jeudi 31 octobre 2019

Bûcheronnage automnal




Comme je m'étais promis de le faire suite à la prolifération de prunes de cet été, je me suis attaqué à la taille de mon prunus. Fut un temps où on l'avait taillé en tête de chat mais ce temps étant bien lointain ses branches avaient pris de l'ampleur : plusieurs mètres de haut jusqu'à 15 centimètre de diamètre. Et ça posait quelques problèmes, vu qu'elles surplombaient mon abri de jardin et que si par malheur en les coupant les plus grosses lui étaient tombé dessus, je crains qu'il ne se soit trouvé écrabouillé. Il fallait donc user prudemment de la tronçonneuse. N'en étant pas à mon premier abattage d'arbre, j'ai mis au point une technique qui jusqu'ici m'a réussi à savoir qu'après avoir fiché un piquet en terre, je relie celui-i à la branche par une corde et la tends de manière à ce que la branche penche du côté où elle peut tomber sans causer de dommages Tout se passa comme prévu, sauf que la dernière des branches, la plus grosse, du fait de sa hauteur et de son diamètre se refusa obstinément à plier.Ne disposant pas d'une échelle qui m'eût permis d'atteindre une hauteur où elle se serait montrée plus arrangeante, je décidai de risquer le tout pour le tout en l'encordant et en la tronçonnant un peu plus haut que je n'aurais souhaité de manière à pouvoir ensuite la recouper plus bas. J'arrêtai ma coupe juste avant que la branche ne lâche et descendis tirer sur la corde. Elle céda sans problème, tomba où je voulais et je pus régulariser la coupe ensuite.


Désormais, en renouvelant l'opération tous les deux ou trois ans,je pourrai limiter le développement du prunus et éviter ainsi de voir mon terrain et mon abri de jardin se couvrir de prunes. Maintenant, je me trouve avec des dizaines de mètre cubes de branchages de toutes tailles que je vais devoir débiter en bûches, en allume-feux ou encore réduire en copeaux pour faire du paillage au jardin. De nombreuses heures de travail s'annoncent ainsi, ce qui n'est pas pour me déplaire.  


vendredi 25 octobre 2019

Nature



Ils aiment la nature. Il veulent la préserver. Elle est sacrée. Tellement sacrée qu'ils rechignent à s'en approcher. Il gardent par rapport à elle un respectueux recul. En fait, ils ne la connaissent pas. D'où leur amour immodéré pour elle ou du moins pour l'idée qu'ils s'en font. Ils la voient bienveillante, généreuse et harmonieuse ! Ils vivent dans des villes, sans racines, et pour rien au monde ne s'en éloigneraient. Ils confondent campagne et nature. Erreur profonde des bobos-écolos !

Nos campagnes sont l’œuvre des hommes qui après des siècles d'efforts sont parvenus à dompter la nature. Car, figurez-vous, la nature est hostile, cruelle, sans merci. Elle est le théâtre d'éternelles luttes. Et pas qu'entre le loup ou l'ours et les brebis (ces dernières n'ayant pas grand chose à voir avec la nature, étant le produit d'une domestication du mouflon que suivit une sélection qui, au fil des siècles, mena aux diverses races ovines d'aujourd'hui). L'insecte y tue l'insecte, le vertébré y tue le vertébré, le végétal y tue le végétal, parasites et microbes les tuent tous. La nature, loin d'être harmonieuse, est le théâtre de continuels massacres. Il n'y existe pas d'équilibre. Suite à des causes diverses, des proliférations d'espèces y mènent à l'éradication d'autres.

Et l'homme dans tout ça, me direz-vous, parodiant M. Chancel ? Eh bien, figurez-vous que l'homme, il fait comme les autres espèces, il se bat pour survivre et, comme il est plus malin que les autres espèces, il est parvenu à les dominer et à mettre dans bien des cas leur survie en péril. Sa prolifération, hâtée par les progrès de la médecine occidentale, mettrait la planète en péril ? C'est faux, la planète continuera de tourner, quelque soit le niveau des mers et le nombre d'espèces qui vivent sur son sol ou dans ses eaux. Ce qui est en péril, c'est simplement l'état actuel de son peuplement en nombre et en espèces. État qui a toujours varié. Nihil novi sub sole !

N'importe comment, nous n'avions le choix qu'entre la misère physique doublée de disettes et l'exploitation après transformation de la nature. Il se peut que notre course au progrès matériel nous mène à l'extinction. On verra bien. Si nous avions choisi ou simplement pu rester au stade des chasseurs-cueilleurs, comme les Amérindiens d'Amazonie, nous vivrions, en accord avec la nature certes, mais une vie somme toute peu agréable et très brève.

De plus, je me demande combien de temps les bobo-écolos qui nous rebattent les oreilles avec la « nature » seraient capables de vivre en chasseurs-cueilleurs avec leur âme si douce, leur santé  si délicate et leur respect de toute vie. En fait, les alternatives qu'ils proposent sont bien timides et ne sauraient remédier aux catastrophes dont l'imminence les fait trembler dans le confort douillet de leur vie citadine. Si les problèmes sont si graves, s'il leur existe des solutions, celles-ci se trouveront davantage dans les avancées technologiques que dans le retour à la nature.

samedi 19 octobre 2019

Anglicheries


Dans mes deux lieux de résidence, l'anglais pullule. Au point qu'en Normandie le Crédit Agricole emploie un sujet de Sa Majesté britannique pour répondre aux besoin de ses compatriotes qui représentent 10 % de la clientèle de cette banque. En limousin, le bulletin municipal comprend une page rédigée en Anglais. On trouve à Vire un grand choix de presse à eux destiné et dans les super-marchés des produits comme le cheddar et autre bacon. Dans mon village, comme dans les alentours, ils tiennent des commerces, offrent des services notamment dans le bâtiment. Sur Facebook il ont une page nommée «SOURDEVAL 50150 English Speaking SELL SWAP & POSTS » à laquelle je suis abonné où sont proposés des articles souvent intéressants à des tarifs très raisonnables. J'y ai récemment fait l'emplette d'une table basse et pas plus tard qu'hier d'un magnifique sac de voyage en cuir pour « un prix qui nous ferait rire si nous n'étions entre gens sérieux » (Merci Achille Talon).

Si on ajoute à ça que plus de 11% de mes ressources proviennent d'Outre-Manche, c'est vous dire si la question du Brexit m'intéresse sans pour autant m'inquiéter outre mesure. Il semblerait cependant qu'une appréhension soit ressentie par certains. Mon couvreur Anglo-Corrézien m'a, par exemple, déclaré être prêt à demander la nationalité française au cas où ça deviendrait nécessaire (Quelle horreur !). Autre signe d'inquiétude : par e-mail ou par courrier, j'ai reçu d'Angleterre la rassurante nouvelle que je continuerai de percevoir mes pensions Je n'en avais jamais douté mais il faut croire que cette crainte avait effleuré certains. Le seul hic est que, sauf accord contraire, elles cesseront d'être indexées sur l'inflation britannique dans trois ans. J'avoue ne pas bien saisir pourquoi mais c'est comme ça.

Donc le Brexit approche. Vu le nombre de Français en Angleterre et d'Anglais en France (plusieurs centaines de milliers de chaque côté), je ne vois pas comment on pourrait imposer à tous ces gens-là une grave modification de leurs conditions de séjour. Sans compter que si beaucoup d'Anglais prennent leur retraite en France, en Angleterre ce sont surtout pour y travailler que de jeunes Français s'installent. A moins de désirer voir nos chiffres du chômage, s'envoler, il serait bon de trouver des solutions acceptables. De même, vu l'importance des échanges de marchandises et de services entre les deux pays (lesquels offrent à la France un excédent, ce qui est plutôt rare) il serait stupide de les entraver. L'Allemagne n'y aurait pas plus intérêt. 

Je crains donc qu'encore une fois les catastrophistes et autres oiseaux de mauvaise augure ne se soient trompés. Punir Le Royaume-Uni pour sa défection afin que son effondrement serve d'exemple à ceux qui envisageraient de l'imiter reviendrait à se tirer une balle dans le pied ! Brexit ou pas, tout le monde a intérêt à ce que l'économie Britannique se porte bien. C'est donc avec confiance que j'attends la suite des événements.




mardi 15 octobre 2019

Les bonnes lectures de Tonton Jacquot




Ce qui fait le prodigieux intérêt de ce modeste blog est la diversité des sujets qu'on y aborde et du ton sur lequel on les traite. En effet, si le sérieux est de mise pour les véritables sujets d'inquiétude que connaît notre France du XXIe siècle (piéride du chou, scandale des crevettes, réintroduction du loup dans Paris intra muros, etc.), c'est sur un ton plus enjoué qu'on y évoque les futilités politiques et insurrectionnelles qui provoquent comme un clapotis dans le verre d'eau politico-médiatique. Je vais aujourd'hui confirmer cette diversité de ton et de thèmes en vous entretenant de l'ouvrage que je lis en ce moment après avoir, dans mon précédent billet, évoqué une grave question.

Il s'agit de CROIS OU MEURS Histoire incorrecte de la révolution française de M. Claude Quetel que les éditions Tallandier/Perrin ont offert à la concupiscence des lecteurs en mars de cette année et qui semble connaître un certain succès, vu qu'il se classe premier de sa catégorie chez M. Amazon. 

En quoi l'incorrection revendiquée par l'auteur consiste-t-elle ? Eh bien parce qu'elle s'attaque au mythe des deux révolutions. L'une, gentille et sympathique en diable qui en 1789 offre au bon peuple, jusqu'ici opprimé sous le joug conjugué de la noblesse et du clergé, tous les droits dont il pouvait rêver et qui a fait de notre beau pays une sorte de paradis et de modèle pour l'humanité toute entière. L'autre, celle des années 1793-1794 où une Terreur auto-proclamée envoya par milliers des suspects voir si on se sentait plus léger une fois séparé de sa tête, celle où les colonnes infernales pacifièrent la Vendée en employant des méthodes qui feraient passer la division Das Reich qui, en juin 1944, sévit en mon cher Limousin pour une troupe d'humanistes sourcilleux.

Pour M. Quétel, il n'en est rien. On trouve en germe dès 1789 la violence, l'intolérance, l'incompétence et l'idéalisme sanguinaire qui mèneront logiquement à la Terreur. Le coupage de têtes et autres joyeusetés citoyennes, par un glissement continu de la modération à l'extrémisme, passeront du stade artisanal à l'échelon industriel après élimination des diverses vagues de radicalisation par celle qui leur succède pour arriver à la dictature de Robespierre et autres Saint-Just dont la chute n'est due qu'à un complot de personnages dont les mains sont aussi ensanglantés que les leurs mais qui se débarrassent de ces monstres avant qu'ils ne les dévorent .

Cette vision n'a rien d'original me direz-vous. Toute révolution plus ou moins réussie est dès son départ violente. Exploitant la colère populaire, des idéologues se proclamant animés d'intention généreuses, poussent un mélange de racailles et d'exaltés sincères à renverser le régime et à bouleverser l'ordre établi. Loin de résoudre les problèmes du bon peuple que les idéologues veulent transformer en une humanité meilleure, les nouveaux dirigeants ne parviennent qu'à accroître misère et disette, provoquent des guerres civiles et les plus forts ou les plus habiles d'entre eux ne parviennent, après élimination physique de leurs rivaux, à se maintenir au pouvoir que par l'instauration d'une dictature sanguinaire bien entendue établie au nom de la liberté, de la justice et de la lutte contre la tyrannie.

Ce qui, plus que toute autre chose, fait l'intérêt de ce livre est le talent avec lequel l'auteur traite son sujet, campe ses personnage suggère leur incapacité, leur folie ou leur rouerie. Ce livre d'histoire de plus de 400 pages se lit comme un excellent roman : on est pressé d'en connaître la suite tout en regrettant qu'inévitablement toute suite mène à une fin. Ce qui est d'autant plus méritoire que toute personne un tant soit peu intéressé par l'histoire en connaît déjà les épisodes et le dénouement. Maintenant, si vous pensez que la violence révolutionnaire est une inévitable source de progrès et qu'en coupant quelques têtes on peut résoudre certains, voire tous les problèmes, NE LISEZ PAS CE LIVRE !

jeudi 10 octobre 2019

Crevettes : dénonçons le scandale !


Ce n'est pas de gaieté de cœur que je prends la plume aujourd'hui.J'ai longtemps réfléchi avant de le faire. Mais trop, c'est trop. Garder pour moi un tel secret, m'oppresse. Au point que m'en délivrer me paraît préférable au risque mortel que je vais prendre en le révélant. Après tout j'ai déjà vécu l'essentiel de ma vie. Si mes révélations pouvaient me valoir un peu d'indulgence de Mon Créateur quand je comparaîtrai devant Son Divin Tribunal cela compenserait largement la perte de quelques années de vie terrestre. Je vais donc parler.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis un grand amateur de crevettes. Grosses ou petites, grises ou roses, j'en raffole. Et c'est comme ça que j'ai découvert le pot aux roses. Je veux parler du scandale des crevettes.

Quand vous en achetez en vrac, vous constatez que certains corps sont dépourvus de tête et qu'on y trouve aussi des têtes sans corps. Normal, vous dites vous, si vous ne procédez pas au décompte des deux catégories. Seulement, si vous le faites vous vous apercevrez qu'il y a TOUJOURS plus de têtes sans corps que de corps sans tête. Vous vous dites que vous manquez de chance et que toute votre vie n'est qu'une longue suite de déconvenues. Vous avez tort. Au moins dans le cas présent.

Je m'explique : vous avez sûrement remarqué que, dans nos grandes surfaces, se vendent à prix d'or de jolies couronnes de crevettes décortiquées destinées à faire de vos apéros des moments prestigieux. Évidemment, ces crevettes n'ont pas de tête. Que croyez-vous que les industriels de la crevette fassent de leur tête ? Des déchets qu'ils jettent ? Mettant en pratique le principe de Lavoisier, selon lequel « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». Ces « déchets », on les vend à vil prix aux grossistes en crevettes qui les vendent au prix fort, augmentant ainsi leur marge de quelques pour cents tout en recyclant des crevettes accidentellement sans têtes et normalement invendables. Chacun, à tous les niveaux de la chaîne commerciale y gagne et vous êtes le dindon de la farce (ce qui vaut toujours mieux que d'être la farce du dindon,mais quand même...).

Mais de crevettes grises, me direz-vous, point de couronnes. C'est là qu'interviennent le minuscule crabe et le tout petit poisson. Ces animalcules, sans aucune valeur marchande, les grossistes en ajoutent quelques uns aux crevettes, ainsi ils augmentent leur marge. Et personne n'ose protester de crainte de passer pour mesquin ! En irait-il de même si vous trouviez des charançons dans vos haricots secs ?

Que fait le gouvernement face à ce scandale ? En est-il seulement informé?Je suis conscient des risques que je prends en le dénonçant, les séides du lobby crevettiste vont tenter de me faire taire à jamais avant que l'affaire ne prenne trop d'ampleur. Qu'importe ? J'aurai fait mon devoir.


samedi 5 octobre 2019

Les Philosophes



Je relis plus que je ne lis. Aussi m'est-il agréable de découvrir une nouveauté distrayante. Michel Desgranges m'offrit ce plaisir avec ses Philosophes, deuxième*volet des ses Mœurs contemporaines .

Si vous vous attendez à un austère essai sur l'état actuel de la pensée française, vous serez déçu. Si votre âme est troublée par les questions que pose l'Être, bref, si à la fréquentation assidue des oncologistes vous préférez (comment ne vous comprendrait-on pas ?) celle des ontologistes, vous allez vers une frustration. Car si M. Desgranges nous présente quelques spécialistes de l'ontologie, ce n'est pas afin de faire le point sur les recherches sur l'Être, mais pour se gausser de l'insignifiance pompeuse à laquelle parvient une philosophie universitaire consistant, à l'instar de la scolastique du Moyen-Age finissant, à commenter les commentaires des commentaires.

L'art de M. Desgranges est de pratiquer la caricature. Bien sûr les grands universitaires qui nous inspirent un tel respect que rares sont ceux qui vont jusqu'à ouvrir leurs œuvres, ne sont pas exactement tels qu'il nous les décrit. Seulement, il n'est pas rare que leurs écrits soient abscons. Il arrive aussi que leur ambition les pousse à la servilité vis-à-vis de ceux qui pourraient favoriser l'évolution de leur carrière. Si dans le meilleur des cas, ils finissent couverts d'honneurs, il est moins fréquent qu'on les couvre d'or. Il arrive qu'ils trouvent cela bien triste et qu'ils tentent d'arrondir leurs fins de mois par des activités éloignées de leurs fins premières.

Ces derniers traits, pour notre plus grand plaisir, l'auteur les pousse jusqu'à l'absurde. Il couvre notre territoire d'un blanc manteau d'universités** peu florissantes. L'onomastique vient souligner la satire. Les personnages principaux qu'ils enseignent à la Ferté-Guidon ou au Collège de France, qu'ex-haut fonctionnaires ils tentent de survivre d'un commerce hérité, que, bibliothécaires, ils améliorent leur sort en vendant les incunables de leurs fonds, partagent tous une noble ambition : s'en mettre plein les poches ou au moins sortir de la quasi-misère où les relègue un monde ou tout est citoyen, équitable ou démocratique . Et ils y parviendront car le roman est optimiste dans son acidité. Les voies de Dieu sont impénétrables dit-on. Celles qui les mèneront au succès ne le sont pas moins. Tel, suivant le conseil d'un autre, se fera travelo et ainsi regagnera l'amour d'une épouse volage autant que vénale. Tel autre trouvera dans un emploi de domestique la paix que l'ontologie lui avait jusque là refusée. Un autre se fera gigolo, une autre encore fera un riche mariage... Happy end assuré !

Au-delà du cas des philosophes, c'est d'une société qui ressemble beaucoup à la nôtre dont traite Michel Desgranges en en soulignant les ridicules et petitesses que tente de masquer un discours inepte, prétentieux et surtout inintelligible. En cela, il se montre moraliste. Si notre époque de grands progrès répond à vos attentes et vous comble de bonheur, NE LISEZ PAS CE LIVRE !

*J'emploie deuxième car selon certains que ne suit pas l'Académie, second, terme que je lui préfère, n'impliquerait pas de suite et que ce serait dommage.
** Pour parodier Raoul Glaber