mercredi 15 janvier 2020

Pourquoi j’aime le Royaume-Uni (3)


La monarchie

A force qu’on me rebatte les oreilles avec une république que l’on tend à nous faire passer pour le seul régime souhaitable voire possible. A force de voir que l’on glorifie l’épisode le plus tyrannique de notre histoire. A force d’entendre des imbéciles déclarer sans rire que pour eux l’histoire de France commence en 1789. A force de voir des présidents de plus en plus impopulaires se faire élire par défaut, suite à des promesses de changements qu’ils s’empressent de ne pas tenir ou sur des malentendus. Je suis arrivé à la conclusion que, si nous étions autre chose qu’un ramassis de grands va-de-la gueule rêvant de révolutions qui ne sauraient mener à rien de bon puisque fatalement le fait de racailles menées par de dangereux illuminés, nous gagnerions, comme bien d’autres pays Européens à vivre sous un régime de monarchie parlementaire. 

Un des grand avantages serait de nous faire faire l’économie d’élections présidentielles qui ne présentent que peu d’intérêt vu qu’elles sont de plus en plus gagnées par des menteurs, des incompétents ou des insignifiants (quand ils ne sont pas les trois) et qu’ils ne sauraient avoir de pouvoir que si, dans la foulée, est élu un parlement à leur botte. Pourquoi n’élirait-on pas directement ce parlement et ne laisserait-on pas à un souverain le rôle de chef d’État qui, en plus d’inaugurer les chrysanthèmes symboliserait la stabilité comme l’unité nationales ? Elizabeth II du fait de la longueur de son règne a vu défiler DIX chefs d’États français et TROIS républiques et un État Français depuis sa naissance tandis que son pays évoluait, certes, mais dans une enviable continuité !

De plus, quand la monarchie s’entoure, comme c’est le cas au Royaume-Uni, d’un certain décorum, elle satisfait le vif goût du peuple pour le faste. 

La résilience

Aux niveaux individuel comme collectif les Britanniques ont fait et, j’espère, continueront de faire preuve d’une résilience remarquable. En 1940, plutôt que de baisser les bras suite à la totale débâcle survenue en France, ils ont continué à se battre, seuls sur le front Ouest pendant un an et demi. Que serai-il advenu du conflit Européen sans leur farouche résistance ?

Dans les années soixante-dix, grâce aux syndicats et au Labour Party, le pays connut des périodes de grèves intenses. Electricité, transports, postes, se relayaient pour paralyser le pays tandis que des défenseurs des droits syndicaux acquis rendaient initiatives et progrès malaisés. Puis est arrivée la Dame de Fer. Certes une Dame de Fer est toujours préférable à un guignol en guimauve. Mais, seule, sans appui populaire qu’aurait-elle pu faire ? Si, conscient de la nécessité d’un redressement, les Britanniques ne lui avaient accordé puis renouvelé leur confiance, elle n’aurait pas mené à bien, dix ans durant, une politique de réformes qui par-delà la fin de son mandat (elle fut trahie par son propre camp suite à sa malheureuse idée de Pole Tax) dissuada ses successeurs d’oser renouveler les errances passées.

La résilience, on la trouve également au niveau individuel : comme me disait ma coiffeuse qui, comme tout les commerçants et artisans du coin, a une nombreuse clientèle anglaise : « Les Anglais, ils ne sont pas comme nous. Ils se lancent dans un commerce ou une entreprise et si ça ne marche pas, ils essaient autre chose. ».

Le talent et l’humour

Inutile de souligner la prodigieuse capacité de cette nation à produire quantité de talents dans le domaine de la musique pop. Pour ce qui est des séries télévisuelles, qui en Europe supporterait de lui être comparé ? Si la France produit des « intellectuels » à public restreint quand leur notoriété parvient à dépasser nos frontières, qui au siècle dernier a pu connaître le renom et le succès mondial des écrivains anglais ?


Des humoristes, certes, nous pouvons nous vanter, grâce à France Inter qui le proclame à tout vent, d’en posséder*. Mais pratiquent-ils quoi que ce soit qui s’approche de cette distance amusée des événements, des autres et de soi-même qui, à base d’antiphrases, d’euphémismes ou d’absurdités, tend davantage à provoquer le sourire que les rires gras. Je crains que non. Et c’est dommage car il me semble que la capacité à prendre une distance amusée par rapport à soi et aux événements extérieurs contribue à l’harmonie sociale alors que les fanatiques et les brutes sont toujours dépourvus d’humour.

*Phrase dont l’humour ironique se base à la fois sur l’antiphrase et l’absurdité.

12 commentaires:

  1. Question sans arrière pensée. Vous avez vécu au R.U. je crois. Pourquoi l'avez-vous quitté et/ou pourquoi n'y retournez vous pas?

    Le Page.

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    1. Je répondrai in extenso à votre question demain ou un autre jour. Question d'emploi du temps.

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    2. Votre objection était d'ailleurs, prévisible et j'avais, dès le début de cette série d'articles d'y répondre.

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  2. L'ennui, avec le Royaume-Uni, c'est qu'il attire beaucoup de monde. Le pays est plein comme un œuf, et continue d'accueillir à jet continu (comme écrivait Philippe Muray) et de manière plus ou moins forcée des tas de gens venus du monde entier. C'est pour cela qu'il existe une "jungle" du côté de Calais et le résultat du référendum à propos du "Brexit" est sans doute en grande partie lié au désir des locaux de fermer quelque peu le robinet. En conséquence, y trouver un logement n'est donc pas toujours facile, les loyers sont absurdement élevés, et acheter son "home" un constitue un investissement de (très) longue haleine sauf à vouloir absolument habiter dans un trou. J'ai adoré y vivre mais je ne m'y jamais senti totalement chez moi; ma famille et mes amis français me manquaient. C'est pour ces trois raisons que j'en suis parti : je suis provincial et agoraphobe, près de mes sous, et chauvin. Et je ne suis retourné que deux fois en vingt ans à Londres parce que le petit monde que je m'y étais créé a disparu, entre les décès des uns et les déménagements ou retour au pays des autres.
    Comme Le Page, je serais bien curieux de connaître les raisons qui vous ont éloigné du Royaume-Uni.

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    1. Je reviendrai sur tout ça et m'expliquerai dans mon prochain billet.

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    2. Plus que nos amis de la jungle calaisienne, c'st plutôt de l'invasion par les Européens de l'est et plus particulièrement par les Polonais que j'ai entendu les Anglais se plaindre. Dans leur cas, en tant que ressortissants de l'Union Européenne il était impossible de réguler leur entrée.

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    3. Oui, c'est vrai. Les Polonais ont pourtant une relation particulière est assez ancienne avec le Royaume-Uni : mon coiffeur préféré à St Andrews (Fife) était un ancien para de la Polskie Siły Zbrojne na Zachodzie qui était resté en Écosse après la guerre pour ne pas finir dans au goulag ou à Mokotów. Il fumait comme une cheminée, avait déjà près de 70 balais en 1991 et doit être mort depuis bien longtemps. Il prétendait avoir coupé les cheveux du maréchal Montgomery à Monte Cassino et c'est peut-être vrai ; il m'avait même sorti une carte d'état-major d'époque.
      J'ai rencontré par la suite plusieurs descendants de ces anciens soldats de l'Armée polonaise de l'Ouest dans ce coin de Grande-Bretagne où leurs père ou grand-père avaient été cantonnés, et quelques vieux aristos délicieusement réacs et décalés (une comtesse et une baronne) à Ealing ou Acton lors de mon second séjour entre 1995 et 1999.

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  3. L'Angleterre ça manque un peu de pittoresque.
    (les photos sous les liens sont magnifiques)

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    1. Un extrait du texte que je trouve intéressant:
      “……..The profound depth of history is a comfort progress devotees can’t fathom…….”

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    2. Il est évident qu'aux yeux d'Européens l'Angleterre peut paraître moins pittoresque que le Laos.

      Les progressistes, sans trop savoir où ils vont, font leur possible pour ignorer d'où ils viennent.

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  4. La France aurait aussi pu continuer à se battre depuis l'Afrique du Nord mais elle ne l'a pas fait. "52 000 Français libres, c'est bien peu" (Charles de Gaulle, Mémoires de Guerre) - je ne suis pas sûr de la citation exacte mais c'est l'idée.

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  5. Je crains qu'à de rares exceptions, les Français de ce temps (quant à ceux d'aujourd'hui, n'en parlons pas) étaient défaitistes.

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