Tout s’explique. La compréhension peut suivre l’explication.
Ce qui n’implique aucunement l’excuse, le pardon ou le soutien.
Hier, deux commentateurs ont exprimé ici leur incapacité à
comprendre que des policiers puissent se montrer malhonnêtes. Il est pourtant
simple d’expliquer d’une manière ou d’une autre les raisons de leurs errances :
appât du gain, faiblesse déontologique, démoralisation, sentiment d’impunité,
etc. On peut ou non accepter telle ou telle explication de leur comportement.
Si on l’accepte, on comprend la logique de leur motivation ce qui ne veut pas
dire qu’on l’approuve et qu’on se refuse
à la condamner. C’est par un abus de sens que comprendre est pour certains
devenu synonyme de partager, d’excuser voire de soutenir.
Ainsi lorsque le bon Charles De Gaulle, du haut du balcon du
Gouvernement Général, lança le 4 juin 1958 son célèbre « Je vous ai compris ! » à une
foule algéroise en liesse, cette déclaration, prise pour un soutien franc et
massif, ne faisait-elle peut-être qu’exprimer que le Général avait bien saisi
les aspirations de son public sans pour autant les partager comme ses actions
ultérieures l’allaient montrer… De même votre banquier peut très bien
comprendre à quel point le prêt de 50 000 € que vous lui demandez faciliterait
votre projet de vous acheter une nouvelle voiture, d’aller faire la bringue
avec des putes sur la côte et de vous refaire la cerise au casino. Seulement le
fait que vous soyez chômeur en fin de droit peut l’inciter à ne pas vraiment soutenir
votre dossier… On peut encore comprendre que ses pulsions violentes
incontrôlables, sa situation matérielle précaire, son absence de bases morales
solides et une sexualité perverse aient
pu pousser Mimile à violer, torturer et s’emparer des économies d’une pauvre
vieille avant de la dépecer. De là à l’absoudre…
C’est pourquoi comprendre et excuser devraient être
clairement distingués. Pour certains de nos amis de gauche l’explication suffit
à l’excuse : ainsi la précarité justifie-t-elle et absout-elle à leur yeux
la délinquance qui est ipso-facto présentée comme une solution aux problèmes
économiques. Qu’une situation matérielle difficile puisse favoriser certains
écarts est évident mais ne saurait constituer plus qu’une circonstance atténuante
dont il ne faudrait pas abuser. La justice a pour objet d’assurer la paix
civile et non de se substituer à un Dieu de clémence. La police a pour mission de maintenir l’ordre.
Un policier corrompu nuit gravement à ce dernier. C’est pourquoi il doit, comme
le délinquant, encourir toute la sévérité de la loi. Seulement, une société qui
a perdu le nord, tend à saisir les écarts de certains pour minimiser, voire
justifier, les errances d’autres. Une telle confusion risque de mener à l’anarchie
et la barbarie.
J’espère avoir été compris, sinon approuvé.