Aux environs de la Toussaint dernière, des cousins Facebook
(car je ne me contente pas d’avoir sur ce réseau social des « amis »
j’y cultive aussi des relations familiales avec des « cousins » et
des « neveux » virtuels qui valent bien ceux de la « vraie vie»),
m’avaient expédié de leur lointaine Drôme une jeune glycine. Ce fut l’occasion de
longs démêlés avec M. Chronopost que j’avais en leur temps ici même narrés (bel
alexandrin, ma foi !). Sachez simplement, que le colis, suite probablement
à une partie de rugby particulièrement rugu(b)euse opposant l'équipe des Destructeurs de Colis aux Effaceurs d'Adresses, avait vu sa livraison
retardée pour cause de réparation, qu’ensuite le livreur renonça à me l’apporter
sous prétexte qu’il trouvait mon adresse insuffisamment détaillée à son goût,
que de fil en aiguille il fallut une semaine pour que j’entre en possession de
la belle plante, qu’entre temps elle avait perdu toutes ses feuilles et que sa
tige était cassée 20 cm au-dessus de la racine. Elle présentait ainsi tous les
signes cliniques d’une mort certaine. Mais ce serait mal connaître le Breton qui
sommeille en moi*, que de penser
que je me résignerais à sa disparition. Je garnis de compost et de terre un
grand pot de fleur et y installai la plante. Afin qu’elle ne souffrît pas trop
des rigueurs de l’hiver, je la plaçai dans la serre et commença une longue
attente. Je continuai, sans trop d’illusions, de l’arroser quand besoin
était. Mais jusqu’à ces jours derniers
elle ne montra pas le moindre signe de reprise. La chaleur rendant l’opération
indispensable je l’arrosai tout de même avec régularité. Et puis, avant-hier, lors de mon tour matinal
d’inspection, je m’aperçus, miracle, que sur la base de la tige les bourgeons avaient grossi et laissaient
entrevoir un peu de vert. Cependant, au-dessus de la cassure, rien ne semblait
changer. Et puis ce matin que vis-je ? Du vert se deviner au-delà de la
brisure ! La plante était donc sauvée ! Après avoir consolidé la tige martyrisée d’une
attelle, je vais pouvoir installer la plante en son emplacement définitif d’où
elle pourra se lancer à la conquête de la façade.
Je vois dans cette histoire de plante une métaphore de la France
et de son destin. Contrairement à d’autres qui la considèrent perdue, je
continue de croire qu’elle a un bel avenir. Elle ne redeviendra jamais ce qu’elle
fut (serait-ce envisageable ou simplement souhaitable ?) mais il se peut
que si plutôt que de la laisser aux mains de socialo-chronopostiers
destructeurs, déclarés ou rampants, elle se trouvait être à nouveau l’objet de
soins attentifs de la part de gens qui l’aiment et ne se résignent pas à sa
fin, on la voit refleurir.