mercredi 29 janvier 2020

Moldavie




« Des vacances en Moldavie, mon rêve ! » est une phrase qu’on entend somme toute assez rarement. Et cela pour plusieurs raisons. La principale étant que rares sont ceux qui connaissent l’existence de ce pays de 33 851 km² coincé entre la Roumanie et l’Ukraine et totalement dépourvu d’accès à la Mer Noire comme à toute autre mer. Ce qui constitue un handicap sérieux pour la puissance de sa marine de guerre ou marchande et l’empêche de vanter le charme de ses plages de sable blanc bordées de cocotiers. Si on ajoute à cela que les tintinophiles distraits ayant lu Le Sceptre d’Ottokar sont tentés de confondre Syldavie et Moldavie et d’en déduire que ce pays est totalement imaginaire on comprend la méconnaissance généralisée qui nuit au renom de cette vaillante petite république.

Les vicissitudes de l’histoire n’ont hélas pas épargné, loin s’en faut, la Moldavie. A son origine se trouve la principauté de Moldavie état plus ou moins indépendant entre 1359 et 1812 date à laquelle le traité de Bucarest la coupa en deux, les Russes s’appropriant sa partie orientale. La partie occidentale, s’alliant à la Valachie constitua en 1859 le royaume de Roumanie qui s’émancipa totalement de la tutelle ottomane en 1878. Entrer dans le détail de l’histoire de la partie Est de l’ancienne Moldavie serait complexe et lassant. Grosso modo, le pays, que ce fut sous le régime tsariste où durant la période soviétique vit la russification de la région grâce à des déportation de Moldaves, l’installation de Russes et la tentative de remplacement de la langue roumaine par la Russe. En 1991, comme c’est alors la mode, la Moldavie orientale proclame son indépendance vis à vis de L’URSS mais sa partie à l’est du Dniepr ne l’entend pas de cette oreille et réclame son rattachement à la Russie ou à L’Ukraine. Cette volonté n’est pas reconnue par la communauté internationale ce qui ne l’empêche pas d’être de facto indépendante du pouvoir Moldave. De plus, et pour simplifier le tout, existe une région autonome de Gagaouzie constituée de territoires non contigus peuplés, comme on peut s’en douter, par les Gagaouzes, peuple turcophone de religion orthodoxe. Pour résumer : la Moldavie après une histoire perturbée demeure un bazar sans nom !

L’hymne du pays se nomme « Notre langue » et sa devise proclame « Notre langue est un trésor ». Ce trésor est, pour la majorité, le roumain. Son drapeau a ceci de commun avec le roumain que ses couleurs sont identiques et disposées dans le même ordre. Seule différence : sur le drapeau moldave apparaissent au centre ses armoiries qui ne sont pas sans rappeler bougrement celles de la Roumanie. Au point qu’on est en droit de se demander pourquoi les Moldaves ne se sont pas rattachés à leur voisin. Ce serait compter sans les minorités slavophones et les communistes

Entrer dans les arcanes de la vie politique moldave rendrait ce qui précède d’une relative limpidité. Signalons cependant que le Parti des Communistes de la République de Moldavie domina longtemps le parlement, qu’en 2010 il y obtint 48 sièges sur 101 et qu’à celles de 2014, avec son allié il constituait une minorité de blocage avec 47 sièges. La conséquence de cela est que le pays demeure dans la zone d’influence russe et semble difficilement gouvernable.

En dehors de promenades sur les rives du Dniepr et du Prout (ou Prut pour les pudibonds) de la visite de monastères orthodoxes, de la dégustation de ses vins, du plaisir que M. Martinez et ses amis éprouveraient à voir qu’il existe encore des pays selon leur cœur, le touriste pourrait y consacrer son temps à tenter de comprendre comment fonctionne ce pays et pourquoi il existe. Personnellement, j’y renonce.

11 commentaires:

  1. Quant à moi, à tort ou à raison, si je vois écrit "Moldavie" je pense : Moldau de Smetana :

    https://www.youtube.com/watch?v=1-KlKIvjKFc

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon frère aîné passait la Moldau de Smetana en boucle dans ma lointaine adolescence.

      Supprimer
  2. Votre observation relative à la Syldavie est parfaitement fondée, j'ai longtemps confondu les deux et ce n'est que sur le tard, après avoir rencontré une Roumaine, une divinité Valaque plus précisément, que j'ai constaté avec stupéfaction l'existence bien réelle de ce curieux pays. Merci de nous en avoir dit plus, j'avoue n'avoir jamais eu votre curiosité à cet égard.
    Amitiés.

    RépondreSupprimer
  3. Fidèle lecteur de votre blog, je renouvelle mon abonnement.
    Comment, en effet, renoncer à apprendre ce que tout honnête homme, à défaut d'homme honnête, doit savoir : le secret du hachis-parmentier artisanal, le mystère des crevettes sans tête ou encore le marsupial diabolique de la lointaine Tasmanie (dont le drapeau est intéressant à examiner) et, maintenant, cette Moldavie qui nous fait tant rêver...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour votre fidélité ! Comme vous le signalez, ce blog devrait être le vade-mecum de l'honnête homme du XXIe siècle et des siècles suivants : plus de 1600 pages de sagesse et d'informations utiles.

      Supprimer
  4. Vous avez oublié un détail intéressant, d'après ce que j'en sais la Moldavie a acquis un certain renom en ce qui concerne les escroqueries sur Internet.
    Pas autant que le Nigéria mais ils font des efforts méritoires.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous me l'apprenez. Ainsi ils font de la concurrence aux Ivoirien ?

      Supprimer
  5. Sur le plan littéraire, je dois avouer que je ne connais que le groupe Ozone qui a réussi l'exploit de vendre une chanson en moldave dans le monde entier !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. S'il est bien Moldave, le groupe O-zone, chante en roumain. Car, en dehors de minorités slavophones (russes, ukrainiennes, bulgares), hongroises, turcophones etc. le roumain et pratiqué par l'immense majorité des Moldaves.

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.