mercredi 25 février 2015

Le Charlie Nouveau est-il arrivé ?



J’apprends qu’en ce jour sort un nouveau numéro de Charlie, le célèbre hebdomadaire que nous serions tous supposés être suite à la fusillade du 8 janvier dernier. Cette nouvelle livraison serait tirée à 2 millions d’exemplaires. Ce qui est peu comparé aux 8 millions de celui qui l’a précédé. A croire que le Charlie s’évapore bien vite même à basse température. Il n’empêche que comparé à sa diffusion pré-massacre d’une quarantaine de milliers c’est quand même pas mal. Si l’Express ou l’Obs voyaient, même exceptionnellement, leur diffusion connaître de tels progrès, ils en seraient ravis. Et pourtant…

Il semblerait que certains collaborateurs sont inquiets. Ils craignent de ne pas réussir à produire le Charlie d’avant. Parce que les morts ne reviendront pas. Parce qu’il est difficile de recruter de nouveaux dessinateurs tant peu de gens, si contestataires soient-ils,  se sentent attiré par la perspective de se voir métamorphosés en passoires suite à quelque hilarante finesse. Ces inquiétudes sont donc justifiées. Si le but est de renouer avec un lectorat évanescent qui menait la publication à une faillite certaine, ce n’est pas gagné d’avance. Seulement, il existerait une autre solution.

Si on y réfléchit un bref instant, cet afflux de nouveaux lecteurs est pain béni, à condition de savoir le conserver. Il y a fort à parier que la plupart d’entre eux n’ont qu’une idée très imprécise de la ligne éditoriale qui pouvait être celle du quasi-défunt hebdomadaire avant les événements qui le placèrent sous les feux de l’actualité. Si on excepte une certaine « impertinence », une « liberté de ton », d’un « esprit frondeur » qu’en a-t-on révélé au public ? Et c’est là que s’ouvrent des opportunités commerciales inouïes ! Ces deux millions d’acheteurs, afin de faire une rapide fortune, ne s’agit-il pas de les retenir ? Et comment mieux y parvenir qu’en leur offrant ce qui les intéresse vraiment ?  Ce n’est pas en dessinant des prêtres catholiques qui s’enculent, en proférant des blasphèmes gratuits, en insultant bassement quelques têtes de turcs, en écrivant des pensums écolos ou bobo-gaucho qu’on y parvient ! A part quelques dizaines de milliers de soixante-huitards attardés et de boutonneux ravis qu’on leur décrive un monde bien glauque, vous n’intéressez personne.

Ce qu’il faut à cette masse, c’est du people, du sport, des recettes de cuisine, des astuces en vue d’une vie sexuelle épanouie, des conseils de déco. Ce qui les retiendra, c’est de faire tout ça sur un ton coquinou, libre-bricoleur, franc-niqueur, concilier préoccupations vulgaires et esprit frondeur… De quoi requinquer la cerise du néo-bobo en mal de rebellitude, quoi !

Mais encore une fois, je prêche en plein Gobi. Nos provocateurs professionnels, comme nos politiques et nos amis des média cherchent désespérément à retrouver les bonnes vieilles recettes qui les ont si efficacement menés dans le mur. Je fais entièrement confiance aux gens de Charlie pour renouer dès que possible avec la cessation de paiement.

24 commentaires:

  1. Peut-être manque-t-il un mot à votre dernière phrase, mais non, non et non, les nouveaux de Charlie Hebdo vont vous lire et je suis sûre que cette lecture leur fera perdre ce visage sinistre qu'ils avaient hier sur je ne sais plus quelle télévision. Il vont comprendre à quel point vous avez vu juste, car effectivement s'ils s'acharnent à faire des UNES aussi médiocres que celle d'aujourd'hui, y compris sous le simple aspect du dessin, c'est la faillite assurée.

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  2. Erreur rectifiée. Merci de votre vigilance !
    Je crains que le désir d'échec, si profondément ancré chez les âmes nobles, ne les dissuade de suivre mes conseils de simple bon sens.

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  3. Charlie ne faisait que se survivre à lui-même avant les attentats. Il n'était que le fantôme du Charlie de Cavanna des années soixante-dix. Le talent a disparu. Je prédis un fort bouillon sur ces deux millions. Le suivant tirera à beaucoup moins et le suivant encore moins. Et après? Après, rien.

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    1. mais comme il sera subventionné comme L'Huma ou Libé, on aura encore l'intense déplaisir de le voir longtemps en kiosque- même pour rejoindre ensuite la pile des invendus-.

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    2. J'ai bien peur que Kampfbereit n'aie raison...

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  4. S'ils veulent transformer leur torche-fondement en un hebdomadaire qui se vend, ils peuvent m'appeler : je sais le faire…

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  5. Monsieur des Collines,
    Très franchement je préfère l'arrivée du Beaujolais Nouveau à celle du "Charlie Nouveau".
    Mais il va falloir que j'attende encore presque toute une année...

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    1. Eh oui, les bonnes choses se font parfois attendre. Il n'en vas pas toujours de même pour les mauvaises...

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  6. L'horoscope, ça fait vendre aussi mais le Charlie n'est pas écrit sur papier kevlar.

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  7. Peut-être devraient-ils essayer "cinquante nuances de charlie" ?

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  8. Il tout de même incroyable que ce torchon ait pu devenir ne serait-ce que quelques jours une référence nationale !

    Pierre

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  9. Et bien moi, je suis Charlie ! Nan, je déconne !

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    1. Depuis qu'il existe de faux Corto, plus rien ne m'étonne !

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  10. les invendus pourront toujours servir à emballer le poisson ,aux épluchures de légumes et aux cartons de déménagements pour caler les verres

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    1. Ben hélas non, Boutfil, les invendus sont récupéré, puis selon leur nombre généralement broyés constat d'huissier à l'appui pour éviter que des petits malins ne les revendent ...
      Ceux qui utilisent du papier journal pour emballer le poisson, les épluchures de légumes à jeter ou caler la vaisselle lors de déménagement sont justement ceux ayant acheté le journal et n'en ayant plus d'utilité !

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    2. Imposer un tel voisinage à des poissons même morts me paraît bien cruel !

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    3. Merlan et Raie associés26 février 2015 à 00:02

      Même à un poisson cha-rlie ?

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  11. Quel charli-vari !...

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  12. Mes conseils pour la ligne éditoriale des nouveaux numéros:
    -on continue avec les prêtres qui enculent les enfants. On ne peut pas laisser totalement en plan la bonne veine
    anti-cléricale et en plus ce n'est pas dangereux.
    -on tape à mort sur le FN, c'est le coeur de métier et le lecteur Charlie attend ça.
    -on se soumet et on ne parle plus de l'islam sinon en termes flatteurs. Le gauchiste a toujours été d'une complaisance inouïe envers l'islam.
    -on réexplique que l'immense majorité des musulmans veut vivre en paix et que les meurtres des copains n'ont rien à voir avec l'islam.

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  13. Après Charlie Trémolo du mois dernier, c'est maintenant Charlie Ramollo. Évacué, le prophète !
    En attendant Charlie Fiasco, dans 1 an.

    André

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