vendredi 2 février 2018

Débat littéraire en Calaisis

La passion littéraire peut être vive. Les récents événements de Calais le démontrent clairement. Comme nous l'a appris Yann Moix, les migrants qui souhaitent se rendre en Angleterre sont généralement de fins connaisseurs des grands auteurs français et en particulier de Victor Hugo. C'est le cas des Érythréens. En revanche, les Afghans sont plus sensibles à l'austère élégance des vers d'Alfred de Vigny. Je me garderai bien de dire qui, en l’occurrence, à raison. Les goûts et les couleurs, n'est-ce pas...

Toujours est-il que ces fanatiques du vers romantique ont pris l'habitude de s'affronter lors de joutes poétiques qu'ils organisent afin de passer agréablement le temps en attendant une éventuelle occasion de traverser la Manche. A ce propos, il me semblerait charitable d'apprendre à ces braves gens qu'en Albion on ne parle pas vraiment français et que nos grands poètes n'y sont, hélas, que modérément révérés. Une telle annonce, une fois passé le choc de la révélation, serait peut-être propre à modérer leur envie de Grande-Bretagne et les pousserait à rester nous enrichir.

Donc des joutes oratoires opposent Afghans et Érythréens. C'est à qui déclamera avec le plus de chaleur et d'émotion La Mort du loup ou Les Pauvres gens. Afin d'éviter le favoritisme interne, c'est le camp adverse qui est chargé de décerner les lauriers. Et ça se passe généralement très bien. Sauf qu'hier, un Kaboulien fut couronné par les riverains de la Mer Rouge alors qu'au dernier vers de la seconde strophe de La Maison du berger, le lauréat avait malencontreusement appliqué la diérèse en prononçant le mot sociale avec pour conséquence d'en faire un alexandrin de treize pieds. Or, si l'Afghan est de caractère débonnaire, il y a cependant une chose avec laquelle il ne badine pas : la scansion. Des voix s'élevèrent dans le camp Afghan pour dénoncer l'incapacité des Érythréens à juger d'une déclamation quand ils laissaient passer de telles énormités. Vexés de se voir ainsi humiliés, leurs adversaires firent bloc, traitant leurs détracteurs de gougnafiers et de paltoquets (insultes considérées comme particulièrement violentes à Kaboul) . Un mot entraînant l'autre, le ton monta, on en vint aux mains puis on sortit les armes. Bilan : 22 hospitalisés dont quatre dans un état grave.

Évidemment, certains n'ont pas manqué de fustiger l'attitude de ces lettrés, leur trouvant la tête un peu près du bonnet. Je ne suis pas de ceux-là ! Seul l'amollissement engendré par une vie trop douce peut expliquer qu'on s'offusque des passions vives qui animent ces jeunes gens. N'avons nous pas connu, au temps ou un sang vigoureux coulait encore dans nos veines, de robustes conflits comme la bataille d'Hernani qui fit, sauf erreur de ma part, plus de morts que celles de Verdun et de la Somme réunies ? Plutôt que les critiquer, nous devrions prendre exemple sur ces gens prêts à verser leur sang pour une juste cause ! Leur énergie est propre à revigorer un peuple endormi par trop de confort. Ils sont notre avenir et même, comme dans le 9-3 et dans bien d'autres lieux, déjà notre présent.

16 commentaires:

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    1. Allons, soyons modeste, votre voisin aurait pu l'écrire...

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  2. Comme l'écrivait déjà Balzac en son temps : "...Les mœurs aventureuses d'autrefois, où l'on jetait la vie comme un chausson, n'existent plus... Les Polonais se battent seuls en Europe pour le plaisir de se battre..."
    Mais voilà qu'Afghans et Érythréens viennent "revigorer un peuple endormi par trop de confort", qu'ils en soient remerciés par la France reconnaissante.
    La scène est plaisante, en effet. Ne manquent que la présence de quelques drôlesses pour parfaire cette comédie du plus haut burlesque.

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    1. Vous savez bien qu'il n'y a que peu ou pas de femmes parmi nos lettrés.

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  3. Homère n'a pas fait mieux ! Nous avons effectivement beaucoup à apprendre de ces peuples aventureux, tant sur la scansion que sur les manières de vivre.
    Demain nous aurons donc le choix entre cannibalisme ou " Veganisme".
    Le temps du pot-au-feu ou de la tourte à la pomme de terre est terminé !

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  4. Je suis désolé de m'incruster mais je tenais tout de même à souligner l'ardent courage du cacochyme Collomb Gérard, qui s'est rendu à Calais pour sommer le ministre de l'intérieur d'agir enfin. Celui-ci est resté coi, certainement honteux et confus.
    Cette abnégation au service de la culture des migrants mérite notre admiration.
    Les habitants du Calaisis qui semblent réticents à accueillir une population fort nombreuse certes mais hautement civilisée, font non seulement la preuve de leur arriération (combien sont capables de réciter du Hugo au saut du lit ?) mais de la nécessité de les remplacer par ces nouveaux venus. Les Anglais l'ont bien compris qui déjà à moitié substitués et ne voulant pas être comparés à ces intellectuels, défendent Shakespeare contre Molière. Les salauds.

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    1. " je tenais tout de même à souligner l'ardent courage du cacochyme Collomb Gérard, qui s'est rendu à Calais pour sommer le ministre de l'intérieur d'agir enfin. Celui-ci est resté coi, certainement honteux et confus."

      Ça prouve au moins qu'il ne s'écoute pas parler !

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  5. Ma parole sur ma mère,t'es un vrai bouffon toi.
    De la part du club "faisons vivre l'alexandrin dans le neuf trois"

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    1. Magnifique alexandrin qui relègue Hugo comme Vigny à leur place de rimailleurs besogneux !

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  6. Le plus terrible est que les media se sont bien gardés de souligner l'aspect littéraire des choses...sans doute pour éviter la contagion chez nos "Jeunes" des banlieues dont on se demande ce qu'il en adviendrait s'ils s'inspiraient de leurs petits copains de Calais.
    Amitiés.

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    1. Les media parlent volontiers des conséquences et jamais des véritables causes !

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  7. "En même temps", ils nous enrichissent également de leurs cultures. Comment avons-nous pu vivre sans eux jusqu'à une période, somme toute, assez récente ?

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