Vu le succès
rencontré par mon premier billet géographique consacré à l’Ukraine, je me sens
investi du devoir moral de continuer d’éclairer
la lanterne de mes contemporains sur de petits pays auxquels on ne consacre,
malgré leurs grands mérites, pas suffisamment d’attention.
Je vous parlerai
aujourd’hui de la Mongolie, dont la caractéristique principale est, comme son
nom l’indique, d’être totalement extérieure, ce qui, vous en conviendrez, n’est
pas banal.
La Mongolie se trouve littéralement coincée entre deux pays modérément
sympathiques nommés Chine et Russie. Ses
habitants s’expriment dans un charabia incompréhensible. Ils utilisent une
écriture qui ne ressemble pas à grand-chose. En voici un exemple : ᠭᠠᠳᠠᠭᠠᠲᠤ ᠮᠣᠩᠭᠣᠯ. C’est ainsi
que les mongols écrivent le nom de leur pays. Amusant, non ? Dans ces
conditions, comment s’étonner qu’on ne
les prenne pas vraiment au sérieux ? On a pourtant tort car le Mongol
mérite plus que bien d’autres, comme par exemple le Belge ou l’Ouzbek, qu’on le
considère avec un certain respect. Ce
fut d’ailleurs le cas du temps de Gengis Khan (dans son galimatias : ᠪᠣᠷᠵᠢᠭᠢᠨ ᠲᠡᠮᠦᠵᠢᠨ ) ou de son petit fils Kubilaï Kahn. Lorsque les populations
asiatiques voyaient arriver leurs hordes
conquérantes juchées sur leurs chevaux ridiculement bas sur pattes, il était
rare qu’avant de se voir joyeusement massacrées elles fussent prises d’un
irrépressible fou rire. Peut-être que l’hilarité
qu’ils provoquent de nos jours est due à la pardonnable confusion que beaucoup
font entre ces deux grands empereurs et les frères Kahn (Jean-François et
Axel).
Trêve
d’histoire, revenons à nos moutons qui sont géographiques, ne l’oublions jamais.
Or donc, la Mongolie est un pays plutôt vaste et peu peuplé. Moins de trois
million d’habitants sur un pays grand comme trois fois la France, c’est
vraiment du gâchis ! Surtout qu’un
tiers d’entre eux habitent la capitale, Oulan-Bator, dont la principale
caractéristique est de compter de nombreux lecteurs de ce blog, regroupés en un
fan club dont je tiens à saluer le dynamisme. Un tiers des autres sont des
nomades. Ce qui prouve bien que le Mongol est plus tolérant que le Français.
Que dirait-on ici si plus de vingt millions de gens du voyage sillonnaient les
routes de France ? Le nomade Mongol vit dans une yourte, sorte de tente où
règne une atmosphère feutrée du fait du caractère débonnaire de ses occupants et
de la matière qui la constitue. C’est à
tort que l’on raconte qu’il s’y livre sans réserve à son sport favori, le vélo
d’appartement. Dire que le Mongol pédale dans la yourte n’est qu’un jeu de mot
très approximatif et moyennement drôle qui n’a aucune place dans un billet
sérieux.
Le
faible peuplement de la Mongolie est parfois expliqué par l’aridité de son sol
et la rudesse d’un climat où les températures peuvent varier de + à – 40° selon
les régions et les saisons. Politique de l’excuse, quand tu nous tiens ! En
réalité, c’est surtout dû au fait qu’on
y fait pas beaucoup d’enfants, ce qui est d’autant plus étonnant que dans le
désert de Gobi ou dans les solitudes glacées de l’Altaï on manque bougrement de
distractions, que les programmes de la télé y sont remarquablement ennuyeux et
que boire du lait de jument fermenté constitue un bien piètre dérivatif.
Une
agriculture médiocre, une industrie quasi inexistante, des services très
approximatifs font de ce vaste pays un nain économique dont le PIB nous ferait
rire si nous n’étions gens austères.
Vous
savez maintenant tout ce qui vous sera nécessaire pour briller dans les dîners
en ville si d’aventure la conversation venait à rouler sur ce pays. Maintenant, me demanderez vous, après cet
exposé objectif mais peu enthousiasmant, en quoi consistent les grands mérites de la Mongolie que vous
évoquiez dans votre introduction ? Bonne question. Eh bien disons qu’un
voyage en Mongolie vous guérira à jamais de l’envie d’y émigrer et vous fera
trouver qu’en comparaison, vivre en France, même sous Hollande, présente bien
des avantages. Ce n’est pas rien !