Lors de notre dernière incursion en Espagne j’ai pu
constater un changement important. Sur les paquets de cigarettes l’optimiste
mise en garde « Fumar puede matar » avait été remplacée par « Fumar
mata ». Ainsi, rejoignant celle de notre beau pays, désormais la cigarette espagnole
ne se contente pas de « pouvoir tuer » mais vous tue plus raide que
balle.
Que l’action de fumer puisse s’avérer mortelle est déjà inquiétant.
Qu’elle tue à coup sur est simplement désespérant et rend ce vice bien plus
dangereux que la rafale de kalachnikov dont il arrive qu’on se remette. Si c’est
vrai, peu importe ce que vous fumez : une cigarette tous les ans ou trois
paquets par jour reviennent au même. On vous aura prévenu : ça tue.
Accessoirement, ça rend certains autres avertissements sans
grand intérêt :
- Ainsi, le fait que ça nuise gravement à votre santé devient évident : qu’est-ce qui pourrait lui nuire davantage que cette mort garantie ?
- Si fumer peut rendre impuissant, quel importance ? Vu que vous ne tarderez pas à mourir, ce léger désagrément ne pourra que faciliter votre départ en en allégeant les regrets.
- La fumée peut également nuire à la fertilité des spermatozoïdes. N’est-ce pas préférable ? A quoi bon laisser derrière soi une foule d’orphelins qui traîneront leurs vies misérables de foyers en familles d’accueil ?
D’autres mises en garde ne sont que d’inutiles précisions :
fumer peut vous faire connaître les douleurs d’une longue et cruelle maladie
comme la surprise d’un AVC. Qu’importe ? Que vous soyez douillet, patient
ou pressé on ne vous laissera pas le choix.
L’important est que vous mourriez.
Je ne sais pas qui ou quoi a poussé l’Espagne à modifier son
avertissement sanitaire. Il me semble que la seule potentialité d’une mort
causée par le tabac était plus raisonnable que l’assurance d’une mort certaine.
Surtout si on considère que sur les quelque 570 000 morts
qui endeuillent annuellement la France,
seules 70 000 seraient dues au tabac…