Un sondage
commandé par le Cevipof ( Sciences PO) n’a pas dû ravir ses commanditaires.
Quelque part, il pourrait être de nature à réjouir nos réacs. Sauf que, sauf
que, sauf que…
Prenons quelques exemples :
·
« 87 % sont globalement d'accord avec
l'idée qu'"on a besoin d'un vrai chef en France pour remettre de
l'ordre. ». Nos chers compatriotes sont donc pour l’autorité. On est aussi
heureux que sceptique d’apprendre que des gens qui ont de plus en plus de mal à
accepter la moindre hiérarchie sont en faveur d’un pouvoir fort. En admettant qu’ils soient réellement prêts à
lui obéir, ce dont, allez savoir pourquoi, je doute, resterait à définir de
quel bord serait ce fameux chef qu’une immense majorité dit réclamer. De droite
pour clouer le bec aux gauchistes ? De gauche pour éradiquer les
nauséabonds ?
·
70 % pensent qu’il y a trop d’étrangers en
France. Et pourtant ils votent en majorité pour le candidat d’un parti
pro-émigration et en faveur du multiculturalisme.
·
« 65 % estiment qu'"il faut renforcer
les pouvoirs de décision de notre pays même si cela doit conduire à limiter
ceux de l'Europe". » Tout cela est bel et bon, mais les candidats
eurosceptiques ne sont pas pour autant plébiscités lors des élections…
Il ressort cependant de cette étude que les thèmes
gauchistes ne parviennent pas à s’imposer malgré tout le battage médiatique
dont ils font l’objet. On a beau leur
vanter la tolérance religieuse et le multiculturalisme enrichissant à tout bout
d’antenne, ces andouilles ne semblent pas convaincues. Malgré leur omniprésence et la diabolisation
de ceux qui ne partagent pas leurs vues, tout se passe comme si les tenants de la
pensée unique prêchaient dans le désert.
Une partie du problème réside dans le peu de confiance que
les Français accordent à leurs politiciens : « 82 % approuvent
l'affirmation selon laquelle les responsables politiques "agissent
principalement pour leurs intérêts personnels", 72 % allant jusqu'à dire
que "le système démocratique fonctionne plutôt mal en
France". ». Cela étant comment
pourraient-ils penser que de tels personnages puissent répondre à leurs
aspiration et comment s’étonner qu’ils votent sans trop d‘illusions pour des
candidats qui se préoccupent peu de leurs attentes ?
Les résultats de ce sondage tendent à montrer que les
Français sont mûrs pour un gouvernement populiste. De droite ? De
gauche ? Tout cela se ressemble tant…
Je me souviens que le bon président Giscard d’Estaing (le
seul à avoir fait reculer les inégalités et à s’être vautré pour avoir fait la
politique de ses opposants) avait dans sa grande sagesse signalé que deux
français sur trois s’accordaient sur les questions fondamentales. Aujourd’hui encore une large majorité
s’accorde sur bien des questions. Sans se rendre compte que s’ils se montraient
logiques ils ne voteraient plus, à gauche , que pour le Front de Gauche et, à droite, que pour
le Front National. Et même que, s’ils poussaient leur logique jusqu’au
bout, leur choix serait encore plus
réduit vu qu’un seul de ces deux partis allie nationalisme et revendications
égalitaires.
Grâce à Dieu, les Français dans leur majorité demeurent des
va-de-la-gueule incapables de mettre de l’ordre dans leurs idées et d’accorder vote
à leurs « pensées ». Les deux partis de gouvernement ont encore de
beaux jours devant eux. Reste à savoir combien de temps durera cette confusion
mentale et quand et où se lèvera une figure capable de fédérer autour d’elle
cette majorité.