mercredi 24 septembre 2014

Rassembler



Tout politicien se veut rassembleur. Quoi de plus beau que le rassemblement ? Quoi de plus dangereux que la division ou le clivage comme on dit aujourd’hui ? L’ex-président se voyait accuser de cliver, l’actuel est parvenu à rassembler (contre lui) la quasi-unanimité des Français. Les rassemblements contre quelqu’un ou quelque chose sont assez faciles à réaliser car ils permettent de fédérer des éléments totalement hétérogènes pour des raisons opposées. Il n’en va pas de même pour ceux qui se feraient en faveur d’une personne ou plutôt d’un porteur d’idées puisque la Ve république l’implique et qu’un retour au parlementarisme ne saurait mener qu’à l’instabilité grâce  au règne des partis charnières. Avant de parler de rassemblement, encore faudrait-il savoir sur quelles bases celui-ci se ferait. Autour d’un programme ? Autour d’idées fortes ?

Un programme, c’est bien, c’est beau, c’est bon et ça ne convainc pas grand monde. Un programme ça se veut prioritairement économique : il s’agit d’abord de réduire le chômage, d’améliorer le niveau de vie ensuite on l’assortit, pour lui donner un peu d’épaisseur, de mesures sociétales, culturelles, écologiques et autres. Plus il comporte de propositions, plus il paraît sérieux alors qu’une pléthore d’engagements ne fait qu’en compromettre la mise en application. N’importe comment, la plupart des électeurs ne le liront pas, pas plus qu’ils ne le compareront avec ceux des divers candidats. De plus, les gens sont de plus en plus conscients que la marge de manœuvre des gouvernements en matière économique est de plus en plus réduite et dépend davantage de l’environnement économique mondial que de l’action, si dynamique soit-elle, d’un quelconque gouvernement. Il est certain qu’une gestion erratique, sans cohérence ne fait, comme on peut le constater aujourd’hui, que compliquer les choses mais ça ne change les résultats globaux qu’à la marge.

Restent les « idées ». M. Valéry Giscard d’Estaing avait publié en 1984 un ouvrage intitulé 2 Français sur 3 où il prônait le rassemblement  autour d’opinions censées être partagées par les deux tiers des Français. Il est évident que certaines options sont partagées par une large majorité. Seulement, si elles créent un certain consensus, elles ne se voient pas attribuer le même rang dans la liste des priorités de chacun. De plus, en admettant qu’on se mette d’accord sur les priorités, encore faudrait-il que l’on fasse confiance à celui ou ceux qu’on charge de les mettre en œuvre car on a vu certains, une fois élus, tourner le dos à ce qu’ils avaient promis de défendre et prendre des mesures en complète contradiction avec les aspirations de leur électorat.

Quoi qu’il en soit, il me semble que c’est au niveau des idées qu’il faudrait se rassembler. Est-on pour plus ou moins d’État, de « libertés », de liberté, d’initiative personnelle, de redistribution, etc. ?  Car de ces options dépendront les options sociétales, économiques et autres qui seront prises. On ne saurait à mon sens rassembler qu’autour de quelques idées simples, claires et cohérentes entre elles et dont les conséquences logiques sont clairement présentées.  C’est peut-être là que le bât blesse car bien des gens manquent de cohérence et veulent moins d’impôts locaux mais plus d’équipements, moins de prélèvement mais plus de prestations, plus d’état et moins de réglementations etc.  On quitterait le monde des petites phrases, de la démagogie et des passions pour celui des convictions, de la pédagogie et de la rationalité.

Les Français y sont-ils prêts ? Rien n’est moins certain. Mais rien n’interdit de rêver…

19 commentaires:

  1. "’L'actuel est parvenu à rassembler (contre lui) la quasi-unanimité des Français". Quoi d'étonnant? Moi Président a beaucoup promis mais n'a rien tenu.

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    1. De plus il a montré son incapacité à tenir la moindre ligne.

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  2. La liste des priorités de chacun... Certes, on parle toujours d'offre politique, de libre-choix, de suffrage universel et donc de la nécessité de sonder les cœurs des démocrates en culotte courte, blablabla...

    Hélas, les priorités s'imposent à nous aujourd'hui (existe-t-il question politique plus urgente, plus vitale, aux conséquences irréversibles, que celle de notre substitution démographique? je ne le pense pas) et mis à part les modalités opérationnelles, je ne vois pas trop de quoi il y aurait à déblatérer.

    Les français ne sont pas prêts? Comme si on avait le choix, comme si on avait le temps, comme si on en avait quelque chose à foutre de leur avis, de leur confort...

    Ceux qui sont encore connectés organiquement avec la terre de leurs ancêtres se lèveront un jour, sans aucune garantie de victoire. Ceux qui voudront rester peinards, resteront peinards.

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    1. Sûr que ce n'est pas avec çà que je risque de rassembler quoi que ce soit moi...
      Disons que là, j'ai beau chercher des raisons de croire encore en mon peuple, je ne vois plus trop...
      On verra bien au pied du mur.
      En attendant, A π beurre D 2 U.

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    2. Je suis assez d'accord avec vous au sujet de la priorité dont vous parlez.
      Pour les souhaits, vous êtes soit en retard pour le blog soit un peu en avance pour moi...

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  3. Permettez-moi ce décalage, mais je tenais à féliciter Buck Dany pour le passage de l'un de ses commentaires ou réponses du billet précédent:
    "Le mec "génération 68" qui a fait des enfants avec plusieurs femmes, ne s'est jamais engagé avec personne, n'a jamais construit de vie de famille, et qui est aujourd'hui détester par ses enfants à cause de son absence."
    J'en ai reconnu certains ...

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    1. Merci beaucoup. Oui on en a probablement tous des exemples autour de nous...

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  4. C'est marrant comme nos dirigeants en appellent au rassemblement, à la concorde, à l'union nationale que lorsque nous sommes en crise

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    1. Il me semble que nous avons toujours été en crise...

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    2. Il me semble que nous avons toujours été en crise...

      Oui, hein ? Ca fait une éternité qu'on entend les politiciens et lémédias nous parler de Lakriz...

      Depuis... 1973, environ... date du dernier budget en équilibre de l'Etat fort et stratège... Elle m'a l'air un peu organisée par ceux la déplorent, Lakriz.

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  5. On sent que le fil à couper le beurre ou l'eau tiède ne sont pas loin ! Vous tenez le bon bout et je suis sûr que Marchenoir qui adore les jaillissements de votre pensée qui brutalisent les machouillages journalistiques qui nous (les liseurs sidérés de votre blog) tiennent lieu de pensée, partagera mon avis. Je fais un peu long que le "oh mon Dieu" que m'a spontanément arraché la lecture de votre billet, mais le cœur y est. C'est sûr que vous allez influencer des gens, là !

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    1. Vous savez, mon cher Léon, je n'ai pas la prétention d'innover. Je me contente d'exprimer ce que je pense même s'il s'agit de truismes. Si vous cherchez du nouveau, je crains que vous n'ayez du mal à en trouver ailleurs non plus. Parmi les choses répétitives (et sans grand intérêt) il y a vos commentaires.

      Comme vous êtes probablement très occupé et que vos hautes préoccupations vous laissent peu de temps libre, je vais vous proposer une manière d'en avoir un peu plus : cessez de me lire. Je vous en offre une autre : votre commentaire d'aujourd'hui était le dernier. Les prochains seront systématiquement supprimés. Ce fut un plaisir de vous connaître.

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  6. Il y a beaucoup de rassembleurs dont chacun veut posséder son propre rassemblement. En ce domaine, l'abondance nuit. Il reste à rassembler tous ces rassembleurs et unifier tous leurs rassemblements. Mission impossible: ce sont les rassembleurs qui s'y opposent.

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  7. Vous mettez le doigt sur les petits inconvénients de la démocratie. Selon Montesquieu, celle ci ne peut
    fonctionner que si elle repose sur "la vertu"...inutile de dire que nous ne remplissons pas les conditions...
    Les "citoyens" n'arriveront jamais à se mettre d'accord, même sur quelques options toutes simples,
    parce que chacun n'a en tête que son propre intérêt et se moque comme d'une guigne de "l'intérêt
    général" que nul, au surplus, ne serait capable de définir précisément.
    Cela dit, rien n'interdit de rêver, en effet...
    Amitiés.

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    1. L'égoïsme est en effet un des grands freins au fonctionnement de notre "démocratie". A part les bobos qui ne prennent leur pied qu'en se tirant une balle dedans, chacun vote pour ceux qui lui paraissent le plus apte à bien beurrer sa tartine (à tort ou à raison). L'intérêt général, l'avenir du pays, peu s'en préoccupent...

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  8. "Qui se ressemblent s'assemblent" et "les extrêmes se rejoignent", déjà un sujet de divergence !...

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  9. Rassembler, rassembler, il en restera quelque chose sur l'air de la calomnie.

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