Quel con ce Rimbaud ! Ou alors
c'était vrai à son époque, avant le Progrès. Ça le demeurait du
temps de ma lointaine (et folle) jeunesse. Aujourd'hui, nos
merveilleux jeunes sont sérieux. Limite austère.
Or donc, du temps de Rimbaud et du
mien, la jeunesse avait des aspirations futiles:boire des bières et
tomber amoureux pour un oui voire un non. Heureusement, les choses
ont changé. Les jeunes de 2016 sont préoccupés par de VRAIS
problèmes. Ce qui les hante, c'est le Code du Travail. Y toucher les
rend fous. Ainsi, nos lycéens se mobilisent-ils contre la loi El
Khomri.
Comme je les comprends ! Ils sont
habités du noble désir de conserver les droits acquis de haute
lutte par leurs anciens. S'il faut pour cela casser des vitrines, ils
y sont prêts. S'il faut veiller debout, ils le feront. S'il faut se
priver des enseignements de leurs vénérés maîtres, ils courront
le risque d'arriver moins bien armés aux terribles épreuves du bac.
On ne peut qu'être admiratif face à
une telle résolution comme à la maturité qui la motive. Quand je
pense qu'à leur âge et même jusqu'aujourd'hui je me suis foutu du
droit du travail comme de l'an quarante ! J'en suis encore à
penser que l'important c'est de trouver du boulot. Si les conditions
ne conviennent pas, ce qui arrive, soit on laisse tomber, soit on s'y
résigne, faute d'autre choix. Je le répète : j'étais con, je
le suis resté et je n'en ai qu'à peine honte...
Nos jeunes, eux, voient l'avenir, le
veulent radieux parce qu'encadré par de bons textes. De nos jours, à
dix-sept ans, on compte ses points-retraites et on se soucie du
confort des EHPAD : on est responsable.
A moins qu'on n'en ait pas plus à
cirer que dans le temps, qu'on joue à se prendre au sérieux en
étant manipulé par des syndicats dont les cortèges étiques ont
grand besoin de supplétifs.