L’autre jour, lisant Le Testament français d’Andreï Makine, je tombai sur un passage où était
évoquée la personnalité de cet éminent personnage. Il y était dit que ce brave
homme parcourait dans sa limousine les
rues de Moscou la nuit tombée afin d’y enlever de jeunes femmes à son goût qui
disparaissaient après qu’il en ait perdu l’usage. J’en fus intrigué. J’avais
entendu parler de l’homme, présenté comme le redoutable (et justement redouté)
chef de la police secrète sous Staline. Sans aller jusqu’à penser que pour
occuper une telle fonction on avait choisi un enfant de chœur, je ne m’attendais
pas à découvrir ce que m’appris l’article de Wikipedia à
lui consacré.
On ricanera, me dira que ma source d’information n’est pas
fiable, que l’article fut rédigé par un ou des auteurs ne portant pas l’époque
stalinienne dans leur cœur, qu’on lui reproche de ne pas suffisamment indiquer
ses sources… N’empêche que l’article de la version
anglaise de la même encyclopédie relate grosso modo les mêmes exactions
avec plus ou moins de détails, ses petites incartades sexuelles y étant plus détaillées
et confirmant le récit de Makine.
Je ne dresserai pas la liste exhaustive de ses crimes. Comme
disait Isidore Ducasse dans son imbitable inimitable opuscule, « Allez-y
voir vous-mêmes ! », sachez simplement qu’il a accroché à son
palmarès viols multiples, assassinats, déportations, et autres massacres de
masse à faire pâlir de jalousie les pires bourreaux nazis. Bref, tout ce qu’il faut pour qu’on l’accuse
de crimeS contre l’humanité. Il connut la triste fin qu’il
avait réservée à nombre de ses rivaux : exécuté après une parodie de
procès organisée par ses ex-alliés et complices peu après la mort du Petit père
des peuples qu’il se serait vanté d’avoir liquidé.
Évidemment, vu que les soviétiques ont fini dans le camp des
vainqueurs, il était inconcevable qu’on poursuivît qui que ce fût quels qu’aient
été ses crimes. Il n’empêche qu’il est troublant de voir avec quelle mansuétude
on traite les régimes communistes qui, partout où ils ont été ou sont encore,
hélas, en place se sont rendus coupables de crimes abominables. Ces derniers
sont toujours considérés comme le fait de dirigeants tyranniques et non les
produits logiques d’un système condamnable. Ce qui est curieux : quand on
a un arbre au verger qui chaque année donne des pommes n’est-il pas logique d’en
conclure que c’est un pommier ? Quand un système politico-économique mène constamment
à une tyrannie sanguinaire, n’est-on pas autorisé à le décrire comme criminel ?
Seulement, il y a un hic. Dans notre cher pays, la gauche n’a
jamais vraiment rompu avec ses racines marxistes. Combien de nos socialistes
modérés, et parmi les plus éminents, ont auparavant été trotskystes ?
Voit-on dans beaucoup de pays trois candidats de la même chapelle se présenter
aux présidentielles ? Arrive-t-il ailleurs
que des « sociaux démocrates » doivent leur élection à une alliance
tacite ou avouée avec des communistes ?
Tant qu’il en sera ainsi, on n’insistera pas trop sur les
massacres des Staline, Mao, Pol Pot , Kim Il Sung et de leurs éminents complices comme Beria, car,
ce faisant on finirait par détourner le peuple d’un collectivisme et d’un « égalitarisme »
qui continuent d’être placés au rang d’idéal par nombre de nos gens de gauche.