mercredi 31 décembre 2014

Morts de la rue



Lorsque le « bon petit froid sec » s’installait, ma mère remarquait qu’en pareil temps « mieux valait une petite maison qu’un grand champ ». Sagesse paysanne ! Tous n’ont pas le choix entre ces deux types de propriétés. Il en est qui ne possèdent rien. Pas même le moindre abri. Ils subsistent tant bien que mal dans la rue. Par choix ? Parce que c’est la crise ? Parce que la société est injuste ? Parce que la vie leur a joué de mauvais tours ? Parce qu’ils se sont laissé aller à de mauvais penchants ? Je me garderai bien de répondre… Il doit y avoir un peu de tout ça…



Quoi qu’il en soit, dès qu’arrive une période de températures nettement négatives, on s’occupe d’eux. On leur trouve vite quelque abri de nuit. Il faut croire que tant que le thermomètre se maintient au-dessus du fatidique zéro, dormir dehors est aussi confortable qu’acceptable. Il faut également croire que malgré toutes ses vertus le froid sec n’est pas bon pour tout le monde.



Malheureusement, certains, pour une raison ou pour une autre, parviennent à passer à travers les mailles du filet caritatif dans lequel on tente de capturer ces pauvres hères. Celui qui a la « chance » de mourir le premier a droit à tous les honneurs : télés, radio, presse écrite en font un sujet. Le deuxième intéresse moins quant aux suivants ils relèvent des statistiques.



On oublie que, quelque soit la saison, les sans-abris meurent en grand nombre. Leur condition et leur hygiène de vie ne favorisent pas la longévité. Seulement, quand on meurt dans la rue en été ça n’intéresse personne.  A croire que la compassion est un sentiment saisonnier et que ce froid qu’on dit tant aimer inspire bien des craintes…

lundi 29 décembre 2014

Yver, vous n'estes qu'un villain



Il avait bien raison le gars Charles ! Il faut dire que vingt-cinq ans de captivité en pays anglois à attendre qu’on réunisse les malheureux  200 000 écus d’or de votre rançon ça vous permet de former des idées claires sur les questions majeures. Pour résumer sa pensée, tandis que l’hiver est un sale plouc l’été est de bonne compagnie. Comment ne pas être d’accord avec lui ?

Voici ce que j’ai découvert, hier matin, en regardant par ma fenêtre le jour se lever :



Voir de telles choses au XXIe siècle, en France, pays des droits de l’homme, est une honte.

Pour arranger le tout, ce matin même, au point du jour, le thermomètre annonçait -6,9°C. Il était de retour, ce « bon petit froid sec » tant haï de moi. Décidément, décembre se termine mal. Dire que je me suis trouvé éloigné de mes pénates dix jours entiers au cours de ce mois : six en Roussillon puis quatre à Saint-Lô où me retint la malédiction du bricoleur : dès qu’il paraît on lui trouve des choses à faire. Il ne s’en plaint pas, le pauvre bougre, ça l’occupe sainement mais son absence se prolonge. Avec tout ça, allez maintenir le rythme soutenu de votre blog !

Toutefois qui dit absence dit retour. Un des grands plaisir que l’on ressent lorsqu’on rentre chez soi est de constater qu’au lieu du tas de décombres calcinés d’où s’échappent encore de vagues fumeroles auquel on s’attend, c’est généralement un bâtiment apparemment intact qui vous y accueille. Vient s’y ajouter, une fois la porte franchie, la joie de constater que la pièce principale n’a été ni pillée ni vandalisée et qu’aucun squatter n’occupe les chambres. De telles satisfactions font oublier l’angoisse des départs.

En hiver, à l’inévitable rangement du contenu du ou des sacs vient s’ajouter un menu désagrément : il faut remonter le chauffage. Ces inconvénients sont largement compensés par la reprise d’une bienheureuse routine, les retrouvailles avec un décor familier et la sensation de bien être que ressent l’ours quand il renoue avec la solitude de son antre. On partirait bien pour le seul bonheur de rentrer. Pas trop souvent quand même…

samedi 27 décembre 2014

Le roman des siècles



Ne vous y trompez pas : ce titre n’a rien d’hugolien. Il s’agit simplement d’évoquer une mienne et ancienne ambition : écrire le roman qui, le roman que, le roman dont, le roman où, bref, LE roman. Celui avant lequel il semblerait n’y avoir jamais eu de roman et après lequel on s’excuserait d’encore en écrire. J’étais jeune alors. Je rêvais.



De menus obstacles cependant se dressaient entre mon projet et sa réalisation : je manquais d’imagination, je n’avais pas grand-chose à dire, et mon style était pour le moins pataud. De plus, en admettant que je surmonte ces embuches, rien ne me garantissait que le résultat obtenu serait nettement supérieur au Voyage au bout de la nuit ni même à L’Angoisse du roi Salomon. La peur de ne pas égaler et encore moins distancer Louis-Ferdinand Céline ou Romain Gary paralysait ma plume.  Du coup, en dehors de mes listes de courses, de lettres demandant des délais de paiement au service des impôts ou de correspondance amoureuses ou amicales, je n’écrivais jamais rien. Et j’en ressentais une certaine tristesse : un rien chagrine la jeunesse.



N’importe comment, vu ma forte tendance à m’abandonner à la délectation morose, si j’avais succombé à la tentation de noircir des pages, celles-ci eussent été lugubres et pour tout dire chiantes comme la pluie. A un professeur ami qui s’étonnait, vue mon humeur générale, que je n’apprécie pas certain écrivain russe, je répondis qu’il me rappelait trop la vie. C’est tout dire… Dieu merci, le temps et  les expériences m’ont amené à considérer l’existence de façon plus légère et anéanti mes ambitions. Je ne m’en porte que mieux.



Pourtant, de temps à autre, me viennent des idées d’histoires. Pas plus tard qu’à la veille de Noël j’ai imaginé les amours de Kevin, jeune Romorantinais saisi dès sa plus tendre enfance par l’ambition de devenir le plus grand mangeurs de choucroute qu’ait jamais porté la terre. A cette passion, il sacrifiera tout : d’une intelligence supérieure, alors qu’à quatorze ans, en classe préparatoire, tous le voient intégrer Normale Sup, Les Mines, l’X, etc. en position de major, il abandonnera ses études car la saison des concours d’entrée est aussi celle des foires à la choucroute. Son destin l’amènera à croiser, à la fête aux ânes d’Issoudun, Lola,  diététicienne castelroussine un rien nymphomane qui ne rêve que d’obèses et qui, dès qu’un de ses patients fait monter en elle des pensées impures, ce qui n’est pas rare, plutôt que de lui faire perdre un surpoids parfois léger, lui prescrit des régimes aptes à lui donner une ampleur de sumotori.  Cela nuit comme on s’en doute à sa réputation professionnelle et ses amant la quittent bien vite, hantés qu’ils sont de rêves de gringaletude. Entre les deux jeunes gens c’est le coup de foudre : tous deux adorent Heidegger et rient aux mêmes passages d’Emmanuel Kant. D’autre part, les entraînements intensifs du Romorantinais lui ont acquis la silhouette dont rêve la diététicienne. S’ensuit une passion dévorante sur fond d’enchanteurs paysages berrichons et de foires à la choucroute. Hélas, alors que Kevin après avoir gagné nombre de compétitions et de nouveaux kilos est soudain frappé d’anorexie. Lola, craignant de voir son amour (la personne et en conséquence le sentiment) s’étioler, se lancera dans une lutte désespérée pour lui rendre son appétit d’antan. Je ne vous dirai pas la fin de l’histoire. Sachez simplement qu’avant une conclusion surprenante, elle sera semée de péripéties d’autant plus nombreuses que viendront se mêler aux  démêlés sentimentaux des deux personnages principaux les destinées croisées d’autres protagonistes qui feront, à peu à la manière de Dos Passos dans Manhattan transfer, du roman une épopée tendant à brosser une fresque complète de ce microcosme qu’est le Berry du début du XXIe siècle.



Il y a là-dedans du Corneille, du Dostoïevski, du Balzac, du Shakespeare, du Cervantès et même, en cherchant bien du Homère. On y passe, le fatum aidant, du rire aux larmes, le spécifique y tutoie l’universel. Un thème, si on le fignole un peu, à avoir le Goncourt et le Nobel la même année. Malgré tout ça croyez-vous que je m’y attèlerai dès demain ? Eh bien non : j’ai la flemme.

mercredi 24 décembre 2014

Joyeux Noël à tous !


En cette veille de Noël où je m’apprête à prendre la route pour rejoindre la Babylone Moderne (Je parle, comme vous l’aurez deviné, de Saint-Lô) afin d’y réveillonner, je vous souhaite à tous un 





Puisse Papa Noël  ou le Petit Jésus vous apporter tous les sex-toys  armes à feu bouteilles de gnôle stupéfiants cadeaux et joujoux dont vous rêvez.

Ne forcez pas trop sur la boisson, empiffrez vous raisonnablement ! En résumé : passez d’excellentes fêtes et à bientôt !

lundi 22 décembre 2014

Déséquilibrés ou islamistes fanatiques ?



Une question agite la réacosphère : ne tenterait-on pas de faire passer les auteurs d’attaques menées au cri d’ « Allahou akbar » pour des malades mentaux ou « des loups solitaires » alors qu’ils sont de dangereux islamistes radicalisés par leur environnement ?  

Question à laquelle je répondrai que l’un n’exclut pas l’autre. Il me semble en effet que pour se rendre dans un commissariat en cachant habilement un couteau derrière son dos (kolossale finesse !) ou pour foncer à plusieurs reprises, au volant de sa voiture, sur de paisibles passants il faut être un tout petit peu dérangé pour ne pas dire carrément frapadingue.

Des gens plus ou moins équilibrés comme vous et moi sont difficiles à fanatiser. En tant qu’athée de culture catholique, la fascination qu’exerce sur moi les sites islamistes est très relative. Pour tout dire je n’ai même jamais cherché à me renseigner sur ce qui pouvait bien y être dit ou écrit. De plus mon entourage n’est pas très islamisé : je n’imagine pas mon cher Raymond frapper à ma porte un beau matin pour m’inciter à rejoindre en sa compagnie le jihad… En admettant que quiconque tente de m’y pousser, je crains que la perspective de m’éloigner de mon potager ne soit à mes yeux une raison suffisante pour repousser de telles avances. Tout cela pour dire que toute personne menant une vie grosso modo satisfaisante est peu susceptible de succomber aux sirènes d’un quelconque fanatisme.

En revanche, des désaxés ne sachant pas trop quoi faire de leur vie et qui lui cherchent un sens sont pain bénit pour les endoctrineurs terroristes lesquels sont d’ailleurs du même acabit mais de nature généralement plus timorée. Ces prêcheurs utilisent les chabraques pour mettre en œuvre les belles idées pour lesquelles ils sont prêts à mourir, « d’accord, mais de mort lente ».

Or il se trouve qu’en nos temps troublés, ce n’est pas l’anarchisme ou toute autre forme de gauchisme qui agite les cerveaux fêlés mais l’Islamisme radical. Il est donc logique que ce soit au nom d’Allah (lequel, comme chacun sait, est grand) et non de la sociale ou de la lutte contre la tyrannie que l’on massacre les innocents.

Cela dit, cinglés ou pas, il est nécessaire que la société mette hors d’état de nuire ces exécutants et leurs inspirateurs. Mme Taubira vous dira (rime riche) que la prison n’est pas la solution à quoi je rétorquerai que leur faire les gros yeux ou les soumettre à un traitement psychiatrique n’en est pas une non plus et qu’un type mis à l’isolement à perpétuité dans une cellule capitonnée ou pas risque fort peu d’écraser des passants ou d’égorger des policiers…

La démence explique bien des choses mais n’en excuse aucune.