jeudi 28 novembre 2013

Les souffre-douleurs



Plus qu’un jour pour participer à notre sondage exclusif  (en haut à gauche)! Rejoignez les 118 lecteurs qui se sont déjà exprimés. Si demain à 12 h 15 vous n’avez pas voté, lorsque vous vous plaindrez de ne jamais être sondé, vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-même.

Avant-hier, le bon monsieur Peillon a lancé une campagne contre le harcèlement à l’école. Excellente initiative. Mais ce phénomène ne se produit pas qu’à l’école. Il se trouve que le jour d’avant, j’en avais rencontré dans le riche et complexe roman de Michel Desgranges, Je vous hais, un exemple particulièrement extrême qui m’avait un rien bouleversé. Je n’en dirai pas plus, mais ce qui est intéressant, au-delà du malaise que provoque la lecture de ce passage d’une violence inouïe, c’est le fait que la victime, d’une certaine manière, sans être consentante, est résignée à son malheur ordinaire et refuse tout secours qui l’en délivrerait.  Ce refus peut s’expliquer par la débilité légère du personnage et l’attachement profond qu’il ressent pour le misérable environnement qu’il a su se créer. Il ne trouvera comme échappatoire à cet enfer « chéri » que le suicide…

Un autre personnage, prêtre catholique, attribuera cette mort non pas aux persécuteurs mais à la nature que lui avait donnée le Créateur laquelle, quels que fussent l'époque ou le pays aurait fait de lui une victime puisque « [sa] pacifique et douce résignation était une insolente invite au Mal ». Soit. Les êtres de ce genre sont des proies désignées pour des abrutis dont la cruauté n’a d’égale que la lâcheté.  Même en bande ces charognes ne sauraient s’attaquer qu’à des faibles.

Mais je crains qu’il n’y ait pire… En tant qu’enseignant, j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques cas de souffre-douleurs, dont un tellement discret, que je n’ai appris que plus tard que son assiduité au CDI était en partie due à la protection que lui assurait ma présence.  Un cas rationnel où la victime avait bien soin d’éviter ses tourmenteurs. Les deux autres, furent bien plus inquiétants.  Ces deux pauvres enfants étaient régulièrement rossés par leurs "chers camarades". On les retrouvait en pleurs, mais, sitôt la douleur passée, ils commençaient à provoquer de nouvelles bagarres dont ils ne pouvaient ignorer qu’ils en sortiraient roués de coups.  UN PEU COMME SI LE MARTYRE QU’ILS SUBISSAIENT ÉTAIT LEUR MOYEN D’EXISTER AU SEIN D’UN GROUPE AUQUEL ILS N’AVAIENT TROUVÉ D’AUTRE MOYEN DE S’INTÉGRER ! Hypothèse désespérante mais que je crains fondée. En l’admettant, on est en droit de se demander l’impact réel que peut avoir, dans de pareils  cas, le prêchi-prêcha laïcard de MM. Peillon et consorts.

La « nature » humaine est complexe et bien tordue. Les chances qu’on a de ramener certains profils psychologiques à une norme acceptable et compatible avec une vie en société harmonieuse me semblent bien faibles. Si la force peut contraindre certaines « natures » de bourreaux à limiter le nombre de leurs victimes, qui empêchera jamais la victime « naturelle » de trouver son bourreau ?

Mais cessons d’être lugubre et terminons sur une note optimiste : je vous invite à lire cet article du Garofi  où l’on apprend que le racisme a été officiellement  éradiqué de France grâce à des pétitions et des badges !

17 commentaires:

  1. Très bel article plein de pudeur et d’intelligence pour décrire ce comportement qui peut détruire des enfants irrémédiablement, le pire c'est que les adultes trouvent parfois des excuses aux tourmenteurs, des enfants incompris, mon cul! (désolé pour la vulgarité du propos)

    Je te leurs offrirais un lifting à coups de pompe, genre chaussures de chantier.

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    1. Merci.

      L'interdiction de ce que l'on nomme la "violence physique" des adultes me semble ouvrir la porte à celle, débridée, elle, des enfants. Plus trivialement : un bon coup de pied au cul de temps en temps évite bien des tabassages.

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  2. J'ai connu un petit Gaëtan qui était obèse. Il allait se plaindre à la maîtresse, les trois meilleurs joueurs de billes lui interdisaient de jouer avec eux et le traitaient de gros. La maîtresse se donna le temps d'observer les enfants pendant la récréation et vit que, effectivement, Gaëtan tournait autour du groupe et se faisait rabrouer dès qu'il faisait mine de s'accroupir pour participer au jeu. Elle n'entendit cependant aucune insulte liée au surpoids du petit malheureux. Elle intervint en mettant les pieds dans le plat: Gaëtan dit que vous ne voulez pas jouer avec lui parce qu'il est gros. Une stupéfaction candide empreint le visage des trois compères. Hein ? Mais pourquoi il dit ça, lui ? On l'a jamais traité de gros ! On s'en fout qu'il soit gros !
    Et Gaëtant, trépignant : vous voyez comment qu'y m'traitent de gros, hein ?
    En soupirant, elle a forcé les trois petits à jouer une partie, une seule, avec Gaëtan. Pour lui faire plaisir, pour montrer qu'ils voulaient bien jouer avec tout le monde, et après elle les laisserait s'organiser en fonction des copinages, parce qu'on est aussi libre de choisir ses copains. Gaëtan a perdu sa vingtaine de billes, dont le boulet arlequin et surtout la bille cristal de roche que lui avait donnée son papa contre la promesse de ne jamais l'emmener à l'école. Le lendemain, les parents étaient là, qui racontaient le martyre du petit et exigeaient la restitution des billes, mais c'est une autre histoire

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    1. Curieux cas d'un souffre-douleur imaginaire ! Il semblerait pourtant qu'il ait souffert d'un rejet. Peut-être souhaitait-il aggraver cette mise à l'écart ât un pseudo-harcèlement qui la rendrait répréhensible... Victimisation, quand tu nous tiens...

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  3. J'ai connu plusieurs cas d'enfants"mis à l'écart" jusqu'au vrai souffre-douleur.

    Lorsqu'on est parent, on doit avoir en tête que tout ce qui est différence induit un rejet du groupe. Que votre enfant soit noir, roux, grand, petit, gros ou maigre, qu'il louche, ait de grandes oreilles, tout est objet de moqueries éventuelles.

    Les pires sont celles que l'on peut éviter, dues à des éducations trop différentes, des gosses élevés avec des toilettes sèches ne mangeant que du macro et sans télé.... Le gamin vouvoyant même son chien et venant à l'école avec des chemises à carreaux et des souliers en cuir! La responsabilité des parents est pleine et entière pour ceux là.

    Ayant énormément déménagé et donc ayant eu des enfants susceptibles d'être rejetés, j'ai appliqué la méthode de l'uniforme, les autres sont tous en jeans, nos enfants sont en jeans, ils portent robes à smocks et knickers nos gosses ytout. Pire pour amadouer, je n'hésitais pas, goûter à partager, billes ou pokemon à échanger.

    Et j'expliquais à mes enfants que c'était à eux de s'adapter, pas aux autres qui n'ont rien à y gagner. plus votre enfant a "des particularités" oreilles écartées, il louche.. plus il faut être pointilleux sur son look et ses atouts copains (un ex? une maison géniale où tout le monde peut venir se faire faire des milk shake l'été et des crêpes l'hiver)

    J'ai eu des enfants un peu fragiles, en surpoids (cortisone) , avec des lunettes.. Ils ont toujours eu des amis. Parfois pas beaucoup, si la différence socio culturelle était trop importante, mais ils n'ont jamais été isolés. J'ai changé une fois d'établissement, mon enfant ne pouvant pas s'intégrer, école au pied de HLM très à problèmes, j'habitais une villa un peu plus loin, j'étais pour la mixité sociale mais pas à ce prix, j'ai déménagé.

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    1. Je crois que tous les enfants, pour une raison ou pour une autre sont en but à des moqueries. "Cet âge est sans pitié", comme disait La Fontaine. En revanche, le souffre-douleur fédère autour de lui l'agressivité et la cruauté d'un groupe plus ou moins nombreux. Il faut croire qu'il a en lui une faiblesse qui quelque part stimule la violence d'autrui comme MD le fait dire à son prêtre...

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  4. Hors sujet: j'ai voté mais n'ai pas été sondé, et ne m'en plains pas. Merci.

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    1. Accomplir son devoir citoyen sur un blog républicain honore le votant..

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  5. Un brillant billet qui a l'amabilité de me citer ne peut être qu'excellent.
    Et je ne peux qu'en approuver le contenu, et féliciter son auteur.
    Sur le fond, eh oui, il y a bien de la misère (morale) en ce monde, ce à quoi les socialos remédient en distribuant 66 millions (physiques ) à des copains.

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  6. Voilà une bonne nouvelle, tiens, ils commençaient vraiment à nous les casser en petits
    morceaux avec leurs histoires de racisme.
    Quant au harcèlement, ça va faire un peu diversion ça aussi, on ne parle jamais, pourtant, du harcèlement permanent de la population par les politicards et les media, c'est dur à vivre, ça aussi!
    Amitiés.

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    1. Je ne crois pas, malgré tout ce qu'on peut dire, que la racisme si continuellement dénoncé mène au harcèlement.

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  7. Ce BOtas cherchais a se faire cogner dessus quand même qu'il y ait de la violence d'accord mais celui la étais mazo

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    1. Mais bien entendu, Erwan ! C'est justement le sujet de ce billet : dire que certains souffre-douleurs cherchent leur propre malheur. Appeler ça masochisme ou autre chose, qu'importe ? Ça ne retire rien à la souffrance de la victime ni à la brutalité de ceux qui le frappent.

      NB : Le surnommé "Botas" était un des souffre-douleurs auxquels je pensais. Erwan, un de ses condisciples. Sans ces précisions, il me semble que cet échange serait incompréhensible.

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  8. Mais c'est ahurissant cet article du Garofi! C'est un gag? Un hoax? C'est consternant de candeur imbécile.

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    1. Vous ne connaissez pas le Garofi ? C'est un site d'"information" parodique comme Bilboquet magazine et quelques autres. Ils me font bien rire.

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  9. Peut être qu'en frappant plus fort???

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