Photo du coupable |
Décidément ma semaine aura été placée sous le signe de l’eau !
Je ne reviendrai pas sur la pluie qui
au moment où j’écris frappe, obstinée, à mes carreaux comme qui insisterait
pour qu’on la prie d’entrer ni sur la légère
fuite qui me fit passer tant d’heures inoubliables agenouillé sous l’escalier
mais évoquerai un triste corollaire de
mon installation d’eau au jardin.
Avant-hier, après avoir fixé au nez de mon nouveau robinet
extérieur un tuyau d’arrosage, je me mis
en devoir d’abreuver les plants de tomates et de courgettes qui venaient
de trouver leur place sous la serre. J’avais pour ce faire acheté un pistolet d’arrosage
multi-jets. Mes plants dûment arrosés, je regagnai mon humble logis puis dinai.
C’est ensuite que se produisit un phénomène étrange : alors que je
nettoyais des casseroles que le lave-vaisselle déjà plein n’aurait su
accueillir, je notai qu’au lieu du jet vigoureux et abondant qui s’échappe d’ordinaire
du mitigeur, ne s’en écoulait plus qu’un timide filet d’eau. Baisse de pression
dans le réseau diagnostiquai-je. Je constatai ensuite que le lave-vaisselle, du
fait du manque de pression, se montrait rétif
à accomplir sa tâche. Pensant à quelque facétie de sa part (il a ce côté
farceur de l’Allemand que nos aînés ont peu apprécier lors des trois derniers
conflits), j’avançai d’un cran le programmateur
qui s’entêta ensuite à demeurer immobile. « Qu’importe me dis-je, la nuit portera conseil tant au réseau qu’à
l’appareil ménager, allons nous reposer… »
La nuit passa. Au matin, lorsque je fis couler de l’eau pour
mon café, ce ne fut encore qu’un filet d’eau qui condescendit à s’écouler. « Mazette, m’écriai-je (in petto,
cependant), ça sent la grosse panne ! » A tout problème sa solution : j’allais
en ce week-end de pont tenter l’inconcevable : contacter le syndicat des
eaux. Je composai donc, sans grand espoir, le numéro dudit bureau lequel ne tient que deux journées de
permanence et jamais le vendredi. Je tombai bien sur un répondeur, mais au lieu
de me conseiller de rappeler aux heures d’ouverture, il m’annonça que j’allais
être redirigé vers un service d’accueil. La musique d’attente passée, une
charmante dame décrocha. Je lui décrivis mon calvaire. Elle s’enquit du
département où se trouvait ma demeure : j’étais arrivé à une plate-forme
au moins régionale et non au service cantonal de l’eau. Je donnai toutes les
coordonnées nécessaires après quoi la gentille personne m’assura qu’elle
transmettait mon appel au secours au service compétent et qu’un zélé employé
viendrait sous peu mettre un terme à mes misères.
C’est alors que me vint une idée : je ne pouvais être
le seul à manquer de pression. Mon voisinage devait partager l’épreuve.
Saisissant à nouveau mon plus beau téléphone j’appelai cet enfoiré de
mon voisin. Sa femme me répondit qu’ils n’avaient aucun problème et que son
mari venait de prendre une bonne douche avant de partir au travail. J’en
conclus que le problème trouvait son origine chez moi. Au cours des récents
travaux de terrassement, ma conduite se serait-elle trouvée endommagée par la
pelleteuse ? Je me ruai tremblant vers le compteur, en ôtai le couvercle
et vis à mon grand dam que l’aiguille du coquin jouait au ventilateur tandis
que le tuyau tremblait au passage d’un flot continue de liquide. L’âme en proie
au désespoir, je fermai le compteur afin que les frais s’arrêtassent. Il y avait donc fuite et même grande fuite. C’est
alors que je me souvins de mon arrosage de la veille. Avais-je dûment coupé le
robinet ma tâche accomplie ? J’allai voir. Le doute fut dissipé : sous la pression,
le collier qui maintenait le tuyau au nez du robinet avait cédé, des traces
incontestables montraient qu’un puissant flot s’en était échappé. Mon
étourderie (jointe à la faiblesse de la fixation) était à l’origine de mes
malheurs. Je recontactai le service des
eaux pour signaler que j’avais résolu mon problème (il n’aurait plus manqué à
la perfection du tableau qu’un déplacement intempestif d’une équipe me fût
facturé !). Puis, je relevai le
compteur. Confrontant ce relevé à ma précédente facture, je vis que ma
consommation sur la même période avait plus que doublé et qu’au cours de la
nuit et dans la matinée plus de vingt mètres cubes étaient allés abreuver une
terre pourtant déjà détrempée…
Qu’importe, je pouvais prendre ma douche avant de descende
faire mes courses et mettre en marche le lave-vaisselle. Ce que je fis. De retour du village, je
trouvai qu’en se vidangeant l’appareil ménager produisait de curieux borborygmes. Puis vint le
son caractéristique de l’eau tombant sur le carrelage, accompagné d’une mare s’épanchant
dans la cuisine. Je désencastrai la bête, démontai le siphon que je croyais
bouché : rien. Je remis le siphon en place, fis couler de l’eau dans le
conduit qui la laissa s’écouler sans problème. Comment alors expliquer ce
débordement intempestif ? Mystère. Après avoir épongé, profondément
enfoncé le tuyau d’évacuation, je remis l’animal en place. Ainsi s’achevèrent
(du moins je l’espère) mes mésaventure aquatiques d’une semaine incontestablement
placée sous le signe de l’eau….
La Normandie est humide mais si vous en rajoutez ...
RépondreSupprimerAvez-vous pensé à un récupérateur d'eau de pluie. J'en ai installé un sur deux gouttières et j'ai largement assez d'eau pour les arrosages.
Bon courage!
J'y pense, mais vu qu'ici le mètre cube ne coôute qu'un Euro cinquante, je m'interroge sur la rentabilité de l'entreprise...
SupprimerIci aussi, le ciel fuit -- et il pleut.
RépondreSupprimerDois-je apeler le service compétent?
M. Hollande ?
SupprimerAu moins, maintenant, vous savez que votre voisin prend une douche avant de partir travailler : c'est l'aspect réconfortant de la chose.
RépondreSupprimerSinon, il nous est arrivé exactement la même chose il y a une vingtaine d'années, dans notre maison du Loiret. Nous, c'était le gel qui avait fait exploser le robinet extérieur.
L'hygiène corporelle du voisin est pour moi un souci constant.
SupprimerAmusantes expériences et qui rendent prudent...
Ayant une baignoire, un lavabo et un lave-mains (robinetterie et évacuation inclus) à poser, à partir de dorénavant et ce dès de tout de suite, je ne rirai plus de vos déboires plombiers. Je boirai vos récits comme votre potager s'abreuve de...
RépondreSupprimerHum. Enfin, il me reste saint Eloi.
Bon courage et bonnes prières...
SupprimerElle est trop tentante pour que je la fasse.
RépondreSupprimerDans nos campagnes cévenoles où vaquent des ruraux de moyen QI, chaque robinet d'extérieur est fixé au-dessus d'une pile, au pied de laquelle on pose des pavés (c'est propre et on entend l'eau déborder). Au nord de l'Aigoual, on appellerait ce dispositif un lavoir à tube-bonde.
La pile recueille les égouttures de puisage et d'éventuelles fuites. On peut y mettre le tube d'aspiration d'une pompe quand elle est pleine. Il y en a de toutes les tailles.
Photo : http://www.rcbcarrelages.fr/images/jpg/p1-produits-129.jpg
Ce sont les Romains qui fixèrent le principe d'aucune arrivée d'eau sans vasque de contrôle. Ces mecs inventèrent aussi la maçonnerie agrafée sans ciment. Des trucs que vous n'aviez pas, vous, dans les drakkars !
C'est bien beau, mais une vasque de plus de 20 mètres cubes...
SupprimerHistoire d'eau sans un bout de chair dénudée, un exploit!
RépondreSupprimerJe suis pudique, que voulez-vous...
SupprimerQue d'eau que d'eau ! vous devriez planter une rizière à la place des tomates
RépondreSupprimerL'idée est à creuser...
SupprimerJe vous souhaite bien sincèrement que cet épisode soit terminé, c'est trop affreux à vivre...
RépondreSupprimerIl semble que ce soit terminé. Merci pour votre sympathie !
SupprimerEt c'est bien pourquoi je reste encore et toujours extrêmement réticent à aborder les activités plombières...
RépondreSupprimerPopeye