Des familles pleuraient ce matin le départ de leurs petits chéris mineurs pour
la Syrie afin d’y aller jouer au Jihad. Le gouvernement en est inquiet comme jadis
femme de Terre-neuvas parti gagner son poisson aux engelures de ses mains (et
au gel de son cul).
Seulement, qui a supprimé l’autorisation de sortie du
territoire (AST), sinon ce même bon gouvernement dans sa grande sagesse par
circulaire
du 20 novembre 2012 ? Il est vrai qu’ont été prévues une Interdiction de sortie du territoire (IST) suite à décision judiciaire et une
opposition à la sortie du territoire (OST), mesure conservatoire en l’attente
de la décision judiciaire. En l’absence de ces restrictions, tout mineur, à partir du moment où il est en
possession d’un passeport ou d’une simple carte d’identité permettant de se
rendre dans tel ou tel pays est libre de le faire.
Le problème est, me semble-t-il qu’il est fort improbable
que l’adolescent (e) préparant une petite escapade vers des contrées
exotiques pour s’y livrer à une activité quelconque dont il (ou elle)
craindrait que ses parents ne s’y opposent
se risque à éveiller leurs soupçons et encore moins à solliciter leur
accord. On ne voit donc pas pourquoi, en admettant qu’ils soient au courant de
cette circulaire, les géniteurs prendraient la précaution de s’opposer à l’éventuelle
sortie du territoire de leurs chers bambins.
Le dialogue suivant est difficilement envisageable :
- Chère
Maman, cher Papa, j’ai décidé d’aller travailler dans un boxon à Istanbul (ou faire la guerre à ce
chien de Bachar).
- Excellente idée, cher enfant, mais passe ton bac d’abord.
Nos chers gouvernants ont une attitude curieuse vis-à-vis
des mineurs : ils leur interdisent de fumer, de boire ou de monter sur un
escabeau avant 18 ans mais leur permettent de se déplacer à l’étranger comme
bon leur semble et notamment en Turquie, pays où tout de même, selon le Ministère
des Affaires Étrangères « Afin d’éviter tout problème d’entrée
ou de sortie du territoire, il est fortement conseillé que les mineurs
voyageant non-accompagnés des parents et munis d’une carte nationale d’identité
soient en possession d’une autorisation de voyager des parents (autorisation
rédigée sous seing privé et comportant une légalisation de la signature) ou, en
cas de voyage scolaire, d’une attestation délivrée par le chef d’établissement. »
Fortement conseillé, mais pas obligatoire… On peut ainsi se rendre dans un pays
frontalier de la Syrie, dont on ne sait même pas s’il y est interdit aux
mineurs de fumer, de boire ou même de grimper sur un escabeau…
On assiste donc à un mouvement contradictoire de
responsabilisation et d’infantilisation de la jeunesse : n’a-t-il pas été
envisagé un droit
de vote aux élections locales pour les 16-17 ans ? C’était peut-être dans l’espoir (peu fondé à
mon sens) que se trouvant encore dans le giron de l’Éducation Nationale et
subissant son endoctrinement ils viendraient grossir les maigres rangs de l’électorat
de gauche…
Ces contradictions témoignent me semble-t-il de l’état de
confusion mentale où se trouve un pays où le tout répression (au nom de la
santé et de la sécurité) côtoie le laxisme et l’irresponsabilité les plus
débridés (au nom du « progrès »). La jeunesse risque fort, comme c’est
de son âge, de se battre le coquillard (elle le dirait en des termes moins châtiés) des
interdictions et de profiter, si l’envie l'en prend, des nouvelles opportunités
qu’on lui offre…
Il sera toujours temps pour les crocodiles de pleurer sur
les effets de causes qu’ils ont soutenues…