vendredi 1 juin 2012

Le "silence" des agneaux





Un des avantages de la vie à la campagne, c’est le silence. Quel silence ?  Il s’agit d’un silence habité. Bien entendu il y a le chant des petits oiseaux, du coq matutinal et des poules venant de poindre, celui des oies et le cacabement de la pintade, si doux à nos oreilles quand elle est seule, si enivrant quand elles sont cent.  Sans oublier les stridulations des grillons. Mais il est d’autres chants. Ceux du tracteur, de la tronçonneuse, de la scie circulaire, du taille-haie thermique, de la tondeuse et j’en oublie.

Aux bruits aviaires ou mécaniques s’en ajoutent d’autres. Celui, insupportable à l’oreille de gôche, de l’angélus du soir ou du matin. Et puis il y a, quand en vient la saison,  l’appel de la vache en chaleur qui  s’approche en harmonie du chant mélodieux de l’âne. Il y a sans cesse le meuglement des vaches, l’aboiement des chiens et le bêlement des agneaux, brebis et belins(comme on appelle ici le bélier).

Hier, tandis que je repiquais un cent de poireaux, se déclencha un concert de bêlements comme on en  entend quand on sépare la mère de ses petits. Ça me paraissait prématuré.  Mais quand on a des poireaux à repiquer, puis des choux à planter, on n’a pas le temps de contempler les désastres qu’entraînent les désunions familiales. Je passai donc outre.

Ce n’est que ce matin que j’ai compris le pourquoi de ce tapage diurne : tandis que je vaquais à mes occupations jardinières, les brebis avaient été victimes d’un vol. L’infâme Raymond les avait tondues. Vous me direz : à quoi sert un manteau de laine, bien imprégné de suint, quand  le thermomètre affiche plus de vingt degrés ? Ce sont questions de socialiste ! Ce que la brebis a amassé lui appartient. Qu’elle en ait un besoin immédiat ou pas, sa toison est à la brebis.  Et il y a pire : imaginez l’humiliation qu’il y a à se trouver privé de poil. Nos héros de 1944 l’avaient bien compris quand, virils, ils tondaient les femmes ! La cacophonie, montée à je ne sais combien de déci-bêles, a fini par se calmer.

Aurons-nous la même sagesse au lendemain de la tonte ? L’avenir nous l’apprendra bientôt !

14 commentaires:

  1. Voilà ! C'est toujours la même chose : quand les billets les plus prosaïquement animaux, touchent tout à coup à la philosophie, on reste sans voix.

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  2. La question est : est-ce que l'on tond les veaux?

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    1. C'est du temps de De Gaulle que les Français étaient des veaux. Ils ont évolué : maintenant ce sont des moutons.

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  3. Le problème avec les moutons bêlants c'est qu'ils attirent les loups qui hurlent avec les loups !

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    1. Et cent Mildred qui cacabent dans un blog rural, tu imagines...

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    2. Avec cent mille de raides qui courrent derrière.

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    3. @ Mildred : le loup n'a pas encore été réintroduit dans nos collines. Patience !

      @Jazzman : Votre obsession mildredienne vous perdra...

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    4. Qui courent, pardon. Et j'ai oublié de préciser que c'est parce que l'abordage se fait toujours par derrière.

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    5. Mais non, Jacques Etienne, ça ne le perdra pas : voyez comme, au contraire cela le rend joyeux et vigouret !
      Et peu importe que l'abordage se fasse par l'avant ou par l'arrière, le principal est qu'il coure.

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  4. Par contre le loup a été réintroduit dans les blogs et je vais la niquer. Non ce n'est pas nouveau, ce qui est nouveau c'est que je l'écrive.

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  5. Les veaux ont simplement muté, une toison leurs a poussé sur le dos, le cuir ne suffisait plus.

    Quant aux loups, ils ont les dents limées.

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  6. Limées, j'espère bien mais la queue est fournie.
    Le français est vraiment une belle langue, comme disait Jack.

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  7. Ils vont le regretter l’angélus charmant et discret. L’appel du haut des minarets, c’est plus bruyant, plus souvent et plus long !

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