jeudi 31 mai 2012

Un médecin peut en cacher un autre





Ce matin, je me suis rendu chez le bon médecin pour ma corvée trimestrielle.  En fait, sans l’attente, ce ne serait pas si désagréable. L’homme est cordial et je dois le changer un peu des braves vieux paysans qui se pressent en masse dans sa salle d’attente. Nous parlons de tout et de rien mais pas trop de ma santé qui ne m’intéresse pas beaucoup.  Ce matin, il a soumis à ma sagacité l’énigme que présentait pour lui le verbe « brucher ». Un de ses patients bruchait sans cesse, c'est-à-dire que, boitant bas, il s’emmêlait les crayons  (expression populaire pour trébucher). J’avouai mon ignorance. Aussi, revenu à la maison, me précipitai-je sur mon ordinateur et y tapai-je ce verbe énigmatique. Je ne trouvai rien si ce n’est un cabinet d’avocats luxembourgeois dont un des associé portait ce beau nom. J’ajoutai « verbe » à ma requête et je vis que « Brucher » était une variante normande de « Broncher ». Il me fallut consulter mon fidèle Petit Robert pour apprendre que le sens premier de ce verbe, ayant pour étymon le latin populaire non-attesté « bruncare », était  « trébucher ». Exemple : « un cheval qui bronche sur une pierre ». J’ai failli téléphoner au bon docteur pour lui faire part de ma découverte mais je me suis ravisé me disant qu’il avait plus urgent à faire que de parler étymologie avec moi, du moins en dehors de mes visites.

Comme quoi aller chez un praticien peut s’avérer utile.

Seulement cette visite avait pour but d’en préparer une autre, celle que je dois rendre annuellement  à un cardiologue. Je dis « un » et non « mon » car n’étant en Normandie que depuis moins d’un an je n’ai jamais rencontré le nouveau. Et c’est là que les choses se corsent car selon mon bon généraliste, ledit spécialiste est un ennemi farouche du tabac. Ne le sont-ils pas tous ? Seulement, celui-là aurait tendance à l’être plus que la moyenne et à administrer à ses patients des leçons de morale. Il se trouve que j’ai un peu passé l’âge d’en recevoir. Je crains donc une entrevue houleuse et ça m’ennuie. S’il m’agace trop, j’ai bien peur de le lui faire savoir clairement et qu’en conséquence nos relations s’arrêtent là. C’est tout de même curieux cette manie des cardiologues de traiter leurs patients comme des enfants à qui l’on aurait caché les méfaits du tabacs. Il n’y a pas loin de 50 ans que je fume et que j’entends des mises en garde. Je ne vois vraiment pas ce qu’une nouvelle pourrait bien m’apporter…

Demeure la possibilité que nous parlions d’autre chose, d’étymologie, par exemple.

15 commentaires:

  1. Est-ce que vous avez des graines de pois sèches, chez vous ?
    Si oui il paraît que les bruches qui sont de coléoptères s'y attaquent.
    C'est en tous cas ce que dit monsieur Littré dans l'abrégé par Beaujean.
    Quant au reste de votre billet, je demande un temps mort, c'est le cas de le dire, puisque j'ai enterré il y a à peine dix jours, un très bon ami mort pour avoir trop fumé.

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    1. J'avais également trouvé "bruche" mais ça n'a étymologiquement aucun rapport.
      Quant aux dangers du tabac, je sais bien, mais se défaire d'une sale habitude vieille de 50 ans n'est pas chose aisée.

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  2. Brucher,j' aurais pensé aux bronches. Pour le tabac, je serais comme Mildred, mon frère en est mort après l' ablation d' un poumon, il avait 54 ans.

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    1. Broncher serait lié à branche, bronche vient du grec via le latin.

      Pour le tabac, voir ce que je disais à Mildred...

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    2. Jacques, je suis un ancien fumeur pas Gitanes mais de Boyards, c'est pire, je crois qu' elles n'existent plus, trop de nicotine surtout dans les papiers maïs environ 2,95 mg par cigarette, un record mondial.

      J' ai arrêté de fumer le jour où le père d'un jeune camarade décéda d' un cancer de la gorge, cela m'a refroidit.

      Cela na pas été simple, prise de poids et quelques crise du au manque mais au bout de 2 ans, ce fut fait.

      Bonne journée.

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  3. Faites comme moi : choisissez un cardiologue qui fume.

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    1. Mais il paraît que le "mien" fume ! La pneumologue de l'hôpital de Châteaudun (ville que je sais chère à votre cœur), bien qu'organisant des séances de désintoxication du tabac, m'a un jour avoué qu'elle non plus ne parvenait pas à arrêter de fumer.

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  4. Brucher ou brocher, en v'la bien un terme normand. Il y a quelques mois, pour relater mes mésaventures claudiqueuses, j'ai hésité à l'employer prévoyant certaine incompréhension. Maintenant, je regrette!

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    1. Il est sûr qu'en dehors des Normands, peu connaissent ce verbe. J'ignorais même que "broncher" pouvait avoir ce sens.

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  5. Mais quelle drôle d’idée de lui dire ! Vous affirmez ne pas fumer et vous serez tranquille.

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  6. J'ai également passé l'âge des cachotteries. D'autre part mes vêtements seront imprégnés d'odeur de tabac, il s'en apercevra.

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  7. Ah je me souviens d'une bronchite sévère dans les années 80...j'étais si mal en point que je ne m'en fus point consulter mon médecin habituel, mais celui qui se trouvait au plus près de chez moi...(j'évitais déjà par esprit d'économie la consultation à domicile réservée aux cas d'extrême urgence selon mon échelle de valeurs)
    Alors qu'il allait rédiger l'ordonnance, il se jeta sur son paquet de Gitanes Filtre, prit une cigarette, la décapita proprement de son appendice, l'alluma, tira une bouffée et transfiguré me dit : "Vous devriez arrêter de fumer, vous savez..."
    Le Monde d'Avant , c'était quelque chose !

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  8. en brie, on parle de "s'empierger" ;-)

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  9. Je me souviens d'une affiche dans la salle d'attente de mon ancien médecin qui disait "Faîtes comme votre médecin, buvez du vin."
    C'était bien, avant.

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