jeudi 26 février 2015

Et si c’était elle ?



Difficile de se passionner, en admettant qu’il en existe une, pour l’actualité quand touts vos pensées sont tournées vers un seul but : trouver une nouvelle maison. Curieuse obsession. Qu’est-ce qui peut bien faire qu’elle vienne à envahir un esprit qui quelques semaines auparavant avait de tout autres préoccupations voire en était totalement dépourvu, tournant à quasi-vide au rythme d’une routine si bien rôdée qu’elle n’aurait su engendrer qu’ennui et léthargie ? Mystère !  Retracer le cheminement d’une idée est surement aisé. Aisé autant qu’inutile. J’ai toujours fonctionné ainsi. En tout domaine. Un peu comme Diderot qui dans l’incipit du Neveu de Rameau comparait les idées aux courtisanes que pourchassaient les libertins au Palais Royal, je pourrais dire « mes idées ce sont mes catins ». A part qu’il en est dont je m’amourache et que je ne saurais lâcher avant qu’elles n’aient quitté le domaine des virtualités pour devenir part intégrante de ma réalité. Quel qu’ait été le résultat final qu’aient entraîné ces impérieux désirs, je n’en ai jamais ressenti le moindre regret. Ce que d’aucuns pourraient apparenter au parcours erratique d’une boule de flipper, je le considère comme parfaitement logique, ce en quoi ils ne verraient qu’une suite d’erreurs est à mes yeux un sans faute. Ainsi vogue ma galère…

Or donc depuis bientôt trois semaines, de Lusitanie en pays maraîchin, je poursuis de mes ardeurs les affriolantes  catins du déménagement. Cela ne va pas sans mal. Car le désir brouille la vue, vous fait prendre, le temps d’un rêve, une vieille décrépite pour la plus fraîche des jouvencelles. L’illusion se dissipe vite et ne fait que renforcer l’espoir.  Parallèlement, se met en place la logistique : évaluation des ressources disponibles (personnelles et bancaires), les données du problème se précisent effaçant l’impossible et définissant les frontières du faisable. Tout possible n’étant pas désirable, bien des envies étant irréalisables, les visites se succédant, les pourtours du projet s’affinent, et par le jeu de nouveaux refus et acceptations, on entre dans le concret. J’en suis là.

Une demeure, par son prix, ses volumes, la distribution de ses pièces, la taille et le profil de son terrain, sa situation géographique et jusque par sa décoration m’a séduit. Je dois la visiter dans quarante-huit heures. Cela ne va pas sans angoisse. Et si j’allais au-devant d’une nouvelle déception ? Si les photos étaient trompeuses ? Ou pire (car tout amoureux craint d’imaginaires rivaux et, fut-elle le pire thon de tous les océans, ne peut s’empêcher de penser que tous rêvent à sa belle), si au dernier moment surgissait un vil séducteur qui me la ravirait d’un compromis hâtivement signé ?  Le pire n’étant jamais garanti, me restent deux longs jours d’inquiétude que j’espère infondée. Avec la certitude que, quel qu’en soit l’issue, cet épisode ne saura qu’être utile.

mercredi 25 février 2015

Le Charlie Nouveau est-il arrivé ?



J’apprends qu’en ce jour sort un nouveau numéro de Charlie, le célèbre hebdomadaire que nous serions tous supposés être suite à la fusillade du 8 janvier dernier. Cette nouvelle livraison serait tirée à 2 millions d’exemplaires. Ce qui est peu comparé aux 8 millions de celui qui l’a précédé. A croire que le Charlie s’évapore bien vite même à basse température. Il n’empêche que comparé à sa diffusion pré-massacre d’une quarantaine de milliers c’est quand même pas mal. Si l’Express ou l’Obs voyaient, même exceptionnellement, leur diffusion connaître de tels progrès, ils en seraient ravis. Et pourtant…

Il semblerait que certains collaborateurs sont inquiets. Ils craignent de ne pas réussir à produire le Charlie d’avant. Parce que les morts ne reviendront pas. Parce qu’il est difficile de recruter de nouveaux dessinateurs tant peu de gens, si contestataires soient-ils,  se sentent attiré par la perspective de se voir métamorphosés en passoires suite à quelque hilarante finesse. Ces inquiétudes sont donc justifiées. Si le but est de renouer avec un lectorat évanescent qui menait la publication à une faillite certaine, ce n’est pas gagné d’avance. Seulement, il existerait une autre solution.

Si on y réfléchit un bref instant, cet afflux de nouveaux lecteurs est pain béni, à condition de savoir le conserver. Il y a fort à parier que la plupart d’entre eux n’ont qu’une idée très imprécise de la ligne éditoriale qui pouvait être celle du quasi-défunt hebdomadaire avant les événements qui le placèrent sous les feux de l’actualité. Si on excepte une certaine « impertinence », une « liberté de ton », d’un « esprit frondeur » qu’en a-t-on révélé au public ? Et c’est là que s’ouvrent des opportunités commerciales inouïes ! Ces deux millions d’acheteurs, afin de faire une rapide fortune, ne s’agit-il pas de les retenir ? Et comment mieux y parvenir qu’en leur offrant ce qui les intéresse vraiment ?  Ce n’est pas en dessinant des prêtres catholiques qui s’enculent, en proférant des blasphèmes gratuits, en insultant bassement quelques têtes de turcs, en écrivant des pensums écolos ou bobo-gaucho qu’on y parvient ! A part quelques dizaines de milliers de soixante-huitards attardés et de boutonneux ravis qu’on leur décrive un monde bien glauque, vous n’intéressez personne.

Ce qu’il faut à cette masse, c’est du people, du sport, des recettes de cuisine, des astuces en vue d’une vie sexuelle épanouie, des conseils de déco. Ce qui les retiendra, c’est de faire tout ça sur un ton coquinou, libre-bricoleur, franc-niqueur, concilier préoccupations vulgaires et esprit frondeur… De quoi requinquer la cerise du néo-bobo en mal de rebellitude, quoi !

Mais encore une fois, je prêche en plein Gobi. Nos provocateurs professionnels, comme nos politiques et nos amis des média cherchent désespérément à retrouver les bonnes vieilles recettes qui les ont si efficacement menés dans le mur. Je fais entièrement confiance aux gens de Charlie pour renouer dès que possible avec la cessation de paiement.

lundi 23 février 2015

Y’a des métiers pas faciles !



J’en veux pour preuve celui de commentateur politique. Vous savez, ces gens que les media paient plus ou moins grassement pour nous entretenir doctement à longueur de colonnes ou d’ondes hertziennes du dessous des cartes politiques. Leur tâche n’est pas aisée : il leur faut déployer des trésors d’imagination pour tenter de complexifier à l’extrême des situations d’une simplicité biblique et trouver à des prises de position découlant de raisons évidentes des motivations alambiquées. C’est à ce seul prix qu’ils peuvent passer pour de fins analystes et justifier au passage leur existence. Faute de ce talent, ils n’auraient souvent rien à dire et C dans l’air pourrait fermer boutique.

Prenons l’exemple de la loi Macron et du 49-3 qu’elle entraîna. Que de choses en furent dites ! On nous annonça entre autres finesses que les députés socialistes contestataires, protestataires, frondeurs ou simplement taquins ne voteraient pas la subséquente motion de censure car s’ils désapprouvaient certains (voire tous les) articles de l’infâme loi en question, cela ne saurait signifier qu’ils rejettent en bloc la politique gouvernementale. Alors que la question n’est absolument pas là.

A quoi aspire, sauf cas exceptionnel,  un député sinon à le rester ? Voter une motion de censure équivaudrait pour tout élu de l’actuelle majorité à retourner devant des électeurs dont l’empressement à le reconduire dans ses fonctions serait pour le moins mitigé. Son  refus de la censure ne relève donc pas d’une quelconque adhésion mais du simple instinct de conservation. Et il en va de même pour toute majorité qui ne saurait se constituer sans qu’en son sein existent des nuances permettant de ménager chèvre, chou et même loup. Du rose foncé communisto-compatible au rose orangé centriste, du bleu-pâle Udéiste au bleu foncé (pour ne pas dire « marine ») tendance souverainiste toute coalition se doit de ratisser large, de sembler déchirée par des tendances fortement antagonistes, de proposer un menu où végétariens et fous de barbaque trouveront leur compte, l’essentiel étant de ramasser un maximum de mandats et de donner du grain à moudre aux commentateurs histoire d’entretenir l’illusion que quelque chose se passe en politique.

Un commentateur politique honnête sait bien que les mouvements d’humeur des excités de tout bord ne sont là que pour faire joli, que les plus égarées des brebis ne s’aventurent jamais loin du bercail et s’y retrouvent au premier rappel. Mais ramener les querelles tendancielles à leurs véritables dimensions équivaudrait à se saborder en tant que profession et dans quel domaine pourraient-ils se reconvertir ? Les querelles sur le sexe des anges ayant perdu de leur attrait, leurs savoir-faire n’ont pas  grands domaines où s’exercer.

C’est pourquoi plutôt que de rire à leurs pataudes tentatives de donner des dimensions himalayennes aux taupinières et des justifications idéologiques profondes aux manœuvres des appareils, il faudrait applaudir leur talent d’illusionnistes faute duquel le spectacle qu’offre le cirque politicien perdrait beaucoup de son intérêt. Sans eux, le brave peuple ne serait-il pas tenté, privé de commentaires sur la guerre des chefs, de fines analyses de petites phrases comme de rapports d’envoyés spéciaux sur les champs de batailles des luttes intestines, de s’intéresser à des problèmes plus fondamentaux avec les déplorables conséquences qu’on peut imaginer sans peine ?  

dimanche 22 février 2015

Réapparition rassurante



Depuis neuf jours, une disparition inquiétait la Réacosphère : qu’était-il advenu du sage des collines ? Privés de leur dose quotidienne de matière à penser, certains esprits se mirent à échafauder d’épiques ou dramatiques hypothèses : Aurait-il, comme Elvis, été enlevé par les extraterrestres ? Son goût de l’exploration l’aurait-il conduit en quelque étrange contrée dont on ne revient pas ? Un pseudo-agent immobilier, sous prétexte de visiter une longère au prix modique l’aurait-il attiré en quelque guet-apens suite auquel il mènerait la triste vie d’esclave sexuel des jeunes et jolies filles d’un potentat moyen-oriental ? Serait-il décédé d’une maladie aussi fatale qu’inconnue et soudaine ? Aurait-il péri noyé lors de l’inspection du système d’assainissement d’une fermette ?

Eh bien, je dois à la vérité de dire qu’aucune de ces explications n’est la bonne. S’il est vrai que ma traque d’une nouvelle demeure a monopolisé beaucoup de mon temps, celle-ci ne s’est soldée par aucun enlèvement ou mortel accident. Rien que les légères déceptions qu’implique la rencontre entre rêve et réalité. Un autre élément est venu m’éloigner du clavier : grâce à la générosité de ma compagne qui ne saurait posséder un avantage sans me le faire partager, j’ai contracté un état grippal qui m’a, une fois que remise sur pieds elle avait rejoint ses pénates, permis deux jours durant de me trouver cloué au lit avec une fièvre de cheval, alternant avec bonheur claquements de dents, tremblements et sensations de chaleur et de froid intenses. L’alerte passée, j’en sortis incapable de taper un mot sans qu’il comportât plusieurs fautes de frappe et doté d’un moral d’autant plus bas que l’agent immobilier venu estimer ma maison n’avait fait que confirmer mes craintes sur le peu de rentabilité de mon investissement. D’un autre côté, il eût été étonnant que j’aie été le seul à être épargné par l’effondrement des prix de l’immobilier. On vend à perte, mais on achète à des gens qui en font autant : l’un compense l’autre.

Ces menus désagréments surpassés, mon claviotage devenu moins erratique, me voici donc en mesure de reprendre mes bavardages tout en poursuivant quête et démarches en vue d’un changement de lieu…

vendredi 13 février 2015

Parlons de la pluie et du beau temps



Bien sûr, avec sa casquette de diplomate M. Hollande est allé sauver  la paix en Ukraine, avec sa casquette de VIP il est allé vendre des Rafales à l’Égypte, enfin, ce qu’il est allé faire avec son casque de scooteriste ne nous regarde pas. Mais franchement, lui tresser toutes les couronnes qu’il mérite serait un travail aussi prenant qu’à la longue lassant. Certains le font avec tant d’abnégation et de talent que nous ne saurions empiéter sur leur domaine.

Nous reste donc la pluie et le beau temps. Dans le bocage normand, les malintentionnés et les moqueurs seraient tentés de passer ce dernier sous silence vu qu’il n’y existe pas. Ces esprits chagrins ont tort comme nous l’allons montrer tout à l’heure. A ceux qui seraient tentés de mettre en question la haute tenue scientifique de ce billet, nous répondrons que les données utilisées sont tirées d’un site dont rien ne nous permet de soupçonner le sérieux : Lachaîne météo. Ils concernent la ville de Vire, seule agglomération digne de ce nom dudit bocage.

Le mythe selon lequel il pleuvrait tout le temps sur les haies, les vaches, les moutons, les pommiers et les détrempés habitants du Virois est battu en brèche par les faits : il n’y a que 119 jours de précipitations par an soit à peine un jour sur trois. Sans compter qu’il se peut que certains jours elles n’aient lieu qu’au cœur de la nuit et que d’autre part on ne nous dit pas s’il y pleut 24 h sur 24 ou simplement 5 minutes. On peut donc conclure que les gens du bocage ont un sentiment de pluviosité comme certains citadins en ont un d’insécurité. Le nombre de jours où le soleil apparait, est lui bien plus conséquent : 229. Et là les statistiques sont précisées par le nombre d’heures journalières d’ensoleillement. Il va de 2 h en décembre jusqu’à 8 h en juillet !  Il faut bien reconnaître qu’en faisant une moyenne annuelle, le rude habitant du bocage ne voit le soleil que 4,75 heures par jour, ce qui lui en laisse 19,25 pour profiter à fond de la nuit et du ciel gris. Tout le monde n’a pas cette chance !  Cela explique que le teint souvent rougeaud de nos campagnards soit plus souvent dû à leur exposition aux inclémences du climat et/ou aux libations de Calva qu’aux coups portés par l’astre solaire et que les tempérants rétifs au grand air soient un rien blafards.

Malgré le faible nombre de jours de pluie, il est exceptionnel que nos belles prairies perdent leur magnifique verdeur et que le jardinier s’y ruine en dispendieux arrosages. Cela est dû à deux causes : les précipitations d’août (mois le plus sec) atteignent pratiquement la moitié de celles de novembre (mois le plus arrosé). Si on ajoute à cela la discrétion de l’ensoleillement, on a la solution de l’énigme.

Voilà, vous savez tout sur ce climat de rêve dont sont si jaloux nos voisins de Bretagne. En effet, si on en croit l’adage, « il n’y pleut que sur les cons ». Cependant, grâce à une judicieuse politique de répartition de ces derniers et à l’accueil de nombre de cons exogènes durant les mois d’été, cette belle province parvient à éviter trop d'aridité.