 25 mars 2015

Les ripoux



J’apprends avec une consternation mêlée d’effroi que des membres de nos forces de police seraient inquiétés par la justice pour de bien vilaines actions. Ils exerceraient à Stains, riante bourgade de la Seine-Saint-Denis. Avec peine je tente de me remettre de ce choc. Car le policier, c’est le garant et le gardien de notre paix civile, celui sur les robustes épaules duquel reposent l’ordre et l’harmonie sociale, celui qui protège la veuve, l’orphelin, la famille monoparentale… Il se doit d’être un exemple moral pour notre belle jeunesse, surtout celle de nos jolies banlieues, toujours en quête de rectitude, d’honneur et de probité ! Imaginez le désarroi de ces jeunes âmes, parfois venues de si loin pour partager et enrichir nos valeurs ! Tout un monde qui s’écroule ! Ces hommes ont gravement failli. Tout mot serait trop faible pour les fustiger !

Tout ça est bel et bon mais si on regardait un peu la réalité ? Ces forces de l’ordre qui opèrent dans des quartiers « sensibles », quelle est leur vie ? N’arrive-t-il pas qu’elles se fassent caillasser quand elles y rentrent ? Ne voient-elles pas des braves garçons qu’ils ont traqué des mois durant ressortir de chez le juge libres et un sourire narquois aux lèvres ? Bénéficient-elles d’un haut salaire ?  Sont-elles tenues en haute estime par la population ?  Ne vivent-elles pas des situations pénibles à l’extrême ? Ne sont-elles pas témoins des actes les plus sordides qu’on puisse imaginer ? N’ont-elles pas parfois l’impression de mener un combat inégal contre la pègre ? D’entrer sur le ring avec les mains attachées dans le dos ? Ne voient-elles pas le crime sinon récompensé du moins rapidement absout ? Ça peut créer du vague à l’âme, non ?

Face à de telles situations, chacun réagit à sa manière. La plupart des intéressés en prend son parti. C’est comme ça et pas autrement. On fait son boulot en attendant que ça se passe. On se fait à tout. On appelle ça la résilience. Et puis il y a ceux qui ne s’y font pas. Un taux de suicide deux fois et demi supérieur à la moyenne. Une cinquantaine en 2014. Mais à ça rien à redire : c’étaient des faibles. Ils avaient des problèmes personnels. Pas de quoi en faire un fromage. Et puis il y a ceux qui se disent que tant qu’à faire le guignol dans une société de guignols, autant que ça rapporte. Ils s’adonnent à des petites combines pas bien catholiques. Je ne les excuse pas mais je les comprends. Il arrive qu’ils se fassent coincer…

Seulement pour un ripou combien de suicidés ? Combien de démoralisés ? Combien de résignés ?

mardi 24 mars 2015

Retour à Brideshead



Je viens de terminer la lecture de Brideshead Revisited (Retour à Brideshead in French) de M. Evelyn Waugh. Je dois à l’honnêteté de reconnaître que les cinq ouvrages précédemment lus du même auteur m’avaient laissé des impressions, disons…   …diverses. Si le ton léger et ironique de Scoop m’avait ravi, si les mésaventures quasi-picaresques de Paul Pennyfeather dans Decline and Fall (Grandeur et décadence) m’avaient agréablement diverti,  si j’avais passablement apprécié The Loved One (Le cher disparu), il n’en alla pas de même pour l’interminable récit guerrier The Sword of Honour Trilogy ou encore pour le divorce narré  dans A Handful of Dust (Une poignée de cendres). J’en étais venu à me demander si cet auteur, en dehors de me permettre de souffler entre deux fantaisies de l’aimable Wodehouse, n’était pas trop inégal quand il s’éloignait de la satire.

Le hasard de la disponibilité de l’ouvrage en occasion sur Amazon fit que ce n’est que récemment que me parvint Brideshead Revisited. Pourtant plus de quatre mois s’étaient écoulés depuis que l’ami Didier Goux m’avait fait découvrir le nom de Waugh avant de recommander chaudement cette lecture, terminant par ces mots : « Le livre refermé, on a l'impression qu'on vient de lire un grand roman. Cette “impression”, c'est toute l'élégance d'Evelyn Waugh. » Ça donne envie, non ? Même si cette opinion émane d’un fan de Proust, auteur dont la brute épaisse que je suis n’a jamais pu lire plus de quelques phrases avant que le livre ne lui tombe des mains…

Eh bien, je dois dire que le récit de Charles Ryder m’a passionné. De quoi qu’y cause-t-y ton sacré bouquin, me demanderiez-vous si plutôt que fins lettrés vous étiez d’infâmes ploucs ? 

Durant la seconde guerre mondiale, les hasards de la vie militaire ramènent le narrateur à Brideshead, la propriété des Marchmain, famille de la haute aristocratie britannique avec qui Charles a jadis et naguère entretenu des liens étroits que ce soit à Oxford avec Sebastien, le fils cadet, ou Julia, sa sœur, avec qui il vivra bien plus tard une longue liaison avant qu’ils ne se séparent pour des raisons qui échappent à mon esprit de mécréant. 

Étude d’une longue maturation, hymne à une société révolue, roman initiatique ou nostalgique, histoire d’amitié et d’amour ? C’est tout cela à la fois et bien plus. J’avoue n’avoir vu aucune trace du burlesque dont Didier fit un des charmes discrets du récit. Qu’importe au fond ? Un grand roman, tient du Rorschach et de l’auberge espagnole : on y trouve ce qu’on y apporte. Cette infinie et multiple richesse en fait tout le prix.

lundi 23 mars 2015

Je vous l’avais bien dit !



Donc le FN a connu la cuisante défaite que j’avais prédite. Rendez vous compte : même pas 26 % des suffrages exprimés ! Juste une poignée d’élus au premier tour ! En tête dans seulement 43 des 98 départements concernés ! Des candidats maintenus au second tour dans 1100 malheureux cantons !  Quelle déception, que dis-je quelle correction pour un parti que ne comptait auparavant qu’un seul conseiller général ! La république ne s’est pas fracassée, le PS gardera des départements, L’UMP-UDI-DVD est largement en tête, tout va très bien madame la marquise.

Lors de la soirée électorale sur France 3, au début, on avait fait fort : on mettait la gauche à égalité avec l’UMP-UDI-DVD à 37%. Il faut dire que pour atteindre ce merveilleux résultat, il avait fallu racler les fonds de tiroirs, je suppose qu’il avait fallu additionner le PS, les DVG, les communistes, les écolos, le front de gauche, les miettes trotskistes… Quand on sait à quel point ces gens-là s’aiment de fine amour et se soutiennent quoi qu’il arrive, on voyait bien que les meubles étaient sauvés. Avec le temps, il a bien fallu se résigner au constat que le PS (et ses alliés) n’atteignait qu’environ 21%, que du coup le FN vaincu était tout de même en seconde position.

Comme je le disais, un FN à moins de trente et quelques pour cents, c’était la Bérézina. Ça n’a pas manqué ! Des cyniques diront comme je l’écrivais qu’un sondage national sur des élections locales où l’enracinement joue un rôle non négligeable était une aberration. Ainsi, dans mon village, le FN n’a obtenu que 25% des suffrages exprimés tandis que la sortante DVG en obtenait 28 et le DVD 46. Quel contraste avec les européennes ! Il faut dire que l’abstention lors de  ce scrutin était montée à pratiquement 60% (contre 34 hier) et qu’on y avait vu un FN à 39%, l’UMP 30% et le PS…  … à 5,5% !

Donc, pas de « Vague Bleu Marine ». Seulement, sauf accident, cette vague redoutée n’est pas forcément remise aux calendes grecques. Il y aura en décembre prochain des régionales. Et là, ce sera une autre paire de manches car l’enracinement, du fait du mode de scrutin à la proportionnelle, y est inexistant : qui connaît les conseillers régionaux ? On votera donc pour un parti et non des personnes. Les braves DVD et DVG ne pèseront guère. A quel niveau faudra-t-il surestimer le vote FN pour qu’il connaisse une nouvelle défaite sanglante ?