mercredi 9 février 2022

Disparu des écrans


L’amitié, c’est un truc de jeunes. Ça laisse pourtant des souvenirs. L’autre jour, j’avais commencé à regarder un film de Chabrol avec Benoît Magimel. Il me sembla me souvenir que cet acteur avait joué dans le film de Philippe. Je googlai pour m’en assurer. C’était bien lui qui tenait le rôle de mon pote dans son récit autobiographique. Et, surprise, je vis qu’un article de Wikipédia lui était consacré. J’allais voir. Il était très court, une simple ébauche disant qu’il avait travaillé comme assistant réalisateur dans les années 70-80 avant de tourner un long métrage en 1992. Et puis plus rien. Disparu des écrans. Que des écrans ?

Philippe, je l’ai rencontré en 1967. Nous étions condisciples en terminale A au lycée de Rambouillet. Il m’avait tout de suite plu. Il était de ceux qui, comme moi, se demandaient ce qu’ils pouvaient bien faire là. Des jeunes un peu (beaucoup ? Passionnément?) paumés qui se cherchaient et qui mirent longtemps à se trouver. Si tant est qu’ils se trouvèrent jamais. Sur quoi peut se baser une amitié ou un amour ? Difficile à dire, surtout quand ils ont disparu, ne laissant que de vagues souvenirs et plus de questions que de réponses sur ce qui pouvait être à leur origine.

Quoi qu’il en soit, proches nous fûmes. Des années durant avant que la vie ne nous sépare. C’est en 93, alors que, de retour d’Angleterre, pas très en forme, plus enclin, suite à une de ces multiples ruptures qui ont jalonné ma vie, à ruminer le passé qu’à envisager l’avenir, que nous eûmes notre dernier contact. J’avais trouvé son numéro dans l’annuaire et mon appel fut transféré dans le Var où il se trouvait. Bien que 18 ans aient passé depuis notre dernière rencontre, la conversation fut amicale, nous parlâmes de chose et d’autres, il me déclara travailler sur un nouveau scénario après le flop total de son film, retiré des affiches après quelques jours. Je lui résumai brièvement toutes ces années sans nouvelles. Nous nous quittâmes après être convenus d’une visite qu’il me rendrait quand il se trouverait dans mon coin où sa sœur possédait une maison. Et puis plus rien. Disparu des écrans. Que des écrans ?

Pourtant que de souvenirs ! Les week-ends de bringue dans sa maison de campagne, avec les sorties au bal après un ou deux grogs au whisky (une chope, deux tiers de whisky, un tiers d’eau bouillante et en voiture pour l’aventure), les bains de minuit dans les ballastières ou personne dans la bande n’aurait été foutu de secourir qui aurait eu un malaise, les rentrées avec des filles plus attirantes le soir qu’au matin, ses visites impromptues autant que tardives suivies de parties de chasse en voiture dans la forêt de Rambouillet ou d’une virée à Orléans, histoire d’y prendre un pot (comme s’il n’y avait aucun troquet d’ouvert à moins de 100 kilomètres), les longues missives échangées lors de mes séjours au Sénégal ou en Angleterre, ses dernières visites à Tours où le cœur n’y était plus vraiment, vu qu’y ayant trouvé l’amour je tendais à me ranger des voitures. Huit ans de fâcheries passagères, de retrouvailles, d’éclipses… Une amitié de jeunesse où il m’arriva de le considérer comme mon mauvais ange (comme si j’avais eu besoin d’un mauvais ange pour déconner!) et où il arriva que mes folies le lassent.

Et me voilà, des décennies plus tard, ne me reconnaissant plus dans nos frasques passées, conscient cependant que sans elles , sans cette amitié, je ne serais pas ce que je suis devenu.



 

16 commentaires:

  1. Je trouve, une fois de plus, cher Oncle Jacques, la façon que vous avez de nous faire partager votre vie, très touchante. Tout votre talent tient dans votre sincérité et dans votre humanité. Jamais vous n'essayez de nous faire croire que vous seriez un type à part, plus doué que les autres, et surtout que ces pauvres demi-crétins qui s'aventurent à commenter vos billets.
    Et voilà que je me demande moi aussi ce qu'est devenu ce Philippe Leriche dont je n'avais jamais entendu parler !

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    1. "ces pauvres demi-crétins qui s'aventurent à commenter vos billets"... Est-ce une auto-critique ?

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    2. Je vois que votre curiosité vous a amenée à identifier ce brave Philippe. Il faut dire que l'indiceque constitué par l'image rendait l'enquète facile.

      Cette disparition interroge en effet : comme,t explquer que quellqu'un qui de 19 à 44 ans n'a fait que du cinéma ait soudainement disparu ? S'est-il reconverti dans le commercede gros de bilboquets ? A-t-il profité de l'ascendent qu'il avait sur les femmes pour ouvrir un boxon à Valparaiso ? L'échec de son film l'a-t-il désespéré ? Va savoir...

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    3. "Demi-crétins" ? Vilaine flatteuse !

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    4. Ayant visiblement oublié de me relire, je corrige :
      Je vois que votre curiosité vous a amenée à identifier ce brave Philippe. Il faut dire que l'indice constitué par l'image rendait l'enquête facile.

      Cette disparition interroge en effet : comment explquer que quelqu'un qui de 19 à 44 ans n'a fait que du cinéma ait soudainement disparu ? S'est-il reconverti dans le commercede en gros de bilboquets ? A-t-il profité de l'ascendent qu'il avait sur les femmes pour ouvrir un boxon à Valparaiso ? L'échec de son film l'a-t-il désespéré ? Va savoir...

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    5. Tant que vous y êtes et sachant Mildred très pointilleuse, ajoutez "commercede en gros", "ascendEnt"

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    6. Je laisse tomber ! Ce n'est vraiment pas mon jour.

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  2. "Il ya les demi crétins, les autres et nous, jacques" dixit Mildred. Elle va finir pas mettre un terme à son célibat si elle continue...

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  3. J’adore “des filles plus attirantes le soir que le matin”.
    J’ai connu ça.

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    1. Avec "consentantes" ça marche aussi ? Faudrait pas boire... mais on baiserait moins !

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    2. Moins consentantes au matin ? Rrarement. Le pire, c'est quand elles sont hyper-consentantes et qu'on ne l'est plus.

      Pour ce qui est de plus ou moins baiser, ça ne me concerne plus.

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    3. Hyper-consentante hier, hyper-chiante aujourd'hui : Souvent femme varie, bien fol qui s'y fie.
      Les jours de la femme se suivent, mais ne se ressemblent que modulo 28, dans sa jeunesse et sa maturité.

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  4. Tromper et détromper

    Je regarde le visage de XX, et j'y vois sans aucun DOUTE possible, un signe qu'elle se trompe, car elle voit la Vie en Rose.
    Ai-je interet à la détromper en tant que puissant XY ?
    Réponse :
    NON !
    Ni pour elle, ni pour MOI, MOI, MOI, MOI .....

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  5. Le Mythe de Persée
    La vérité sort de la bouche de la Gorgone, qui est très laide.

    Mais je détiens ze solution of ze problemo.
    Je ne regarde JAMAIS la Gorgone de face, mais TOUJOURS de profil.
    Une fois bien profilée, je la butte !
    Honni soit qui mal y pense.

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