Les plus jeunes de mes lecteurs ne verront peut-être pas de
qui je veux parler. Qui était Jacques Duclos ? Un brave, un très brave
homme. Stalinien jusqu’au trognon. Avec cela sympathique comme tout, gardant de
sa jeunesse un de ces accents haut-pyrénéen qui font qu’on ne peut être que
bon. Rondouillard, doté d’une faconde un
rien rocailleuse, ce personnage influent du Komintern était du genre à qui on
ne saurait en vouloir de vous envoyer au goulag tant il le fait avec grâce. Une sorte de Poutou, en nettement
moins con et autrement plus dangereux.
Ce personnage typique de la gauche qui tint au sein du PCF des
responsabilités éminentes pendant près de cinquante ans, eut l’honneur de
représenter son parti à la présidentielle de 1969. Il s’en tira avec brio vu qu’il récolta un score à faire baver
d’envie le plus Jean-Luc des Mélenchon : 21,27% des suffrages se portèrent
sur sa personne. C’était bien mais insuffisant car MM Pompidou et Poher avaient
fait bien mieux que lui. Il se trouva donc éliminé.
Entre les deux tours il connut une nouvelle heure de gloire
lorsqu’il justifia son refus de donner à ses électeurs des consignes de vote
sur la base qu’à ses yeux, les deux candidats en lice c’était « Bonnet
blanc et blanc bonnet ». Ce qui se conçoit de la part de quelqu’un qui eût
aimé que l’on n’ait le choix qu’entre « Goulag blanc et blanc
goulag ».
Et c’est là que je voulais en venir. Il est fort probable
que, sans forcément reprendre l’expression du vieux Jacques que son père n’aimait
pas tant que ça, Marine Le Pen envoie à ses électeurs un message semblable. Et
je la comprends : pour elle et son parti, une victoire de Hollande
pourrait mener à une implosion de l’UMP et à une recomposition de la droite
susceptible de créer des conditions qui leur seraient plus favorables. C’est de
bonne guerre, c’est bel et bon, ça ne marchera pas nécessairement.
Maintenant, malgré tout le respect qu’elle mérite, cette
tambouille électorale est peut-être acceptable pour un parti mais est-elle
bonne pour la France ? Peut-on hypothéquer l’avenir proche au profit d’un
futur plus lointain autant qu’hypothétique ?
La question, quoi qu’on dise, se pose en ces termes :
Flamby président ou pas ?
Il est évident que si
l’on est pour qu’on ajoute
60 000 bras cassés à l’armée des laxistes inefficients, que si l’on compte
épouser le fils de la crémière en justes noces après avoir divorcé de sa légitime
épouse, que si on voudrait que son voisin tunisien puisse élire des conseiller
salafistes à la mairie, que l’on
souhaite payer davantage d’impôts, que si l’on est pas choqué de permettre l’élection de ceux qui
ne craignent pas de s’allier à des communistes héritiers directs des assassins de
dizaines de millions d’humains, on peut répondre oui.
Il est évident que si
l’on souhaite avoir pour président un personnage falot, professionnel de
deuxième division de la politique, un tergiversateur, un remplaçant au pied
levé, on sera servi.
Mais autrement ?
Sarkozy et Hollande, ce n’est pas la même chose !
S’abstenir, voter blanc, pour quelqu’un de droite, c’est voter Flamby.