Comme bien des gens dans ce pays, vous hésitez entre vous
offrir un Yorkshire et une Daimler. Ayant la chance insigne de profiter des
deux et investi par le Ciel de la noble mission de venir inlassablement en aide
à mes contemporains, je vais donc vous fournir des éléments susceptibles de
mettre fin au dilemme qui vous mine et transforme vos nuits en moments d’angoisse
intense.
Une étude exhaustive des avantages comparés de l’un et de l’autre
serait l’œuvre de toute une vie. Je me contenterai donc de n’envisager que
certains critères.
Prix d’achat :
Si pour 1000€ vous pouvez vous procurer un Yorkshire tout à fait convenable et à
peine sevré, c’est en vain que vous chercheriez à acquérir une Daimler en bon état
pour la même somme.
Entretien :
L’entretien d’un yorkshire est d’un coût très abordable. Mis à part un toilettage,
une visite de routine chez le vétérinaire et un sac de croquettes de temps à
autre il ne nécessite normalement aucun frais. En revanche, la Daimler doit
être régulièrement vidangée, sa climatisation rechargée, le niveau de ses
divers fluides contrôlé, ses garnitures de freins changées, etc. (si votre
Yorkshire vous occasionne le même type de dépenses, c’est que vous êtes tombés
sur une mauvaise série).
Consommation :
sauf à l’équiper d’un podomètre et à se livrer à de longs et ingrats calculs,
la consommation d’un Yorkshire ( exprimée en kg de croquettes aux 100 km) est délicate à estimer. Cependant, la simple
logique tend à nous faire considérer que, vue la différence de poids (2,3 kg
pour l’un, 1,8 tonnes pour l’autre) la dépense énergétique du Yorkshire est
nettement moindre que celle de la Daimler.
Réparations :
Nous touchons là un problème épineux : votre Yorkshire peut entraîner des
frais de réparations tout à fait conséquents, notamment lorsque vous lui avez
malencontreusement roulé dessus avec la Daimler (tandis que si, par accident, le Yorksire venait à grimper sur la Daimler
les dépenses à engager seraient bien moindres). Quoi qu’il en soit, si vous
êtes bien assuré, ce n’est pas vous qui règlerez la note.
Maniabilité :
Le Yorkshire est très maniable. Son rayon de braquage est très faible chose qu’on
ne saurait dire de celui de la Daimler.
Accès aux lieux
publics : si les endroits d’où le Yorkshire est banni sont de plus en
plus nombreux, il est cependant encore toléré dans les restaurants et certains
hôtels. Pénétrer dans ces lieux avec votre Daimler serait considéré comme
abusif ou le fait d’un piètre conducteur.
Encombrement et mise
à l’abri : Là encore, le Yorkshire l’emporte haut la main. A ceux qui
en douteraient, je conseillerai le test
suivant : faites entrer le Yorkshire dans votre Daimler puis tentez l’expérience
inverse.
Nuisances :
En matière d’émission de CO2, le Yorkshire est gagnant. Toutefois, il est des
domaines où la Daimler l’emporte. Notamment pour les déjections. Au niveau
sonore, il est rare que la Daimler se mette à aboyer au passage d’un chien ou d’un
simple passant (et encore plus qu’elle démarre en flèche à la poursuite d’un
chat).
Popularité :
Si l’heureux propriétaire d’une Daimler voit de temps à autre une personne vanter
sa beauté, le Yorkshire, lui, rencontre
une appréciation quasi-unanime : enfants, vieillards, gens d’âge mûr s’extasient
volontiers à sa vue. Seuls les adolescents et les jeunes gens semblent ne pas ressentir
le besoin urgent et irrépressible d’entrer en conversation avec son
propriétaire ou de caresser la bête (seuls de rares malades insistent pour caresser le
propriétaire et entrer en conversation avec la bête).
Pour toutes ces
raisons, il me semble plus judicieux qu’une personne de sens rassis préfère l’acquisition
d’un Yorkshire à celle d’une Daimler. Irai-je jusqu’à dire que l’amateur de
sérénité pourrait facilement se dispenser des deux ?