Mon pauvre Jacques, me direz-vous, vous oxymorez à
plein tube ! Ce titre n’a pas de sens !
Je crois qu’une explication s’impose.
Pourquoi serais-je un extrémiste ? Parce que d’autres
en ont décidé ainsi au nom de la bien-pensance*. Vous savez, ce truc que nos « élites »
essaient de nous vendre avec de moins en moins de succès depuis des décennies. Selon
cette école de « pensée » tout ce qui relève du simple bon sens est à
rejeter au nom d’un progressisme soi-disant généreux basé sur une la négation systématique des
évidences. Pour un bien pensant nul ne
saurait tirer meilleur profit des bretelles qu’un lapin et le tablier est un must pour la vache. Celui
qui pense différemment est un Réac dont le rêve secret,voire avoué après exégèse
de propos déformés, est de voir revenir
tonton Adolf.
Car le bien-pensant, dès qu’il cesse de ratiociner et qu’il
a bien coupé les cheveux en 1024 devient un redoutable généralisateur prompt à
mettre tout le monde dans le même sac et le sac à la Seine. Alors qu’il
supporte et même admire l’extrême différence chez l’exotique, chez son voisin, la plus infime entorse à son catéchisme est
hissée au rang de péché mortel et devrait entraîner la damnation.
Je suis donc un extrémiste et me trouve dans un sac en
diverse compagnie. M’y côtoient jeunes et vieux, calmes et agités, diserts et taiseux, ultras et modérés. Sur le Net, on appelle ça la
réacosphère. Dire que je partage en tout point les opinions de ceux qui
figurent dans ma blogroll serait mentir. La virulence ou la monomanie de
certains, le profond racisme ou le philosémitisme d’autres (personnellement, je n’aime ni ne
déteste personne en raison de sa couleur ou de sa religion) me sont étrangers. Étant pour la liberté d’expression, je ne vois
pourtant aucun inconvénient à ce qu’on soutienne que les guerres napoléoniennes
n’ont fait qu’un mort et deux blessés légers ou que toutes les cultures se
valent. Avoir fait de certaines opinions
des délits me choque. Je supporte parfaitement qu’on soutienne des thèses
différentes des miennes. C’est pourquoi je me considère comme un extrémiste
modéré.
Maintenant, la bien-pensance est en train de perdre du
terrain* et les Français ont de plus en plus de mal à admettre que la meilleure
façon de marcher c’est encore sur la tête. Nos chères élites mettent ça sur le dos de la
crise, certains réacs y voient le signe de l’imminence d’orages salvateurs.
La question est de savoir si les orages (métaphore de
troubles civils) ont jamais apporté quoi que ce soit de bon. Je ne le pense
pas. Je laisse à la gauche les révolutions. Je sens monter dans la réacosphère un désir d’actions qui ne sauraient mener qu’à
des troubles graves. Et, puisque je suis parti à vaticiner, je dirai que cela
ne mènera non seulement à rien de bon mais à rien tout court. A mon sens, il n’y
aura de victoire contre la bien-pensance et les catastrophe qu’elle entraînera
fatalement que le jour où, quel que soit le bord où l’on se situe
politiquement, à gauche, à droite, dessus,
dessous, devant, derrière, il deviendra impossible de tenir son discours sans s’assurer
d’être défait et d’engendrer les rires d’une large majorité. Pour assurer cette ÉVOLUTION culturelle, il
faut du temps, de la patience, des arguments. Il faut qu’elle transcende des divisions qui n’ont
rien à voir avec elle. Qu’on soit pour un rôle plus ou moins important de l’état
dans l’économie ne devrait pas impliquer ipso-facto que l’on soutienne ou pas
les plus ubuesques réformes sociétales. C’est précisément du contraire que les « élites »
veulent nous convaincre.
Rendre la vie impossible à M. Hollande au point qu’il en vienne
à partir serait certes bien beau mais également inutile si pour le remplacer on
ne trouve qu’un partisan de ce que l’on combat. Ces alternances, à quoi
servent-elles si la ligne générale continue de nous mener, au niveau sociétal
et accessoirement économique, dans le mur ?
S’opposer de manière frontale à un pouvoir quelconque ne
servira à rien si l’on n’a pas auparavant convaincu de manière durable les Français que les idées
défendues par la bien-pensance sont nuisibles. Si on ne lui a pas fait sentir
que, loin d’être secondaires, épiphénoménales voire fantasmées, certaines
questions sociétales sont fondamentales et que si l’on continue à en nier l’importance
la société ne pourra que se déliter chaque jour un peu plus.
*Intéressant échange sur le sujet entre MM. Zemmour et Caron ici entre 24.49
et 26.24