mercredi 8 avril 2020

Une optimiste !


Ce matin, quand je me suis réveillé, j’ai vu qu’il s’apprêtait à faire jour. Je ne fis ni une ni deux pour me lever car j’étais bien décidé à me rendre au cabinet de soins infirmiers afin qu’on m’y fasse une prise de sang histoire de voir si, après avoir cessé de prendre le médicament contre l’hyperthyroïdie et celui qui était censé l’avoir provoquée, mes TSH, T4 libres et d’autres bestioles de ce genre étaient revenues à de meilleurs sentiments.

Je dus me hâter car ma montre indiquait 7 heures 35 et que la permanence des infirmières prenait fin à 8 heures. Encore à moitié dans le coaltar, je parvins cependant à m’habiller, à retrouver mon ordonnance, à remplir l’attestation et d’un coup de voiture à me retrouver au cabinet à 7 h 50. Je fus un peu surpris de voir que le bureau d’accueil était vide alors que d’ordinaire tous les sièges y sont occupés jusqu’à 8 h et plus. Une personne était cependant dans le cabinet de l’infirmière. J’attendis donc un peu et échangeai quelques mots avec la secrétaire.

Conversation intéressante ! La bonne dame (j’allais dire brave, mais son discours m’indiqua que sa bravitude était en bien piètre état) me tint des propos qui donnaient à ceux que nous tiennent les plus alarmistes commentateurs médiatiques l’impression de refléter un optimisme exagéré. Selon elle, il suffisait qu’un membre d’un foyer soit contaminé pour que tous ses membres se retrouvent illico-presto en réanimation. Je lui exprimai mon scepticisme quant à ses affirmations. Elle me répliqua que ce qu’elle disait était basée sur des observations locales, des cas réels et non sur ce qu’on disait à la télé. Qu’elle s’empressa de me dire ne pas regarder. J’en restai pantois.

Car, si on en croit la carte en temps réel de la progression de l’épidémie, il n’y avait au 7 avril dans l’ensemble du département de la Manche que 66 personnes hospitalisées dont 23 en réanimation et qu’on n’y déplorait depuis le début de la crise que 17 morts. Le département comptant 500 000 habitants, ces chiffres sont tout de même très faibles. A croire que l’essentiel des intubés venait de Sourdeval ou de son canton qui seraient un mini-cluster départemental. Ce qui serait étonnant vu le faible peuplement et la faible densité de notre coin du Sud-Manche. J’eus beau lui dire que la plupart des diagnostiqués positifs n’étaient pas hospitalisés, que moins d’un tiers de ces derniers étaient en réa, rien n’y fit : c’était ce que racontait la télé qu’elle n’écoutait pas, point barre.

J’avoue qu’une telle réaction me laisse songeur, moi qui pensais que la cause essentielle des frayeurs qui parcourent notre beau pays était le battage médiatique autour de l’épidémie. Et puis je me suis souvenu que lors de ma précédente visite, le 27 février, cette même personne m’avait annoncé qu’un cas de Covid-19 avait été diagnostiqué à Vire. Renseignements pris, il s’agissait seulement d’une employée de la poste qui, ayant passé des vacances en Italie, s’était vue prescrire une période d’isolement. Ainsi, pour certains, un isolement devient cas, un infecté et tous ses proches se transforment en quasi-mourants. Pas étonnant que le cabinet soit moins fréquenté !

Ça me rappelle une expérience que je fis, adolescent : un camarade de lycée m’annonça être passé devant chez moi la veille. Ma fantaisie me dicta de lui demander s’il avait vu l’accident. Bien sûr, qu’il l’avait vu ! Il fut même en mesure de me fournir des détails précis sur cet événement totalement imaginaire…

Nous sommes dans un pays cartésien, tout le monde le sait. Il me semble cependant qu’en matière de rationalité certains ont encore de menus progrès à accomplir.


6 commentaires:

  1. Tiens, cela me rappelle un camarade qui se mettait à raconter, à voix haute, les conneries les plus monstrueuses qui lui passaient par la tête, mais du ton le plus sérieux et sentencieux, lorsque nous étions assis dans un wagon du métro.
    Tout le plaisir de l'exercice était de voir nos voisins de banquette tendre l'oreille pour suivre la conversation...

    Vendémiaire.

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  2. Je ne trouve pas très malin de votre part d'expliquer urbi et orbi qu'il y a très peu de contaminés dans votre coin, alors que tout le monde sait que les Parisiens sont encore à l'affût de la première occasion de quitter leur capitale contaminée au-delà du descriptible puisqu'on n'a pas de tests.

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    1. Vous savez, Mildred, depuis qu'à Paris ils on l'internet, ils ont accès aux cartes de l'épidémie.

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  3. La personne à laquelle je dédie cette chanson saura se reconnaître :

    https://www.youtube.com/watch?v=sxzlkQnG-No

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    1. Personnellement je ne vois pas qui vous inspire cet amour destructeur. Ressaisissez vous !

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