dimanche 29 novembre 2020

Assimilation

 



Je suis d’origine bretonne. Surtout du côté de ma mère et de mon père, tous deux nés dans le Trégor, l’un sur la côte (Armor) l’autre dans les terres (Argoat) Tous deux parlaient couramment le breton dans sa variante trégoroise. A une différence près : chez mon père on ne parlait en famille que cette langue tandis que du côté maternel on s’exprimait en français du fait que la famille avait recueilli un certain M. Le Fustec (nom de jeune fille de ma mère) qui, retraité et à la recherche de ses racines leur était un jour arrivé de Paris. Bien qu’il ne fut pas vraiment apparenté à mon grand-père, celui-ci lui loua la petite maison adjacente à la sienne et il prit ses repas « en famille ». Par politesse, vu qu’il ne parlait pas un traître mot de breton, on n’utilisa dès lors que le français en sa présence.

Autre différence : mes grands parents maternels parlaient bien français. Le grand-père avait son Certificat d’études ! Du côté de mon père, c’était moins brillant. Je crains qu’ils n’aient pas fréquenté l’école et leur français était approximatif. Quoi qu’il en soit, ce fut à l’école que mon père rencontra le français et que ma mère peaufina le sien. Savoir très utile car les vicissitudes de la vie firent qu’à la fin des années quarante ils se virent contraints de quitter leur pays natal pour s’installer à Paris puis dans sa banlieue.

Pour eux, toutefois, ce fut ressenti comme un exil temporaire. Seule la Bretagne comptait. On fréquentait ceux de la famille qui avaient émigré, d’autres exilés de leurs villages, on allait en vacances en Bretagne, on fréquentait la Mission bretonne de Paris, on était abonné à La Bretagne à Paris et surtout, surtout, le temps de l’exil terminé, on retournerait y vivre. On y fit bâtir d’abord une maison de vacances puis une maison pour la retraite. On réalisa ce rêve de retour au pays. Ce fut une déception pour ma mère car entre un pays rêvé et le pays réel, il existe pour le moins des nuances.

Et moi là-dedans ? Tout d’abord, bien que né en proche banlieue, à cause de l’exiguïté du logement, on m’expédia jusqu’à mes deux ans et demi en nourrice chez une amie de ma mère, dans son village natal. Il paraît que j’en revins parlant français (avec un fort accent breton) mais aussi, selon la grand-tante qui avait accompagné mon retour en train, le breton. Il faut croire que le changement brutal de famille et d’environnement fut fatal à ce dernier savoir car je n’en conserve aucun souvenir. Chez nous on ne parlait que français. Le breton était réservé aux échanges houleux dont mes parents ne désiraient pas que nous connaissions la substance. Leur code secret, en somme. Du coup, en dehors de quelques dizaines de mots, je n’en connais rien.

En dehors du début des années soixante-dix où souffla un fort vent de « bretonnitude » (Tri Yann, Glenmor, Stivell, Servat ; succès en librairie du « Cheval d’orgueil » de Per-Jakez Hélias, etc.) et où mon entourage d’alors s’y prêtait, mon sentiment d’appartenance à la Bretagne alla s’étiolant au fil du temps. Ma mère mourut en 84, entraînant la fin des Noëls en famille. En dehors de quelques séjours dans notre maison de vacances, mes visites se firent de plus en plus rares. La maison vendue, le décès de mon père y mit fin. Mis à part quelques visites touristiques à Dol-de-Bretagne et à Saint-Nazaire où réside mon frère aîné, je n’ai depuis pas mis les pieds en Bretagne et jamais dans le Trégor.

Je ne me sens plus que Français. Je suis assimilé. Quand on me demande d’où je suis je réponds « de nulle part » faute de pouvoir dire « de France » ce qui ne renseignerait aucunement mon interlocuteur vu qu’il s’en doutait probablement déjà (en dehors des Anglais qui ont tendance à me croire Néerlandais quand je parle leur langue).

Je pense que ce phénomène d’assimilation est très fréquent chez les immigrés de l’intérieur de deuxième génération. Combien, du fait de leur sédentarité, de Le Braz, de Le Guen, de Le Fur, de Piriou, se déclarent Parisiens, Marseillais, voire même Normands ? Ayant mené une vie plutôt errante de pays en pays, de province en province, je ne me reconnais que dans la France, plutôt celle du Nord-ouest si l’on excepte mes escapades limousines. Je m’y sens chez moi. 

Depuis plus de neuf ans, je vis en Normandie. Je pourrais y demander ma naturalisation mais ce serait tricher car je ne me sentirai jamais Normand. Pas plus que Breton, Sénégalais, Anglais, Eurélien, Limousin, Tourangeau ou Berrichon. Je suis Français, de langue et de culture, j’aime la France : c’est tout.

mercredi 25 novembre 2020

Le macron : un NAC bien ennuyeux.




Voici plus de 3 ans, une majorité de Français a choisi d’adopter un macron. Il faut dire que leur choix était réduit : entre un macron propre sur lui, bien coiffé, qui dit bonjour à la dame et sa compétitrice présentée comme un croisement entre un tigre mangeur d’homme et un diable de Tasmanie qui en plus de perdre pied en économie n’avait aucune idée précise sur l’aménagement des accotements du chemin vicinal 58 qui relie Vazy-en-Bérouette à Trifouilly-les-oies (toutes question sur lesquelles un NAC digne de ce nom, comme un chef d’État se doit d’avoir des convictions) comment hésiter ?


Hier soir, j’ai regardé et entendu notre macron qui pour la énième fois s’adressait à ses maîtres. Je n’ai pas de poisson rouge, mais je crains que ceux qui n’ont pas pris la précaution d’éloigner le leur du poste n’aient pu ensuite que constater sa noyade. Dieu qu’il est soûlant ! Quel charisme d’huître! Il a tant causé de choses et d’autres qu’à la fin je n’ai rien retenu des mesures annoncées.


Plus j’y pense et plus je me dis que l’adopter n’a pas été une bonne idée et qu’il serait grand temps de s’en séparer. Avec le temps, il trouvera bien preneur...

dimanche 22 novembre 2020

Délires parlementaires (2)

 M. Christophe Euzet n’est pas (lui non plus) n’importe qui. Élu député LREM de l’Hérault en 2017, il vit la lumière en 2020 et rejoignit le groupe Agir ensemble en 2020 tout en restant dans la majorité (mouvement subtil !). Auparavant, il était Maître de conférence en droit public à l’université de Perpignan, ce qui n’est pas rien et devait faire la fierté de ses vieux parents.


Homme d’action et de courage, il a pris la tête d’une croisade contre la glottophobie, un des fléaux principaux qui ravagent notre pauvre République. Peut-être ignorez-vous ce qu’est la glottophobie ? Je ne saurais vous en tenir rigueur vu que je n’en ai appris le sens qu’hier matin. Il s’agit de la discrimination par l’accent et non de la peur irrationnelle que provoquerait la diffusion des films de Marcel Pagnol. M. Euzet a donc présenté mercredi dernier à la commission des lois de l’Assemblée Nationale un projet de loi visant à lutter contre cette calamité. Selon ce Perpignanais de naissance, beaucoup de Français ne se sentent pas représentés du fait que les accents régionaux sont bannis des sphères publique et médiatique.


Il est indéniable qu’au contraire, par exemple, du Royaume-uni, en France les présentateurs de télé ou de radio ou les politiciens parlant avec un accent régional sont rares. A cela, plusieurs raisons : d’une part, la France est un état jacobin centralisé et partant, tend à encourager une prononciation standard de sa langue. De ce fait, les accents régionaux tendent à disparaître. Ma mère parlait avec un accent breton assez prononcé. Ceux de mes cousins restés en Bretagne l’avaient (comme la langue bretonne) totalement perdu. A la fin des années soixante, en Eure-et-Loir, il me fallait parfois tendre l’oreille pour comprendre certains vieux du Perche. J’ai pu également constater en Corrèze une forte atténuation voire une quasi-disparition de l’accent entre mon premier séjour en1990 et ces dernières années. C’est peut-être bien triste mais d’un autre côté la disparition des accents et des patois qui les accompagnaient facilite la communication entre les gens de différentes régions. Pour revenir au Royaume-Uni, s’il est compris par tous, l’« Anglais de la reine » (celui qu’on enseigne avec le succès que l’on sait dans nos écoles) ne serait pratiqué que par environ 10 % de la population. Un Cockney a bien du mal à comprendre un Glaswegien ou un gars de Newcastle (qui le lui rendent bien). Les présentateurs et autres politiciens « à accent » n’en pratiquent donc qu’une version légère et intelligible de ses concitoyens.


Pour conclure il me semble que le combat d’arrière-garde de M. Euzet et celui d’avant-garde de M. Rebeyrotte montrent à quel point la majorité qui nous gouverne est préoccupée par des sujets fondamentaux et que nous ne pouvons qu’avoir confiance en leur capacité à faire naviguer en toute sécurité le char de l’État sur le volcan moderniste.


J’attends avec impatience le jour ou une présentatrice issue de la diversité, lesbienne ou transgenre, bègue et dotée d’un fort accent des hautes vallées béarnaises, pourra enfin présenter les actualités dans la novlangue de Mme Nakamura, renforçant ainsi la cohésion nationale comme le prestige mondial de la langue française.

samedi 21 novembre 2020

Délires parlementaires (1)

 M. Rémy Rebeyrotte n’est pas n’importe qui. La preuve : il est député LREM de Saône-et-Loire depuis 2017. Entre 2001 et 2017, avant de voir la lumière macronienne, il fut maire socialiste d’Autun. Diplômé de Sciences-po, titulaire d’une maîtrise d’économie politique obtenue à l’Université Panthéon-Sorbonne, ses multiples compétences ne s’arrêtent pas à ces domaines : c’est également un distingué linguiste ( de l’école rosaellienne*). A ce titre, il a tenu à l’Assemblée Nationale les propos qui suivent :


“Face aux anglicismes, nous avons intérêt nous aussi à réinventer en permanence notre langue. Quand je vois des jeunes comme Aya Nakamura qui aujourd’hui par sa chanson est en train de réinventer un certain nombre d’expressions françaises, ça me paraît absolument remarquable, c’est-à-dire qu’elle est en train de porter au niveau international de nouvelles expressions et évolutions de la langue.” 


Vous ne connaissez peut-être pas Aya Nakamura. Je vous pardonnerai d’autant plus volontiers cette lacune qu’hier soir encore j’ignorais son existence. L’enthousiasme d’un élu de la république pour la créativité linguistique de Mme  Nakamura ne pouvait que piquer ma curiosité aussi googlai-je son nom pour voir ce qu’il en était et suis tombé sur le colossal chef d’œuvre, intitulé « Pookie**» que vous trouverez ici.  J’avoue, même aidé par les sous-titres n’y avoir rien compris. Il est vrai que, selon M. Rebeyrotte, la jeune Aya «  est en train de porter au niveau international de nouvelles expressions et évolutions de la langue. »   et qu’il n’a rien dit de leur intelligibilité au niveau national. En voici un extrait : 


« Ah, depuis longtemps

J'ai vu dans ça, depuis longtemps

Toi t'es bon qu'à planer

Ouais, je sens t'as l'seum, j'ai la boca

Entre nous y'a un fossé

Toi t'es bon qu'à faire la mala

Bébé fait du sale, allô allô allô

Million d'dollars, bébé tu vaux ça

Bébé fait du sale, allô allô allô

Million d'dollars, bébé tu vaux ça

J'suis gang, hors game

Boy ne joue pas, bang bang bang

J'suis gang, hors game

Boy ne joue pas, bang bang bang

Blah blah blah d'la pookie

Ferme la porte, t'as la pookie dans l'side

Blah blah blah d'la pookie

Ferme la porte, t'as la pookie dans l'sas

Pookie, pook-pook-pookie

Ferme, ferme la porte, t'as la pookie dans l'side

Pookie, pookie, pookie

Ferme la porte, t'as la pookie dans l'sas, etc »

(Je vous épargne le reste)


C’est peut-être un peu répétitif, un brin obscur, mais au risque de contredire M. Rebeyrotte, « ces anglicismes qui nous ont fait tant de mal »,  pour parodier un Maréchal qui connut une notoriété certaine au siècle dernier, n’en sont pas totalement absents comme en témoignent les mots  gang, game, side et l’expression « million d’dollars, bébé » traduction littérale de « Million dollar baby ».  Que voulez-vous, nul n’est parfait, pourquoi La Bonne Aya et l’excellent Rémy le seraient-ils ?


* Les fidèles comprendront

** Du Rom « poucave », fayot, cafteur, cireur de botes, ou vil dénonciateur

jeudi 19 novembre 2020

Coup de folie !


Je me plais à regarder des émissions telles que « Faites entrer l’accusé » ou « Héritages ». Non par je-ne-sais-quel goût du morbide ou parce que les faits qu’elles relatent provoqueraient en moi une quelconque indignation face à l’état de la société. Seule une froide curiosité m’y pousse. Voir des gens se livrer à des meurtres voire des assassinats pour des motifs souvent dérisoires m’intrigue toujours.


La passion d’Arsène pour les courses de bourrins rend ses fins de mois difficiles, il assassine sa vieille mère afin d’en hériter. Le mari de Gisèle la trompe éhontément, elle le tue à coups de fourchette à huîtres avant de le découper en morceaux qu’elle congèle. Ce faisant ces braves gens se retrouvent face à une cour de justice qui les condamne à X années de prison dont ils ressortiront pour le premier sans s’être mis à l’abri du besoin et la seconde sans risquer de se retrouver à nouveau trompée. Visiblement, ils n’ont pas choisi la meilleure des solutions à leurs problèmes.


Confrontés aux mêmes soucis, la plupart des gens réagissent de manière plus raisonnable car sinon la question du surpeuplement de la planète serait vite réglée. Je ne peux que ressentir, en dehors d’une certaine peine pour leurs (plus ou moins) innocentes victimes et leurs proches un brin de pitié pour les bourreaux. Pour éviter l’inconfort, ils ont, comme dirait l’Anglois, « sauté de la poêle dans le feu » . Ce qui n’est pas très malin.


Ces considérations hautement morales me sont inspirées par un procès qui se tient actuellement et passionne les media et peut-être même les foules, celui d’un mari ayant sauvagement occis madame son épouse avant de tenter de brûler son corps. Pour tout arranger, ledit individu, une fois la disparue retrouvé avait, en compagnie de ses beaux parents montré la plus grande affliction et crié vengeance avant d’avouer son terrible forfait. Du coup, aux yeux de beaucoup, il est passé du rôle de mari modèle éploré et de gendre parfait à celui de monstre odieux.


Il me paraît évident que si ce meurtre a eu lieu, ce n’est pas qu’en rentrant d’une journée chez ses beaux-parents en compagnie de sa délicieuse épouse, ce monsieur, ne sachant pas pas trop quoi faire de sa soirée, s’est dit que massacrer sa moitié d’orange avec qui il s’entendait si bien serait une manière agréable de sortir de la routine. Il est très probable que quelque incident soit venu perturber la paix de ce couple sympathique. On peut même envisager que, sous des dehors parfaits l’harmonie entre les deux tourtereaux était loin d’être toujours totale. La défense des parties civiles tentera sans doute d’accabler le mari tueur, celle de ce dernier de mettre en doute l’angélisme de la victime. C’est de bonne guerre.


Le problème c’est qu’en dehors du prévenu (qui, selon le proverbe, en vaudrait deux), il n’existe aucun témoin de la scène et que par conséquent on ne saura jamais avec certitude le détail de ce qui s’est passé. Quel que soit l’élément déclencheur, force est de constater que l’homme a totalement perdu pied et, pris de folie meurtrière, s’est acharné sur sa victime. A partir de ce moment, il s’est trouvé pris dans une spirale d’autant plus infernale qu’il n’avait pas le courage d’avouer son forfait. D’où tentative de détruire le corps. Ensuite, vu les rapports étroits qui l’unissaient à sa belle-famille, que pouvait-il faire sinon pleurer (Sur lui-même ? Sur la perte de sa compagne ? Sur sa vie brisée ? Sur l’horreur de son crime ? Allez savoir…) ? Pouvait-on l’imaginer dire sur un ton blasé après la découverte du corps « Bah, c’est pas la première joggeuse qui se fait assassiner, c’est la faute à pas de chance ?  Elle s’est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, c’est tout.» Bien sûr, son retour sur ses aveux, ses accusations de complot familial ne jouent pas en sa faveur et témoignent d’un esprit pour le moins perturbé. Mais pour en venir à tuer son épouse ou toute autre personne de son entourage sur un coup de colère, quelles qu’en soient les raisons, n’est-on pas, au moins temporairement, dérangé ?


J’avoue être troublé par ce genre d’affaires. Qui peut dire qu’un être capable de perdre tout contrôle est à l’abri d’une rechute ? Qu’une peine de prison, si sévère soit-elle, qu’un traitement psychiatrique ou que l’association des deux seraient en mesure de le régénérer ? Personnellement je n’en sais rien et me réjouis, vue mon incapacité, de n’avoir pas à en juger et que cette obligation sociale soit remplie par d’autres aux idées mieux arrêtées.


mercredi 18 novembre 2020

Merco ou pas Merco, telle est la question oiseuse.

Je n’aime pas vraiment les voitures. De temps à autre, cependant, me vient l’envie d’en acquérir une belle. Ainsi ai-je un temps été au début des années 80 l’heureux propriétaire de deux 604 puis d’une Mercedes 230 e et plus récemment d’une superbe Daimler XJ 40. Le seul problème, c’est qu’au contraire du fan de bagnoles, bichonner mes carrosses ne m’intéresse pas et que l’attrait que je leur trouve tend à vite s’étioler.


Je viens de traverser ce qui fit que ma fille, lorsque je lui déclarai avoir trouvé en une Cadillac Bsl la voiture de mes rêves, me répondit « Revoilà une phase maniaque qui se profile ! » prouvant ainsi sa bonne connaissance de son animal de père. Il faut dire que je sortais tout juste de la crise d’enthousiasme fébrile qu’avait suscité en moi un cabriolet Mercedes SLK 200 Kompressor :

 


Pas mal,non ? Seulement, pour un gars de 70 ans un brin corpulent, j’ai craint qu’il ne me faille un chausse-pied pour y entrer et un palan pour en sortir. Ainsi s’évapora le rêve…


Plus berline que coupé mais coupé quand même, je tournai mes regards vers une CLS CDI :



Je fus même sur le point d’en acheter une samedi soir, l’ayant marchandée à un prix correct. Seulement, celle-ci se trouvait en région parisienne, et, confinement aidant, la récupérer posait problème. Je proposai donc à son aimable vendeur turc de me la réserver moyennant acompte. Il s’en trouva d’accord moyennant un virement de 300 €. La somme me parut trop dérisoire pour être honnête et quand il m’envoya son RIB ayant googlé son nom et adresse, je vis que sa société était domiciliée à Saint-Denis , 93, dans ce qui ressemblait plus à une boîte aux lettres qu’à un garage. J’ai beau avoir une confiance infinie dans mes semblables, pigeon déjà plumé redoutant l’arnaque, je ne donnai pas suite. Décision d’autant plus sage que, vérification faite je m’aperçus que cette belle automobile était trop longue pour entrer dans mon garage. L’expérience m’ayant appris à quel point une Mercedes attire le vandale, la laisser dans ma rue me parut hasardeux.


J’abandonnai ce modèle et me tournai vers un moins long, une classe E, bien moins tentante. Mais de Merco en Merco l’enthousiasme fit place au scepticisme : pourquoi cette marque ? Parce que son entretien en est hors de prix ? Parce que sa fiabilité est plus légendaire que réelle ? Pour une esthétique qui ne saurait manquer de me lasser ? Pour un « prestige » dont je me bats le coquillard ?


Foin des voitures de prestige, après tout pourquoi ne pas se tourner vers une Française moins glamour mais fiable et robuste ?  Une Peugeot 508, par exemple ? N’importe comment, tant que nous serons confinés et qu’une occasion en or ne se présentera pas à deux pas de chez moi, tout ça relève de la spéculation. Sans compter que mon vieux break 407 me donne entière satisfaction et pour ce qui est d’apporter déchets végétaux et autres à la déchetterie bien mieux adapté qu’un coupé ou une berline  si élégants soient-ils.



jeudi 12 novembre 2020

Que faire face à la situation dramatique que nous vivons ?

 

La situation est grave, très grave même. Une large majorité de Français tremble. La perspective de voir un vaccin venir les priver de ces confinements qu’ils aiment tant leur fait perdre tout espoir. La consolation que le vaccin pourrait avoir des effets secondaires désastreux est bien maigre. Désorientés, nombre de nos concitoyens se demandent que faire, cherchent en vain un semblant de lueur au bout de ce tunnel sans fin qu’est devenu leur vie. Que faire ? Que faire ? Que faire ?


J’ai une réponse : DU PÂTÉ !


Vous prenez de la gorge de porc, de la poitrine et de l’échine du même métal. Vous désossez, découennez et coupez en morceaux. Ces morceaux, vous les placez dans un saladier contenant une marinade composée de cognac, de porto, d’ail, d’oignon, d’échalote, de thym de laurier et d’estragon puis vous mettez au réfrigérateur pour la nuit :


Le lendemain matin, après un petit déjeuner copieux, vous passez le tout au hachoir à main (ou électrique) muni d’une grille à gros trous (10 ou 12 mm). Vous ajoutez à votre viande ce qu’il faut de sel et de poivre, un peu d’arôme Maggi, deux œufs et un bouquet de persil haché :


Vous mélangez bien puis vous placez cette préparation dans un moule :


Ayant préchauffé votre four à 110° C, vous laissez mijoter entre 4 et 5 heures avant d’en sortir ce beau pâté bien doré :


Lorsqu’il aura refroidi, après un séjour d’un jour dans votre réfrigérateur, vous pourrez déguster ce succulent pâté. Vu que le mien pèse environ 1,5 kilos et que je ne connais pas les ineffables joies qu’apporte une famille nombreuse, en venir à bout prendrait du temps. Qu’à cela ne tienne : vous pouvez le découper en tranches et le congeler. Ainsi vous profiterez longtemps de ses vertus anxiolytiques et verrez sans trop d’angoisse se profiler le déconfinement ou toute autre catastrophe (allocution présidentielle, retour de l’être aimé, chute brutale et/ou massive des dents et/ou des cheveux, etc.). 

Vous trouverez la recette détaillée ici

jeudi 5 novembre 2020

Petits commerces et grande distri

Je suis pour la réouverture des petits commerces. 8 ans durant j’ai été commerçant indépendant en moyennes surfaces et en libre-service. J’ai connu les affres que l’on traverse quand on voit son gagne-pain, pour une raison ou pour une autre, devenir un gouffre financier qui engloutit tout ce qu’on a et surtout ce que l’on a pas, la peur qu’engendre la perspective de se retrouver sans emploi, sans indemnités aucunes, couvert de dettes, sans avenir imaginable. Certes, comme de toute expérience, on en tire des leçons. Ça renforce même à condition de s’en sortir et de ne pas se retrouver indéfiniment contraint à une vie misérable.


C’est pourquoi je trouve inadmissible que des confinements à répétitions suivis d’une molle reprise limitée par des protocoles d’accès viennent inéluctablement mener à la ruine un nombre immense de petits commerçants et les plonger, avec leur famille, dans des années de misère voire les amener à des gestes de désespoir. Surtout que leur rôle dans la propagation du virus me semble plutôt négligeable, au moins en dehors des centres urbains où les clients ne se bousculent pas et où les rues commerçantes sont loin d’être encombrés par des foules nombreuses.


Plutôt que de les rouvrir, le gouvernement qui n’en rate pas une à préféré interdire à la grande distribution de vendre des produits qui ne seraient pas de première nécessité (concept on ne peut plus flou). Ainsi, plus de textile, de vaisselle, de livres, de jouets chez MM. Leclerc, Carrefour, Lidl et consorts. Afin d’empêcher une concurrence déloyale, nous dit-on. C’est stupide, car voyant leurs chiffres baisser, les grandes surfaces mettront une partie de leur personnel en chômage partiel. Sans compter que si, comme c’est très probable, cette situation se prolonge bien au-delà du 1er décembre, seuls MM. Amazon, Cdiscount et autres Rakusen obtiendront un monopole de fait du vêtement, des jouets, de la vaisselle et de bien d’autres choses. On pourrait, en poursuivant la logique gouvernementale, interdire ces ventes au e-commerce, ce qui entraînerait encore plus de chômage et une baisse des rentrées de TVA.


Plutôt que de tout interdire, ne vaudrait-il pas mieux tout autoriser et faire confiance au civisme ? N’importe comment, ceux qui en manquent ne se gêneront pas pour contourner les interdictions.


Ce n’est pas par amour du petit commerce que je dis ça. En fait, je suis un inconditionnel de la grande distri et ni le sourire commercial des boutiquiers ni leur conversation n’ont d’attraits pour moi. Je fais toutes mes courses en grandes et moyennes surfaces, généralistes ou spécialisées et ce qu’ils ne proposent pas, je me le procure sur le Net. A cela plusieurs raisons : Les centre-villes où sont les boutiques posent des problèmes de parking, je ne suis pas intéressé par le lèche vitrine, j’ai horreur que l’on vienne m’importuner sous prétexte de m’aider dans mes choix, et les prix et les promotions sont y sont nettement plus intéressants. Je laisse donc le plaisir des boutiques aux badauds et à ceux qui apprécient le « contact humain » qu’on y trouve. Leur fermeture ne me gène en rien, je ne vois cependant aucune raison valable pour qu’on les assassine.

lundi 2 novembre 2020

Va te faire vacciner chez Plumeau et autres billevesées

Je n’ai pas cette merveilleuse faculté de me précipiter dans un commerce en cas de menace de pénurie. J’ai tort. Ainsi ne me suis-je pas rué à la pharmacie le 13 octobre afin d’y retirer le vaccin antigrippal gratuit auquel me donne droit mon grand âge et mon état de santé. J’ai eu tort. Quelques jours plus tard, je me rendis à l’officine et m’entendis dire qu’ils étaient en rupture de stock. Un nouvel arrivage était prévu pour le 28. Seulement, le 28, je devais être en Corrèze et j’y étais. Le 30, à mon retour, je me rendis de nouveau chez le potard et il me fut annoncé que, certes,  une nouvelle nouvelle livraison avait eu lieu le 26 mais que celle-ci avait été immédiatement épuisée. On me précisa que les deux fournisseurs auxquels ils avaient recours n’en avaient plus et qu’aucune nouvelle livraison n’était envisagée. On me suggéra d’aller voir si par hasard d’autres pharmacies n’en auraient pas… Vu le contexte de confinement actuel et peu convaincu que les Sourdevalais soient les seuls à être stupides, je me voyais mal sillonner le département à la recherche de mon vaccin.  Je suppose qu’il en va de même partout en France aussi la campagne télévisuelle en faveur de la vaccination  me paraît s’inscrire dans le droit fil de l’actuelle efficacité gouvernementale.


Comment expliquer cette pénurie ? Parce que les années précédentes, peu de vieux se faisaient vacciner. Et puis avec le Covid, la panique s’est instaurée. Bien que n’en étant pas, je comprends que les trouillards aient eu peur, en plus du Covid de choper la grippe, ce qui les eût mis dans une position délicate. D’autant plus que rien ne les met totalement à l’abri, comme moi récemment, d’une pleurésie ni de milliers d’autres maladies….



Décidément, notre gouvernement est admirable. Il est à l’écoute de l’opinion : les petits commerçants qu’on a contraints à fermer boutique, n’étant pas dotés de l’esprit civique qu’on serait en droit d’attendre d’eux, au lieu de se réjouir de participer au combat sanitaire de la France, s’en émeuvent et crient à l’injustice quand ils voient que les grandes surfaces continuent à vendre des articles qui ne seraient pas de première nécessité.  Plutôt que de les autoriser à rouvrir, le premier ministre, droit dans ses bottes, a pris la décision salutaire d’interdire aux grandes surfaces de vendre ce qui n’est pas essentiel. Moi, je dis bravo !  Et je suis certain que MM.  Amazon, Cdiscount et autres Rakuten m’approuveront. A moins que ce louable esprit d’égalité  n’amène nos gouvernants à interdire à ces derniers toute livraison… Ça ne fera que quelques milliards de TVA en moins dans les caisses, on n’est plus à ça près. Et comme il est envisageable que le confinement se prolonge jusque et au-delà du 25 décembre, afin de sauver les meubles, ne pourrait-on pas envisager de reporter Noël à une date ultérieure, celle, par exemple où on pourra produire un vaccin qu’il sera, on peut l’espérer, possible de se procurer en pharmacie ?



Le shadokisme a connu ce matin un de ses plus beaux moments : après une minute de silence qu’on a craint de voir perturbée  par on ne sait trop qui, on a lu aux élèves du primaire la lettre admirable que M. Jules Ferry adressa en 1883 aux instituteurs. Discuter de son contenu n’est pas mon propos : on ne peut qu’admirer les écrits d’un homme qui a défendu avec zèle et vigueur la colonisation même si les bienfaits de cette politique sont parfois remis en question aujourd’hui. Ce qui provoque mon scepticisme, c’est que ce faisant on considère qu’aujourd’hui, un enfant de l’école élémentaire est en mesure de comprendre un texte écrit il y a 137 ans pour exalter la mission des enseignants et aucunement pour éveiller la conscience citoyenne des enseignés. La critique que j’adresserais à cette émouvante lecture est qu’elle me paraît inadaptée. Le rôle primordial tenu dans la consolidation d’une république encore mal établie par les « hussards noirs » ne me paraît pas faire partie des principaux centres d’intérêt d’un enfant de dix ans ou moins. Me reportant 60 ans en arrière, je crains que la lettre de ce Jules ait eu pour moi la même résonance qu’aurait eu celle d’un passage du De Bello gallico  (dans le texte) d’un autre Jules. 



Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? N’est-il pas évident qu’être incapable de comprendre des choses simples permet d’en dominer de plus complexes ?  Nous vivons une époque formidable où plutôt que d’offrir à l’enfant les outils de base nécessaires à  la formation ultérieure de son esprit on brûle les étapes et lui parle comme on ferait à un adulte réfléchi.  Les résultats de cette politique ne sont pas toujours très convaincants. 


dimanche 1 novembre 2020

De plus en plus fort !

 Le confinement, c’est bien. C’est même très bien. Mais est-ce suffisant ? Il faut croire que non. Ce matin, sur Facebook, j’eus la surprise de découvrir un lien posté par une ancienne collègue indiquant que dans sa grande sagesse madame la préfète d’Eure-et-Loir, département où je vécus pas loin de 20 ans, avait décidé l’obligation du port du masque dans les lieux publics sur l’ensemble du territoire qu’elle administre de manière magistrale (ou du moins on le suppose).


Bigre, m’écriai-je in petto, notre amie la Covid-19 (20,21,22,etc.) ravagerait-elle la Beauce,le Perche, les sept baronnies du Perche-Gouet et les mégalopoles de Chartres, Dreux, Châteaudun, Nogent-le-Rotrou ? Les rares habitants des communes de la Beauce profonde expectoreraient-il tant d’aérosols que l’air de leur vaste plaine en serait infesté ? Un coup d’œil à la carte que publie le journal Sud-Ouest sur la progression du Coronavirus en temps réel m’apprit que ce département était loin d’être parmi les plus touchés.


C’est alors qu’une angoisse me saisit : et s’il en allait de même dans mon département ? J’interrogeai M. Google sur la question et j’appris la terrible vérité : la préfecture de la Manche avait décrété le port obligatoire du masque dans l’espace public de tout le territoire à compter du vendredi 30 octobre. Et je n’en savais rien ! Ainsi en ce beau jour m’étais-je rendu à la pharmacie, à la banque et au bureau de tabac en ne mettant mon masque que juste avant de pénétrer dans leurs locaux ! Je m’étais donc comporté en délinquant et j’avais risqué 135 € d’amende à l’insu total de mon débordant gré !


Pour tenter de minimiser ma culpabilité, je dirai que je n’ai commis ce délit que sur les quelques mètres qui séparaient ma voiture de l’entrée des boutiques. En effet, sauf en cas de beau temps, je ne me déplace dans le bourg qu’en voiture car quand il pleut il est fréquent qu’il vente ce qui rend délicat l’usage du parapluie. De plus, dire que les rues de Sourdeval sont noires de monde serait exagéré. Par exemple, en ce dimanche matin, vers onze heures trente, la curiosité m’a poussé à jeter un œil dehors, histoire de contempler la foule qui ne manquerait pas de se ruer vers les commerces. Eh bien, je dois avouer qu’outre la totale absence de chats (il pleuvait) je n’aperçus aucun passant sur les quelques centaines de mètres de perspective qu’offre mon avenue et la rue commerçante qui la prolonge.


Il est facile de railler, je le sais bien. Ces mesures sont probablement utiles et se montreront sans doute aussi efficaces que celles prises auparavant. D’ailleurs, les premiers effets bénéfiques du confinement se font déjà sentir. Contrairement à l’an dernier, hier, jour de la détestable fête d’Halloween, aucun sale gosse n’est venu sonner à ma porte pour me réclamer des bonbons que je n’ai pas ou me jeter un sort auquel je ne crois pas. Une journée pourrie de moins, c’est toujours ça de pris !