lundi 30 mars 2020

Un virus peut en cacher un autre


Vous avez probablement entendu parler du Covid-19. Il arrive que de temps à autre on y fasse allusion sur certains media. Seulement, il se trouve que dans son sillage, ce sympathique virus, en traîne un autre, tout aussi contagieux et peut-être plus létal qui, s’il ne s’attaque pas à vos capacités respiratoires peut affecter gravement votre jugement. Il a commencé à faire des ravages sans que sa propagation ne soit relayée par les chaînes d’information. Je veux parler du Covid-19bis ou Connnardovirus.

Ses effets sont insidieux. Ils agissent un peu comme, selon Sénèque, faisaient les Dieux quand ils voulaient perdre un homme : ils le rendent fou. Entendons nous bien : comme tout virus sa nocivité n’est grande que s’il trouve un terrain favorable. Si rien ne vous prédispose aux haines et envies féroces ni aux fougueuses indignations, si vous demeurez quoi qu’il arrive capable de conserver une sobre distance par rapport aux événements qui troublent de temps à autre notre société, si vous ne pensez pas qu’une multitude de complots tendent à supprimer l’humanité au profit de multinationales (qui, finalement se retrouveraient sans clients, ce qui serait un peu ballot) ses effets sur vous seront nuls. Malheureusement, la majorité de nos concitoyens ne sont pas de ces derniers et le Covid-19 bis en menace une large proportion.

S’il rencontre un terrain favorable, il exacerbe colères, envies, haines, esprit de revanche, désir d’une « justice populaire » (expéditive et implacable) qui existaient à l’état latent chez le sujet infecté et les rend virulents au point de lui faire tenir des propos inquiétants quant à l’état de ses facultés mentales. Ceux qui sont modérément hystériques en période normale, l’épidémie les rend un peu plus virulents mais chez les exaltés chroniques, la folie se fait rabique et les rend potentiellement dangereux.

Avec lui, le complotisme prend des proportions terrifiantes. Le président et son gouvernement sont des criminels qui devront rendre des comptes. Pour les modérés, devant la justice française, pour ceux qui se méfient de cette dernière, c’est à la cour internationale de la Haye qu’il faudra faire appel. Une page facebook qui prône cette solution et à laquelle je me garderai bien de faire de la pub voit sa proposition « likée » par deux mille fois tandis que 3600 personnes la partagent. Mais ce n’est pas là le pire : dans les centaines de commentaires, il est de bon ton de réclamer un jugement populaire dans le meilleur des cas quand ce n’est pas une décapitation sans procès (ce qui au bout du compte reviendrait au même).

D’une manière ou d’une autre, comme aux « meilleurs moments de la libération » le règlement de comptes est à l’ordre du jour. Il faut épurer, on va voir ce que l’on va voir, pas de pitié pour les criminels et leurs complices, la guillotine va reprendre du service, le joyeux spectacle des têtes au bout des piques viendra de nouveau égayer les enfants ! Rien d’étonnant à cela dans un pays où l’on est parvenu à faire croire que la boucherie des années 1789-1794 a été source d’un progrès inouï pour la France et bien entendu le Monde.

Le problème, c’est que le Covid-19 n’a pas le bon goût de ne faire de victimes qu’en France. Comment imputer à la mauvaise gouvernance de M. Macron les morts de Chine, d’Italie, d’Espagne, d’Iran, des États-Unis, etc. ? Ne serait-il pas concevable d’accepter le fait qu’en dehors peut-être de l’Allemagne et de quelques pays d’Asie du Sud-Est, la plupart des gouvernements ne disposaient pas des équipements nécessaires à une stratégie de lutte efficace contre une pandémie inattendue* et que l’on ne compense pas ces manques d’un coup de baguette magique ? Que le pouvoir actuel n'a fait qu'hériter ou s'inscrire dans le droit fil de la politique de ses valeureux prédécesseurs ? Que, face à un péril inhabituel on ne peut que tâtonner, tenter, voire improviser ? Que les esprits forts en yakafokon ne sont souvent sages, prudents et avisés qu’à posteriori ? Qu’au lieu de laisser libre cours à des haines rancies et miser sur d’improbables et peu souhaitables revanches il vaudrait mieux raison garder ?

Je sais que ce que j’écris va à contre-courant, que pour se faire bien voir il faut hurler avec les loups, être Charlie, Gilet Jaune, applaudir les soignants à l’heure dite, vilipender les puissants dont nous vient tout le mal, suivre les modes en somme. J’essaie simplement d’être cohérent et raisonnable, de garder mon sang froid quoi qu’il arrive, de ne pas me laisser mener par de fugaces émotions. Qu’importe que ça plaise ou non ?

*On m'objectera que certains avaient mis en garde contre les ravages d'une probable pandémie. Certes, mais les prophètes qui prévoient telle ou telle catastrophe avec constance finissent parfois par avoir raison.

25 commentaires:

  1. D'abord, avant de parler de catastrophe,il faudrait qu'elle se produise. Ensuite, qu'est-ce qu'il vous a fait le système pour provoquer votre ire ? Il vous doit des sous et refuse de vous les rendre ?

    Il me semble que la mondialisation, du fait du développement des transports et des moyens de communication est inévitable. Reste à savoir comment dans ce contexte en tirer le mieux parti.

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  2. Si ce que vous décrivez est une catastrophe, on est en droit de se demander comment il faudrait nommer les conséquences d'un changement radical de système !

    La mondialisation a fabriqué des millions de chômeurs dans les pays qui, incapables de s'adapter, n'ont pas su en tirer parti comme la France. Elle en a créé bien plus de millions ailleurs en Europe comme dans le monde. Il est facile de la blâmer de tout et du reste tout en soutenant un système économico-social français qui fait preuve depuis des décennies de son incapacité à résoudre nos problèmes.

    Je préfère ce que vous appelez ma cécité à votre adhésion à un système obsolète qui, avec votre soutien nous mène au gouffre. Mais, que voulez-vous, je suis de droite...

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  3. Étant homme de parole et ayant indiqué à M. leon que je ne tolérerai plus ses interventions ici, je ne pouvais que supprimer son intervention laquelle n'était ni plus ni moins imbécile que celles qui ont provoqué son bannissement, je le reconnais.

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  4. En fait après avoir voté FN plus de 30 ans, je ne me reconnais plus du tout dans ce parti populiste pas plus que je ne me reconnais dans une autre formation dite de droite.

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  5. Mais c'est bien vrai ça ! Fredi vous êtes un emmerdeur ! Vous n'êtes pas encore mort, de quoi oseriez-vous vous plaindre ?
    Et vive not' bon Président Macron, qui se met en 4, en 16, en 256, pour nous trouver masques et bergamasques !!!

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    1. Il ne s'agit pas pour moi, chère Mildred, d'encenser notre (pas) cher président. Simplement de noter qu'ailleurs ça va rarement beaucoup mieux et que les manifestations de haine que je constate ici ou là sont plus inquiétantes que fondées.

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    2. Mais cher Fredi, haine et colère vont très bien ensemble ! l'une étant souvent la fille de l'autre elles constituent une famille unie.

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  6. "Et où vous situez-vous désormais ?" J'ai déjà répondu : nulle part. J'attends, mais de moins en moins. Après tout, il serait étonnant que le résultat des prochaines élections dépende de mon vote. Ça n'a donc pas grande importance. Je me contente d'observer avec tristesse à quel point mon pays est devenu ingouvernable et décadent.

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  7. Vous n'avez certes pas tort. Gardons nous de tout excès, c'est la moindre des sagesses. Néanmoins il est difficile, quand on nous a encensé sur tout les tons et à tous les modes, "La République en Marche",de ne pas remarquer à quel point ces gens-là se sont montrés en dessous du niveau exigible de gouvernants dignes de ce nom! Menteurs dangereux chez qui l'incurie le dispute à l'impéritie et l'incompétence à la stupidité prétentiarde, nous avons eu la démonstration éclatante de l'erreur énorme commise en Mai 2017.
    Je ne vois pas en vertu de quoi nous devrions les absoudre!
    Amitiés.

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    1. N'ayant pas commis l'erreur de voter pour lui en 2017, l'ayant dès le départ jugé peu digne de la fonction, je ne peux exprimer aucune déception. Je dirai de même de son prédécesseur. Un qui m'a par contre déçu, c'est M. Sarkozy en qui j'avais d'abord cru et qui s'est empressé de faire le contraire de ce pour quoi j'avais participé et m'étais réjoui de son élection. Si en 2012 j'ai voté pour lui au deuxième tour (pas au premier) c'était uniquement que pour faire barrage à Hollande.

      Cela dit, je ne vois pas l'intérêt que peuvent avoir les soi-disant affaires et "scandales" avec lesquels on nous bassine depuis son élection : on fait passer des taupinières pour des Himalaya et vice-versa. Ce qui m'attriste le plus c'est ce que les colères et les haines que je vois sourdre de toute part me montre de ce peuple avec lequel je me sens de moins en moins d'affinités. Contrairement à vous, je me suis longtemps obstiné à refuser l'idée que nous étions foutus mais plus ça va, plus je sens qu'un peuple qui part dans tous les sens et qui exprime sa hargne face aux élites qu'ils'est choisi parce qu'il ne mérite pas est condamné à une longue et pénible agonie.Ce pays est frivole et puéril, donc ingouvernable.

      Amitiés.

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    2. En effet, je ne saurais soutenir le contraire et, par surcroît, reconnaissons que ce pays a les gouvernants qu'il mérite!
      Bonne soirée.

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  8. Le confinement aura eu ça de bon: vous amener à écrire un billet quasi quotidien. On voit que vous avez retrouvé la patate!
    Sur ce dernier, vous ne faites pas l'unanimité mais vous auriez dû vous rappeler qu’avant de parler politique, il faut s'assurer que vos interlocuteurs pensent à l’identique, rigoureusement à l'identique...

    Le Page (qui attend le prochain billet).

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    1. Merci ! J'avais anticipé certaines réactions, mais que ça plaise ou non, hurler avec les loups comme m'indigner avec les fous ne m'est pas possible.

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  9. Tout a été dit (et parfois bien dit)
    J'ajoute simplement qu'on ignore, en France, si des citoyens d'autres pays dans la même situation sanitaire d'imprévoyance et d'impéritie : personnels soignants, malades ou familles de malades, et aussi "opposants politiques", n'ont pas les mêmes réactions d'incompréhension et de colère face à leurs propres dirigeants...?
    Ce qui ne constituerait pas forcément une excuse à vos yeux, mais tendrait à montrer que les français ne posséderaient pas une mentalité à part... (Ce qui...etc...etc...)

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    1. Je ne vois aucune raison, cher Bedeau, pour que les français aient une mentalité à part. C'est l'ensemble de l'Occident qui plonge, à quelques variantes près. On y vit dans un paradoxe où, tandis que l'on attend (à tort) tout des gouvernements (prescience, efficacité) on les traîne dans la boue, quoi qu'ils fassent, pour un oui, un nom, ou rien. Le système démocratique se meurt ! Le système démocratique est mort ! (pour parodier Bossuet). Mais qui l'a tué ? Les dirigeants seuls ? Des peuples veules et déboussolés, s'arrogeant des capacités qu'ils sont loin d'avoir ? Les deux ?

      Quand je vois le déchaînements des furies ineptes, je finis par désespérer. Dieu merci, je bricole, je cuisine, je jardine et j'y trouve consolation.

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  10. Je suis un des rares à dire que si j'avais été au pouvoir je n'aurais pas fait mieux. La racaille gémit, elle ne sait faire que cela. Retroussons-nous les manches et faisons face, ça vaudra mieux...

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    1. Tout à fait d'accord avec vous. Mais cela vient peut-être du fait qu'à la différence de plusieurs dizaines de millions de Français nous ne sommes pas des experts en luttes contre les pandémies.

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    2. Mais c'est quoi la " racaille" pour vous, comme vous l'appelez, cher Monsieur ?
      Vous avez des profils, des noms à nous donner, des signalements, peut-être ?

      Vendémiaire.

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    3. @ Vendémiaire : Selon moi,la racaille est composée de ceux qui appellent aux meurtres et autres "vengeurs".

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  11. Fredi Maque, depuis quelque temps, semble penser que si chacun se remet à cultiver son petit lopin (avec araire et bœufs, hein !) de façon à être auto-suffisant, les virus vont tous immédiatement plier bagages, écœurés. Du coup, il prend des allures de prophète Philippulus («Repentez-vous ! la fin du monde est proche ! »), crécelle en main et barbe au vent.

    Les épidémies provoquent toujours ce genre de vacillements mentaux, chez certaines personnes.

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  12. Suis-je seul à avoir noté (avec une satisfaction non mélangée) que depuis la bienheureuse apparition du petit Chinois baladeur personne ne nous bassine plus avec le fucking réchauffement climatique ?

    Rien que pour ça, on devrait le remercier.

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    1. Et moi, alors? je sens le gaz ?
      Une page de publicité

      (oui, je sais... je fais ce que je peux)

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    2. Mais non, cher BEDEAU, juste un peu le pâté.

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    3. @ Didier : On nous vante quand même les merveilleux effet du confinement sur la pollution.

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    4. C'est vrai, c'est vrai. Mais, par rapport au "réchauffement", je trouve que cette bonne vieille pollution a un côté vieille France, un aspect rassurant.

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