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Notez son œil torve! |
A première vue, le merle serait un oiseau sympathique, si
tant est qu’il soit raisonnable d’accoler ce qualificatif à la gent emplumée. Car en effet, mis à part
le poulet, le dindon, la caille, la pintade, l’oie, le canard et quelques
sauvages comme le faisan, la perdrix, la bécasse et autres gibiers, de quelle
utilité la classe aves est-elle pour l’homme ?
Aucune ! Il faut le clamer bien fort : l’oiseau ne
sert à rien. Certains, vous parleront de leur chant mélodieux qui réjouit le cœur.
Je préfère parler du boucan infernal dont ils nous cassent les oreilles. Pour
un rossignol combien de sansonnets ?
Pour un moineau qui pépie, soi-disant gaiement, combien de geais cajolent
atrocement ? Une pie, voleuse récidiviste que des gouvernements laxistes se gardent bien de punir, vous réjouit quand elle jacasse,
vous ? Au bord de la mer, mouettes et goélands s’emploient à toute gorge à
gâcher les vacances du travailleur méritant. Et s’il n’y avait que le vacarme !
Mais il y a la pollution ! Quand on voit les tapis de « bombes »
dont ces volatiles souillent voitures, maisons,
et même nous, humains et cela sans plus
d’interruption de vol que de vergogne, on serait tenté de les appeler à un
minimum de décence ! Autant prêcher un socialiste !
Un seul homme dans l’histoire a compris l’oiseau : le
Grand Timonier Mao Zedong (ou Mao Tsé Toung, pour les passéistes). Dans sa
grande sagesse il organisa la destruction systématique des emplumés lors du
Grand Bond en Avant. Certains diront que suite à cette sage mesure ce fut la
mortalité par famine des chinois qui fit un sacré Bond en Avant. Si on devait
écouter les mauvaises langues…
Bref, à part à nous nuire, que ce soit par le bruit, la pollution ou le
vol de nos récoltes, l’oiseau ne sert à rien.
Mais revenons-en au merle, crapule parmi les crapules. Comme
je le disais pour commencer, le merle, aux yeux de l’observateur insouciant, pourrait
passer pour sympathique. Son « chant » (en fait il siffle et, comme
le disait ma défunte mère, « quand on siffle, on fait pleurer la Sainte
Vierge ») n’est pas des plus désagréables. Le voir, tout guilleret sautiller
sur la pelouse, me fait penser à un joyeux petit curé intégriste. Quoiqu’il
soit rare que ces derniers s’affublent d’un long bec jaune. Mais quand je vois
ce qu’il fait à mes fraises, ma sympathie laisse place à une haine farouche.
Quand je constate qu’il a bouloté les quelques malheureuse cerises de mon jeune
arbre je ne ris plus. En fait, la noirceur de son plumage ne fait que refléter
celle de son âme, laquelle n’est pas hypocritement agrémentée de jaune.
Je n’en veux pour preuve que les premiers vers de l’immortelle
chanson de Jean-Baptiste Clément « Le temps des cerises » :
« Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête ! »
Une chose est claire : si le rossignol est niaisement
gai, le merle, lui, est moqueur. Et cela lorsque vient le temps des cerises.
Car en cette saison, ce voleur, non
content de se gaver de fruits qui ne lui appartiennent pas, se fout de notre
gueule. Le poète communard, si c’était nécessaire en remet une louche en fin de
strophe :
« Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur ! »
C’est clair : plutôt que de cacher la honte qu’inspirerait
à tout être doté d’une conscience ses atteintes à la propriété d’autrui, la
perpétration de ces crimes ne le rend que plus goguenard.
On pourra me dire que le merle a eu une enfance malheureuse,
qu’il vient d’un milieu défavorisé, que son niveau d’éducation est très faible,
on pourra ajouter que, victime de discrimination pour sa couleur, il a développée
une haine pardonnable envers la société, on blâmera une lourde hérédité, je balaierai ces politiques de l’excuse d’un
vigoureux revers de main : Le merle est, à l’instar du campagnol, un
danger pour la société. Son absence totale de repentance rend inenvisageable toute possibilité de
réhabilitation.
Tirons en les conséquences qui s’imposent !