vendredi 17 avril 2020

On n’est pas sortis, ni de l’auberge ni de la peur !


Tout a été fait pour qu’on n’en sorte jamais ou très difficilement. Les effets conjugués des chaînes d’information, des réseaux sociaux, du principe de précaution et des progrès de la médecine ont fait monter le trouillomètre à des niveaux stratosphériques. C’est ça le jamais vu, l’inouï !

Venues de Chine, on a eu des « grippettes » pas piquées des hannetons en 1957 et en 1969. Je ne peux pas témoigner de l’impact qu’elles eurent. Pourtant j’étais là. Pour la première, j’étais bien jeune pour la deuxième j’avais d’autres préoccupations car, si on n’est pas sérieux quand on a 17 ans, on ne l’est pas forcément beaucoup plus à 19. Du coup, je n’en garde aucun souvenir. Il faut dire qu’on ne m’a pas beaucoup aidé : on n’a pas fermé les écoles ! Je m’en serais aperçu : pour la première j’y étais, pour la seconde, je la faisais. Je crois que ça m’aurait arrangé. J’étais assez fainéant à ces époques…

Mais tout était différent. Pas de Net, pas de chaînes d’info, une population moindre (44 millions en 57, 50 en 69), plus jeune (plus de baby-boomers qu’un curé ne saurait en bénir, espérance de vie plus réduite), moins urbanisée, une médecine moins bien équipée, des outils statistiques approximatifs… Les ingrédients de la panique n’étaient pas bien en place. Les comparaisons ne sont pas pertinentes.

Le nombre de morts ne justifie aucunement la montée du trouillomètre. Après tout, il meurt environ 12 000 personne de divers cancers chaque mois. Et cela dans l’indifférence générale (les victimes et leurs proches mis à part). Pas de Professeur Salomon pour venir dire combien de cancéreux sont morts, guéris, diagnostiqués, en réa. Pas d’applaudissement pour leurs soignants qui ne doivent pourtant pas être à la fête tous les jours. Et 39 000 autres personnes meurent chaque mois d’autre chose. Le nombre ne justifie rien.

Seulement, le cancer ou les affections cardiaques présentent l’avantage certain de ne pas être contagieux. On peut se dire, parfois à tort, que, grâce à une stricte hygiène de vie, ils nous épargneront. C’est la contagion qui fait peur. Car là, tout le monde se sent menacé. Plus on la décrit virulente, frappant aveuglément toutes les générations, plus la psychose monte. Et c’est ce que font les media, repris et souvent déformés par les réseaux sociaux. Sans le battage médiatique, la pandémie pourrait passer quasi-inaperçue comme ce fut le cas des précédentes. Seulement, le mal est fait et la panique est là.

Comment s’en guérir ? La pandémie viendrait-elle à disparaître d’elle même (c’est l’hypothèse qu’esquissait le Pr Montagnier ce matin chez Pascal Praud) que la peur d’un rebond pourrait fort bien subsister. On parle d’un déconfinement progressif qui pourrait se poursuivre jusqu’à fin 2020. On enfermerait les plus de 70 ans sine die, pour leur bien. Les obèses, les asthmatiques, les cardiaques et autres populations à risques connaîtraient le même sort. Pour les autres : masques et tests obligatoires. Comme si ces précautions, en admettant qu’on ait les moyens de les prendre, étaient des armes absolues !

Comment s’imaginer qu’après des mois et des mois de gestes barrières, de masques et de tests les gens pourront d’un coup croiser des gens dans la rue sans faire un pas de côté, s’asseoir à une terrasse de bistro, dans un théâtre, dans un stade, prendre un métro ou un bus à côté de quelqu’un qui tousse en toute tranquillité ?

La psychose sera probablement plus difficile à éradiquer que la maladie et pourrait repartir de plus belle au moindre pet de travers. Plus que le Covid-19, elle aura mis en danger nos sociétés occidentales et démontré clairement leur grande fragilité. On n’est vraiment pas sortis de l’auberge !


17 commentaires:

  1. Parce que vous pensez que le cancer, les maladies cardiovasculaires ou toutes les autres causes de mort ne touchent que les misérables ?

    "Nos dirigeants (partout dans le monde) tout autant que nous ont le trouillomètre à zéro." Je pense que parmi eux, il y a autant de coronasceptiques que dans la population. Il ne serait pas de bon goût qu'ils le montrent.

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  2. "en 1957 et en 1969" … "si on n’est pas sérieux quand on a 17 ans, on ne l’est pas forcément beaucoup plus à 19"... C'est ça la restriction temporelle ! :)

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    1. Je faisais allusion au poème de Rimbaud, pas à mon âge en 1957. https://paroles2chansons.lemonde.fr/auteur-arthur-rimbaud/poeme-roman.html

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  3. Parfaite analyse, cher Jacques, pour la suite..., tout peut arriver -- même un (très improbable ) -- bien.

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    1. @ Michel : Je vous remercie. Toutefois je crains que rien ne sorte de bon de la situation mais, là comme ailleurs, le pire n'est jamais assuré.

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  4. Votre titre m'a fait repenser à cet "huissier" (il transportait le courrier d'un étage à l'autre…) à qui je demandais, pour être aimable, s'il n'avait pas trop de boulot, et qui m'avait répondu : « Ah ! m'en parlez pas : on n'est pas sorti de l'auberge de la journée ! »

    Sinon, je ne crois pas du tout que la "peur du rebond" subsistera : la nature humaine est oublieuse, et heureusement.

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    1. J'adore les gens qui utilisent les expression populaires à contresens ou qui les écorchent.

      Elle durera un certain temps mais comme bien des choses elle finira par disparaître. J'espère que l'on ne maintiendra pas les plus de 70 ans en confinement, d'abord parce que ça ne serait pas populaire du tout et ensuite parce que déconfiné le 11 mai, je me retrouverai confiné le 29 septembre ce qui est absurde.

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  5. Le covid-19 ajoute à toutes ces morts "habituelles" des morts qui surviennent dans un temps très bref et l'épidémie embouteille les hôpitaux. Ce serait moins spectaculaire et anxiogène si ces morts étaient étalées su plusieurs mois.
    Pangloss.

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    1. Toute l'idée du confinement est justement d'éviter l'engorgement des hôpitaux et non de lutter efficacement contre l'extension de la pandémie.

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    2. devoir de "vacances apprenantes" :

      On dit que l'idée du confinement est d'éviter l'engorgement des hôpitaux...
      Quelle est alors, selon vous, l'idée générale pour lutter efficacement contre l'extension de la pandémie ?

      Vous avez deux heures.

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    3. @bedeau : Je n'ai pas besoin de deux heures pour vous dire que je n'ai pas d'idée arrêtée sur la question. En tout cas, les masques et les tests ne me semblent qu'un pis-aller. Restent trois solutions : le remède, le vaccin et la perte de virulence du virus

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    4. Bedeau -> contaminer les enfants, contaminer les parents pour atteindre l'immunité collective, ensuite déconfiner les fragiles. Durée 2 ans...

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  6. Je me souviens, en effet de la grippe asiatique, de la grippe de hong kong, toutes choses qui avaient fait plein de morts et dont à l'époque, on se foutait complètement. Comme vous dites, les temps ont bien changé, la pétoche aussi! Il est vrai, vous avez raison, que ce truc est très contagieux...je ne me souviens plus des autres, alors...
    Amitiés.

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    1. Vous avez une excellente mémoire, cher Nouratin. La mienne est, pour le moins, bien déficiente.

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  7. Les temps ont bien changé depuis notre insouciante jeunesse...la pétoche aussi!
    Amitiés.

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  8. C'est sûr que cette pandémie qui arrive juste au moment où on se mettait à croire à l'homme augmenté, à l'immortalité - tout au moins pour les riches - ça la fout mal !
    Mais il faut tout de même reconnaître à nos gouvernants, qu'ils sont champions toutes catégories pour le niveau de la psychose qu'ils ont su créer et dont l'intensité est inégalée en Europe.

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    1. Pour ce qui est de la psychose, ils sont incriticables, en effet. Pour le reste, ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, comme les autres.

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