dimanche 28 juin 2015

Un homme normal !



Nous avons un président normal, des criminels et des terroristes normaux. En quoi consiste cette normalité ? Il semblerait qu’elle réside dans le fait qu’il est impossible de déterminer la véritable nature présidentielle, criminelle ou terroriste des personnes concernées. Ainsi tout Français revenant d’un long séjour sur Mars serait fortement surpris d’apprendre qu’un petit homme replet au look de sous-chef de bureau des années soixante et au charisme d’huître soit devenu président. De même les voisins du tueur sanguinaire sont-ils surpris d’apprendre ses méfaits.

Quelque part cela repose sur la croyance naïve que, normalement, des signes physiques ou comportementaux devraient prévenir l’entourage des tendances présidentielles ou meurtrières des individus en question. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, le patron de M. Sahli eût-il peut-être rechigné à l’embaucher s’il avait montré les signes indiscutables d’une tendance à la décapitation des gérants de sociétés. De même, les victimes de MM. Landru et Petiot auraient-elles été plus prudentes si tout en eux avait annoncé le tueur en série.

La nature est mal faite. Elle ne prévient pas toujours. Même les fins limiers chargés de surveiller de potentiels terroriste se laissent berner par les apparences : ils prennent pour un retour à la normale après un court moment d’égarement fanatique la fourbe attitude des islamistes qu’ils cessent de pister. Peut-on leur en vouloir ? Pas vraiment, vu qu’ils ne sont qu’humains et se fient aux apparences comme tout un chacun.

Je m’étonne cependant des étonnements dont on nous rebat les oreilles à chaque nouveau drame. On pourrait s’attendre à ce qu’avec le temps et l’expérience les gens aient compris que les apparences peuvent être trompeuses et que rien ne dit que leur voisin, employé de bureau modèle, ne se mettra pas un jour à assassiner à coups de lime à ongles tous les membres du service de comptabilité analytique de l’entreprise où il travaille.

D’un autre côté, il faut bien reconnaître que d’un point de vue journalistique, le voisin étonné est une ressource inépuisable apte à meubler les antennes.

Curieusement et malgré le permanent rappel du côté insoupçonnable de la nature assassine, les gens ne se mettent pas pour autant à dénoncer à tout hasard aux forces de l’ordre tout voisin dont le comportement par trop normal les inquiète. C’est peut-être mieux ainsi.

vendredi 26 juin 2015

Métaphore



Admettons que, suite à une série d’accidents et de malentendus, je me sois retrouvé embauché pour cinq ans comme danseuse étoile à l’Opéra Garnier. Bien entendu, vus mon sexe, ma morphologie, mon manque de souplesse et de grâce ainsi que ma totale incompétence chorégraphique alliée à un piètre désir de m’améliorer, la moindre de mes apparitions aurait provoqué un tollé.

Hué, appelé sans cesse à la démission, seulement soutenu par des aveugles ou des masculinistes fanatiques pour lesquels n’importe quel homme vaut mieux qu’une danseuse, je crois que j’aurais démissionné pour me consacrer à des activités plus en rapport avec mes aptitudes.

En admettant que la nécessité d’assurer la matérielle m’ait contraint à aller jusqu’au bout de mon contrat, je n’aurais certainement pas envisagé d’en solliciter un nouveau.

C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre M. Hollande.

jeudi 25 juin 2015

Petit commerce



« Vous tuez le commerce de proximité ! » c’est ainsi que le bon garagiste réagit lorsque je lui annonçai que j’avais fait affaire sur Internet et que je ne prenais pas sa magnifique tondeuse pour cause de prix bien trop élevé par rapport à des articles similaires vendus en ligne.

Il est vrai que toutes ces vitrines abandonnées déparent les rues de nos villages. Je suis le premier à le regretter. Cependant, s’il n’y avait que des acheteurs de mon genre, leur nombre grossirait encore. Car je dois l’avouer à ma courte honte : je suis atteint de bouticophobie. Entrer dans le moindre petit commerce, quand il ne s’agit pas d’un salon de coiffure ou d’un garage,  m’est une épreuve. En revanche,  je me sens à l’aise dans la grande distribution où personne ne vient m’agresser, où l’on me laisserait, si tel était mon bon plaisir (mais il l’est rarement, contempler les biens que je guigne tout mon soûl sans qu’on vienne me proposer de l’aide ou des renseignements que, n’étant ni aveugle ni illettré, je suis capable de lire sur les étiquettes informatives. Pour ce qui est du bricolage, quand le doute me taraude, je me mets à la recherche d’un vendeur qui se fait un devoir de m’offrir les précisions requises. Sinon, j’adore la paix royale qu’offre le self-service.

On m’objectera que le petit commerce crée du lien social. Mouais. Personnellement, les échanges sur le temps qu’il fait ne sont pas indispensables à mon intégration. De plus, certaines manies petites-commerçantes m’agacent au plus haut point. Le « Et avec ça, ça sera ? » de la boulangère ou de la charcutière après que je leur ai demandé une baguette ou deux tranches de jambon m’irrite. Qu’attendent-elles ? Que me revienne soudain à l’esprit qu’en plus de ces menus achats j’avais un besoin irrépressible de 457 pains au chocolat, de 34 pains de quatre livres, de 95 babas au rhum, de 64 croissants, de 40 kilos de levure ou encore de 20 mètres de boudin, de trois tonnes de lard maigre, d’un demi-porc, de 45 kilos de pâté, de 36 000 andouilles (ce qui expliquerait au passage la présence du poids lourd réfrigéré de location que j’aurais garé devant la boutique) ?

L’e-commerce, présente en plus d’éviter d’oiseuses bavasseries au bavard impénitent que je suis les considérables avantages de ne pas m’astreindre à observer les horaires d’ouverture et de n’avoir pas à me déplacer vers de grandes surfaces spécialisées situées en périphérie des villes (j’ai en sainte horreur tout ce qui ressemble à un environnement urbain).

Il est vrai qu’ainsi je tue le commerce de proximité mais, vu l’usage que j’en ai, il me faudrait être bien hypocrite pour prétendre pleurer sa disparition. Tout le mal que je lui souhaite c’est que demeure un nombre suffisant d’amateurs de « lien social », de discuteurs-de-bout-de-gras-avec-la-charcutière et de clients avides de conseils et de sourires commerciaux pour qu’il se maintienne.

mardi 23 juin 2015

Le mois des pannes



Ces trente derniers jours, les pannes diverses me poursuivent. Ça a commencé par les deux voitures. L'une refusa de démarrer, l’autre se mit à se vider de son liquide de refroidissement occasionnant chacune de coûteuses réparations et cela au cours du même week-end. Après trois semaines d’accalmie, les pannes sont revenues. Ça a commencé par le lave-vaisselle qui a rendu l’âme. Dire que ce fut une réelle surprise serait exagéré vu que ces derniers temps ses cycles devenaient aussi interminables que moyennement efficaces. Deux jours plus  tard j’eus la surprise de voir le four microondes se mettre à dégager des éclairs rappelant l’allumage d’un néon fautif, laisser des bruits étranges s’échapper avant que de petites flammes n’apparaissent à l’intérieur. Je crus préférable de le débrancher. Enfin, vendredi dernier, tandis que je tondais la pelouse impassible, je ne me sentis plus hâlé par la tondeuse, le système de traction déclarant forfait. Je l’emportai chez le mécanicien qui diagnostiqua une rupture de courroie et me dit qu’il m’appellerait pour me donner des nouvelles de la malade. N’en recevant point, ce matin, inquiet, je décidai de prendre le taureau par les cornes et téléphonai au garage. Il me fut répondu que le mieux serait que je passe. Mon inquiétude grandit et je me précipitai à son chevet. Le diagnostic fut sans appel : non seulement elle ne tracterait plus mais tant de ses pièces étaient en si piètre état que la réparer équivaudrait à en acheter une neuve (que le bon mécano s’empressa d’essayer de me fourguer).

Serais-je maudit ?  Ces défaillances ne seraient-elles que les cinq premières d’une interminable série ? Devrais-je m’attendre à voir le congélateur exploser, les téléviseurs fondre inopinément, les voitures disparaître dans un incendie spontané entraînant accessoirement la destruction du garage, mon ordinateur perdre la mémoire, le réfrigérateur cuire les aliments que je lui confie, le four à chaleur tournante répandre un air glacial dans la cuisine, etc ? Quand je pense au nombre de machines et d’appareils divers susceptibles de me jouer des tours et de m’occasionner de couteux autant qu’indispensables remplacements, j’en frémis.

samedi 20 juin 2015

Fleurière la bien nommée...

Cette super-production des établissements Étienne a pu être réalisée grâce à l'aimable participation, par ordre d'apparition à l'écran de :

Pour La Fleurière : Mesdames et Messieurs Émérocal, Dahlia, Oeillet de Poète, Rose, Aster, Oreille de Lapin, Pivoine blanche, Valériane, Glaëul, Iris et Hortensia.

Pour La légumière : Mesdames et Messieurs Courgette, Poireau, Fève, Pois, Pomme de terre, Artichaut, Chicorée de Bruxelles et Potiron.

Pour la Fruitière : Mesdames et Messieurs Pomme, Tomate, Fraise, Framboise, Groseille et Cassis.

Qu'ils en soient remerciés !

Avec un grand MERCI pour Nicole sans qui la Fleurière ne serait pas devenue ce qu'elle est aujourd'hui.

Ça s'appelle La FLEURIÈRE..












Mais ça aurait aussi bien pu s'appeler LA LÉGUMIÈRE...













 ...et pourquoi pas LA FRUITIÈRE ?






vendredi 19 juin 2015

Muselons les méchants Français !



Sur la RSC™*, le camp du bien s’indigne, se déchaîne, éructe, écume, fustige, condamne. Le ban, l’arrière-ban et jusqu’au plus humble tabouré** y sont convoqués pour qu’ils expriment la tristesse, la rancœur, la colère, la honte que fait naître en leur âme généreuse le terrible égoïsme de l’Europe en général et de la France en particulier face au drame des migrants, chassés de leur terre par les guerres, la misère ou la compréhensible envie d’une vie meilleure. Plutôt que de les accueillir à draps bras ouverts, nous fermons nos frontières et les rares malheureux qui sont parvenus à mettre un pied timide sur notre sol, leur offrons-nous les logements décents et les moyens de subsistance qu’ils méritent ? Que nenni !  Nos autorités les délogent manu militari des camps improvisés où ils tentent de survivre !  On en rougit. On en pleure… …et on en menace !

Tout est évoqué : les exemples turcs ou libanais, pays qui abritent des millions de réfugiés quand nous nous  montrons réticents à en recueillir quelques dizaines de milliers ! Le bon vieux temps des boat-people où tous les partis (à l’exception des communistes) prônaient que l’on ouvrît nos frontières à ces damnés de la terre. Arguments aussi massues que spécieux.

D’abord, si des millions de Syriens ou D’irakiens se sont massés chez leurs voisins, c’est que ces derniers n’étaient pas en mesure d’arrêter leur flot. S’ils y subsistent vaille que vaille, c’est que des ONG ou des institutions internationales le leur permettent. Le cœur des Français se serait-il endurci depuis la fin des années soixante-dix quand les malheureux sino-vietnamiens se sont vus accueillis ?  Ce serait oublier que la France des années Hollande n’est plus celle des années Giscard. Depuis, par millions, venus d’Afrique ou d’Asie des millions d’hommes et de femmes sont venus s’installer sur notre sol. Le chômage a explosé. Les « crises » se sont succédé. Ce n’est pas tant que nos cœurs se sont fermés à toute charité, c’est plutôt que nous avons déjà accueilli ce que nous pouvions, peut-être même plus que nous pouvions. Au point que nombreux sont ceux qui sentent les bases de ce qui constituait notre identité vaciller sous leurs pieds. Au point que bien des quartiers de nos grandes cités sont devenues si diverses que l’autochtone ne s’y sent plus chez lui.

Aux yeux du « camp du bien », rien de grave à cela :  l’identité n’existe pas plus que les frontières, l’humanité est une grande famille (en un sens, ils ont raison : on s’y entre égorge avec passion), les milliards que l’Europe dépense pour endiguer l’invasion de son territoire seraient mieux utilisés à recueillir qu’à contenir. Etc.

Seulement, les bisounours autoproclamés sentent bien que leur discours ne convainc pas, qu’il ne passe plus, que l’opinion ne les suit pas. Alors, vient l’argument totalitaire : pour ces démocrates en peau de lapin, si les voix qui s’élèvent se montrent discordantes, il faut les faire taire. Au nom des valeurs républicaines, il est urgent de les censurer. C’est ce que préconisait ce matin sur la RSC le Bon Benjamin Biolay, chanteur de son état, sur les ondes de la RSC™*. Bien entendu, c'est par la "fachosphère internétique" qu'il conseillait qu'on commençât...

*Pour les nouveaux venus, RSC™ = France Inter, Radio de Service Comique entièrement dévouée aux causes généreuses et entretenue à nos frais. Si je me résigne à continuer de l’écouter, c’est que les autres ne valent guère mieux.
**Il s’agit là d’un piètre jeu de mots et non d’une déficience orthographique.