mardi 5 août 2014

Conserver le pouvoir : un but en soi ?



J’ai du mal à le comprendre, mais il semblerait que se voir réélire à la Présidence soit le but quasi-unique de qui est parvenu à s’y élever. Il ne s’agit aucunement d’être porteur d’un projet, d’un désir de réformer le pays de façon à ce que les Français soient sinon heureux du moins continuent de jouir d’une certaine prospérité et d’un minimum de sécurité mais simplement de continuer à occuper le poste.

Comment expliquer cela ?  Goût du pouvoir, des ors du palais présidentiel ? Plaisir masochiste de se voir traîner dans la boue et hué à chaque sortie par tout un chacun ?  

Mais de quel pouvoir parle-t-on quand, par démagogie ou pleutrerie, on se voit contraint de revenir sur bien des « décisions » prises dès que l’on s’aperçoit que l’on a mécontenté telle ou telle frange de l’opinion ?  Quand on met tant d’eau dans son vin (si tant est qu’on ait jamais eu de vin) afin de réunir autour d’un vague projet une majorité hétéroclite toujours au bord de la rupture ?  Pour ce qui est du goût des palais, des voitures avec chauffeur, des voyages officiels, des visites à l’étranger, des réceptions, des avions, et de tous les menus avantages qu’offre la fonction, on peut envisager qu’un être particulièrement futile puisse l’avoir. Mais cela compense-t-il vraiment le désagrément que ressentirait toute personne normale à se voir l’objet de tant de haine de la part de ceux pour qui l’on déclare œuvrer ? A moins, évidemment qu’un désordre mental fasse que vous ne puissiez être heureux que quand tout journaleux digne de ce nom vous traite d’imbécile, d’incapable, critique votre allure, votre façon de vous vêtir, expose votre vie personnelle et que le « peuple » vous vomit et vous contraint afin d’éviter ses huées à mettre entre vous et lui de plus en plus de distance et de forces de l’ordre ?

Qu’importe au fond ? Une chose est certaine : le seul but d’un président est d’être réélu et par conséquent il n’a pas besoin d’une politique mais d’une stratégie. Une politique clairement définie ne saurait que lui aliéner bien des citoyens, une stratégie vise à lui permettre, aussi impopulaire et inconsistant soit-il, de conserver sa place, par défaut. Il me semble, à lire nombre d’articles de presse, que la stratégie présidentielle n’a jamais été autant à l’ordre du jour. Détruire un opposant potentiel, faire monter la cote d’une éventuelle concurrente dont on pense l’élection impossible, réformer le mode de scrutin afin qu’une éventuelle dissolution ou une élection après un échec à la présidentielle limite la casse chez ses partisans et rende inévitable la formation d’un gouvernement de coalition, voilà ce qu’on envisage à longueur de colonnes. N’est-ce pas désolant ? D’un autre côté, que peut-on attendre de la part d’un président qui n’est arrivé laborieusement là où il est que suite à une série de hasards et de manigances internes à son parti ? Candidat par défaut, élu par défaut, comment pourrait-il rêver d’autre chose que d’une improbable réélection par défaut ?

Et c’est ça le plus désolant : alors que la situation qu’il a notablement coopéré à détériorer réclamerait un homme d’état qui n’aurait, sans se préoccuper des conséquences en terme de popularité, pour but que de réformer le pays  afin de le sortir du marasme où il s’enfonce inéluctablement, nous n’avons qu’un magouilleur dont le seul dessein est de se succéder à n’importe quel prix. On attribue à la Marquise de Pompadour la phrase « Après nous le déluge ! » Ne pourrait-on pas faire  de « Après Moi président, Moi président ET le déluge » la devise de notre cher Hollande ?

Après ça on a le brave culot de nous demander de nous intéresser à la « politique» !

12 commentaires:

  1. C'est la raison pour laquelle il serait peut-être mieux d'avoir une présidence unique de sept ans, sans possibilité de réélection et avec possibilité "d'empêchement" au cas où il présiderait comme notre actuel employé, grassement payé, logeant à l'Elysée. Le type serait obligé de mouiller la chemise.

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  2. En France, la particularité est qu'un Président mobilise une majorité de français et non des partis ou des mouvements, une multitude de lobbys plutôt que quelqu'uns.
    Est-ce un bien, est-ce un mal ?

    Par antériorité, la présidence française tient finalement plus d'une sorte de super mairie... On trouverait beaucoup de points communs entre les 2.

    Amike

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    1. Je ne perçois pas vraiment les bienfaits de la chose depuis 1981.

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  3. Un mandat non renouvelable résoudrait ce problème Une élection législative à mi-mandat éviterait les tentations dictatoriales.

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  4. "Tant de haine", n'exagérons rien ! Notre société n'a pas encore suscité de nouveaux Ravaillac ou autres Charlotte Corday !

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  5. Que voulez vous, cher ami, c'est la démocratie qui veut ça...entre autres bizarreries nocives.
    Cela dit, mettons nous à sa place : comment voulez vous qu'un petit gros chauve pas bien riche,
    intellectuellement très moyen et largement atteint par la limite d'âge puisse se faire aimer d'une
    jolie comédienne, certes de second-plan mais tout de même...c'est aussi cela, le pouvoir et pas
    seulement, bien sûr.
    Vive la République!
    Et amitiés.

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  6. Il y a peut être une motivation que vous n'avez pas évoqué: l'important n'est pas d'être élu, c'est que les autres ne le soient pas. Et c'est ainsi que l'on peut être jaloux d'une femme que pourtant on ne desire pas ou plus.
    Je sais, c'est désolant, surtout lorsqu'il s'agit de notre pays.

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    1. C'est également une possibilité, mais trouver à ça un côté positif est bien difficile...

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