Il n'y a pas que les brebis pour être galeuses!
Je
ne dirai jamais assez de mal des écolos urbains qui vous parlent
d’une nature bienveillante au sein de laquelle régnerait un
équilibre harmonieux auquel il ne faudrait sous aucun prétexte
toucher. C’est une ânerie totale. Cet équilibre merveilleux n’a
que le défaut de n’avoir jamais existé. Même au sein de notre
nature « domestiquée » d’aujourd’hui les maladies font rage et on constate de
soudaines pullulations. Pour ce qui me concerne, cette année, j’en
ai constaté deux.
D’abord,
en Normandie, j’ai assisté à celle des escargots. Ces animaux
sont appréciés de certains à la conditions qu’ils aient
auparavant effectué un stage au four dûment accompagnés de beurre
aillé. Ce n’est pas le cas du jardinier qui, comme ce fut mon cas,
les voit totalement ravager ses planches de haricots. Pourquoi,
cultivés au même endroit l’an dernier, les gastéropodes ne leur
avaient-ils occasionné aucun dégât ? Il se trouve que, pour
une raison ou pour une autre, ces sales bêtes ont connu cette année
une expansion démographique galopante. Je m’en suis aperçu un
soir pluvieux où, la nuit tombée, allant faire un tour au jardin,
j’entendis sous mes pas le craquement de leurs coquilles. Il y en
avait partout.
En
Corrèze, alors qu’un soir, avec ma fille et son chevalier servant,
nous dînions sur la terrasse, nous vîmes courir sur la table une
bestiole que je pris d’abord pour une araignée. Ensuite nous en
aperçûmes une autre et, lui ayant fait un sort (tout insecte
s’aventurant dans mon environnement immédiat doit s’attendre à
une triste fin) nous constatâmes qu’il semblait s’agir d’une
sorte de cafard. De très petite taille, certes, mais d’un cafard.
Je n’en avais jamais vus de tels en Limousin ou ailleurs. En ayant
remarqué quelques uns dans la maison et craignant une invasion, ma
fille se mit en quête d’un moyen de les éliminer et revint des
courses avec des pièges à cafards. Nous en plaçâmes dans toutes
les pièces et constatâmes à notre moyen dam (le dire grand serait exagéré) que ces pièges ne semblaient pas attirer les
bestioles. Finalement, nous eûmes la clé de l’énigme : il
ne s’agissait pas de cafards atteints de nanisme mais d’une
espèce non domestique à laquelle il n’arrive qu’occasionnellement
de pénétrer dans les maisons. Pourquoi s’étaient-il mis à
pulluler ? Mystère !
Les
maladies des légumes ne plaident pas non plus en faveur de la
bénignité de Dame Nature. Ainsi, certaines de mes tomates se virent
atteindre par une maladie bizarre les incitant à pourrir. Il ne
pouvait s’agir du mildiou, lequel vous détruit tous vos plants en
un rien de temps n’épargnant aucun fruit. Une année, en
Eure-et-Loir, alors que j’en avais planté soixante pieds le
mildiou réduisit ma récolte pourtant prometteuse à néant. Ce qui,
reconnaissons-le, est bien peu. Les dégâts furent, cette année
réduits. Il faillit ne pas en aller de même pour mes pommes de
terre. J’hésitai entre les récolter quand les tiges seraient entièrement fanées ou le faire auparavant vu que, suite à un mois d’avril
exceptionnellement doux le mûrissement des récoltes était précoce.
Impatient, je les arrachai et constatai que les taches que
présentaient déjà les tubercules précédemment prélevés étaient
allées grandissantes. Deux patates présentaient même des sortes de
cavernes et un début de pourrissement. Renseignement pris, il
s’agissait d’une attaque de gale de la pomme de terre, maladie
bactérienne contre laquelle on ne peut pas grand-chose et qui
présente le désavantage de rendre une récolte invendable à cause
de son aspect si récoltée à temps et de la détruire totalement si
elle est tardive. Une fois hors de terre, les dommages cessent.
Malgré
tout, je m’entête à ne pas traiter, non par conscience
écologique, mais par goût des produits naturels que j’obtiens
cependant et dont je me régale en saison sans avoir à leur faire
prendre une douche. Si je voulais des légumes traités, j’en
trouverais dans n’importe quel supermarché. Seulement, les
artichauts, haricots verts, tomates, courgettes et pommes de terre
qu’on y trouve, « bio » ou pas, ont des goûts si
différents de ceux que j’obtiens qu’on se demande s’il n’y a
pas tromperie sur la marchandise...