lundi 1 janvier 2018

Ah les salauds !

Quand je pense aux salopards qui déforestent à tout va que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique, comme tous les bons occidentaux, ça me fout les boules ! Est-ce qu'on déforeste, nous ? Non, Môssieur, on ne déforeste pas. Nous sommes des gens biens, nous. Bien sûr, on a déforesté à tour de bras mais c'était il y a longtemps, il y a prescription. Mille ans qu'on s'est mis à essarter comme des fous, ça a pris du temps mais on est parvenu à récupérer, au Moyen Age Central, les terres que cultivait l'Antiquité. Et puis on avait une excuse : la population était en expansion. Plus de bouches à nourrir, ça demande plus de terre arable et plus de terre arable ça permet de nourrir davantage de bouches. Cycle infernal s'il en est ! Heureusement que de temps à autre une mauvaise saison provoquait de salutaires famines. Sans compter les épidémies dont la formidable Peste qui au milieu du XIVe siècle vint débarrasser L'Europe de 40% des canailles qui encombraient son sol. Et puis il y avait cette merveilleuse absence de médecine efficace qui faisait qu'on pouvait faire plus d'enfants qu'un curé n'en saurait bénir, il en mourait tant que c'était sans trop de conséquences.De plus, les gens avaient le bon goût de mourir jeunes. Et cela qu'on soit roi ou serf. Évidemment, la médecine moderne (celle qui, au contraire de la bonne médecine traditionnelle, a tendance à guérir les malades) est venue foutre le bazar dans ce merveilleux équilibre. Mais, malins comme des singes, les Européens ont remarqué qu'ils perdaient moins d'enfants. Du coup, ils en ont fait moins. Ça s'appelle la transition démographique.

Ce qui se passe sur les autres continents est différent. Parce que figurez vous que la rencontre entre l'Occident et le Tiers-Monde a foutu la pagaille. Les Occidentaux sont de bien tristes personnages. Non seulement ils ont exploité leurs frères exotiques mais, comble de méchanceté, il leur ont imposé leur médecine. En plus, quand une famine y sévit, arrivent avions et bateaux chargés jusqu'à la gueule de vivres. Du coup, la population explose littéralement car cela s'est produit très vite, pas petit à petit comme chez nous et la transition démographique s'y fait attendre. Au début des années 70, quand j'étais au Sénégal, on y comptait 4 millions 300 mille habitants. 45 ans plus tard, les voici rendus à 15,4 millions. Si on avait fait pareil, on serait 192 millions en Doulce France. On commencerait à se marcher sur les pieds comme de vulgaires Néerlandais... Vous me direz qu'au Sénégal, la forêt c'est réduit. Mais beaucoup de pays connaissent une démographie comparable. Ne serait-ce que pour faire la soupe, ça demande du bois. Et puis pour nourrir tout ce petit monde, il faut des sous, alors en plus de l'essartage en vue de culture vivrières, on défriche pour cultiver des produits exportables afin d'acheter vivres et autres commodités. En conséquence, tout plein de braves animaux sauvages voient leur terrain de jeux se réduire au point qu'ils n'ont plus le cœur à jouer et meurent de langueur. Nous, en Europe, on n'a pas ce problème : il y a bien longtemps que les bêtes sauvages, on les a liquidées. On tente bien d'en réintroduire un peu mais l'enthousiasme est faible.

Pour bien faire il aurait fallu que nous laissions épidémies et famines jouer leur rôle régulateur, mais non, au risque de nuire aux forêts et aux animaux qui les hantent, on s'y est opposé en envoyant médecins et nourriture. Un peu comme l'apprenti sorcier dépassé par les conséquences de sa magie, nous voici réduits à les déplorer. Et qui paie les pots cassés ? Les malheureux orangs-outangs, les pauvres tigres, les tristes éléphants, les jolis perroquets amazoniens et tout plein de fascinantes bestioles. Voilà ce qui arrive quand l'action brouillonne prend le pas sur la sereine réflexion.

NB : Cette année point besoin de bons vœux vu que grâce à M. Macron toutes nos attentes seront satisfaites.

7 commentaires:

  1. Il ne faut pas desespérer, comme l'a dit Ambrose Bierce:
    "Au final, tout s'arrange mais mal..."
    (traduction approximative)

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    1. Dans la même veine, prédictions pour 2018 :" Pour vous les choses iront de plus en plus mal avant de devenir carrément catastrophiques"

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  2. Parmi mes attentes qu'il peut satisfaire, c'est perdre cette détestable habitude qu'il a de dire celles et ceux. Et en plus, cela ne coûterait pas un sou. Malheureusement, je crains qu'il ne m'entende pas. Par conséquent, je me vois obligé de couper le son dès lors que je m'attends entendre sa parole divine -mais je ne crois pas perdre grand chose.

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    1. Faut pas rêver. Si vous préférez chacune.zé.chacun, alors bonne année!.

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    2. Vous perdez en fait beaucoup : M. Macron est une synthèse (au sens où l'entendait M. Audiard).

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  3. Admirable article qui met l'accent sur la plus grande catastrophe que notre planète ait jamais connue. On ne le dira jamais assez mais vous, vous avez une façon de le dire qui pourrait engager les braves gens à y réfléchir, voire à se rebeller, sait on jamais... La cause des Orang Outans mérite bien un peu d'attention, au regard d'une propension malsaine de certaines populations à se reproduire à tours de...oui enfin, vous voyez...
    Bonne année malgré M. Macron et amitiés.

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    1. Merci pour ce vibrant hommage. Si seulement cet article pouvait concourir à inverser la tendance ! Malheureusement s'il excelle en qualité, mon lectorat est de trop faible quantité pour atteindre ce but !

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