Je viens de terminer Tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa.
C’est un de ces rares livres dont on est impatient de connaître la suite tout en regrettant d’ainsi s’approcher de la fin. Mais ça n’a rien d’un polar, genre dont je ne suis que peu amateur.
De quoi ça cause ? Eh bien d’une histoire d’amour s’étendant sur une quarantaine d’années avec bien des rebondissements pour atteindre une fin que je ne saurais vous révéler.
Ricardo, orphelin recueilli par une de ses tantes, vit son adolescence à Miraflores, quartier chic de Lima. Au gré des booms, il fait la connaissance et s’amourache d’une fascinante jeune « Chilienne » Lily, qui ne voudra jamais « officialiser » leur relation. Jusqu’à ce que l’imposture de cette dernière soit dévoilée et qu’elle disparaisse… ...temporairement.
Quelques années plus tard, alors que Ricardo a réalisé son rêve de vivre à Paris (eh, oui, fut un temps pré-hidalguien où cette ville engendrait le rêve…). Par le canal d’un sien ami acquis à la cause castriste et qui finira par être tué dans la guérilla péruvienne, il retrouvera Lily. Paul-le-castriste organise le départ de volontaires péruviens vers Cuba afin d’y être formés à la guérilla. Retrouvailles temporaires, durant lesquelles l’enthousiasme amoureux de Ricardo se heurte à la froideur de Lily. Comme prévu, elle disparaît (pour Cuba)… ...temporairement.
Devenu interprète, par les plus grands des hasards, au gré de ses voyages, Ricardo, qu’elle appelle « mon bon garçon », retrouvera la « vilaine fille » à Paris, à Londres, à Tokyo et finalement à Madrid. Ce qui sera l’occasion pour Vargas Llosa de nous brosser des portraits de personnages nobles ou ignobles , de dépeindre l’atmosphère de ces villes à différentes époques. Et de suivre les hauts et les bas de la « carrière » agitée d’une femme mue par l’intérêt et toujours désappointée qu’il aimera jusqu’au bout malgré les tours infâmes qu’elle lui jouera, qu’il maudira, tentera d’oublier avant de succomber à son charme ou même à la pitié que sa détresse inspire. Maintes fois, elle le trompera, le quittera et même le ruinera mais toujours reviendra.
Décidément, ce bon Mario n’ a pas volé son Prix Nobel. Comme son copain Gabriel. Venus de pays où la vie dans son horreur ou sa splendeur existe encore, ils savent conter des histoire plus fortes que nos piètres narrateurs hexagonaux, fussent-ils nobélisés.
Il se peut que vous n’aimiez pas mais je vous conseille à tout hasard d’aller voir. En nos temps mollement agités, ça vous changera du Covid, de Macron , de Poutine et de Zelensky, ce qui est déjà beaucoup !
*J’hésite sur la traduction de niña mala : vilaine me paraît puéril et s’opposerait mieux à gentil qu’à bon lequel aurait selon moi pour antonyme mauvais ou méchant. C’est sans importance.