Le président H. à mesure qu’approchait Noël, fête qui, comme
chacun sait, coïncide grosso modo avec la fin de l’année, affichait un sourire
confiant. A tous ceux qui, dans son entourage immédiat, mettaient en doute l’inversion
de la courbe du chômage avant la fin de l’année, il répondait par ce sourire
paternaliste qui naît aux lèvres de ceux qui savent face aux divagations des
ignares.
Il y croyait dur comme fer. Et pourquoi n’y aurait-il pas
cru ? Après tout n’avait-il pas été contre toute attente choisi comme candidat
de son parti en 2011 ? N’avait-il pas été élu président en 2012 ? Le plus cher de ses souhaits, cette inversion
de courbe aurait donc lieu. S’il avait existé dans son esprit le moindre doute
là-dessus, il ne l’aurait pas sempiternellement rabâché tout au long de l’année,
contre vents, marées, statistiques de l’INSEE, annonces de plans sociaux et
fermetures d’usines.
La pseudo amélioration annoncée en septembre pour les
chiffres d’Août l’avait laissé de marbre. « C’est trop tôt, disait-il :
il faut attendre la fin de l’année ! » Qu’elle fût due à un bug
informatique et que les chiffres remontassent de plus belle en septembre ne l’étonna donc
point.
Quelques semaines avant la fête de la Nativité, alors qu’il
avait dû quitter en hâte son bureau afin d’aller sauver le monde, un proche conseiller
avisa, sur le bureau du président, une chemise rouge ornée de feuilles de houx
et barrée de l’inscription « Taupe secret » (on peut être un génie
politique et faible en orthographe). De peur qu’une indélicate femme de ménage n’ait l’impudence
d’aller jeter un œil sur des documents d’une importance cruciale, il s’empressa de saisir la chemise afin d’aller la ranger
dans un coffre. Malheureusement, celle-ci lui glissa des mains et son contenu
se répandit au sol. Comme malgré lui, le conseiller ne put s’empêcher de lire
la première ligne de ce qui, de toute évidence, était la copie d’une lettre de
la main du Président. Il n’en crut pas ses yeux, relut, consulta les deux
autres missives. Toutes commençaient par « Cher Papa Noël » !
La première, datée du 3 décembre 2010, remerciant le Père Noël
pour le ballon en cuir trouvé dans son soulier l’année précédente et lui
demandait un cadeau différé pour cette année : ne pourrait-il pas, en
octobre 2011 faire de lui le candidat du PS ? La seconde, datée du 10 décembre 2011 le remerciait d’avoir exaucé
son vœu et, plutôt qu’un jeu de petits
chevaux à Noël, lui demandait s’il lui
serait possible de lui offrir l’Élysée en mai. La troisième, du 3 décembre
2012, débordait de gratitude et ne demandait rien pour cette fin d’année, repoussant
son cadeau à l’an prochain et promettait d’être très sage afin que, pour Noël
2013, il lui offrît une inversion de la
courbe du chômage en France.
Ainsi, l’optimisme du Président s’expliquait par une
croyance sans faille en ce que le Père Noël lui apporterait en cadeau l’inversion
dont il espérait tant ? Était-ce bien raisonnable ?
Le conseiller crut de son devoir d’annoncer sa découverte au
premier ministre, M. A.
A suivre…
IMPORTANT : Toujours à l’écoute de
notre lectorat et désireux de mieux connaître ses motivations et ses
attentes, nous vous proposons de participer à un SONDAGE que vous trouverez en
haut de la colonne de gauche.