Que dire de la basilique Saint-Sernin de Toulouse ? Que c’est une merveille. On pourrait entrer dans les détails. A quoi bon ? Ce sanctuaire qui des siècles durant a su
attirer la foule des pèlerins remplit son rôle : frapper celui qui y
pénètre par sa majesté et, pour les croyants, exalter l’âme. Les moyens mis en œuvre pour y parvenir n’ont d’intérêt que pour les amateurs d’architecture
religieuse (dont je suis à mes heures perdues). Seul le résultat compte. Et ce résultat est atteint.
Lorsque je visite la Sainte-Chapelle, j’aime observer l’expression
des visages lorsque, l’escalier gravi, les visiteurs découvrent pour la
première fois la chapelle haute. Une sorte de sidération s’y lit. Sans provoquer
ce genre de stupeur, Saint-Sernin s’en approche. Si vous ne me croyez pas, allez-y voir…
Un autre spectacle m’a sidéré, non dans le sanctuaire, mais
alentour. Lors de notre visite, le dimanche matin, se tenait sur la place Saint-Sernin
un marché aux puces. Notre but n’était pas d’en regarder les stands ni d’écouter,
ébaubis, les boniments des posticheurs : nous n’étions venus que pour la
basilique. Ce qui me frappa, fut la foule. Elle manquait de bigarrure. On se serait cru sur
quelque marché d’Afrique du Nord. Il y avait bien quelques noirs et quelques rares
blancs mais l’écrasante majorité semblait venue du sud de la Méditerranée tant
par l’aspect que par la langue pratiquée. Dans les rues adjacentes, de jeunes
hommes parlant arabe proposaient aux passants des cigarettes de contrebande. Des blousons de cuir y étaient offerts à des
prix ridicules, le marchand criant avec humour « Volés le soir, vendus le
matin ! ». Était-ce de l’humour ?
Tout cela tendait à rendre le sanctuaire incongru, comme
déplacé. Un peu comme si le marché de Saint –Lô se tenait à l’ombre d’une mosquée…