lundi 28 février 2022

A quoi bon ?

 Désormais, tout commentaire anonyme sera systématiquement supprimé. Ceux écrits sous des pseudos dépourvus de véritable profil également.

Je suis passé de la sidération à l’affliction. A quoi bon parler géopolitique quand tant d’Européens semblent poser sur la situation d’aujourd’hui une grille de lecture vieille de plus de 80 ans alors que tout a changé non seulement sur leur continent mais dans le monde ?

Dans le vacarme des passions, quelques voix s’élèvent : des militaires, des spécialistes de géopolitique, envisagent le problème de manière rationnelle et prônent la négociation au niveau où elle doit se tenir, à savoir entre les USA, patrons de l’Otan, et la Russie.

Les Ukrainiens souffrent. Pour rien, puisqu’ils ne sont qu’une case sur un échiquier géopolitique qui les dépasse. Les Européens, avec leurs éventuelles livraisons d’armes, ne feront qu’ajouter à leur misère.Si M. Poutine était le belliciste fou qu’on nous décrit , il pilonnerait les villes, les raserait et ce n’est pas avec leurs dérisoire cocktails Molotov que les gens de Kiev ou de Karkov pourrait l’en empêcher. Qui envisage une victoire ukrainienne ?

Si l’on veut éviter un bain de sang, si on ne tient pas à voir un conflit local, certes déplorable, se transformer en conflit mondial il est urgent que les VRAIS protagonistes s’assoient à la table de négociation. C’est aux États-uniens d’en prendre l’initiative.

On pourra me dire que ce serait reculer pour mieux sauter, que Poutine c’est Hitler. Mais dans ce cas, rien ni personne ne pourrait l’empêcher de déclencher un conflit mondial.

J’en reviens à ce qu’a dit M. Sarkozy : on n’a le choix qu’entre la guerre totale et la négociation.

Mais je cause, je cause et ça n’avance à rien : aux vrais responsables (s’ils le sont vraiment) de prendre leurs responsabilités ou de sacrifier des milliers d’Ukrainiens dans un combat douteux.




samedi 26 février 2022

On nous prend pour des cons (et à juste titre!)


Le paranoïaque Poutine a, allez savoir pourquoi, un « sentiment » d’encerclement !

J’avoue ma sidération face aux débats sur les événements d’Ukraine. En dehors de quelques experts en géopolitique raisonnables, c’est le café du commerce : Poutine est un fou qui veut reconstituer l’empire russe, le Bloc de l’Est, voire étendre celui-ci jusqu’à l’Atlantique. Curieusement, les interventions étasuniennes ou de l’Otan en Ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, françaises en Libye, au Sahel, toutes finalement couronnées d’un retentissant succès et ayant ramené dans ces pays une paix, une prospérité et, n’ayons pas peur de le dire, un bonheur durables n’ont pas valu à leurs initiateurs de se faire traiter de malades mentaux. A croire que l’adhésion à l’Otan constitue un rempart efficace contre la folie !

Du coup, c’est à qui se montrera le plus va-t-en guerre et le plus Ukrainophile possible. Tout en soulignant la totale impossibilité d’une intervention militaire sur le terrain. En gros, il faudrait faire la guerre, sans la faire, tout en la souhaitant.

Je note cependant la clarté du propos de M. Sarkozy à la sortie de l’Élysée : nous avons le choix entre la négociation et la guerre totale. Le reste, c’est de la parlotte.

« Guerre totale » voilà un terme qui dit bien ce qu’il veut dire. Cela implique l’entrée dans le conflit de l’Otan face à la Russie et accessoirement le recours à l’arme nucléaire, de part et d’autre. Est-ce ce que nous souhaitons ?

La négociation paraît une solution plus raisonnable. Reste à savoir entre qui et qui. Avant tout, il serait raisonnable de préciser le véritable enjeu de cette guerre. Pour des peuples européens en totale déliquescence intellectuelle et craignant de voir revenir les « heures les plus sombres de leur histoire », croire (ou feindre de croire) que le « paranoïaque » du Kremlin a pour but d’agrandir son « empire » est certes tentant. En faire un nouvel Hitler, quoi de plus « raisonnable » ? Maintenant, n’existe-t-il pas d’autres raisons plus réelles à ce conflit ? En admettant que M. Poutine soit paranoïaque, cela ne l’empêche aucunement d’avoir de réels ennemis. Des ennemis qui, par exemple, installeraient à ses frontières des batteries de missiles anti-missiles et sol-sol visant à lui interdire toute réplique en cas d’attaque nucléaire de leur part. Des ennemis qui le désignent ouvertement comme l’ennemi à abattre* : les États-Unis et leur bras armé de l’Otan puisqu’il faut les nommer par leur nom. En attaquant une Ukraine qui souhaiterait adhérer à l’Otan, M. Poutine ne fait que tenter de mettre fin à l’encerclement systématique de son pays entrepris depuis des décennies par cette dernière. N’est-ce pas compréhensible ? Que dirait-on si les Russes avaient installé tout autour des USA des batteries de missiles en les désignant ouvertement comme leurs ennemis ? S’il doit y avoir négociation c’est entre la Russie et les USA, l’Ukraine n’étant, pour son malheur, qu’une pièce sur l’échiquier géopolitique. En est-il encore temps ?

Pour plus d’informations sur la situation actuelle, je vous propose cette analyse certes longue mais instructive. Maintenant, on peut se contenter d’écouter les jérémiades, les divers témoignages émouvants et les fines analyses psychologiques du « cas Poutine » que nous proposent avec un bel ensemble tous les media communiant avec une unanimité retrouvée avec la propagande officielle. C’est moins fatiguant et mieux adapté au  téléspectateur moyen.

 *Lire à ce sujet l’intéressante tribune du Cercle de réflexion interarmées. C’est long, c’est parfois difficile à suivre, mais ça me paraît un peu plus sérieux que les débagoulages des participants aux débats des chaînes d’« information » qui me rappellent, par leur sérieux, ceux des experts en Covid du début de l’épidémie. 

jeudi 24 février 2022

Ben v’là aut’chose !

Carte liguistique de l'Ukraine

Alors voilà : je me réveille, je vais faire mon petit tour sur le Net en fumant ma première cigarette, je prépare mon petit déjeuner, la routine, quoi. A 9 heures j’allume la télé, histoire de prendre des nouvelles de Zemmour et du Covid et qu’ouis-je ? M. Praud est dans tous ses états ! Les Russes (ou plutôt l’infâme Poutine) sont en train d’envahir la gentille Ukraine ! Avec le sens de la mesure qui le caractérise, le bon Pascal se déclare bouleversifié : le monde n’est plus ce qu’il était ! Il en est comme deux ronds de flan ! Ce à quoi personne ne s’attendait, s’est produit ! Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Il n’en revient pas le père Praud ! Dans quel monde vit-il ?

S’ensuivent divers témoignages. Comme toujours dans ces cas-là, on fait appel à des gens qui présentent l’avantage de parler notre langue. Sont-ils représentatifs ? Va savoir, Charles ! Les invités (à l’exception de M. Bauer, toujours pragmatique) parlent d’un dictateur fou, on évoque le souvenir de l’exode de 1940, souvenir un peu flou, vu que ceux qui l’ont vécu se raréfient.

Personnellement, j’aurais un peu tendance à m’en foutre comme de l’an quarante. D’un côté, il y a le principe de la (plus ou moins) intangibilité des frontières, de l’autre le fait que certains russophones de l’Est de l’Ukraine où ils représentent l’immense majorité des habitants ne semblent pas ressentir vis à vis de l’Ukraine l’amour immodéré qui conviendrait. D’un autre encore, il y aurait comme un léger désir de la part de l’Otan d’entourer la Russie (pour son bien !) de bases militaires. Dans quel but précis ? Va savoir Charles !

De brillants spécialistes de la spécialité (ils le sont tous!), nous expliquent qu’il est urgent d’arrêter le dictateur fou avant qu’il n’envahisse la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne, la France et peut-être même les principautés d’Andorre et de Monaco. Ce qui ne saurait se faire dans certains cas cités au nom du Panslavisme et qui entraînerait accessoirement autant qu’obligatoirement l’entrée en guerre de l’Otan avec les menus inconvénients que cela pourrait entraîner.

Ce nouveau fait présente tout de même un avantage : ceux de nos compatriotes qui commençaient à se lasser d’être d’éminents épidémiologistes pourront se reconvertir dans la stratégie. Pour ce qui me concerne, n’étant spécialiste en rien, je me contenterai de penser qu’il ne s’agit là que d’un épiphénomène qui ne concerne que les états russes et ukrainiens et le désir d’hégémonie de nos chers amis étasuniens. Qu’ils se démerdent entre eux et gardons notre calme !


vendredi 18 février 2022

Transfuges divers

 

La mode est aux prises de conscience. Une question de saison peut-être… Une poignée de membres plus ou moins éminents de LR ou du RN tournent casaque et se découvrent des affinités avec MM. Zemmour ou Macron. Certaines de ces ces désertions étaient prévisibles, d’autres plus surprenantes surtout si l’on considère que leurs seules motivations sont éthiques ou idéologiques.

Prenons un premier exemple au hasard : M. Woerth. Ministre sous Sarkozy, soutien de Fillon lors du deuxième tour de la primaire LR de 2017, il accorde son soutien à Laurent Wauquiez lors de son élection à la présidence de LR. Pour ces raisons, on aurait pu penser qu’il appartenait à la tendance la moins molle de ce parti dont il il était jusqu’à ces derniers jours, président de la section de l’Oise. C’eût été se tromper ! En fait, comme Paul sur le chemin de Damas, à quelques semaines du scrutin présidentiel, il fut frappé par la grâce et réalisa qu’à l’insu de son plein gré s’était développée en son âme la fleur d’un macronisme sincère. Mettons cela sur le compte de la versatilité de la jeunesse (il n’a que 66 ans!) , sur celui d’une intervention divine ou encore d’une tardive prise de conscience du côté où sa tartine serait le mieux beurrée. Député LR de l’Oise, il ne lui resta plus qu’à changer de groupe.

Autre exemple : M. Bay. Son cas est bien différent. Contrairement au bravé Éric, ses convictions ont pu paraître variables. Militant FN dès l’âge de 15 ans, il quitte ce parti en 1998 pour suivre M. Mégret avant d’obtenir dans ce parti le poste de secrétaire général. Mais, vu qu’il se rapproche un peu trop de Marine Le Pen, il en est exclu en 2008. Pas rancunière pour un sou, Marine l’accueille de bon cœur. Le retour de l’enfant prodigue est un succès. Secrétaire général puis vice-Président du FN, il se voit élu député européen (2014 et 2019) puis au conseil régional de Haute-Normandie (2015). Il semble pourtant que le sort s’acharne sur lui (cf. supra) puisqu’il se trouve suspendu de ses postes au RN le 15 février (on l’accuse, à tort selon lui, vu qu’il portera plainte contre ce parti le lendemain, d’être un sous-marin zemmourien). A la surprise générale (vraiment?), il apporte son soutien le 16 au candidat de Reconquête sans pour autant démissionner du parlement européen.

Ainsi, on passe du RN chez Zemmour, de LR chez le même ou chez Macron tout en conservant des mandats acquis grâce au parti qu’on abandonne en rase campagne. Personne ne semble s’en offusquer. Les commentateurs, plutôt que de fustiger les transfuges, préfèrent supputer l’impact qu’auront ces défections sur les résultats électoraux des uns ou des autres. J’avoue que j’aurais du mal à soutenir un renégat de la dernière heure et je pense que ces ralliements n’apporteront que peu de changements aux scrutins.

Tout ce qu’on peut souhaiter à ces deux braves hommes ainsi qu’à leurs semblables, c’est que les trente deniers promis leur seront payés sous forme d’un maroquin pour le premier et d’une circonscription éligible pour le second (le risque étant pour ce dernier de connaître les mêmes déboires électoraux qu’il connut au MRN et que la porte du RN ne lui soit fermée à jamais).

mardi 15 février 2022

And the best loser is…*

 


Il semblerait que le résultat de la présidentielle soit plié d’avance. Sauf grave accident de dernière minute (scandale sexuel particulièrement odieux, découverte de détournements massifs, assassinat de Brigitte à coups de bêche lors d’une cérémonie officielle, etc.) il est très probable que M. Macron soit réélu, plus ou moins les doigts dans le nez. A cela, il y a d’excellentes raisons : il bénéficie, va savoir pourquoi, d’une certaine popularité, le Français moyen a horreur de l’aventure et a été dressé à rejeter les extrêmes ou ce qu’on lui présente comme tel et aussi la peur du changement que l’on peut constater en tous domaines suivant le principe  qu'on ne change pas une équipe qui perd.

Les sondages sont clairs à ce sujet : quel que soit son opposant, M. Macron l’emporterait. On me dira que les sondages mentent, qu’ils sont truqués, que c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. Moi, je veux bien tout ce qu’on veut (c’est mon côté tolérant) mais je serais fort surpris que M. Lassalle, Mme Hidalgo ou M. Mélenchon soient élus dès le premier tour.

Nous en sommes donc réduits, à moins d’être des macronistes fervents ou résignés, à désigner celle ou celui qui perdra. Jusqu’à nouvel ordre, nous avons donc le choix entre trois candidats à l’échec : M. Zemmour, Mme Le Pen et Mme Pécresse. Pour ce qui me concerne, j’élimine cette dernière car malgré son ralliement de façade à des thèses droitières elle représente un centre droit si modéré que pour la différencier de celui qu’elle affronterait et en faveur duquel il est probable qu’elle se désisterait en cas d’échec au premier tour , il faut être du genre à disséquer, en vue d’une analyse poussée, un cheveu en quatre dans le sens de la longueur. Ce n’est pas mon cas.

Restent donc deux postulants à la défaite. Le Z, comme aiment à le désigner ses partisans et Mme Le Pen. Le premier, entre autres arguments, proclame que la deuxième ne sera jamais en position de gagner. Il semble, ce faisant, ne pas se rendre compte qu’il « bénéficie » d’un pourcentage de rejet bien supérieur à elle et qu’en cas de deuxième tour il obtiendrait un piètre score. Car s’il lui est possible de rallier les « intellos » de droite dure et quelques traîtres plus ou moins éminents de LR et du RN , son assise populaire reste faiblarde. Son opposante, quant à elle (toujours selon des sondages menteurs et truqués), recueillerait jusqu’à 45 % des suffrages, comme le fit Mitterrand face à de Gaulle en 1965. Ce n’est pas rien.

Si la défaite est inévitable, autant qu’elle soit le moins cuisante possible. Ce qui compte, c’est la progression du camp national. Présidentielle 2002 : Jean-Marie Le Pen : 17,79 %. Présidentielle 2017 : Marine Le Pen : 33,9 %. Prévisions 2022 (Toujours selon des sondages truqués autant que menteurs) : Marine Le pen : entre 43,5 et 45 % des voix. M. Zemmour pourrait-il faire mieux ?

Plutôt que le briser, il serait à mon sens plus utile d’entretenir cet élan qui finira bien un jour ou l’autre (Paris ne s’est pas fait en un jour!) à la victoire. Maintenant, si vous êtes, comme M. Zemmour, des fanatiques de Napoléon, libre à vous de le choisir.

* Et le meilleur perdant est…

samedi 12 février 2022

Je suis pour !

 


J’ai, avec les assassins, un point commun : nous sommes pour la peine de mort.

Entendons nous bien : il ne s’agit pas de l’infliger à qui aurait traversé en dehors des clous, aurait été soupçonné de mal voter, n’aurait témoigné qu’un amour modéré pour la république, aurait émis des restrictions sur l’utilité du passe vaccinal, n’aurait pas fait ses pâques ou aurait bu et mangé avant le coucher du soleil durant le Ramadan, aurait dépassé son découvert bancaire sans en référer à son conseiller, aurait dépassé un tracteur en franchissant une ligne blanche, aurait… ...mais j’arrête là vu qu’un recensement exhaustif de toutes les vilenies dont l’être humain est malheureusement capable est impossible à établir.

Je pense qu’elle devrait être réservée aux assassins et à certains meurtriers n’ayant aucune circonstances atténuantes et dont la culpabilité serait clairement avérée, l’intime conviction des jurés ne pouvant s’y substituer.

Un des arguments contre la peine de mort est qu’elles ne serait pas dissuasive. C’est l’évidence même. Bien que n’étant pas moi même criminel, je suppose que l’assassin lorsqu’il planifie son crime pense pouvoir le perpétrer sans être pris. Savoir qu’entre les XVIe et XVIIIe siècles ils risquaient d’être roués puis écartelés à quatre chevaux après avoir été dûment torturés ne semble pas avoir dissuadé les malandrins et autres bandits de grand chemin de l’époque. Je crains qu’aucune peine ne soit vraiment dissuasive. La question n’est pas là.

J’entends dire qu’en mettant à mort la société se ravalerait au rang des assassins. Et que fait-elle en emprisonnant ? Elle opère une séquestration ! Certes légale, mais la loi autorisant l’exécution des assassins rendrait ce « crime » légal. De même, les multiples amendes pour non observation de certaines injonctions ne s’apparentent-elles pas à une forme légale de racket et dans le cas de la fraude fiscale à une forme de loi du talion : tu m’as dérobé (ce que je considérais être) mon argent, je te ruine ? On m’objectera que c’est pour le plus grand bien de la société. Certes, mais la peine capitale, remède souverain contre la récidive, ne participe-t-elle pas d’une amélioration de la sécurité publique ?

L’abolitionnisme est basé sur le « Tu ne tueras pas » de la loi mosaïque, sur le principe rousseauiste que l’homme est intrinsèquement bon et surtout sur le désir d’être mignon qui pousse de plus en plus de nos contemporains à devenir végans. Tuer un animal ? Quelle horreur ! Alors, un être humain, je vous dis pas ! Quel dommage que les assassins n’aient pas ces scrupules !

Surtout qu’enfermer à vie un humain, quoi qu’il ait fait, ne me paraît pas moins cruel. De plus, ça nous coûte des sous.



mercredi 9 février 2022

Disparu des écrans


L’amitié, c’est un truc de jeunes. Ça laisse pourtant des souvenirs. L’autre jour, j’avais commencé à regarder un film de Chabrol avec Benoît Magimel. Il me sembla me souvenir que cet acteur avait joué dans le film de Philippe. Je googlai pour m’en assurer. C’était bien lui qui tenait le rôle de mon pote dans son récit autobiographique. Et, surprise, je vis qu’un article de Wikipédia lui était consacré. J’allais voir. Il était très court, une simple ébauche disant qu’il avait travaillé comme assistant réalisateur dans les années 70-80 avant de tourner un long métrage en 1992. Et puis plus rien. Disparu des écrans. Que des écrans ?

Philippe, je l’ai rencontré en 1967. Nous étions condisciples en terminale A au lycée de Rambouillet. Il m’avait tout de suite plu. Il était de ceux qui, comme moi, se demandaient ce qu’ils pouvaient bien faire là. Des jeunes un peu (beaucoup ? Passionnément?) paumés qui se cherchaient et qui mirent longtemps à se trouver. Si tant est qu’ils se trouvèrent jamais. Sur quoi peut se baser une amitié ou un amour ? Difficile à dire, surtout quand ils ont disparu, ne laissant que de vagues souvenirs et plus de questions que de réponses sur ce qui pouvait être à leur origine.

Quoi qu’il en soit, proches nous fûmes. Des années durant avant que la vie ne nous sépare. C’est en 93, alors que, de retour d’Angleterre, pas très en forme, plus enclin, suite à une de ces multiples ruptures qui ont jalonné ma vie, à ruminer le passé qu’à envisager l’avenir, que nous eûmes notre dernier contact. J’avais trouvé son numéro dans l’annuaire et mon appel fut transféré dans le Var où il se trouvait. Bien que 18 ans aient passé depuis notre dernière rencontre, la conversation fut amicale, nous parlâmes de chose et d’autres, il me déclara travailler sur un nouveau scénario après le flop total de son film, retiré des affiches après quelques jours. Je lui résumai brièvement toutes ces années sans nouvelles. Nous nous quittâmes après être convenus d’une visite qu’il me rendrait quand il se trouverait dans mon coin où sa sœur possédait une maison. Et puis plus rien. Disparu des écrans. Que des écrans ?

Pourtant que de souvenirs ! Les week-ends de bringue dans sa maison de campagne, avec les sorties au bal après un ou deux grogs au whisky (une chope, deux tiers de whisky, un tiers d’eau bouillante et en voiture pour l’aventure), les bains de minuit dans les ballastières ou personne dans la bande n’aurait été foutu de secourir qui aurait eu un malaise, les rentrées avec des filles plus attirantes le soir qu’au matin, ses visites impromptues autant que tardives suivies de parties de chasse en voiture dans la forêt de Rambouillet ou d’une virée à Orléans, histoire d’y prendre un pot (comme s’il n’y avait aucun troquet d’ouvert à moins de 100 kilomètres), les longues missives échangées lors de mes séjours au Sénégal ou en Angleterre, ses dernières visites à Tours où le cœur n’y était plus vraiment, vu qu’y ayant trouvé l’amour je tendais à me ranger des voitures. Huit ans de fâcheries passagères, de retrouvailles, d’éclipses… Une amitié de jeunesse où il m’arriva de le considérer comme mon mauvais ange (comme si j’avais eu besoin d’un mauvais ange pour déconner!) et où il arriva que mes folies le lassent.

Et me voilà, des décennies plus tard, ne me reconnaissant plus dans nos frasques passées, conscient cependant que sans elles , sans cette amitié, je ne serais pas ce que je suis devenu.



 

lundi 7 février 2022

La vie me gâte !

 


Je ne sais pourquoi mais il se trouve que pour la deuxième soirée de dimanche consécutive j’ai la chance de pouvoir regarder un de mes films préférés. Si on ajoute à ça de bonnes lectures, ce serait me montrer particulièrement ingrat de ne pas remercier la vie pour les somptueux présents qu’elle m’offre sans que je ne lui aie rien demandé.

Comme la regrettable Juliette Gréco, je ne suis pas un fanatique des dimanches ne serait-ce que parce que Mme Kelly et M. Praud, ces fainéants, ne travaillent pas et me privent égoïstement de plusieurs heures d’agréables loisirs. Mes démêlés avec une imprimante récalcitrante et des systèmes de paiement sur le Net peu accommodants eussent fait de celui d’hier une bien morne journée si l’appel de ma fille n’était venu ensoleiller sa grisaille. Et puis, le soir, une bonne surprise me fut faite par M. C 8 : la programmation d’un de mes films favoris, Les Galettes de Pont-Aven ! Un régal !

Bien installé dans un confortable fauteuil club Chesterfield, je pus pour la énième fois me réjouir à la vision des aventures D’Henri Serin, VRP en parapluies de son état avant de tout envoyer balader pour devenir rapin-ivrogne dans la cité des peintres et des galettes au beurre. Un film que seule la France des « swinging seventies » pouvait produire en ces temps de liberté et d’humeur polissonne qui virent ma jeunesse, « [temps]auquel j’ai plus qu’autre galé jusqu’à l’entrée de vieillesse qui son partement m’a celé », comme disait l’autre*. Aux côtés d’un Jean-Pierre plus excellent encore qu’à son accoutumée, une pléiade d’acteurs de qualité y incarnent des caricatures de stéréotypes particulièrement réjouissantes. La pulpeuse Andréa Ferréol dont la prestation dans La Grande bouffe nous fit découvrir les charmes y est parfaite en boutiquière ; Claude Piéplu, pèlerin invétéré que l’on retrouve en fin de film, met sa truculence au service d’une foi profonde qu’il souhaiterait faire partager ; Bernard Fresson en peintre cynique et paillard se surpasse et est à l’origine d’une passion pour le cul de d’une belle Québecoise dont la désertion plongera le pauvre Henri dans la soûlographie ; Romain Bouteille campe avec sobriété un curé plus vrai que nature ; quant à Dominique Lavanant il fallait penser à faire d’elle une improbable prostituée en costume bigouden d’apparat ; enfin, la charmante et douce Jeanne Goupil et son apparence quasi-virginale vient opérer la rédemption du bon Henri et en faire un virevoltant serveur de plage.

Je ne m’appesantirai pas sur toutes les scènes remarquables du film. J’en retiendrai deux, pour des raisons familiales. Le personnage créé par Mme Lavanant m’a rappelé ma mère. Entendons nous bien : ma génitrice, pour des raisons évidentes de religiosité et d’austérité morale n’aurait à aucun prix accepté de se livrer au commerce de la chair, activité dont je doute qu’elle eût d’ailleurs tiré grand profit. Seulement, nées à une vingtaine de kilomètres l’une de l’autre, en Basse-Bretagne, elles avaient en commun l’accent et émaillaient leur discours des mêmes mots bretons. L’autre est celle où, remplaçant au pied levé un chanteur victime d’un accident de Solex, Henri Serin interprète en duo avec Marie le Kenavo (Au revoir en Français) de Théodore Botrel. Il se trouve que cette chanson d’un marin quittant sa promise pour une lointaine mission était celle que mes parents chantaient ensemble lors des banquets de communions, fiançailles et autres mariages comme le voulait la coutume que j’évoquais ici il y a plus de dix ans déjà.

Pour ces raisons (sauf les familiales, bien entendu), je recommanderais à qui ne le connaîtrait pas ou n’en garderait qu’un lointain souvenir de regarder ce joli film.

* En l'occurrence François Villon


jeudi 3 février 2022

Deux bons livres

 

Au joli temps de leur amitié

Il est assez rares que je parle de mes lectures. Car il m’arrive de lire ! Pas de manière compulsive mais quelques dizaines d’ouvrages par an parfois. Seulement, peu méritent qu’on s’y attarde. Il se trouve que j’ai eu la chance d’en relire deux à la suite qui m’ont bien plu. Les deux sont d’auteurs Sud-Américains. De pays où il semble qu’on se livre encore à cet acte périlleux qu’est la vie. Mais venons en au fait :

La Tante Julia et le scribouillard, de Mario Vargas Llosa :

Un livre réjouissant et plus ou moins autobiographique où le prix Nobel péruvien nous narre ses amours compliquées avec sa tante Julia (en fait, la sœur de l’épouse d’un de ses oncles, désolé pour les amateurs d’inceste !) et sa fréquentation du scribouillard, auteur bolivien de feuilletons radiophoniques hanté par l’écriture et la haine des Argentins. La structure du roman est originale : Vargas Llosa y fait alterner ses récits autobiographiques et ceux relatant divers épisodes des feuilletons de son ami. Au départ, j’avais pensé qu’il s’agissait, comme le faisait Dos Passos, d’histoires parallèles dont les différents personnages finiraient par se rencontrer. Il n’en est rien. S’il y a bien rencontres, c’est qu’au fil de l’évolution de la folie du scribouillard ses histoires finissent par se mélanger : les noms s’échangent, des éléments biographiques de l’un sont attribués à l’autre et avant qu’il ne perde sa place et finisse en psychiatrie, ses feuilletons se font incompréhensibles et perdent leur audience. Si l’histoire d’amour d’un Mario de dix-huit ans et de sa « tante » plus âgée n’est pas sans rebondissement croquignolesques, notamment lorsqu’ils parcourent le pays à la recherche d’un maire suffisamment irrespectueux des lois pour les marier, ce sont les passages consacrés au graphomane et à des feuilletons qui sont les plus réjouissants. Avant de s’enfoncer dans les délires sus-mentionnés, l’auteur parsème ses récits d’allusions fielleuses aux nombreuses tares qu’il attribue aux Argentins, accusés, entre autres, d’être des assassins par nature, d’ignorer tout de l’hygiène la plus élémentaire, et d’avoir pour femmes d’infâmes putains. Je pense qu’en écrivant ce récit, Vargas Llosa s’est régalé. C’est ce que j’ai fait à le lire.

Le Général dans son labyrinthe, de Gabriel Garcia Marquez :

L’auteur de Cent Ans de solitude nous narre les derniers jours de Simon Bolivar, entre son départ de Santa Fé, quartier de Bogotá, qu’il fuit sous les quolibets après avoir démissionné de la présidence et son ultime exil, la mort. Le « Libertador » qui a vu son rêve d’une Amérique du Sud unie sombrer dans les rivalités locales est malade, très malade. Il connaîtra des rémissions avant de replonger puis, pour un temps, de sembler renaître. Le lecteur risque, lui aussi, de se sentir dans un labyrinthe, tant les palanquées de généraux et de colonels créent la confusion à la manière des princes et des comtes de La Guerre et la paix. Les références à des événements historiques de l’épopée du Général qui ne nous sont pas familières participent à son égarement. Mais qu’importe ? Au fil des étapes du voyage, des rencontres, prétextes au rappel d’épisodes passés, se dessine le portrait d’un grand homme sur sa fin, de ses colères, de sa versatilité, de ses amours tumultueuses, de sa prodigalité, de sa bravoure, de sa rouerie, de sa complexité se dessine un portait. Portrait sans complaisance ni cruauté, aux antipodes de l’hagiographie, brossé par un Garcia Marquez au meilleur de son art. Un livre impossible à résumer comme peut l'être le parcours du prisonnier d’un labyrinthe. Un livre riche.

En guise de « bonus » :

Ces deux prix Nobel de littérature furent neuf ans durant copains comme cochons. Jusqu’au jour où, dans le hall d’un cinéma de Mexico, le 12 février 1976 pour être précis, Le bon Mario mit brutalement fin à cette belle amitié par un direct en pleine face du vaillant Gabriel. Problème conjugal ? Différend politique ? Nul ne le sait, les deux ex-amis ayant promis d’en tenir la raison secrète. Garcia Marquez mourut sans rien en dire et Vargas Llosa décida d’en faire autant et de laisser aux historiens le soin de faire la lumière sur l’affaire. On dira ce qu’on voudra, mais ces Latinos ont su conserver un certain art de vivre.

Triste fin d'une amitié




mardi 1 février 2022

Un bouffon totalitaire

 


J’ai assisté à un débat concernant le reportage sur l’islamisme à Roubaix qui vaut à ceux qui l’ont réalisé ou présenté des menaces d’égorgement ou de décapitation et de se retrouver sous protection policière. J’ai cru halluciner en entendant l’orateur national (titre amusant) de la France Insoumise, un certain Aurélien Le Coq. Ce jeune homme est très habile ! Pas du genre à ergoter niaisement ! Il va au fond du problème.

Si son parti a attaqué ce reportage, c’est pour d’excellentes raisons : ce reportage stigmatise cette merveilleuse cité du Nord en ne l’abordant que par le biais de l’islamisation alors qu’il s’y passe tant de jolies choses. Le brave Aurélien ne s’était pas embarqué sans biscuit : il avait eu soin de se munir d’une liste de personnes qui y vivaient en toute liberté. Il s’empressa de la lire, évoquant Mme Paulette, fringante octogénaire qui y toilettait les chiens, Léon dans le magasin duquel on trouvait de tout et même des crucifix prouvant, si nécessaire, que tous y vivaient en harmonie. Pour paraphraser Oscar Wilde, parlant de la mort de la petite Nell, il aurait fallu un cœur de pierre pour ne pas éclater de rire en l’écoutant !

Il semblait oublier que le sujet du reportage n’était pas de mettre en exergue l'extrême tolérance de nos amis roubaisiens mais les signes d’islamisation qu’on pouvait noter dans leur riante cité. Autant reprocher à une enquête sur le cassoulet de Castelnaudary de ne rien évoquer de la campagne de fleurissement des espaces publics menée par la municipalité ou à un reportage sur la cueillette des olives dans l’arrière-pays niçois de passer sous silence les problèmes qu’y connaît la pisciculture.

En fait, ce que regrette l’Orateur National, c’est que l’on puisse traiter de ce problème qui ne concerne qu’une infime minorité de la population. Il oublie cependant que nombre de sujets évoqués par les media ou les politiques concernent directement très peu de monde. Le thème des « violences policières » et plus particulièrement des éborgnés des manifestations Gilet-Jaunesques qui tient tant à cœur à son patron et à ses Orateurs ne concerne que 30 personnes sur plus de 65 millions d’habitants, n’est-il pas extrêmement minoritaire et ne tendrait-il pas à stigmatiser l’ensemble de la police ?

Pour M. Le Coq, il serait donc souhaitable de ne traiter que des sujets qui lui agréent : baisse du pouvoir d’achat, misère, racisme, homophobie, désastres écologiques, etc. Et cela tant qu’il serait dans l’opposition. Si, par malheur, il arrivait que sa clique arrive au pouvoir, on peut imaginer que ces même sujets laisseraient place aux louanges des actions gouvernementales. Puissions nous en être préservés à jamais !