lundi 30 mars 2020

Un virus peut en cacher un autre


Vous avez probablement entendu parler du Covid-19. Il arrive que de temps à autre on y fasse allusion sur certains media. Seulement, il se trouve que dans son sillage, ce sympathique virus, en traîne un autre, tout aussi contagieux et peut-être plus létal qui, s’il ne s’attaque pas à vos capacités respiratoires peut affecter gravement votre jugement. Il a commencé à faire des ravages sans que sa propagation ne soit relayée par les chaînes d’information. Je veux parler du Covid-19bis ou Connnardovirus.

Ses effets sont insidieux. Ils agissent un peu comme, selon Sénèque, faisaient les Dieux quand ils voulaient perdre un homme : ils le rendent fou. Entendons nous bien : comme tout virus sa nocivité n’est grande que s’il trouve un terrain favorable. Si rien ne vous prédispose aux haines et envies féroces ni aux fougueuses indignations, si vous demeurez quoi qu’il arrive capable de conserver une sobre distance par rapport aux événements qui troublent de temps à autre notre société, si vous ne pensez pas qu’une multitude de complots tendent à supprimer l’humanité au profit de multinationales (qui, finalement se retrouveraient sans clients, ce qui serait un peu ballot) ses effets sur vous seront nuls. Malheureusement, la majorité de nos concitoyens ne sont pas de ces derniers et le Covid-19 bis en menace une large proportion.

S’il rencontre un terrain favorable, il exacerbe colères, envies, haines, esprit de revanche, désir d’une « justice populaire » (expéditive et implacable) qui existaient à l’état latent chez le sujet infecté et les rend virulents au point de lui faire tenir des propos inquiétants quant à l’état de ses facultés mentales. Ceux qui sont modérément hystériques en période normale, l’épidémie les rend un peu plus virulents mais chez les exaltés chroniques, la folie se fait rabique et les rend potentiellement dangereux.

Avec lui, le complotisme prend des proportions terrifiantes. Le président et son gouvernement sont des criminels qui devront rendre des comptes. Pour les modérés, devant la justice française, pour ceux qui se méfient de cette dernière, c’est à la cour internationale de la Haye qu’il faudra faire appel. Une page facebook qui prône cette solution et à laquelle je me garderai bien de faire de la pub voit sa proposition « likée » par deux mille fois tandis que 3600 personnes la partagent. Mais ce n’est pas là le pire : dans les centaines de commentaires, il est de bon ton de réclamer un jugement populaire dans le meilleur des cas quand ce n’est pas une décapitation sans procès (ce qui au bout du compte reviendrait au même).

D’une manière ou d’une autre, comme aux « meilleurs moments de la libération » le règlement de comptes est à l’ordre du jour. Il faut épurer, on va voir ce que l’on va voir, pas de pitié pour les criminels et leurs complices, la guillotine va reprendre du service, le joyeux spectacle des têtes au bout des piques viendra de nouveau égayer les enfants ! Rien d’étonnant à cela dans un pays où l’on est parvenu à faire croire que la boucherie des années 1789-1794 a été source d’un progrès inouï pour la France et bien entendu le Monde.

Le problème, c’est que le Covid-19 n’a pas le bon goût de ne faire de victimes qu’en France. Comment imputer à la mauvaise gouvernance de M. Macron les morts de Chine, d’Italie, d’Espagne, d’Iran, des États-Unis, etc. ? Ne serait-il pas concevable d’accepter le fait qu’en dehors peut-être de l’Allemagne et de quelques pays d’Asie du Sud-Est, la plupart des gouvernements ne disposaient pas des équipements nécessaires à une stratégie de lutte efficace contre une pandémie inattendue* et que l’on ne compense pas ces manques d’un coup de baguette magique ? Que le pouvoir actuel n'a fait qu'hériter ou s'inscrire dans le droit fil de la politique de ses valeureux prédécesseurs ? Que, face à un péril inhabituel on ne peut que tâtonner, tenter, voire improviser ? Que les esprits forts en yakafokon ne sont souvent sages, prudents et avisés qu’à posteriori ? Qu’au lieu de laisser libre cours à des haines rancies et miser sur d’improbables et peu souhaitables revanches il vaudrait mieux raison garder ?

Je sais que ce que j’écris va à contre-courant, que pour se faire bien voir il faut hurler avec les loups, être Charlie, Gilet Jaune, applaudir les soignants à l’heure dite, vilipender les puissants dont nous vient tout le mal, suivre les modes en somme. J’essaie simplement d’être cohérent et raisonnable, de garder mon sang froid quoi qu’il arrive, de ne pas me laisser mener par de fugaces émotions. Qu’importe que ça plaise ou non ?

*On m'objectera que certains avaient mis en garde contre les ravages d'une probable pandémie. Certes, mais les prophètes qui prévoient telle ou telle catastrophe avec constance finissent parfois par avoir raison.

dimanche 29 mars 2020

Du bonheur d’être un plouc

Troisième et (hélas) dernier bouquet de jonquilles cueilli hier dans mon jardin. Vous avez ça en ville ?


Depuis mon retour de Londres soit plus de 26 ans, en dehors de deux brefs séjours dans la charmante petite ville de Châteaudun, je n’ai vécu que dans de petits villages peuplés d’entre 200 et 3000 âmes. Auparavant, j’avais déjà expérimenté les joies de la campagne qui sont nombreuses.

Je ne parle pas du calme car quoi qu’en puisse penser certains citadins, les sources de boucan y sont nombreuses et même en ces temps de confinement. Par exemple, un énorme tracteur attelé à une non moins conséquente tonne à lisier vient de passer sous mes fenêtres dans un fracas d’enfer.

Et puis il y a les cloches qui sonnent heures, quarts, et demies quand elles ne se mettent pas en branle pour l’angélus du matin du midi et du soir ou pour quelque messe, enterrement, mariage ou baptême. Si on ajoute à ça les raffut des tondeuses (à la belle saison), des tronçonneuses, des scies, et autre machines agricoles, les épouvantables chants des coqs, le caquètement des poules et le criaillement des pintades, les « chants » pas toujours harmonieux des oiseaux (celui qui trouve jolis les appels des corbeaux, corneilles, geais des chênes et autres pies a des goûts pour le moins spéciaux). En rase campagne on bénéficie de surcroît du meuglement des vaches, du bêlement des agneaux quand ce n’est pas un âne qui vient polluer les airs de son sinistre braiment. Un capharnaüm sonore ! Pas étonnant qu’excédé le citadin néo-rural y intente tant de procès à ses voisins faute de pouvoir traîner directement poules, canards, grenouilles, chevaux, ânes, coqs, cochons, couvées, cloches, etc. devant les tribunaux.

Et si les nuisances n’étaient que sonores ! Mais que dire des mouches qui en nos terres d’élevage envahissent les maisons l’été venu ? Et puis il y a toutes sortes de sales insectes qui piquent de manière parfois franchement désagréable.

Enfer plus que paradis ? Non, parce que ces bruits sont naturels ou le fruit du travail des hommes et qu’ils me dérangent beaucoup moins que les clameurs des villes et leur agitation fébriles. Ici on est serein. Les gens peu bruyants, limite réservés. Et puis il y a tant d’autres avantages ! Plutôt que de vivre dans un logement exigu, je bénéficie pour un coût dérisoire de plus de 100m2 d’espace et aucun voisin du dessus ou du dessous. Mon petit jardin m’offre l’occasion de prendre l’air et de l’exercice en le cultivant. J’y cueille des fleurs, y récolte fruits et légumes à la saison. Bien sûr, au niveau cinéma, théâtre, expositions etc. C’est inexistant. Mais vu ce qu’on y projette, joue ou montre, franchement, je ne saurais m’en plaindre. Et si ça me manquait, je pourrais toujours aller en ville mais je n’en ai aucune envie.

La période exceptionnelle que nous vivons prive le citadin de ses avantages (dont je n’ai rien à faire) mais lui laisse et amplifie ses inconvénients : promiscuité, espace réduit et même difficultés voire pénurie d’approvisionnement rendent sa vie difficile. Je ne le plains que s’il ne vit en ville que parce que les circonstances l’y contraignent. S’il s’enorgueillit néanmoins de sa situation et des possibilités qu’elle lui offre, je m’en félicite car un exode massif des villes vers les campagnes nuirait grandement à la sérénité du plouc que je suis et de ceux qui m’entourent.

samedi 28 mars 2020

Filets de colin au four


A la différence de nombre de mes concitoyens, je n’ai aucune idée précise sur la manière dont on peut vaincre l’épidémie ni sur la sanction à infliger au gouvernement présent, et si on veut être honnête (une bien curieuse idée!) à ses prédécesseurs, pour leur impéritie. En revanche, si suite à une visite à la poissonnerie ou à une criminelle partie de pêche en mer au mépris du plus élémentaire respect dû aux consignes de confinement, vous vous trouvez en possession d’un colin de belle taille dont vous ne savez trop que faire, je suis, pour l’avoir vécue, l’homme de la situation.


Ma recette, inspirée d’une recherche sur internet, la voici. Elle peut s’appliquer également au merlu commun vu que c’est la même bête qui, suite à un malentendu avec le fisc, utilise ce pseudonyme pour déjouer les recherches. Après mure réflexion, je me suis décidé à cuisiner ses filets au four. Il vous faudra donc commencer par lever les filets. Manœuvre délicate mais pas trop, vu que j’y suis parvenu. Vous découperez ensuite en tranches un nombre suffisant de tomates pour en tapisser le fond de votre plat à four. Vous les salez et poivrez avant de déposer sur elles des échalotes émincées. Sur ce lit douillet, vous couchez vos filets salés et pimentés (ou poivrés) à votre goût puis les arrosez d’un filet d’huile d’olive. Histoire de donner au plat une touche orientale, j’ai saupoudré le tout de poudre de curry assez épicée (celle que je réservais pour un plat de pangolin à la Wuhan mais que la curieuse disparition de cette viande à l’étal de mon boucher rendait disponible). Voici ce que vous obtenez :


Pendant la préparation, votre four aura eu largement le temps de préchauffer à 200° C. Vous l’enfournez donc pendant 20 minutes et c’est prêt à être servi avec du riz thai, basmati, des patates ou ce que vous avez sous la main. A mi-cuisson, pourquoi ne rajouteriez-vous pas une ‘tite t’chote goutte de blanc, histoire de parfumer un peu ? Hein, pourquoi ? On peut aussi, comme je l’ai fait saupoudrer le plat à sa sortie du four de persil frais ciselé pour faire joli :


Bon appétit ! 

jeudi 26 mars 2020

Où sont passées mes patates ?




C’était avant le confinement. Un temps si proche mais qui paraît bien lointain aujourd’hui. Inconscient des périls éminents et même de la mort qui rôdait déjà, on allait encore dans les commerces. C’était le 14 mars. Je me rendis au Point vert du village (qui à été récemment rebaptisé, allez savoir pourquoi, « La Maison »). J’y remarquai que les plants de patates étaient arrivés. Vu que j’étais venu y acheter de la colle pour papier peint et que la plantation des précieux tubercules n’avait rien d’urgent, je me contentai de demander à la caissière s’ils avaient du stock et, rassuré sur ce point (vert), je décidai de reporter leur achat. Inconscient que j’étais !

Trois jours plus tard arriva la terrible nouvelle : Restez directement chez vous, nous ordonna-t-on ! Ne passez pas par la case départ ! Ne recevez pas 20 000 Euros ! N’allez surtout pas acheter des plans de patates, malheureux !

Ben oui, mais vu que suite à la fermeture des magasins de bricolage, je vais rapidement me trouver en chômage technique (non indemnisé!) qu’allais-je devenir si même le jardinage m’était refusé ?

De deux doigts fébriles, le 17 mars, je me mis en quête de plants de patates sur le Net. Évidemment j’en trouvai chez le bon M. Amazon. Je passai commande sans plus tarder. On m’annonça une livraison pour le 23. Suivirent quelques jours d’attente fiévreuse. M. Amazon m’annonça l’expédition de mon colis. Son compère, M. Colissimo (un Italien), m’annonça peu après l’avoir pris en charge puis, le 20 qu’il se trouvait sur ses plateformes d’expédition et me parviendrait sans tarder. M. Amazon me confirma son arrivée pour le lundi. Le jour promis arriva. Mais pas mes patates. Quand je me rendis sur le site de M. Colissimo pour m’enquérir de l’avancement de ma livraison il me fut, en caractères blancs sur un fond rouge-sang de triste augure que « Le suivi de mon produit était momentanément indisponible, que je devais réessayer ultérieurement ». Mes ré-essais se multiplièrent mais depuis trois jours c’est toujours ce même terrible message qui s’affiche.

Mon inquiétude va croissante. M. Colissimo, en dépit du post-it collé sur ma porte lui indiquant que celle-ci était ouverte et qu’il pouvait déposer le colis dans le couloir aurait-il renoncé à me livrer faute d’une boite aux lettres permettant de l’y déposer ? Pire, ce pauvre Italien aurait-il péri comme nombre de ses concitoyens, victime du devoir ? Quel que soit le cas, qu’est-il advenu de mes plants ? Sont-ils en train de se ratatiner dans quelque sombre entrepôt ? Y ont-ils été bouffés par les rats ?

Ce Covid-19, s’il n’a pas ma peau aura raison de mes nerfs !


mercredi 25 mars 2020

L’après-confinement


Comme pour tout événement, majeur ou totalement négligeable, il existe un avant et un après. Par exemple, ce matin, j’ai pris mon petit déjeuner. Avant j’avais l’estomac vide, après ce n’était plus le cas. Il y a donc eu un changement de situation. Minime, certes, mais changement tout de même.



Il y aura donc, forcément, un avant et un après confinement. Que cela entraîne un changement total des rapports humains, de l’organisation mondiale de l’économie , permettez moi d’en douter fortement vu qu’on nous a déjà fait le coup avec les crises pétrolières des années 70, le 11 septembre 2001, la crise financière de2008, les attentats djihadistes, le climat, etc.



La question que je me pose c’est de savoir s’il ne se pourrait pas que certains prennent goût au confinement et/ou modifient à sa suite et de manière profonde leur mode de vie. Je dis ça car il se trouve que, depuis plus de 8 ans que je suis à la retraite, je vis de plus en plus de manière quasi-confinée, ayant très peu de contacts sociaux directs et ne sortant de chez moi que de temps à autres, essentiellement pour aller faire des courses alimentaires ou de matériel pour mes activités bricoleuses. De plus, loin d’en souffrir, j’en suis parfaitement satisfait. Sans être tout à fait standard (comme chantait M. Goldman), il m’étonnerait que je sois un cas unique.



Imaginons donc le cas d’une femme ou d’un homme au chômage technique se trouvant confiné en compagnie de son ou sa conjoint(e) et de leurs éventuels enfants dans leur appartement ou leur maison, privés des visites de leurs amis, de ces repas et fêtes de famille qui sont censés constituer le sel de la vie… ...et que, curieusement, elle ou il s’en trouvent très bien. Sauf que la cohabitation constante avec époux ou épouse et les enfants les a amenés à réaliser à quel point ceux-ci étaient dans le meilleur cas ennuyeux comme un jour de pluie et dans le pire carrément odieux ou insupportables.



On peut imaginer les conséquences sociales que pourraient avoir ces prises de conscience : divorces, abandon des enfants en forêt, brouille avec le cousin Gaston et l’amie Mauricette, vœux de célibat voire même poursuite du confinement une fois qu’il sera suspendu.



Sans aller jusque là, il se peut également, qu’une fois l’épidémie passée, les gens se retrouvent un peu désorientés par la perte d’un sujet qui aura pendant si longtemps monopolisé leur attention. Dans ma lointaine enfance, le vieillard qui ennuyait tout le monde avec sa guerre de 14-18 dont personne n’avait plus rien à battre était un type humain encore assez répandu. Est ensuite apparu, aussi barbant que barbu, l’ancien combattant de mai 68. Verra-t-on, suite à l’actuelle pandémie émerger une nouvelle génération de casse-pieds ennuyer jusqu’à leur dernier jour leurs enfants et petits-enfant avec leurs récit de la grand peur de 2020, du confinement et de leur héroïque combat contre le coronavirus ? C’est possible,mais, Dieu merci, je ne serai plus là pour les entendre !

lundi 23 mars 2020

Dommages collatéraux


Le confinement rend gâteux. Peut-être pas tout le monde mais moi si ! Il faut dire que le Covid-19 m’ennuie profondément. J’ai la désagréable impression qu’à son sujet tout a été dit ainsi que son contraire. Du coup, vu qu’on n’y parle que de ça, j’ai quasiment cessé de regarder les infos et plus généralement la télé. Ce qui a eu pour conséquence ma perte de repères temporels.

Ainsi, hier soir je croyais être samedi. De plus, j’étais également persuadé que dans la nuit suivante nous changions d’heure. En conséquence, je me mis en devoir d’avancer mes horloges (four et micro-onde) et ma montre d’une heure afin de ne pas être surpris par le changement comme ça m’arriva une fois voici quelques décennies quand je me rendis faire mes courses après l’heure de fermeture des commerces.

Bien sûr, certains repères me perturbèrent un peu. Par exemple, vu que je consomme un quart de baguette par jour, qu’il ne m’en restait plus et que j’étais sorti pour la dernière fois jeudi, ça ne collait pas. D’autre part, en consultant le programme de télé avant de ne pas la regarder, je fus étonné de constater qu’on diffusait tant de films un samedi soir.

Cela ne parvint cependant pas à ébranler ma conviction aussi allai-je me coucher tôt afin de me lever à temps pour aller faire quelques courses avant 11 h. Tandis que je prenais mon petit déjeuner, je regardai ma montre qui indiquait 8 h et aussi le quantième et là, ça ne marchait plus : nous étions le 23 ! Or je savais que le 23 était.. ...UN LUNDI ! J’allai vérifier sur le calendrier de l’ordi : aucun doute possible : nous étions bien lundi ! D’autre part, il me revint que c’est le dernier week-end de mars qu’on changeait d’heure et que par conséquent j’avais une heure d’avance.

Voilà où j’en suis. Si le confinement s’éternise et que je survis, il se peut qu’au bout de quelques mois, je prenne une ou plusieurs semaines de retard. Ce qui aurait pour conséquence que je reste confiné tandis que le reste des gens gambaderont gaîment dans les rues de la ville. Mais ces distorsions temporelles ne sont pas vraiment graves et comme aurait pu le chanter Ray Ventura et ses collégiens :


Une chorégraphie parfaite, un air entraînant, des paroles d’une profonde sagesse. Décidément, je vous gâte !


samedi 21 mars 2020

Petite fable



Je dédie cette ironique fable à tous ceux qui, avec ardeur, véhémence et constante rage, fustigent un régime actuel, qui, s’il ne recueille nullement mon soutien, ne fait, à mes yeux que s’inscrire dans la continuité mortifère de l’évolution de notre pays et plus généralement de la civilisation occidentale.

Il était une fois un pays où tout baignait dans l’huile : les chômeurs y chômaient en masse, les migrant y immigraient en nombre, les pauvres y étaient miséreux, les riches économiquement très à leur aise, les classes moyennes pour exprimer leur bonheur citaient, les larmes aux yeux, l’ode 7 du livre 3 des Odes d’Horace, les syndicats n’y représentaient qu’eux mêmes avec un communisme louable, des poignées de grévistes y installaient avec régularité la paralysie, de jolies émeutes y venaient animer les rues des villes et banlieues et les media dénonçaient à un public avide d’émotions un scandale par semaine. Tout était réuni pour que la seule chose à y redouter soit une fatale overdose de félicité.

Son bonheur général n’était en rien l’oeuvre du hasard. Depuis des décennies, des gouvernements sages et habiles, grâce à leurs efforts incessants que le succès ne pouvait que venir couronner étaient parvenus pierre à pierre a bâtir une forteresse heureuse dont les murs abritaient les citoyens des tumultes et catastrophes agitant ou dévastant le reste du monde. Cet oasis fortifiée, ce havre de paix et d’harmonie, ce modèle dont le monde tentait en vain d’imiter le modèle avait nom « Doulce France ».

Était-ce trop beau pour durer ? Tant de succès suscitèrent-ils l’ire et la jalousie des dieux ? Toujours est-il qu’un jour de mai 2017, aussi inattendue qu’orage en ciel d’azur, une catastrophe inouïe vint tout détruire. A partir de ce jour, les chômeurs y apparurent en nombre, l’immigration devint de masse, les miséreux devinrent pauvres, les ploutocrates s’enrichirent de manière éhontée, l’optimisme des classes moyennes se maintint, les étique syndicats basculèrent dans le bolchevisme, des grévistes ultra minoritaires se mirent à paralyser le pays pour un oui ou pour un nom, d’horribles émeutes vinrent ravager villes et banlieues et les media se mirent à fustiger scandale sur scandale. On y vécut désormais dans l’espoir qu’une mort salvatrice viendrait mettre fin aux afflictions.

Pourquoi ces atroces bouleversements ? La réponse est aisée. Un être maléfique doté par le démon de pouvoirs formidables vint par noire magie, en un temps record, ruiner le merveilleux édifice patiemment construit par ses talentueux prédécesseurs. Le peuple que plus rien n’abritait se trouva en butte aux tourments et infortunes que la prudence de ses éclairés gouvernants avait su jusque là lui épargner. Ce cauchemar éveillé, devenu la risée du monde, prit pour nom « Pauvre France ! ».

Je répugne à nommer le responsable de tout cela.

vendredi 20 mars 2020

Confinement


Hier, je suis allé faire quelques courses. Quelle inconscience diront certains ! Je suis même sorti une deuxième fois dans la soirée et une troisième ce matin, quelques secondes seulement certes, mais ça n’en fait pas moins de moi un dangereux criminel. Ces deux dernières escapades s’expliquent par l’entêtement que mettait ma poubelle à refuser d’obéir à l’injonction que je lui fis d’aller se positionner au bord du trottoir en vue de la collecte d’ordures du matin puis à l’ordre que je lui donnai de rentrer une fois celle-ci faite. Je n’ai durant ces deux infractions (je n’avais pas sur moi d’attestation de déplacement dérogatoire) croisé ni même aperçu personne. Il serait cependant étonnant que j’aie pu, ce faisant, contaminer qui que ce soit ou me trouver contaminé.

Ces actions irresponsables seront blâmées par les ayatollahs du confinement qui, à mon sens, n’ont pas bien compris en quoi celui-ci consistait ni les buts qui sont les siens. Si j’ai bien suivi, il s’agit de réduire au maximum les contacts entre humains et ainsi de retarder la progression d’une contamination difficilement évitable et d’éviter l’engorgement des services de soins. Sortir n’est donc pas une faute en soi et d’autant moins que ce faisant on respecte les recommandations de sécurité. Ce qui se trouve être le cas dans le petit coin de France que j’habite.

Donc, bravant mes peurs (ce qui fut d’autant plus facile que celles-ci sont très modérées) , et porteur de l’attestation idoine, je me rendis d’abord à la poissonnerie, passai par la supérette avant de me rendre à la boulangerie. Mes fidèles et attentifs lecteurs auront noté qu’au lieu de me rendre au Leclerc de Vire comme d’habitude j’étais resté dans mon village. Et cela parce qu’il me semblait, et ça s’est vérifié, qu’il était plus simple de respecter les préconisations sanitaires dans de petits commerces que dans des grandes surfaces. 

Que ce soit à la poissonnerie ou à la boulangerie, vue l’exiguïté des locaux, un seul client entrait dans la boutique tandis que les autres attendaient sagement à l’extérieur à bonne distance les uns des autres. A la supérette, il y avait un peu plus de monde mais pas au point que les gens ne puissent garder leurs distances. La caissière dut signaler son erreur à une pauvre vieille bien gâteuse qui n’avait pas remarqué que les gens faisaient la queue dans une allée à un mètre au moins les uns des autres et était venue en toute innocence se coller à celui qui passait à la caisse. Elle obtempéra. A-t-elle contaminé ? Fut-elle contaminée ? A part cette entorse, je ne pus que constater le civisme des gens, ce qui est rassurant.

En rentrant chez moi, j’eus le cœur un peu serré de voir une vieille voisine assise sur le pas de sa porte, sans doute dans l’attente de pouvoir échanger quelques mots avec d’éventuels passants. La pauvre semble avoir un besoin d’échanges pressant qu’elle remplissait naguère en parlant de son jardin au restaurateur d’à côté. L’établissement a fermé… Je plains ceux qui, comme elle, redoutent la solitude.

Certains prônent un renforcement du confinement. Il est vrai qu’on pourrait TOUT arrêter et, pourquoi pas, même les hôpitaux. Bien entendu, bien des gens mourraient de faim mais certains en bonne santé ! Plus que d’édicter de nouvelles contraintes, il me semble que si on se contentait de veiller à l’application de celles déjà imposées, ce serait déjà pas mal. Surtout qu’on ne voit pas pourquoi il serait plus facile d’imposer des mesures drastiques quand on ne parvient pas à faire appliquer celles qui existent. Sans civisme, point de salut. Hélas, il semblerait que pour certains le mot civisme appartienne à une langue étrangère.

mercredi 18 mars 2020

Les maquereaux au vin blanc


Le confinement est, comme bien des choses, une chance pour la France. Non seulement il permettra à des millions de gens de se retrouver dans une situation économique désespérée, à la dette d’exploser, de peut-être limiter l’ampleur de la pandémie et le nombre de ses victimes à quelques millions mais il vous laisse le temps de vous adonner aux joies de la cuisine. C’est important, car si l’anxiété vous amenait à cesser de vous alimenter, sachez qu’au bout de quelques semaines, contaminé ou pas, cela vous mènerait à une mort certaine.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous proposer une recette simple, rapide, d’un coût modique et roborative : celle des maquereaux au vin blanc.
C'est si beau qu'on hésiterait à l'abîmer par une cuisson mais, cru, c'est moins bon.
Pour obtenir cela, il vous faut un maquereau par personne, de l’oignon, de la tomate, du vin blanc, de l’huile d’olive, du thym, du laurier, du sel et de la poudre de piment d’Espelette. Le problème en ces temps de confinement est de savoir si vous pouvez vous procurer ces ingrédients car, si j’en crois le libellé de l’attestation de déplacement dérogatoire seuls les achats de première nécessité permettent que vous vous déplaciez. S’agit-il ici de ce genre d’achats ? Je ne saurais le dire. A tout hasard, je vous conseillerai de bricoler un double fond à votre sac à provision. En cas de contrôle par les autorités vous ne laisserez apparaître dans sa partie visible que l’indispensable (nouilles, PQ, oreilles de pangolin, etc.) et entreposerez dans le double fond les produits de deuxième nécessité ou d’aucune nécessité du tout. A la guerre comme à la guerre ! Ça devrait marcher.


Supposons le problème d’approvisionnement résolu. Videz vos maquereaux (c’est meilleur ainsi). Disposez les dans un plat allant au four. Salez, pimentd’espelettez. Disposez autour vos oignons découpés en rondelles, vos tomates découpées en quartiers, vos branches de thym. Arrosez d’un filet d’huile d’olive et de vin blanc. Enfournez pour 20 minutes dans un four préchauffé à 220° C. Régalez vous en bénissant mon nom.

Difficile de faire plus simple. Un doctorant y arriverait (à condition qu’il sache lire la recette).

Si vous n’aimez ni le poisson, ni le vin blanc, ni les tomates, remplacez les maquereaux par de gros cubes de bœuf, faites revenir à feu vif dans une cocotte, ajoutez-y vos oignons émincés et des lardons, saupoudrez de farine avant de recouvrir de vin rouge, ajoutez votre bouquet garni et laissez mitonner trois heures en remuant régulièrement et en rajoutant si nécessaire un peu de vin de temps à autre. Le résultat, bien que d’un goût très différent n’est pas cochon non plus.



lundi 16 mars 2020

Bannissons le Covid-19 !


Ce scandale a suffisamment duré ! Il faut y mettre fin. D’urgence.

Je m’explique : pour nombre d’entre nous (je suis moi-même tombé dans le piège) Coronavirus et Covid-19 sont synonymes. En fait, il n’en est rien. Loin d’être le pseudo choisi par le fameux virus pour aller draguer sur le Net au nez et à la barbe de sa légitime (être le conjoint d’une femme à barbe ne doit pas être toujours facile et excuserait certaines entorses), le Covid-19 est la conséquence du coronavirus. Covid, en effet, est une contraction de l’anglais « Corona Virus disease » c’est à dire « maladie du coronavirus et 19 représente 2019, année de son apparition. Cette appellation est inadmissible et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, nous n’avons à accepter l’invasion de notre langue par des termes étrangers qu’au cas où celle-ci, pour une raison ou pour une autre, serait incapable de lui fournir un équivalent. Ce n’est pas le cas ici. D’autre part, cette pandémie est loin d’être apparue et de s’être développée de manière significative en terres anglo-saxonne avant d’exercer ses ravages en Doulce France. Rosbifs et Ricains ne sont donc aucunement qualifiés pour la baptiser. Ensuite « 19 » est d’une précision insuffisante. Chaque siècle a une année 19. Il serait donc préférable de spécifier que cette maladie est apparue au XXIe siècle après Jésus-Christ.

Je propose donc qu’afin de préserver la pureté de notre langue notre épidémie actuelle soit désormais nommée Mcovi-2019 après J-C ou pour faire plaisir aux plus latinistes d’entre nous tout en se montrant concis Mcovi-2019 A.D.

Vous me direz que je fais dans le futile, que bannir un vocable étranger pour le remplacer par un français ne change rien au drame inouï que vit la France (ainsi que la Chine, l’Iran, l’Italie et l’Espagne, mais là, c’est moins grave). Je vous répondrai que vos remarques désagréables, vous pouvez les garder pour vous et que même si la contamination générale des Français est inévitable mieux vaut que leur si belle langue en soit exempte. On sauve ce qu’on peut.

dimanche 15 mars 2020

Psychose !



J’ai l’impression de vivre une période d’hystérie collective inouïe. Quelques milliers de cas, même pas cent morts et des gens se ruent sur les nouilles, on ferme les commerces non essentiels (Dieu merci, les bureaux de tabac le sont alors que ce matin je craignais qu’ils ne le fussent pas), on supprime des trains*, faute d’approvisionnement venant de Chine ou d’Italie, nombre d’artisans se trouvent au chômage technique. Si l’hécatombe prévue ne se produit pas, une chose est certaine : une crise économique majeure va arriver, avec les conséquences sanitaires que cela impliquera.

Il me semble que, quelles que soient les mesures prises, on ne pourra au mieux que limiter la diffusion de la pandémie car si on ne va plus au bistrot, on continuera de se rendre dans les commerces de bouche, sur les marchés et bien d’autres endroits où la contagion pourra continuer. On prend des précautions méticuleuses dans les bureaux de vote mais on continuera de s’entasser dans les transports publics. Même en arrêtant toute activité économique, en obligeant chacun à rester chez soi, de nouvelles contaminations auront lieu à l’intérieur des foyers par l’intermédiaire des « porteurs sains » et à part ceux qui auront pris la « sage » précaution d’entasser chez eux des tonnes de vivres, on mourra vite de faim.

Que faire ? Je n’en sais rien mais une chose me paraît évidente, c’est qu’il faudrait raison garder. Se montrer prudent, prendre certaines précautions, certes, mais éviter la panique qui n’a jamais fait qu’empirer les choses. En ce qui me concerne, bien que mon âge et mon état de santé m’exposent à des formes graves de la maladie, je ne compte pas changer grand-chose à mon mode de vie. J’ai peu de contacts sociaux, je ne serre pratiquement jamais de mains, j’ai la foule en horreur, il faudrait donc que je manque terriblement de chance pour attraper ce foutu virus. Ma fille doit venir passer quelques jours chez moi à partir de demain. Elle vit à Paris et est donc plus exposée que moi à la contagion. Mais même si le nombre de contaminés est dix fois, cent fois plus élevé que ne le disent les chiffres officiels, ses chances d’être atteinte et de me contaminer restent très faibles. Je ne vois donc aucune raison d’annuler cette visite dont je me fais une joie. Sauf, évidemment, si la restriction des transports à venir rendait son retour à Paris compliqué.

Qu’on le veuille ou non, et quelle que soit la pandémie, soit on est atteint, soit on ne l’est pas. Si on l’est, c’est de manière bénigne ou grave. Si c’est grave, soit on on s’en tire, soit on en meurt. Quel que soit le cas, le pire n’est pas garanti et on n’aura pas le choix. Je suis fataliste, qu’y puis-je ?

Une chose est certaine : l’urgence climatique, censée détruire la planète alors que le coronavirus n’affecterait qu’une partie de l’humanité, semble n’avoir jamais provoqué une telle panique. Les gens n’y croiraient-ils pas ?

D’autre part, voici un peu plus de 10 ans, la grippe aviaire devait décimer la population. Bilan final : 323 morts en France.

Pour finir, je plaindrai le gouvernement dont la tâche est malaisée. Si l’épidémie s’avérait moins catastrophique que prévu, on lui reprochera d’avoir mis l’économie cul par-dessus tête en prenant des mesures inutiles (cf . Mme Bachelot et ses vaccins en 2010). Si elle provoque des ravages considérables, on le blâmera pour n’avoir pas suffisamment réagi. Quoi qu’on pense d’eux, les gouvernants n’ont pas des métiers faciles !

* Si le passage au niveau trois est dû au fait que l’ensemble du territoire serait en voie de contamination, on ne voit pas bien pourquoi on limiterait les déplacements entre agglomérations. Serait-il préférable de se faire contaminer à domicile dans les transports en commun ?

vendredi 13 mars 2020

Bièrothérapie


Comme toute personne raisonnable, la situation sanitaire catastrophique que connaît notre pays et, accessoirement, le reste du monde vous affecte gravement. Vous vous traînez comme une âme en peine, vous perdez votre appétit, votre peine est profonde, votre abattement total, votre détresse infinie. Bref, vous montrez tous les signes de l’affliction. Affligé, vous êtes.

Vous n’entrevoyez aucune lumière au bout d’un sombre tunnel qui vous paraît sans fin. Les idées noires vous assiègent. Vous en êtes, pour en finir plus vite avec une vie de souffrance à serrer sans cesse la patte du pangolin que, suite au conseil irresponsable d’un blogueur mal informé, vous avez adopté il y a quelques jours à peine, au temps heureux où éradiquer le cafard vous semblait encore avoir un sens. Vous n’en êtes plus là. Si l’appétit ne vous faisait défaut, vous mangeriez cet insectivore, source la de pandémie afin de quitter l’inquiétante incertitude d’une éventuelle contamination pour une rassurante et certaine infection et la mort qu’elle ne manquerait d’entraîner.

Je vous dis STOP !

Pour l’affligé, le remède c’est Affligem :

Cette bière d’abbaye belge, comme son nom l’indique est propre à soulager ses maux (Tout comme Déprimem et Mélancoliem, autres bières du groupe soignent dépression ou mélancolie). La posologie journalière recommandée est d’un pack de 20 bouteilles de 25 cl d’Affigem blonde à 6,7 % d’alcool soit l’équivalent d’une bouteille et demi de whisky. Si votre affliction requérait un traitement plus costaud, vous pourriez passer à l’Affligem tripel qui titre 9 %.

Entendons nous bien : il s’agit d’un traitement symptomatique qui ne saurait, en cas de contamination vous guérir et vous ne pourrez pour autant éviter que la maladie ne vous terrasse. Cependant, vous quitterez cette vallée de larmes d’excellente humeur, ce qui devrait faciliter votre admission au paradis où, comme partout ailleurs, on préfère les joyeux drilles aux affligés.

jeudi 12 mars 2020

Mourir


En ces temps de grande angoisse, je crois qu’il est utile de détendre un peu l’atmosphère. Quel meilleur sujet pour ce faire que d’évoquer la mort ? C’est un sujet que l’épidémie rend très tendance sans nuire à sa constante actualité. Figurez vous que si, comme il est de bon ton de s’y attendre, les 67 millions d’habitants que compte notre cher et beau pays se trouvaient contaminés, au taux actuel de létalité de 2 % (chiffre contestable vu le fait que les porteurs sains ne sont pas recensés, ce qui laisse penser que le taux réel est inférieur mais le temps est-il à la ratiocination?) nous nous trouverions avec 1 340 000 morts sur les bras ! Quand je dis « nous », je fais preuve d’un optimisme injustifié, vu qu’il se pourrait très bien que je fasse partie des victimes. Ce qui n’est pas rien. En même temps, pour reprendre la formule tant appréciée de notre coûteux président (j’ai choisi un synonyme de cher pour ne pas faire de peine à ceux qui ne le portent pas dans leur cœur*), ce n’est pas tout, vu qu’il resterait plus de 65 000 000 de plus ou moins braves gens pour peupler notre Douce France.

Bien que remontant à la plus haute antiquité et que personne ne soit parvenu jusqu’à preuve du contraire à lui échapper, la mort a toujours beaucoup de mal à se faire accepter. Je pense même que nos contemporains répugnent de plus en plus à envisager son inéluctable survenue. La prolongation récente de l’espérance de vie, en la repoussant à une date de plus en plus lointaine aide certains à en oublier la menace. Pas plus tard qu’hier, ma coiffeuse me vantait même la vie merveilleuse d’une cliente nonagénaire qui vivait encore chez elle ! Il est vrai qu’on oublie parfois de se réjouir comme il siérait de ne pas se retrouver enfermé dans un EHPAD !

Certains ont la foi en une vie éternelle. Curieusement, cela ne semble pas toujours, comme on pourrait s’y attendre, les rendre capables d’envisager sereinement de quitter cette vallée de larmes pour un monde meilleur. Personnellement je ne partage pas cette croyance et son absence ne me chagrine pas. Me considérant comme un être limité, je craindrais même de me trouver confronté à un infini auquel rien ne m’a préparé.

Je me souviens avoir étudié au lycée un texte de Montaigne où il écrivait que « philosopher c’est apprendre à mourir ». Soit. Mais si en plus ça pouvait apprendre un peu à vivre, ce ne serait pas mal non plus. Quoi qu’il en soit, j’ai commencé cet apprentissage très tôt. Du coup, passée la prime jeunesse où comme tout un chacun je n’y croyais pas trop (c’est pourquoi les jeunes conduisent comme des patates et partent plus volontiers à la guerre que leurs aînés), j’ai assez rapidement apprivoisé l’idée de ma disparition. Je disais, il y a une bonne quinzaine d’années,à mon frère aîné : « J’ai fait l’essentiel de ce que j’avais à faire, je peux donc partir n’importe quand. ». Il ne s’agit pas là à mes yeux d’un quelconque pessimisme mais d’une évidence. Surtout qu’il se serait pu que je meure avant d’avoir fait quoi que ce soit d’intéressant. Je m’étonne même parfois d’avoir atteint ma soixante-dixième année, vu le peu de prudence qui a toujours été le mien.

Je ne cherche pas plus à précipiter ma fin qu’à en retarder l’échéance. N’importe comment, ce ne sera pas moi qui déciderai mais les circonstances. Je vis comme je l’entends, j’aimerais bien mener à bonne fin certains projets cruciaux comme retapisser ma cage d’escalier, rénover ma salle de bains, finir de mettre, autant que faire se peut, aux normes mon installation électrique et mettre de l’ordre dans mes papiers pour faciliter les choses à ma fille mais, encore une fois, ce ne sera pas moi qui déciderai si ce temps me sera accordé.

Du coup, devant la psychose qui semble s’emparer de nombre de mes contemporains face à la pandémie en cours, je reste quasiment de marbre. Que l’avenir me donne raison ou non, qu’importe ? Comme l’écrivait ma fidèle commentatrice Mildred « Se bisogna morire moriamo » (si nous devons mourir, mourons). Telle est ma vision des choses.

PS : J’apprends avec horreur qu’un pangolin serait à l’origine de la transmission à l’homme du COVID-19 ! Moi qui vous recommandais, il y a quatre jours seulement, d’employer cet animal pour débarrasser votre logement des vermines ! J’espère que, pour une fois, vous n’aurez pas suivi mon conseil !

* J’en fais partie mais, souffrant d’une sévère atrophie de la glande haineuse, il ne m’agace guère plus que ses prédécesseurs.

mardi 10 mars 2020

Sacrés vieux ruraux de droite !


J’entends que, selon un sondage, ce sont les vieux qui seraient le moins effrayés d’aller voter aux municipales. Ça peut paraître paradoxal vu qu’ils sont les plus susceptibles d’être gravement affectés en cas de contamination par le coronavirus. A l’opposé, ce sont les jeunes qui seraient le plus timorés. Sur l’échiquier politique, les électeurs De MM. Hamon et Mélenchon et de Mme Le Pen seraient les plus couards tandis que les moins impressionnés seraient ceux de M. Fillon. Au niveau géographique, c’est dans l’agglomération parisienne qu’on bouderait le plus les urnes tandis que dans les communes rurales on serait bien moins dissuadé de voter.

En reprenant point par point ces constats on peut en tirer quelques leçons. Sur l’âge d’abord. Si les 18-24 ans sont 40 % a avoir plus ou moins la trouille alors que seulement 23 % des plus de 65 ans sont dans ce cas, c’est probablement parce que la jeunesse est impressionnable. Tout est nouveau pour elle et il lui manque le recul et l’expérience qui permettent une mise en perspective des événements. Les vieux, eux, se sont vu promettre tant de catastrophes inéluctables qui ne se sont jamais produites qu’ils en sont devenus sceptiques. D’autre part, avec l’âge, on devient fataliste, on apprend que le pire n’est pas toujours garanti et que quand il survient on est désarmé.

Que les électeurs de partis dits « extrêmes » ou de gauche « modérée » soient de nature craintive est naturel : leur vision pessimiste du monde les amène à tout dramatiser. A l’inverse, la droite « modérée » et le centre sont moins tentées par les scénarios apocalyptiques.

Il est également compréhensible qu’en Île-de-France où les gens s’entassent souvent dans des espaces restreints et où l’on utilise des transports en commun bondés le développement des épidémies soit une menace plus sérieuse qu’elle ne l’est au fin fond de départements ruraux en voie de désertification.

Tout cela me paraît donc très logique. Bien que n’étant pas particulièrement apeuré par une éventuelle contagion, comme je l’expliquais ici le 16 février, date à laquelle le Covid-19 ne faisait planer aucune menace réelle ou supposée sur le scrutin, je compte bien m’abstenir dimanche mais pour d’autres raisons.

dimanche 8 mars 2020

Le pangolin : une solution !




Comme bien des gens vous vous plaignez de ce que votre logement est infesté de vermines diverses qui, malgré votre sympathie pour, comme disait le regrettable Jean Ferrat, « tout ce qui tremble et palpite, tout ce qui lutte et se bat » pourrissent votre existence. Quand les punaises de lit et les puces vous permettent de fermer un œil, vous trouvez désagréable d’être réveillé par tous ces cafards qui vous courent sur le visage. Voir vos portes, fenêtres et meubles dévorés par de gras termites nuit à votre bonne humeur. Les cloportes qui se sont établis sous votre évier ne vous paraissent qu’à moitié sympathiques. En été, les fourmilières se réveillent et les asticots envahissent votre poubelle. Ce n’est plus une vie !

Toutefois, votre foi écologiste et vos convictions anti-capitalistes vous interdisent d’avoir recours aux insecticides produits par les multinationales de l’industrie chimique qui n’ont pour raison d’être que l’exploitation (avant licenciement) de leurs personnels et l’empoisonnement de leur clientèle. Bien sûr, vous avez tenté des remèdes de bonne femme ( l’orthographe « de bonne fame » étant basée sur une fausse étymologie) comme l’huile essentielle de perlimpinpin alpestre ou les bouquets de sacrebleu tibétain mais vos persécuteurs se sont empressés de la boire ou de les boulotter avant qu’ils n’aient fait le moindre effet. Vous en êtes à éviter le rayon insecticides de votre grande surface pour éviter la tentation et lors d’horribles cauchemars vous vous voyez exterminer, une bombe de Baygon dans chaque main, tout ce petit monde avant de vous réveiller le visage couvert d’une sueur âcre dans laquelle cafards, puces et punaises tendent à patiner. Vous êtes à bout. N’y a-t-il pas de solution ?

Rassurez vous, il en est une simple, naturelle, écologique : Le pangolin. Ce petit animal s’avère un redoutable insectivore s’il est un piètre animal de compagnie. Ne vous y attachez donc pas trop, car sa vie en captivité ne dure guère que quelques mois et sa conversation est inexistante. Si par malheur vous le caressez à rebrousse-écailles il se met en boule et, pour couronner le tout, il est très laid. Vous pourrez en adopter un couple sans craindre la prolifération : il ne se reproduit pas en captivité. A deux, ils devraient donc normalement vous débarrasser de votre vermine plus rapidement. Grâce à une langue longue et visqueuse, il peut traquer les insectes dans les moindres recoins où ils se tapiraient. Se cachent-ils sous la moquette ou dans votre literie ? Pas de problème ! Ses doigts griffus lui permettront de les en débusquer.

Vu qu’il en existe diverses espèces, autant choisir la mieux adaptée. Nous ne saurions trop vous conseiller d’en choisir une diurne et arboricole. Elle vous foutra la paix de nuit et installer un tronc d’arbre dans votre salon vous évitera les inconvénients des espèces fouisseuses à terrier ( à moins, bien entendu, que vous veniez de vous débarrasser de votre wombat).

Reste le problème de sa courte existence en captivité. En fait, ce n’en est pas un car à sa disparition, vous n’aurez aucun mal à vous débarrasser de sa dépouille. Il se trouve que nos amis asiatiques sont de grands amateurs non seulement de sa chair mais de ses écailles auxquelles ils attribuent des vertus curatives, comme augmenter la virilité, favoriser la santé des femmes allaitantes et mettre à l’abri des contrôles fiscaux. Tout restaurateur chinois se fera donc un plaisir de vous échanger son cadavre contre la fourniture d’un nombre conséquent de Chow mein à la chauve-souris, de Chop suey au crotale ou de tout autre plat à votre convenance.

Du point de vue écologique, vous serez donc comblé : élimination naturelle des vermines et recyclage profitable des restes du pangolin. Pourrait-on rêver mieux ?

mercredi 4 mars 2020

Féminisme


J’ai du mal à me déclarer féministe. Je ne parle pas des hystériques comme les végans ou les LGTB+ rabiques, dont les prises de position appellent plus un traitement qu’un débat. Non, même les féministes modérées qui se contentent de réclamer la parité dans certaines professions et de se déclarer maintenues dans une position d’infériorité sans pour autant voir en tout homme un violeur et un assassin dans le meilleur des cas potentiel. Ça doit être dû à mon expérience personnelle.

Il se trouve que ma mère (que ce Dieu qui finit par monopoliser toute ses affections l’ait en sa sainte garde !) était féministe à sa manière. Étant dotée d’un caractère dominateur et d’une ténacité remarquables, elle régnait en maîtresse sur toute la maisonnée. Ce qu’elle n’arrivait pas à imposer d’emblée, elle l’obtenait par les scènes, le chantage affectif et d’interminables bouderies. Ne pas lui obéir, c’était la contrarier. Toute contradiction entraînait des maux d’estomac. Ne pas partager ses opinions revenait donc à la torturer.

Alors que mon père ramenait par son seul travail de quoi faire tourner la maison, il n’était aucunement autorisé à engager la moindre dépense. Je me souviendrai toujours de ce jour de grande scène où mon père s’aventura à payer d’un chèque un petit magnétophone. Cette action inconsidérée fut jugée de nature à ruiner le ménage, à compromettre à jamais son équilibre financier. La somme était pourtant minime mais le sacro-saint principe que cet achat foulait au pied était celui de de la souveraineté financière maternelle. Certes, mon père avait le droit de posséder un carnet de chèque, mais il n’était pas permis qu’il l’utilise. Jusque dans les moindres détails, tout était organisé par la maîtresse de maison qui coupait le nombre de tranches de pain nécessaires selon elle à un repas. En réclamer plus eût été contrariant. De même son organisation prévoyait qu’un plat devait constituer tant de repas : quand ses prévisions se montraient erronées, on avait le choix entre manger léger et se bourrer de restes. Malgré cette tyrannie domestique, elle se sentait en position d’infériorité dans la maison et soumise à l’arbitraire autorité de son mari. Sur quelles bases ? Va savoir Charles…

Cela dit, il me fut ensuite difficile ensuite de trouver anormal qu’une femme exerçât une position de direction. Ça ne m’a même jamais traversé l’esprit. Grâce à ma mère, j’ai, entre autres choses appris le respect des femmes et à manger de tout. Deux atouts dans la vie ! Elle a également su faire naître en moi l’impatience de quitter le cocon familial et la résolution de ne jamais reproduire son modèle. Ainsi mes compagnes n’ont jamais été importunées par mes regrets de ne pas les voir ressembler à ma génitrice. Ce qui est déjà ça. Prenant le contre-pied de mon expérience, j’ai eu tendance à souhaiter, en toute concertation, me charger de l’administration domestique au point qu’un jour ma première épouse déclara à la seconde : « Avec lui, tu n’as pas à t’en faire : il s’occupe de tout ! » . Je traitais les affaires courantes et, en dehors de leur participation aux frais, elles faisaient ce qu’elles voulaient de leurs ressources.

Ai-je eu raison ou bien tort ? Qu’importe ! Il n’en demeure pas moins que le féminisme me laisse sceptique dans son exigence d’égalité et/ou de parité et sa dénonciation de la domination masculine. La parité n’est voulue que pour des postes de « prestige » et jamais dans les professions largement féminisées comme l’enseignement ou certains secteurs paramédicaux. L’égalité des salaires, quand elle n’est pas réalisée, s’explique généralement par des interruptions de carrière généralement dues aux maternités, qui, tant qu’on n’aura pas suffisamment bricolé la matière humaine dans ce sens, affectent davantage les femmes que les hommes. Quant à la domination, elle n’est pas si générale que les féministes peuvent le dire. Dans combien de ménages la femme, pour reprendre une expression vieillotte, porte-t-elle la culotte et/ou rudoie sans vergogne un mari qui n’en peut mais ?

Quoi qu’on fasse, l’autoritaire, quel que soit son sexe, dominera toujours le docile. Ce n’est pas une question de sexe mais de caractère, l’égalité ne pouvant exister qu’entre des personnes indépendants et de nature débonnaire...

dimanche 1 mars 2020

Une nouvelle preuve du génie humain


Les challenges que l’homme a dû relever afin d’accéder au bonheur sont légion. Il a fallu créer et perfectionner l’agriculture et l’élevage afin de s’assurer une nourriture abondante et de qualité, il a fallu maîtriser les techniques du bâtiment afin de se mettre à l’abri des rigueurs du climat, il a fallu inventer des moyens de transports, de communication, de transmission des savoirs, il a fallu développer la médecine, il a fallu trouver des sources de divertissement et bien d’autres choses encore. Une fois ces problèmes résolus, l’homme put enfin mener une existence confortable et regarder les passionnantes émissions de M. Hanouna à la télé (privilège dont seuls les Français et leurs voisins francophones peuvent bénéficier et que le monde entier leur envie).


L’homme moderne peut profiter pleinement de la vie, à un détail près. Si, comme moi, il habite une maison individuelle à étage (s) (ou un duplex) une ombre plane sur son bonheur : lorsqu’il contemple avec tristesse le papier vieillissant de sa cage d’escalier, une angoisse l’étreint et son bonheur tranquille cède la place à la morosité. Comment pourrai-je remplacer ce papier quand ni mon échelle ni mon escabeau ne sauraient me permettre d’atteindre le plafond ? A quoi a-t-il servi que je rénove les pièces de l’étage si l’escalier qui y mène demeure cette affreuse mouche dans le lait de ma félicité ? De là à ce que l’homme moderne se pose des questions sur le sens de sa vie, il n’y a qu’un pas (De droite à gauche ? De gauche à droite ? De haut en bas ? De bas en haut ? Etc?)

Il doit bien exister une solution ! Ses doigts fébriles pianotent le clavier espérant que M. Google saura lui fournir des pistes. Il en trouve. Mais entre les échafaudages coûteux et difficiles d’accès et le système D des bricolos du dimanche qui n’hésitent pas à courir le risque de se retrouver, suite à une confrontation avec la rude loi de la gravitation, en train de baigner dans une mare de sang au bas de leur escalier après avoir tendu une planche entre escabeau et échelle, que choisir ? MM. Mano-Mano et Amazon s’étant montré décevants, il tente, sans trop d’espoir, une dernière recherche chez M. C-discount et sous ses yeux éberlués apparaît la solution : le pied réglable pour échelle ! Comme toute les grandes idées nées du génie humain (fil à couper le beurre, masse d’arme, râpe à fromage) l’objet est simple, d’un coût modéré et efficace. En effet, vissé sur l’un des montants de l’échelle, il permet de compenser un dénivelé d’une ou deux marche. Les avis clients, pour une fois, sont unanimes : l’appareil donne entière satisfaction, pas un pour se plaindre de graves chutes suite à son utilisation.

Alléluia ! m’écriai-je en tapant ma commande de deux doigts rassérénés. Quelques jours plus tard j’allai récupérer mon achat au point relais et à moi les accès faciles, à moi les ivresse ineffables de la tapisserie ! Il me suffisait de réaliser quelques travaux d’installation électrique avant d’en jouir pleinement, mon pied réglable m’en facilita l’achèvement. Mais trêve de discours, place aux images :




Magnifique, non ?